« Des sphères brillantes en nombre infini, dans l'espace illimité, une douzaine environ de sphères plus petites et éclairées, qui se meuvent autour de chacune d'elles, chaudes à l'intérieur, mais froides et solidifiées à la surface, des êtres vivants et intelligents sortis de l'espèce de moisissure qui les enduit, voilà la vérité empirique, voilà le monde.
Tout ce que la science empirique peut nous apprendre, c'est la nature et les règles de l'apparition de ces formes. Cependant c'est une situation bien critique pour un être qui pense, que d'appartenir à une de ces sphères innombrables emportées dans l'espace illimité, sans savoir d'où il vient et où il va, perdu dans la foule d'autres êtres semblables, qui se pressent, travaillent, se tourmentent, naissent et disparaissent rapidement et sans trêve dans le temps éternel. Là, rien de fixe que la matière, et le retour des mêmes formes organiques, suivant de certaines lois, données une fois pour toutes.»
Arthur Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, p. 672
– On me dit: vous faites de cette errance une affaire personnelle, et c’est peut-être là que le politique vous échappe. Cette histoire n’est pas seulement vôtre. Elle est ce que devient tout sujet dès lors qu’il ne veut plus jouer son rôle. Dès qu’il dit : je ne suis pas ce qu’on dit de moi. Il devient une figure de disjonction. Un spectateur sorti de scène. Et vous, Don Carotte, pardonnez que je vous le dise, sans vouloir vous attaquer, dans les limites et les formes que m’impose ma modestie, vous êtes peut-être celui qui s’obstine à vouloir remettre le croyant dans le temple. Mais regardez autour de vous: le théâtre est en ruine… tout est en ruine. Alors qu’allez-vous faire dans un monde sans rideau?
– Je l’attends…

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