Alors, j’écoute encore. « Les heures de la folie sont mesurées, celles de la sagesse ne le sont pas », dit-il. Et je me dis: ce n’est pas folie, c’est du funambulisme. Ce qu’il met en jeu, c’est ce désordre qu’il exhibe comme d’autres montrent un tour de force. Ses souvenirs gisent comme des objets tombés d’une malle trop pleine, certains brillent, éclatants, et l’instant d’après se dissolvent, fades, inutiles. Il balance entre l’oubli et l’évidence, et dans ce balancement surgit parfois une fragile certitude. Mais cette certitude, aussitôt, devient vertige.
jeudi 28 août 2025
Alors
que toutes les tentures frémissaient en silence, les colonnes lentement
s’affaissaient et les lumières s’éteignaient ou semblaient disparaître,
l’observateur fatigué, s’était légèrement assoupi. Une légère absence
et de légers soubresauts qu’il retenait à grand peine. Puis, sans autre
procès, ses paupières, d’un coup s’étaient fermées et, lentement, telle
une avalanche de poudreuse il tombait dans un profond brouillard d’une
blancheur éclatante. Peu à peu des images prennent vie dans sa tête:
Il voit… ou plutôt revoit ce qui lui semble familier… l’énigmatique parcours d’un être en perpétuelle perdition. L'homme
sur la piste brusquement s'était retourné. Et voici que tout tangue,
comme si le brusque changement de l'homme avait déclenché quelque
mécanisme destructeur. Le chapiteau n’est plus un abri mais un navire.
La toile gronde, plie, comme si le vent extérieur voulait pénétrer et
retourner la nef de l’intérieur. Tout autour de moi vacille, se dit-il,
moi aussi, je sens le roulis, mais c’est surtout lui qui tangue, cet
homme au centre, pris dans un navire sans gouvernail et qu’il me semble
reconnaître. Il croit marcher sur un sol ferme, et c’est un pont
instable qui se dérobe sous lui.
Je
ne peux tout voir, mais je comprends que ce que je ne vois pas fait
partie du spectacle. L’ombre et l’écran, les poteaux et les cordes, le
cirque même, tout cela appartient à la mise en scène. Comme une mémoire
qui s’offrirait dans ses lacunes mêmes. Car le vide, chez lui, n’est pas
absence, mais intervalle où se joue l’essentiel.

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