L’énigme en sa forme est labyrinthe aussi,
Et mon âme y serpente, ivre et sans raccourci.
Il y est question d’être, et de se désavouer.
Le je se dédouble, s’écoute, et veut se jouer.
Il y est question d’être, et de se désavouer.
Le je se dédouble, s’écoute, et veut se jouer.
Don Carotte, surgi de nulle part, lui aussi de constitution robuste, sec de corps et la figure maigre, comme son ancêtre, dans l'arbre est remonté. Mais cela n’a que peu d’importance pour la suite de notre histoire: il suffit, en tous points, que la narration ne s’écarte pas d’un cheveu de la vérité. Au cœur des branches, fatigué, harassé même, après qu'il eut perdu ses repères et qu'il se fut suffisamment perdu, c'est là que l'âne vient à sa rencontre. L'air de rien, il reprend leur conversation là où ils en étaient quelques jours plus tôt, sans pour autant aller directement au cœur du sujet.
– Voyez-vous, Sang Chaud, d'après moi, la morphologie même de l’archipel raconte cette histoire: Les plus vieilles îles sont arasées, douces, presque assoupies. Portée
par les vents, les courants, ou les oiseaux, elle s’est installée sur
la roche encore chaude. Les premiers lichens ont transformé les
minéraux. Les mousses ont créé des humus. Les pluies, en s’accumulant
dans les cratères, ont formé des poches d’eau douce, berceaux pour les
insectes. Puis les oiseaux, puis les reptiles. Puis, parfois, un
mammifère. La biogénèse s’y joue en accéléré, et chaque île est un monde
en miniature, un laboratoire du vivant, comme les explorateurs
d’autrefois l’avaient observé.
Don Carotte, lentement se prend au jeu et comprend sans peine comment l'âne s'y prend pour lui montrer que l'histoire des îles pourrait être aussi la sienne. Comme s'il avait maintenant voix au chapitre, il prend à son compte la suite du récit.
– Serais-je le sujet prisonnier? Celui qui croit entendre une pensée venue de lui-même... mais qui, en réalité, n'entend que la voix du labyrinthe
Aujourd’hui encore et depuis toujours, sans interruption le récit continue.
Tout comme mes pensées, la plaque océanique glisse. Le point chaud, toujours actif, prépare la naissance de la prochaine île, quelque part sous la mer. Quelque part en moi-même... Discrètement, presque imperceptiblement, petits et grands séismes annoncent les mouvements. Mes propres mouvements. La mer frémit. Je frémis. Et un jour, sans prévenir, la surface se brisera: une colonne de feu s’élèvera à nouveau, et une île surgira, comme au premier matin du monde.
Aujourd’hui encore et depuis toujours, sans interruption le récit continue.
Tout comme mes pensées, la plaque océanique glisse. Le point chaud, toujours actif, prépare la naissance de la prochaine île, quelque part sous la mer. Quelque part en moi-même... Discrètement, presque imperceptiblement, petits et grands séismes annoncent les mouvements. Mes propres mouvements. La mer frémit. Je frémis. Et un jour, sans prévenir, la surface se brisera: une colonne de feu s’élèvera à nouveau, et une île surgira, comme au premier matin du monde.
–
Comme vous le dites... et ne croyez pas si bien dire...
L'âne avait discrètement repris la parole.
– Quand vous
entendez "Je suis le le labyrinthe" Quand vous la dites, vous êtes déjà à
l'intérieur du labyrinthe. La parole elle-même est le piège!
– Je le savais!
– C'est le langage qui est l'architecture du labyrinthe et chaque mot ajouté vous amène au centre du piège.
–
Je comprends alors comment, en quelques mots peut se former un
labyrinthe. Parce que le labyrinthe, c'est la parole elle-même quand
elle devient circulaire...
– Voyez-vous, Sang Chaud, combien peut être simple le langage.
– J’entends ce que vous dites…
– Auriez-vous quelque objection… Je le sens et par la même occasion quelque chose discrètement monte en moi qui ne me semble annoncer rien de bon… Allez, vas-y, crache le morceau maraud!
– Je crois… ou plutôt… je ne crois point l’énigme résolue…
– Que veux-tu ajouter?
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