dimanche 27 avril 2025
samedi 26 avril 2025
vendredi 25 avril 2025
– C'était il y quelques jours, quelques mois ou quelques années. Il m'est impossible de savoir quand, de même qu'il m'est impossible de savoir comment J'appartiens à ... mes innombrables exemplaires ... aussi ... aujourd'hui je dois vous informer: je vous l'ai déjà dit tant de fois: je suis Pinocchio, l'Autre, mais unique comme tant d'autres... Ce qu’aujourd’hui je vous dit n'est pas une conversation. Même pas un dialogue... Jamais jusqu'à aujourd'hui, vous ne m'avez répondu... Ce nom qui me décrit est aussi un nom de famille, notre famille est grande ... trop grande. Il y a tellement d'histoires, qui peuvent être déroutantes ou paresseuses, avec quelques idées ou simplement des morceaux, combinés avec des notes écrites à différents moments, pour créer autant de belles histoires que possible. Loin d'où ils venaient… avec ces lettres, un jour forment l'acceptable, en fait c'est mon avis… Il est aussi votre auteur.
jeudi 24 avril 2025
– Il arrive qu’une absence se manifeste avec la violence d'une tempête. Non annoncée, insaisissable, elle surgit, emportant avec elle les repères familiers. Une disparition soudaine, dont la réalité ne se dit pas, mais se devine à travers le chaos qu'elle laisse. L'âme alors se soulève comme l'océan sous l'assaut d'un vent furieux: à la surface, des vagues de stupeur; en profondeur, des courants de douleur muette. La tempête intérieure n'est pas le deuil résolu, mais l'ébranlement initial de l'être face à l'irreprésentable absence.
mercredi 23 avril 2025
Vladimir Jankélévitch, L’aventure, l’ennui, le sérieux, Champs essais, p. 57
... où la perception se mêle à la durée intérieure, où les impressions du monde extérieur deviennent matière vivante, continue, et s’infiltrent dans les plis de la conscience.
Je les ai vu.
Ou plutôt — non, je ne les vois plus: ils s’imposent à moi. Il sont là, sur cette tache tremblante, cette barque que les vagues soulèvent et rejettent comme si elles hésitaient entre le rejet et l’engloutissement. Je suis sur ce rocher, debout, mais quelque chose de moi est déjà parti, déjà glissé vers eux, à travers la mer, le vent, l’effroi.
Ce ne sont pas des silhouettes: c’est un point de résistance. Une verticalité obstinée. Et pourtant si fragile, si vulnérable, que l’on dirait qu’un seul souffle du monde suffirait à l’effacer. Mais ils tiennent. Et dans ce fait — simple, nu, insensé — il y a plus de profondeur que dans tout ce que j’ai connu.
Ce que je ressens n’est pas une pensée. C’est un mouvement, une onde intérieure, une durée qui se dilate. La tempête autour d’eux — ce fracas, ces plis monstrueux de mer, ce ciel écartelé — tout cela ne me paraît plus extérieur, mais comme un prolongement d’une tension que je porte en moi depuis toujours, sans savoir la nommer. Ce que je vois, c’est ma propre lutte — floue, ancienne, obscure — devenue visible.
Et ces êtres, je les imagine, non pas en histoire, mais en élan. Il n’a pas de passé défini dans mon esprit, pas de nom, pas de raison d’être là. Il est arrivé. Voilà tout. Non par hasard, mais par nécessité. Par un de ces détours secrets du destin que la logique ne saisit pas. Il est là parce qu’il ne pouvait être ailleurs. Peut-être fuit-il, peut-être cherche-t-il — mais à ce point, fuir et chercher sont une seule et même chose.
Je ne peux m’empêcher de me demander s’il savent que je suis là. S’il sentent dans leurs dos, au-delà de la mer, cette conscience qui l’observe. Mais cela n’a pas d’importance. Nous sommes liés, non par le regard, mais par une tension plus profonde, comme deux notes d’un même accord que tout oppose mais qui vibrent ensemble.
Et maintenant, alors que les éclairs percent à nouveau les entrailles du ciel, je ne vois plus en eux qu'un homme dans la tempête. Je vois la tempête en l’homme. Je vois le monde entier, concentré dans ce point minuscule qui tient encore debout, non pas contre, mais avec la violence des éléments. Il ne résiste pas: il accompagne, il épouse, il endure. Comme s’il avait compris quelque chose que moi, je pressens sans le formuler.
