Dans le vaste monde des perroquets les choses se compliquent. Pour la compréhension de notre histoire, un résumé s’impose qui ne peut véritablement tenir lieu de mémoire… Un second perroquet, copie presque conforme du premier est venu s'installer sur les ruines du rafiot de Platon l'Ancien qui, lui, s’est rendu invisible derrière eux… Laissant la question du temps de côté, ils parlent tour-à-tour sans que le poisson-perroquet ne puisse distinguer autre chose que la voix de Platon contrefaite à la perfection par les deux volatiles... si bien que dans un premier temps il croit parler avec Platon l’Ancien et ne se rend pas compte du fait qu’ils sont deux…
– "Les hommes les plus heureusement placés qui voient parfois leurs opinions disputées, et qui ne sont pas complètement inaccoutumés à être corrigés lorsqu’ils ont tort, n'accordent cette même confiance illimitée qu'aux opinions qu'ils partagent avec leur entourage, ou avec ceux envers qui ils défèrent habituellement; car moins un homme fait confiance à son jugement solitaire, plus il s'en remet implicitement à l'infaillibilité « du monde » en général. Et le monde, pour chaque individu, signifie la partie du monde avec laquelle il est en contact : son parti, sa secte, son Église, sa classe sociale. En comparaison, on trouvera à un homme l'esprit large et libéral s'il étend le terme de « monde » à son pays ou son époque. Et sa foi dans cette autorité collective ne sera nullement ébranlée quoiqu'il sache que d'autres siècles,
d'autres pays, d'autres sectes, d'autres Églises, d'autres partis ont pensé et pensent encore exactement le contraire. Il délègue a son propre monde la responsabilité d'avoir raison face aux mondes dissidents des autres hommes, et jamais il ne s'inquiète de ce que c'est un pur hasard qui a décidé lequel de ces nombreux mondes serait l'objet de sa confiance, et de ce que les causes qui font de lui un anglican à Londres sont les mêmes qui en auraient fait un bouddhiste ou confucianiste à Pékin. Cependant il est évident, comme pourraient le prouver une infinité d'exemples, que les époques ne sont pas plus infaillibles que les individus, chaque époque ayant professé nombre d'opinions que les époques suivantes ont estimées non seulement fausses, mais absurdes. De même il est certain que nombre d'opinions aujourd'hui répandues seront rejetées par les époques futures, comme l'époque actuelle rejette nombre d'opinions autrefois répandues."*
* De la liberté,John Stuart Mill
Extraits du chapitre II
De la liberté de pensée et de discussion
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