« Pour ce qui concerne l’influence de la littérature sur la vie sociale, on la trouve
affirmée à de nombreuses reprises dans les années 1820-1840, dans des
formulations qu’on gagne à avoir à l’esprit. Hugo trouve, en 1822, que « ce serait une étude digne d’un esprit grave que
d’observer quelle est l’influence des idées littéraires sur les événements politiques,
et la connexité des révolutions poétiques avec les révolutions sociales». Édouard Alletz, en 1837, se plaint: «... des rêves licencieux ou barbares dont [...] se nourrit, une certaine société
qui se règle sur l’image du modèle idéal qu’on nous a forgé, de sorte que ce
n’est plus la littérature qui est un tableau du monde, mais c’est la vie qui
s’est mise à copier les songes; société bizarre, Babel indéfinissable, qu’on ne
comprend qu’en l’habitant, pleine de confusion, d’erreurs effrayantes,
d’ambitions déçues, de douleurs inouïes, de raffinements surnaturels dans
les délits de l’imagination».
José-Luis Diaz, Quand la littérature formatait les vies
José-Luis Diaz, Quand la littérature formatait les vies
Huit-cents-neuvième rapport de Don Carotte
Extrait du petit Livrer Rose bordé d'or
Longtemps j'ai cru que pour que l'influence accrue de la littérature sur les mœurs ait été accentuée par les théories romantiques qui insistaient pour que la littérature cesse d’être affaire livresque pour être en prise directe sur la vie, et faire des écrivains non seulement des maîtres à penser, mais aussi des maîtres à vivre. Et puis je me suis mis à douter: encore faudrait-il qu'elle soit lue par le plus grand nombre... Ce dont je doutais et doute encore... Cependant je ne pouvais douter que cette influence soit bien réelle... ce qui me donne à penser et peut-être espérer, qu'il n'est point nécessaire que le plus grand nombre lise pour que certains mots n'exercent certaines influences... Influences d'autant facilitées, mais aussitôt, ou presque, annulées par le formatage, la perméabilité et la passivité des cerveaux dans lesquels tout se fait et se défait au rythme des marées, au gré du vent, la dictature du plaisir et le goût du ragot...
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