Je ferme les yeux, et tout recommence, mais dans un éclat trouble, mêlé de doute et de chair. D’abord, j’entends le grondement: ce n’est pas un bruit, c’est une pulsation, une rumeur venue des entrailles de la Terre, comme si l’océan lui-même respirait par saccades, exhalant un souffle furieux. Puis je vois, non plus devant moi, mais en moi, cette muraille noire de nuages hérissés, alignés à l’horizon comme l’avant-garde d’une armée sans visage. Ils avançaient, non poussés par le vent, mais pareils à une masse animée, gagnant peu à peu le ciel entier.
Le vent surgit alors, non d’un point, mais de partout : il tourbillonne autour de moi, m’inonde d’un ressac d’air glacé et salé. J’entends ses hurlements — comme des plaintes de géants — se mêler au choc des vagues. Celles-ci n’étaient plus des vagues, mais d’immenses cathédrales liquides: des murailles mouvantes dont la crête blanche éclatait en gerbes d’écume, tel un rire sauvage des profondeurs. Chaque lame, quand elle montait, me paraissait suspendue un instant dans une apothéose de puissance ; puis, dans une explosion sourde, elle retombait, arrachant un grondement plus grave, plus lourd encore, comme un glas de titans.
Je sens à nouveau le sel me piquer les lèvres et les yeux ; je frémis au contact de ces embruns que je n’ai plus qu’en souvenir, et déjà mon souvenir vacille: était-ce la lame d’eau qui fouettait ma joue, ou l’écho de ma propre chair brisée ? Dans cette hésitation naît la confusion des temps : je tangue, non sur l’esquif, mais au creux de mon être, balloté entre ce qui fut et ce qui ne fut peut-être jamais.
Dans la lumière blafarde d’un éclair, je revois le ciel se fendre, zébré de bras de feu spectral. Cet éclair n’était pas un éclair, mais un appel; une braise vive jetée au cœur de l’ombre. Et le tonnerre qui suivait ne roulait pas: il tombait, écrasant l’air, plantant en moi une certitude sans mots. Mon corps adhérait alors à cette violence première; ma chair devenait la chair de l’océan — épaisse, vive, insaisissable. Mais tout cela, je ne sais plus si je l’ai réellement senti ou si c’est ma mémoire qui l’a inventé, cherchant à donner sens à l’indicible.
Je revois enfin la courbe infinie de la mer, s’étirant jusqu’à la perte de l’horizon, et je me demande si j’ai jamais contemplé autre chose que cette ligne instable entre le moi et le monde. Dans le frémissement de ma peau, je distingue encore le heurt des vagues contre le bois brinquebalant, et je doute: est-ce un écho lointain, ou la trace ineffaçable d’une expérience originelle? Le temps, confondu, se mêle à l’eau, au vent, à l’éclair, et tout devient un unique mouvement, originaire et sans mémoire autre que celle du corps qui, seul, garde la brûlure de ce spectacle.
Et maintenant, ici, sur ce rocher, je suis à la fois l’ombre et la vague, l’instant passé et l’instant présent, l’observateur et l’observé. Je ne sais plus si je regarde le souvenir ou si c’est lui qui m’observe, tandis que l’océan en furie se tient, indéfiniment, dans l’entre-deux de ma conscience troublée.
mardi 22 avril 2025
Tout commença par le vent — pas ce vent léger qui caresse les dunes, mais un souffle grave, antique, venu des entrailles du monde. Il ne se contentait plus d’agiter les flots, il les arrachait à eux-mêmes. Il tourbillonnait, hurlait, frappait, tel un archange déchu, tout empli du feu du volcan, fendait le néant avec des ailes de cendres. On eût dit que l’air lui-même était devenu matière, colère, puissance nue.
La mer, elle, n’était plus qu’un cri. Chaque vague montait comme une montagne et s’effondrait en gouffre. Ce n’étaient plus des lames d’eau, mais des chasses de titans, des sabres d’écume brandis par l’Invisible. Le sel volait dans l’air comme un sable d’apocalypse, piquant l’espace d’une morsure acide. L’océan, ce géant aux mille bras, luttait contre rien, contre tout, contre Dieu peut-être.
Le ciel, ténébreux d’un noir d’encre, s’ouvrait par instants dans une lumière d’outre-tombe. Des éclairs — longs, silencieux d’abord, puis éclatants comme des fouets célestes — venaient lacérer l’ombre de leurs griffes blanches. Chaque éclair semblait graver une malédiction sur le front du monde. Puis venait le tonnerre, qui ne roulait pas: il tombait, fracassait. C’était une chute d’enclumes dans le vide, une voix d’abîme s’adressant à rien.
