« Et comme toujours, quand il était au travail, le peintre parlait
: il ne
monologuait pas, non, il s'adressait à un certain Balthazar qui se
tenait à côté de lui : à son Balthazar qu'il était seul à voir et à
entendre, avec lequel il discutait et se chamaillait, auquel il donnait
même de temps en temps un bon coup de coude; d'abord nous ne voyions pas le moindre Balthazar mais nous finissions toujours par entendre soupirer cet invisible confident.»*
Pendant que ses compagnons dormaient, Platon maintenait son esprit en éveil. Par une sorte de liaison obscure, on eut dit qu'il avait accès à toutes les capacités de ses compagnons... en même temps que sa relation avec le monde s’enrichissait d'accords surprenants...
« Il nous apparaissait clairement que Balthazar n'était pas une vague comme les autres. Sa fidélité, sa tendresse et son allant étaient bien plus que remarquable. Elle nous forçait à porter sur le monde un autre regard. J'étais le seul à en être conscient, ou du moins à le formuler... Je ne savais pas encore que, dans leurs sommeil... »
* La leçon d'allemand, Siegfried Lenz
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