mercredi 8 octobre 2025

«Nous ne voyons que parce que nous avons renoncé à nous voir mais nous sommes pour toujours habités par le désir de donner à notre regard l'objet irréel qui nous constitue comme sujet de la parole. Cet objet, l'objet du désir de voir, n'est pas un objet, c'est l'image insaisissable pour la main qui le produit. Le sujet, dessaisi de lui-même, participe à l'apparition du monde dans la lumière et accède de ce fait même à l'éprouvé de son existence face au spectacle de ce monde. Le sujet spectateur d'un monde coloré reçoit depuis son dehors sa propre coloration, l'incarnat de sa vie.»

Marie José Mondzain, Homo Spectator, p. 51



Sang Chaud s’était réveillé sur la langue du monstre en étant certain d’y avoir pénétré. Il faut dire que cette pensée et beaucoup d’autres, trop peut-être, lui venaient à l’esprit dans une langue dont il ne comprenait qu’une toute petite part. De fait, il ne savait plus qui il était vraiment… et plus encore il ne savait pas s’il l’avait su un jour… ou l’autre. Ce qui, paradoxalement, l’encourageait à pénétrer dans cette gueule immonde qui semblait l’attendre et de laquelle il semblait entendre une voix lointaine qui l’appelait et puis… Il y avait cette image… celle à laquelle il avait rêvé… et bien sûr le désir de retrouver Don Carotte… Comment être sûr…
– I return or not? Puosque j’y suis déjà allé, nunca problema, io volta!
Était-ce la voix de l’intérieur ou la sienne qui tel un perroquet ne faisait que répéter? Nul perroquet ne saurait le dire… Joignant le geste à la parole, il se mit en route en boitant de tous côtés. On eut dit une marionnette désarticulée. Heureusement, cela ne dura point et en attendant Sang Chaud chantonne.
– Quand l’ombre mange tout, quand le monde se plie,
Il reste au fond du cœur un fragment de vie…



Et au fond tu du Léviathan aussi… là où se trouve Don Carotte…


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