– Maître, je vois sans déplaisir qu’une certaine idée fait son chemin… loin de moi l’idée d’enfoncer quelque clou…
– Continue donc! Et si l’idée fait son chemin …
– Les idées comme les pensées vont et viennent à leur guise . Si elles veulent aller par là elles y vont, si elles veulent aller par ici elles y viennent. Rien ne leur résiste. En chaque chose elles creusent d’invisibles chemins…
– Qu’en est-il de notre chemin… Parle puisque telle est ma demande. Je veux être inclus.
– Comme l’on dit, vous le savez sûrement, … le chemin n’est pas le chemin… et, malgré notre long cheminement, rien n’est encore résolu…
– Résolvez… résolvons donc! Sonnez le rappel des mots!
– Voilà! D’où donc, sinon de lui, me vint cette prose étrangère?
– Sans même reposer l’énigme, l’énigmatique est de retour… Qui donc est ce lui? Est-ce peut-être à nouveau un piège où mon propre esprit va pêcher?
– Je vous le dis… presque sans détour… il s’agit peut-être… de votre futur destrier…
– Quoi? De ces ânes sans prestige?
– Ridicules, ils ne sont point. Brisez ce litige.
– Ne me redites surtout qu’ils parlaient, sacrebleu!
– Je ne dis rien de tel… mais… ouvrez un peu mieux…
– Mais ? Qu’est-ce que mais? Achevez donc votre phrase.
– Mais… sans qu’il me parlât, sans parole, sans emphase, je me vis tout à coup penser, à une énigme obscure échappée de chez lui.
– Trêve de détour, rappelle ici cette parole amère qu’on en finisse!
– En ces termes précis elle se présenta:
« Qui suis-je si, me réveillant sans cesse, de jour en jours me poursuit l’écho des mots entendus dans mon sommeil:
– Et quelle sera notre réponse à ce noir embarras?
– Nulle, Monseigneur, nulle. Le trouble m’envahit. Je l’avoue.
– Qu’allons-nous faire? Tu le sais, quand l’inactivité me pèse… le bouillonnement se fait sentir… Ressens-tu les tremblements de l’île?
– Messire, gardez votre calme, vous me faites frémir à mon tour. Point n’est besoin d’éructer… pardon… d’érupter… enfin… d’éruption… excusez la confusion… je voulais dire exploser… Je crois fermement, comme l’âne m’y guide, qu’il vous faut le rencontrer…
– Faudra-t-il pour cela, dans cette confusion, que je m’abaisse?
– Cette question vous appartient, noble Maître, et fluide est la réponse..
– Pourquoi, diantre, devrais-je à ces jeux me livrer?
– Ce pourrait être le destin… votre destin… et nul ne peut l’ignorer. Le moment est venu d’implorer une clé!
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