Et tout autour, l’univers se taisait. Aucun oiseau, aucun souffle de terre, aucun murmure ne venait répondre à cette démesure. La tempête régnait seule, sans témoin, sans écho, souveraine.
Elle passait, immense, dévastatrice et sublime, comme passent les colères d’un dieu sans nom. C’est alors que l’enfant renaissait…
lundi 21 avril 2025
dimanche 20 avril 2025
– Certainement....
– Vous laissez traîner la voix ce qui laisse à entendre quelque chose de masqué que vous ne dites pas.
– C'est bien cela. Ce qui est dit, je vous le répète me vient de plusieurs générations, on me l'a raconté...
– C'est cela, mais dans ce que je vous disais, l'important était la deuxième partie de la phrase: il ne peut le faire "sous prétexte que ce récit n'aurait pas de logique"!
– Pourquoi cela?
– Parce que, au-delà d'une certaine logique, il existe d'autres logiques qui sont régie par des mesures parfaitement cohérentes, même si elles ne sont pas courantes.
– Vous avez parfaitement raison... à une condition.
– Laquelle?
samedi 19 avril 2025
Platon, l'Ancien, grandit seul. Mais ce qui réfléchit en lui ne lui laisse guère de répit. Seul sur son île, il est à l'affut. Le langage, très particulier,... trop... qu'il a acquis dès son plus jeune âge ne le quitte guère. Très tôt, les grande lignes se sont posées... imposées. Qui saurait dire ce qu'elles tentent de piéger.
– On peut se battre contre l’abomination, les écrivains, beaucoup d'écrivains le font très bien, mais pour quel résultat?
Lentement, le peu de mots qu'il a appris, beaucoup par habitude, quelques fois par plaisir, un peu de force, diminue.
– Aujourd'hui, au risque de vous frustrer quelque peu, je commence à aimer ces trous dans lesquels disparaissent des pans entiers d'une mémoire qui ne me concerne plus...
vendredi 18 avril 2025
– Je n'en sais rien. Mes poches en sont pleines, sans parler de ma tête.... Mais de fait, à moi, elles ne parlent pas... d'ailleurs je ne les regardent jamais. De temps à autre j'en ramasse une que je mets dans une poche. Ainsi elles s'entassent dans l'ordre où je les trouve. Si quelqu'un me le demande, je les montre, dans l'ordre inverse où je les ai récoltées et là elles se mettent à parler. Pour moi-même, je ne les regarde jamais. À l'exception d'une seule.
– Laquelle?
Celle que je vais te montrer et qui pose sans cesse la question:
– Mais, qui est-tu?
Il mit la main à l'intérieur de son manteau et me sortit ce portrait. Quand je lui faisais remarquer qu'il y en avait deux, il se contenta de sourire...
jeudi 17 avril 2025

Le refroidissement de la surface externe du corps entraîne inexorablement la faiblesse, puis une insensibilité progressive. Arrivés à cette période, une partie des malades revient à la vie, une autre fraction succombe à l'oubli, et une dernière tombe dans un état particulièrement fiévreux et exalté, fort dangereux, qui peut se prolonger longtemps et durant laquelle les malades parlent avec une frénésie qui frôle la folie. Chacun sait qu'au commencement d'une épidémie tous les remèdes dits éprouvés sont inactifs. En particulier lors de l'apparition d'une sorte de maladie nouvelle. À la fin de cette épidémie les moyens et les médications les plus variés opèrent quelques miracles. Cela signifie que la maladie, une fois déclarée, suit sa marche fatale, et enlève, d'une manière ou d'une autre, en dépit de toute intervention médicale, si rationnelle qu'elle soit, plus de la moitié des personnes frappées.
Rapport du cinquième jour de l’envoyé spécial Ulysse par notre Grand Vérificateur des Croyances
- Progressivement, ma peau s’était mise à brûler. Ce n'était pas seulement une sensation que je ressentais de l'intérieur mais mes propres yeux ne me laissaient pas le choix de l'interprétation. Je brûlais. Dès lors je n'avais qu'une solution, je me jetais à l'eau, espérant par ce geste mettre fin à ces brûlures insupportables. J'avais conscience de l'ambiguïté de mon geste. Je ne sais si je cherchais à mettre fin à mes douleurs ou à ma vie. Naturellement, il m'est plus facile aujourd'hui d'essayer de mettre de l'ordre dans l'enchevêtrement de mes pensées et de mes actions, mais alors mes gestes et mon esprit étaient plus que désordonnés. Fort heureusement cela ne dura pas… Je nageais longtemps et, sans que je l’aie prémédité je me retrouvais comme un naufragé sur une autre île bien plus petite que la précédente. Ma peau s’était refroidie. J’étais épuisé, mais j’avais l’agréable sensation de revenir à la vie.
mercredi 16 avril 2025
mardi 15 avril 2025
Lucien est un peu perdu. Il se parle.
