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En attendant... par un secret mouvement de nos pensées s’accordant à ceux de la nature… dans l'urgence et les cahots, nous avions revêtu nos
lourds manteaux d'hiver pour nous protéger des chocs violents. Nous
laissâmes entrer notre brave âne "Désiré" qui venait de voir la mort en
face. Jamais encore il n'était monté sur la scène. Ce fut la première et la
dernière fois qu'il entrait... enfin c'est ce qu’à ce moment là nous croyions... Quand les éléments se furent calmés et, sachant que cela ne finirait jamais, nous
nous mîmes à réfléchir. Il était temps de faire preuve de sens pratique. Sans moyen de nous retirer de cette vigilance à laquelle notre auteur nous a condamné, nous enlevâmes nos manteaux et c'est en costume de scène que je pris
les choses en main. Mon frère se hissa tant bien que mal sur mes pieds
et tentait de garder son équilibre grâce à des mouvements de bras que je
lui enseignais rapidement et qui rappelaient ceux des oiseaux. Je ne
pouvais les porter tous les trois. "Désiré" prit place sur le dos de mon
frère pour me ménager, et accepta de mauvais gré de prendre notre petit
chien sur le sien... À peine furent-ils installés que notre théâtre,
privé de soutien, promis au faste, commença sa longue et vertigineuse chute vers les cendres...
La vie théâtrale, mélodramatique,
déséquilibrée et quelquefois cosmique
de l'ingénu Don Carotte et de son frère Sancho,
qui furent comédiens, bien que désormais sans théâtre.
Lidane Liwl
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