« Cela commence par un mugissement formidable, mais qui vient d'on ne sait où. Ou plutôt, cela semble venir de nulle part et de partout, tant le bruit est énorme et profond. Et puis l'on comprend que cela vient des profondeurs et de très loin. L'eau des puits se trouble ou s'assèche.
Les tremblements de terre de plus en plus forts se produisent de plus en plus souvent. Le creux au cœur de la montagne bouillonne, fume, crache. C'est le volcan qui se réveille. Et non seulement il se réveille, mais il commence à expulser des montagnes de cendres et de fumées vénéneuses. L'horizon s'obscurcit peu à peu, la lumière du soleil finit par être voilée, elle disparaît presque par instant.
Les grondements s'intensifient et deviennent menaçants, effrayants.
Que se passe-t-il? S'agit-il d'un incendie qui enflammerait les entrailles de la montagne? Et pourquoi cela survient-il à présent? On ne se rappelle plus vraiment que le volcan avait déjà détruit des villes entières il y a bien longtemps. Il n'en reste plus rien, ou presque. On s'interroge sur les causes: nos péchés? Des désordres à la Cour? Une punition ou un avertissement? Peut-être tout cela à la fois. Les savants, les mages et les astrologues s'affairent pour tenter de comprendre. Mais c'est la peur qui domine.»
Les grondements s'intensifient et deviennent menaçants, effrayants.
Que se passe-t-il? S'agit-il d'un incendie qui enflammerait les entrailles de la montagne? Et pourquoi cela survient-il à présent? On ne se rappelle plus vraiment que le volcan avait déjà détruit des villes entières il y a bien longtemps. Il n'en reste plus rien, ou presque. On s'interroge sur les causes: nos péchés? Des désordres à la Cour? Une punition ou un avertissement? Peut-être tout cela à la fois. Les savants, les mages et les astrologues s'affairent pour tenter de comprendre. Mais c'est la peur qui domine.»
Brice Griezmann, Le saint, le sang et le volcan, CNRS Éditions
Rien n'arrive par hasard... mais de moi il n’arrive jamais rien...
Dans cette histoire incongrue en terre inconnue, où Don Carotte se voyait en Gentilhomme uniquement préoccupé par ses idées et non par cette énigme qui lui dessèche la cervelle, voyait de loin s’éloigner les enchantements, les rêves de batailles et les honneurs qu’il chérissait depuis toujours…
Loin d’être pourvu de tout ce qu’il lui fallait, mais confiant en son destin, il s’imagina que rien ne serait plus beau que de vaincre cette énigme et décide, sur les conseils avisés de Sang Chaud, de mettre fin à ce qui, selon lui, lui est imposé. Don Carotte, bien et tôt levé du bon pied ouvre le bon œil… Il est tout ébaubi par la beauté du monde et sent monter en lui lune sève nouvelle dont il ressent immédiatement les bienfaits. Il se voyait déjà en monarque et démiurge absolu de cette pagaille d’îles désordonnées, toujours prêtes à s’enflammer, à détruire l’île voisine et submerger ce qui peut l’être… Sans compter les remous incessants et dévastateurs de l’océan et la menace hypothétique d’une population pour l’instant invisible et inconnue, mais qui pourrait apparaître, certains indices le disent, aussi subitement que le désordre de cette île se transforme en forêt, faire leur apparition. Une petite voix, inconnue jusque là, se fait entendre:
– On croit toujours que la folie commence avec les voix. Mais c’est faux. La folie commence quand elles ne veulent plus partir. Moi, je les entends encore. Elles viennent par nappes, par boucles, par souffles d’encre. L’une râle dans ma tempe gauche, l’autre tapote sous mon œil droit, et puis il y a celle-là... elle parle dans mes silences, à la racine du palais, là où le langage n’a pas encore pris forme. Mais ce n’est pas ça qui me trouble.
– Qu’est-ce qui vous trouble, Don Carotte?
– Je crois…
– Seriez-vous devenu croyant?
– Quand l’incompréhensible survient, envahit promptement nos esprits, l’occasion est trop belle… et celui que je voudrais être devrait l’être… mais dévot je ne suis point… par force, il se peut que je sois un peu complice et si, au beau milieu du brasier, je me débat comme je puis, ce n’est pas sans l’aide d’une croyance…
En une nuit le calme en son esprit était revenu et dans l’arbre il avançait.
– Comment vais-je le trouver?
– De quoi parlez-vous?
– Tu devrais le savoir… il s'agit de... mon très éventuel destrier…
– Ne cherchez point et prenez votre temps!
– Du temps nous n’avons pas… il faut maintenant saisir cette branche qui vers nous se tend et frétille avec l’indécence d’un nouveau né et donne à voir simultanément deux choses bien différente…
– Que voyez-vous Don Carotte?
– Je n’en crois pas mes yeux! Aussi loin que mon regard porte, je vois des dizaines… que dis-je, des centaines de petites lumières bleues tout autour de moi!
– Concentrez-vous sur une seule…
C’est ainsi que je retrouvais le petit âne bleu qui me regardait avec un air à la fois ironique et bienveillant…
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