« Je me demande soudain quel besoin j'ai de raconter tout ça, mais si l'on commence à se demander pourquoi l'on fait ce que l'on fait, pourquoi, par exemple, on accepte une invitation à dîner (un pigeon vient de passer, et un moineau aussi, je crois) ou pourquoi, quand on vous a raconté une bonne histoire, on ressent comme un chatouillement à l'estomac qui vous pousse dans le bureau d'à côté pour raconter au voisin ; ça soulage aussitôt, on est satisfait et on peut retourner à son travail.»*
– C'est le minimum qui doit se dire, se dit Platon.
Et il ajoute:
– Même pour des hommes lents comme moi...
Et cette pensée immédiate lui fit prendre conscience de la prochaine imposture. Celle qui, à peine présente et déjà passé, venait de prendre littéralement possession de lui... D'où était venue cette pensée selon laquelle il serait lent...
Il ne lui avait fallu que deux ou trois secondes, le temps qu'il s'était accordé entre deux coups de pelles, pour que se précipite dans son esprit une de ces pensées qu'il repoussait en creusant...
Il va presque sans dire que, à l'instar de Victor-Hugues, son lointain parent, en dépit de tous les avertissements des doctes et des savants, il en appelle à sa propre et lacunaire connaissance et ce faisant, il prend des risques qu’il ne mesure pas. Ou mal.
* Les armes secrètes (Les fils de la vierge), Julio Cortázar
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