« Écrire, c’est se faire l’écho de ce qui ne peut cesser de parler, -
et, à cause de cela, pour en devenir l’écho, je dois d’une certaine
manière lui imposer silence. J’apporte à cette parole incessante la
décision, l’autorité de mon silence propre. Je rends sensible, par ma
médiation silencieuse, l’affirmation ininterrompue, le murmure géant sur
lequel le langage en s’ouvrant devient image, devient imaginaire,
profondeur parlante, indistincte plénitude qui est vide. Ce silence a sa
source dans l’effacement auquel celui qui écrit est invité. Ou bien, il
est la ressource de sa maîtrise, ce droit d’intervenir que garde la
main qui n’écrit pas, la part de lui-même qui peut toujours dire non et,
quand il faut, en appelle au temps, restaure l’avenir.»*
Ce que voient les uns n'est pas ce que voient les autres. Derrière chaque chose se cache la même chose, et ainsi de proche en proche jusqu'au lointain se propage une chaîne qui se répète à l'infini.
Le monde de Damon est-il différent de celui de Platon? Rien n'est moins sûr. Mais ce qui est certain c'est que leurs manières de voir ne sont pas les mêmes. L'attrait naturel pour la réalité de la poésie de Platon lui vaut plus que des moqueries et l'isole un peu, mais le monde baroque de Damon, proche de celui de Platon le petit chien n'en est pas moins naturel.
* Maurice Blanchot, L’espace littéraire, Gallimard Folio Essais
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