– Pardonnez mon inattention. Comment n’ai-je point vu le changement s’opérer L'isolement, peut-être, trouble ma perception. Observons attentivement ce qui maintenant s'offre à nos yeux sur cette île de roche et de silence.
Ah… le visage a changé, en effet. Ce n'est plus l'image d'une pureté enfantine qui traverse ce paysage étrange. À présent, le cavalier arbore un masque d’homme vieillissant. Une barbe quasi blanche, des orbites sombres et énigmatiques, qui dissimulent toute expression, toute trace d'humanité reconnaissable. Ce changement serait-il … significatif?
Le chapeau haut de forme bleu persiste, incongru et pourtant présent, comme un vestige d'une identité ou d'une fonction. Le corps, vêtu des mêmes vêtements que l’enfant disparu, semble plus anguleux, moins souple. Il y a une raideur dans sa posture, une tension palpable dans la manière dont il s'agrippe à son bâton.
La monture ailée, l'âne spectral, poursuit son vol improbable à travers cet environnement minéral.
Les drapeaux déchirés flottent toujours, mais ils semblent plus estompés, presque absorbés par cette nouvelle lumière ambiante. Leur signification, de ce fait, pourrait avoir évolué.
L’esprit de Lucien, psychiatre échoué, se remet à l'œuvre, confronté à cette nouvelle énigme visuelle. Le remplacement de l'enfant par cette figure… presque un masque… quel sens cela porte-t-il ?
– Le masque… symbole universel de dissimulation, de rôle social, de ce que nous choisissons de montrer ou de cacher. Qui se cache derrière cette blancheur énigmatique? Est-ce la perte de l'innocence? L'entrée dans un âge plus complexe, où les identités se construisent et se dissimulent derrière des façades?
Le maintien du chapeau… encore trop grand par ailleurs… est-ce une tentative de conserver une part de cette innocence perdue? Un souvenir tenace d'une identité antérieure? Ou bien un simple ornement absurde dans ce voyage surréaliste?
La raideur du corps… traduit-elle une anxiété accrue, une perte de la légèreté de l'enfance? La tension dans la prise du bâton… ou de la canne? Est-ce la peur de tomber, de perdre le contrôle de cette étrange chevauchée?
Et cette lumière… cette source chaude et diffuse. Est-ce un espoir nouveau qui se lève à l'horizon de ce paysage désolé? Ou bien une menace imminente, une source de danger qui colore le ciel d'une teinte inquiétante? Les volutes roses et mauves… ne sont-elles pas les émanations d'une émotion intense, peut-être de la passion, de la colère, ou même d'une forme de folie?
Les drapeaux estompés… leur signification s'en trouve-t-elle diluée par cette nouvelle lumière? Sont-ils des souvenirs qui s'éloignent, des regrets qui s'estompent face à une nouvelle réalité?
Si la première image pouvait évoquer un rêve d'innocence perdue, celle-ci semble plonger plus profondément dans les complexités de l'identité, de la dissimulation et des émotions ambivalentes. Le voyage continue, mais la direction s’est inversée, et le passager a changé. Le paysage s'est teinté d'une lumière nouvelle, porteuse d'autant de promesses que de menaces.
Et moi, dis-moi Lucien… que révèle cette transformation à mon propre inconscient? Le masque… ne porte-t-il pas en lui l'écho de mes propres tentatives de dissimuler mes faiblesses, mes doutes, derrière une façade de rationalité clinique? Cette lumière nouvelle… n'est-elle pas le reflet d'une prise de conscience, d'une illumination soudaine qui vient bouleverser mon isolement?
lundi 14 avril 2025
Un enfant, un être fragile, coiffé d'un improbable chapeau bleu, flottant sur le dos d'une chimère ailée. Un âne? Un cheval spectral? Ses membres tendus dans un effort silencieux, ses ailes sombres tranchant la pâleur du ciel. L'enfant, cramponné à une simple perche, son visage… si serein au milieu de cet étrange voyage. Où va-t-il? D'où vient-il?
