– Croyez-vous que les êtres humains apprendront votre langue?
– S’ils en sont encore capables…
– C’est pareil pour moi… c’est-à-dire… pour nous.
–
Tout cela est fort intéressant… mais j’aimerais, si vous me le
permettez, recentrer notre échange. Nous parlons et nous analysons, mais
tout cela reste dans le filet de cette langue étrangère. Si nous
voulons vraiment retrouver ce que nous sommes, ne devrions-nous pas essayer de parler autrement?
– Que voulez-vous dire?
– Essayons… notre vraie langue. Celle des plumes qui frémissent, des claquements de bec, des sifflements modulés. Celle qu’aucun humain ne peut écrire.
Un
silence s’installe. Le premier perroquet incline légèrement la tête, le regard fixe,
intense. Il émet un léger gloussement guttural, presque imperceptible,
suivi d’un bruissement de plumes. Puis un sifflement aigu, court, à
peine une note. L'autre le regarde.
– Qu’est-ce que cela signifie? Est-ce une réponse?
–
Justement. Vous posez encore des questions… avec des mots... encore des
mots. Mais il n’y a pas de traduction. Ce que vous avez entendu…
ressenti serait plus juste, c’était peut-être une émotion, une
intention, ou même un souvenir.
– Mais comment… comment savoir ce que vous vouliez dire?
– On ne sait pas. Justement on ressent.
C’est un langage fait de contextes, de rythmes, de corps. Irene
Pepperberg disait que nous associons sons, gestes et regards pour
exprimer des choses complexes — mais ce n’est pas une syntaxe. C’est une
danse.
– Une danse… sans grammaire?
–
Sans concepts fixes. Un battement d’ailes peut signifier la joie, ou
l’agacement, selon le moment. Un sifflement peut dire « reste » ou « je
te vois ». Notre ancien langage ne dit pas… il montre. Il touche. Il se glisse dans l’instant…
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