« Il faut que la pensée consente à se perdre dans ce qu’elle veut vraiment atteindre. Il faut qu’elle accepte d’abandonner ses repères, ses signes, ses mots, pour se fondre dans le mouvement même de ce qu’elle pense. Alors seulement, elle ne parlera plus sur la chose, mais à partir d’elle.»
Henri Bergson, La Pensée et le mouvant
– Le langage est comme un abîme...
– … et comme une demeure
– Lorsque Daemon parle à Pinocchio l’Autre, il ne lui tend pas un miroir, mais un écho, non pas une image, mais une diffraction, une onde qui ne revient jamais à son point de départ. Pinocchio, l’Autre, n’est pas un reflet. Il est cette lumière réfractée qui ne possède pas de source, cette lueur posthume née d’un feu qui n’a jamais brûlé. Il est, comme le dit Daemon, un sujet désaxé, désinscrit du pacte symbolique. Non nommé, non advenu, il erre dans la fable comme une omission vivante.
– … et comme une demeure
– Lorsque Daemon parle à Pinocchio l’Autre, il ne lui tend pas un miroir, mais un écho, non pas une image, mais une diffraction, une onde qui ne revient jamais à son point de départ. Pinocchio, l’Autre, n’est pas un reflet. Il est cette lumière réfractée qui ne possède pas de source, cette lueur posthume née d’un feu qui n’a jamais brûlé. Il est, comme le dit Daemon, un sujet désaxé, désinscrit du pacte symbolique. Non nommé, non advenu, il erre dans la fable comme une omission vivante.
– Que vous êtes savant..!
– Notre maître dit que Heidegger, quand il écrit que « le langage est la maison de l’Être », ne désigne pas un simple outil de communication ni un code social. Le langage, pour Heidegger, est le lieu où l’Être peut se manifester, s’abriter, être dit, mais aussi se taire. Il est ce qui rend possible non seulement l’expression, mais la révélation de l’essence même de ce qui est. Et l’homme, en tant qu’être parlant, n’est pas celui qui possède le langage, mais celui qui est possédé par lui, qui y habite, comme dans une maison que d’autres ont construite avant lui.
– Mais que se passe-t-il quand on est né dans une maison étrangère, ou pire: dans un cirque ou un théâtre?
– Pinocchio l’Autre ne parle pas dans la maison de l’Être, il parle dans la loge du marionnettiste. Ses mots ont été dictés, son corps articulé par une volonté tierce. Son « je » est un prêt à jouer. Il n’a jamais pu habiter ses phrases. Il les a traversées comme on traverse un décor en carton.
– Alors vient le retournement...
– Notre maître dit que Heidegger, quand il écrit que « le langage est la maison de l’Être », ne désigne pas un simple outil de communication ni un code social. Le langage, pour Heidegger, est le lieu où l’Être peut se manifester, s’abriter, être dit, mais aussi se taire. Il est ce qui rend possible non seulement l’expression, mais la révélation de l’essence même de ce qui est. Et l’homme, en tant qu’être parlant, n’est pas celui qui possède le langage, mais celui qui est possédé par lui, qui y habite, comme dans une maison que d’autres ont construite avant lui.
– Mais que se passe-t-il quand on est né dans une maison étrangère, ou pire: dans un cirque ou un théâtre?
– Pinocchio l’Autre ne parle pas dans la maison de l’Être, il parle dans la loge du marionnettiste. Ses mots ont été dictés, son corps articulé par une volonté tierce. Son « je » est un prêt à jouer. Il n’a jamais pu habiter ses phrases. Il les a traversées comme on traverse un décor en carton.
– Alors vient le retournement...
– Oui... c’est en se retirant du langage comme communication, en refusant la chaîne signifiante, qu’il cherche un autre rapport au dire, un dire qui serait silence, un silence qui serait écoute. Il quitte les murs de la maison.
– Il va dehors.
– Oui, mais non pas dans le mutisme, mais dans ce que Heidegger appellerait une "écoute de l’Être". Ce que Daemon nomme « déhiscence du sujet », cette ouverture intérieure qui ne se comble pas, Heidegger la désignerait comme la claire ouverture de la vérité de l’Être, l’aletheia. Non la vérité comme conformité, mais comme dévoilement.
Pinocchio, l’Autre, devient alors un habitant nomade de la maison du langage. Il n’y a pas de toit, pas de sol, mais une tension. Il vit dans l’entre-ouverture. Il cherche à rejoindre cette parole qui ne s’adresse à personne, qui n’impose rien, mais qui laisse être.
– En somme, il est un habitant sans adresse.
Pinocchio, l’Autre, devient alors un habitant nomade de la maison du langage. Il n’y a pas de toit, pas de sol, mais une tension. Il vit dans l’entre-ouverture. Il cherche à rejoindre cette parole qui ne s’adresse à personne, qui n’impose rien, mais qui laisse être.
– En somme, il est un habitant sans adresse.
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