« Je veux apprendre de plus en plus à voir ce qui est nécessaire dans les choses comme ce qui est beau, ainsi je serai un de ceux qui rendent les choses belles. Amor fati: que ce soit dorénavant mon amour! »
— Nietzsche, Le Gai Savoir, §276
Et l’autre, l’Original, le premier Pinocchio, où est-il? Existe-t-il encore? Est-il devenu ce simulacre qui le hante, cette figure souriante, toujours un peu trop animée, toujours en représentation, comme si vivre ne pouvait se faire qu’en s’adressant à un public invisible?
Lui, l’Autre, ne joue pas. Il n’a pas choisi d’être de bois, mais l’est devenu à force de se nier. La Nuit autour de lui s’étend et se tord lentement, comme si elle-même doutait de sa propre obscurité. Il y marche sans destination, dans un cercle où son pas retombe toujours dans l’empreinte précédente. Et à chaque boucle, il entend… non… ressent, la présence du Modèle. Il n’a pas de corps. Il n’a que cette manière de toujours arriver avant lui. Un soupir qui lui vole la gorge. Un sourire qui l’usurpe.
Alors il se débat. Pas avec violence, avec une vieille fatigue. Une lassitude de marionnette éveillée. Il ne veut pas être un souvenir de fiction, un résidu d’histoire pour enfants.
Mais plus il nie ce qu’il n’est pas, plus il s’en rapproche.
Plus il s’éloigne de l’Autre, plus il sent le bois se figer en lui, et ses gestes devenir ces pantomimes de l’imitation.
Alors il se débat. Pas avec violence, avec une vieille fatigue. Une lassitude de marionnette éveillée. Il ne veut pas être un souvenir de fiction, un résidu d’histoire pour enfants.
Mais plus il nie ce qu’il n’est pas, plus il s’en rapproche.
Plus il s’éloigne de l’Autre, plus il sent le bois se figer en lui, et ses gestes devenir ces pantomimes de l’imitation.
– Et si, à force de le contempler, de parler de lui comme on parle d’un mythe à demi oublié…
nous étions, nous aussi, devenus comme Pinocchio? Ni tout à fait bêtes, ni pleinement hommes,
mais ces entre-deux incertains qui errent dans les marges du langage.
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