« Et
sentir n’est pas possible si l’on sent aujourd’hui comme l’on a senti
hier: sentir aujourd’hui la même chose qu’hier, cela n’est pas sentir–
c’est se souvenir aujourd’hui de ce qu’on a ressenti hier, c’est être
aujourd’hui le vivant cadavre de ce que fut hier la vie, désormais
perdue.
Tout
effacer sur le tableau, du jour au lendemain, se retrouver neuf à
chaque aurore, dans une revirginité perpétuelle de l’émotion– voilà, et
voilà seulement ce qu’il vaut la peine d’être, ou d’avoir, pour être ou
avoir ce qu’imparfaitement nous sommes.»
Livre de l'intranquilité, Fernando Pessoa
– Au soir du premier jour tout était encore nouveau surtout cette nuit dont le prélude déjà ne laissait pas d’inquiéter... Comme un cœur qui se bat, on y voyait l'imparfaite forme d'une ligne brisée avec beaucoup de saccades. Par petites touches. Une sorte de lave froide y charrie le sang des vivants... Rien encore n'avait eu lieu...
– Mais, ce n'est pas possible...
– C'est cela...
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