Giorgio Agamben, Le feu et le récit, Rivages poche, page 12
Après des mois, voire des années passées dans l'Archipel, je ne savais plus rien du temps. Il comptait plus... Quand je fus devenu capable de les comprendre, les
réponses qu'ils firent à mes questions étaient fort simple. Ils promirent de ne rien
me cacher. Tout me fut présenté sans que je sache si j'étais capable de
voir et d'entendre de la même manière qu'eux... Mais ils me firent
promettre de ne rien publier sans avoir au préalable traduit cela dans
la langue des hommes... de telle manière que rien n'aie la prétention d'établir une
quelconque vérité sur leur monde. Même partiellement... Sans ménagement, mais avec politesse, ils me firent comprendre qu'ils considéraient que la langue, ou les langues des
hommes, quelles qu'elles soient, sont des puits sans fonds dans lesquels
ils s'enfoncent à la recherche d'une lumière qu'ils savent être en
haut, et pourtant, ils croient pouvoir la trouver dans les profondeurs...
Perspectives opposées...
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