– Daemon, reviens!
Ayant entendu ce qui précède, Daemon saisit immédiatement que son nom le relie au daïmon de Socrate. Il comprend aussi qu'il serait possible que l'imposture dont il serait la figure, l'emblème vivant perdure dans le nom qu'il porte et dont il ne saurait se défaire facilement.
– Je ne suis que le porteur d'un nom dont le cavalier est fantôme et le royaume une utopie. Pis que cela une imposture...
Invisiblement perturbé il a disparu dans la nuit... Platon l'Ancien, lui aussi est perturbé par cette absence. Il se méprend sur l'identité du disparu. Il confond Daemon et Platon le Petit.
– C'est comme si une part de moi-même avait disparu. Plus que cela... c'est toute mon âme qui me manque.
Cédant à la pression qui monte de ses entrailles, lui revient alors en mémoire, non sans une certaine grandiloquence, quelques vers de La Fontaine qu'il adresse à celui qu'il dit être son âme disparue:
"Je suis, dit-il, le Dieu qui commande à cette onde ;
Soyez-en la Déesse, et regnez avec moy :
Peu de Fleuves pourroient dans leur grotte profonde
Partager avec vous un aussi digne employ."
* Chevaucher son tigre, Gorgio Nardone, Seuil
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