" C’était comme d’être assis devant une cheminée et d’attendre que la fumée se dissipe. En fait, c’était une usine à nuages: il s’agissait de matière nuageuse que le vent extrayait des rochers froids et nus. De temps à autre, je pouvais apercevoir rapidement un à-pic sombre et humide à droite ou à gauche, la brume ne cessant de passer entre lui et moi."
Henry David Thoreau, Les forêts du Maine, 1864, trad. Thierry Gillyboeuf, Payot, 2012
Il arrive à Pinocchio d'avoir le sentiment d'appartenir à plusieurs temps différents, mais, bien souvent, un sentiment en remplace un autre. La futilité des opinions n'a d'égale que la fuite des nuages par beau temps.
– Cela n’a pourtant avec le temps rien à faire: c’est à un pur hasard ou à une catastrophe, en tous cas à rien d’autre, que j'imagine devoir ma présence en ce lieu.
Une présence de pur hasard qui serait le résultat d’alliances et de mésalliances successives où les mémoires se jouent des tours et où la parole, loin de tout clarifier, étendrait un voile obscur semblable à celui de la nuit, mais où, aussi, les trous de paroles, y produiraient des ouvertures, telles celles dans les nuages qui procurent des éclaircies.
– Cela n’a pourtant avec le temps rien à faire: c’est à un pur hasard ou à une catastrophe, en tous cas à rien d’autre, que j'imagine devoir ma présence en ce lieu.
Une présence de pur hasard qui serait le résultat d’alliances et de mésalliances successives où les mémoires se jouent des tours et où la parole, loin de tout clarifier, étendrait un voile obscur semblable à celui de la nuit, mais où, aussi, les trous de paroles, y produiraient des ouvertures, telles celles dans les nuages qui procurent des éclaircies.
– C’est
précisément de cela qu’il s’agit, pensait-il. Une suite improbable de
jours et de nuits n’ayant rien à voir avec la rotation de la terre et où
les temps se croisent, se superposent, se pénètrent, se séparent et se
croient différents. C’est tout cela que vois et que j’entends. Si
seulement je pouvais oublier ce sentiment qui provoque de telles trouées
dans mon histoire et qui me fait oublier celle,si large et si complexe
que sans lui je suis le seul à entendre.
Alors,
tendant le bras, il s’accroche à la passerelle et le voilà dans un
autre temps. À peine cette pensée l’a-t’elle traversé qu’une lumière transperce la couche
épaisse de nuages et projette sur lui un éclairage qui le fait paraître sous un nouveau jour. Derrière lui revient au galop ce qui dans le temps passé avait
disparu.
– Ce peut être le moment de penser à nouveau...
Juste
à temps, le monde lui aussi ne cesse de changer. La nuit, la vraie, a
succédé au jour. Pour Pinocchio, c’est un autre voyage qui commence. Un
voyage qu’il ne peut maîtriser. Un voyage parfaitement inconnu dans
lequel il ne peut rien faire d’autre que d’assister. Ni le moindre
mouvement, ni rien de ce qu’il pourrait y dire ne changerait le moindre
détail.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vos commentaires sont les bienvenus