– Comment savoir si tout ce qui est autour de nous est vrai?
– Si je puis me permettre, mon cher Sang Chaud, je perçois dans votre question quelque observation et un petit “ton” qui me surprend. Selon vous... enfin... selon ce que je vous entends dire, il y aurait une possibilité que, toujours selon vos observations, quelque chose de faux puisse exister autour de nous. Cela me réjouit… non pas le faux, mais votre questionnement… S’il est vrai que le faux soit intimement lié au vrai, alors il faut trancher dans le vif!
Le ton était monté et l’attitude de Don Carotte, passionnée autant que désordonnée, faisait frissonner Sang Chaud autant que le feu qui surgissait à l’improviste des entrailles de la terre, entre les racines de l’arbre qui avait envahi la scène.
– Il y a la raison d’un côté, Sang Chaud, et de l’autre il y a la révélation! Comprenez, je vous prie, qu’avant toute chose, il s’agit d’un événement de langage! Les mots, en eux-mêmes, contiennent une vérité… certes cette vérité diffère quelque peu de la vérité de ce qu’ils représentent. Il arrive, trop souvent à mon goût, que l’une annule l’autre! Mais cette différence, en certains cas, loin de mettre en danger la vérité première des la chose, peut aussi l’amplifier.
– Dans ce cas, comment devrions-nous nous comporter?
– La révélation, Sang Chaud! La révélation! Tout est en elle. Efforcez-vous de vous figurer ce qu’elle vous montre et pas seulement ce que vous entendez! Pour simplifier, regardez ce que vous montre le doigt et non le doigt! C’est ainsi que le mot agit… et c’est ainsi que nous devons agir!
– Don Carotte, qu’est-il advenu de Céleste… déjà hier je vous ai posé la question et vous semblez ne pas vouloir y répondre.
– Je ne voudrais paraître impoli… mais je vous ai répondu… Il nous suit… en nous précédant…
– Ce qui, pour un esprit simple comme le mien, prête à confusion, admettez le.
– Voyez vous, Sang Chaud, Céleste est un être à part. Il est à la fois visible et invisible…
– Je ne vois pas, Don Carotte!
– Ouvrez les yeux!Il convient, en ce type de circonstance, d'opérer un certain recul.
– Je recule, Don Carotte! Je recule à n'en plus finir!
– Je vous dis qu’il est là! Le simple fait de m’en avoir parlé eût dû vous suffire à le faire apparaître… mais de toute façon, il était, il est et il sera présent…
– Comment pouvez-vous avoir une telle assurance?
– Il me l’a dit…
– Vous ne m’aviez point dit ce qu’il vous avait dit!
– C’était à moi qu’il s’adressait, Sang Chaud, c’est moi qui ai dû m’aventurer dans l’arbre à sa recherche! Souvenez-vous! C’est moi, qui, pour résoudre l’énigme, au péril de ce que j’étais, suis reparti à l’assaut de l’arbre sur lequel aujourd’hui nous naviguons… Regardez comme ses racines s’étendent, comment, en les suivant, elles nous éloignent de lui!
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