"Cher Joachim
Vous souvenez-vous de ce bateau ? C'est précisément celui dans lequel nous avions embarqué lors du soulèvement que vous savez et qui fut la cause de notre fuite et conséquemment de la création de notre Cité. Ce bateau qui nous semblait si grand et qui très vite s'est avéré trop petit parce que nous étions trop nombreux... enfin, trop nombreux... c'était vite dit, trop nombreux: à l'échelle de notre bateau...
C'est
bien étrange, Joachim, combien les choses et les événements de notre vie
dépendent du point de vue à partir duquel nous les abordons. Ainsi en
est-il de ce bateau qui nous emporta, je le voyais très grand quand j'y
suis entré et qu'il était encore vide, moi jeune et plein d'espoir mais
les poches vides, pourtant ce n'était que le bateau de Peppe le pêcheur.
Ni plus grand ni plus petit que les autres, mais sur lequel il semblait
impossible d'y agglutiner cinquante personnes.
Et
pourtant c'est bien ce qui est arrivé ce jour-là, je la voyais comme un
palais aux mille et une portes derrière lesquelles se révéleraient mille
et un destins. Je crois que c'est cette vision qui plus tard sera la
base de de la construction de notre belle cité. Enfin quand dis ce
jour-là... je devrai dire cette nuit-là, même si nous nous avons
embarqué en plein midi, tant il était impossible de voir plus loin que
quelques pas, ce qui est encore une autre raison pour laquelle l'espace
se déforme... Vous
le voyez Joachim, le fondement de ma raison n'est pas plus stable que
le sable qui s'écoule sous mes pieds. Il prend l'empreinte de mes pieds,
brille quelques instants sous le soleil, roule sous les vagues
incessantes et rejoint l'immensité de la mer. Je ne sais ce qu'il en est
de notre cité aujourd'hui, mais il se pourrait qu'il en soit de même..."
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