« J’étais en plein océan. Nous voguions. Tout-à-coup le vent tomba. Alors l'océan démasqua sa grandeur, son interminable solitude. Le vent tomba d’un coup, ma vie fit toc. Elle était arrêtée à tout jamais.»
Henri Michaux, Lointain intérieur, nrf
– Jamais nous n’aurions pu imaginer une telle histoire...
– Encore que..
– Encore que ... quoi?
– Encore faudrait-il que ce soit là une histoire!
– Pourquoi ce doute?
– Pardonnez-moi, mais tout cela, selon mon point de vue n’a ni queue ni tête...
– Peut -être est-ce parce que le vent de l’esprit s’est arrêté...
– Alors nous sommes condamnés?
– Non. Mais transformés. Parler cette langue nous a changé. Nous ne sommes ni vraiment oiseaux, ni vraiment humains. Nous sommes peut-être quelque chose d’autre… un devenir, un passage.
– Un entre-deux? Une sorte de créature hybride, errante entre les branches du souvenir et les barreaux du langage?
– Peut-être. Et si nous devons chercher notre vérité, ce n’est pas dans le passé perdu de notre langue d’avant, mais dans ce que nous faisons maintenant de celle-ci. Dans ce que nous pouvons inventer.
– Inventer une langue?
– Non, inventer une façon d’être. En parlant autrement. En pensant contre les mots, parfois. Ou à travers eux. Qui sait? Peut-être qu’un jour, ils apprendront notre langue.
– De qui parlez-vous?
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