Et ce paysage… ces pics acérés, lacérés de tons violets et gris, dressés comme les vestiges d'un cataclysme oublié. Et ces étendards… ces lambeaux de tissu bordeaux, flottant tristement, accrochés à des mâts solitaires. Des emblèmes d'une gloire passée? Des souvenirs d'une civilisation engloutie par la lave et le temps?
Mon esprit, formé à déchiffrer les méandres de l'âme humaine, s'emballe. Est-ce une hallucination, fruit de la solitude et de la rudesse de cet environnement ? Ou bien suis-je témoin d'une manifestation… de quoi, au juste? Un symbole ? Une allégorie projetée par mon propre inconscient sur la toile brute de cette île désolée ?
Cet enfant… représente-t-il l'innocence, l'espoir qui persiste même dans les lieux les plus arides? Son chapeau haut de forme, incongru et manifestement trop grand, tout comme ses habits, ne serait-il pas une tentative désespérée de maintenir une forme de normalité, de civilisation, au sein de cet étrange périple ? Et cette monture… cette créature hybride, entre le terrestre et l'aérien… n'est-ce pas l'incarnation de notre propre ambivalence, tiraillés entre nos instincts primaires et notre aspiration à la transcendance?
Ces drapeaux déchirés… parlent-ils de défaites, de rêves brisés, de batailles perdues contre les forces implacables de la nature ou de nos propres démons? Sont-ils les vestiges de nos idéaux fanés, flottant comme des fantômes dans le ciel de notre psyché?
Et ce ciel… cette teinte gris-vert, ces nuages tourmentés… reflètent-ils mon propre état intérieur?
Je me pose tant de questions. Ce voyage… est-ce une fuite? Une quête? Une errance sans but dans un monde intérieur désolé? L'enfant est-il moi-même, perdu dans les méandres de ma propre solitude? La créature, une métaphore de mes propres forces et faiblesses, me portant vers un destin incertain?
Cette île… n'est-elle pas le miroir de mon propre paysage intérieur? Un lieu stérile en apparence, mais peut-être fertile en symboles, en émotions refoulées qui cherchent à s'exprimer à travers cette étrange scène.
Il faut que je comprenne. Il faut que je déchiffre ce langage visuel. Chaque élément semble chargé de sens, chaque détail résonne avec une intensité troublante. Cette vision… elle me confronte à quelque chose de profond, d'essentiel. Peut-être est-ce la clé pour déverrouiller une part de moi-même que j'ignorais jusqu'à présent.
Je suis seul ici, face à cette énigme. Mon esprit est à la fois rationnel et submergé par l'émotion. La logique tente de décortiquer, d'analyser, de trouver une explication plausible. Mais mon cœur… mon cœur ressent une étrange mélancolie, une fascination mêlée d'inquiétude face à cette image surréaliste.
Cette île… ce n'est plus seulement un lieu d'exil. C'est devenu le théâtre d'une introspection forcée, un laboratoire de mon propre inconscient. Et cette vision… elle est le point de départ d'un nouveau voyage, un voyage intérieur dont l'issue m'est encore inconnue.
dimanche 13 avril 2025
Les ruines d'Angkor, je me souviens si bien de certain soir d'avril, un peu voilé, où en vision elles m'apparurent ! Cela se passait dans mon « musée» d'enfant, - très petite pièce, en haut de ma maison familiale, où j'avais réuni beaucoup de coquillages, d'oiseaux des îles, d'armes et de parures océaniennes, tout ce qui pouvait me parler des pays lointains. Or il était décidé tout à fait à cette époque, par mes parents, que je resterais près d'eux, que jamais je n'irais courir le monde, comme mon frère aîné qui venait de mourir là-bas en Extrême-Asie.
Pierre Loti, Un pèlerin d’Angkor
samedi 12 avril 2025
vendredi 11 avril 2025
Ce goût du seuil — entre animalité et humanité, visible et invisible, science et mythe — révèle une pensée inquiète des catégorisations figées. Il y a chez l’auteur un refus discret mais ferme de l’évidence: une volonté de penser les choses dans leur tremblement.
lundi 7 avril 2025
samedi 5 avril 2025
vendredi 4 avril 2025
« Au fond, la grâce d'écrire des romans est un peu à l'image de la grâce de Dieu: arbitraire, incompréhensible, et d'une sublime injustice. Ce n'est pas un scandale que des romanciers de génie s'avèrent être de pauvres types; c'est un réconfortant miracle que de pauvres types s'avèrent être des romanciers de génie.»