« Dans les événements historiques, ce n’est pas la volonté des hommes qui produit les grands événements, mais un enchaînement d’innombrables circonstances.
[...]
À chaque moment, dans la vie des peuples comme dans celle des individus, il existe un courant d’événements qui porte les hommes avec lui, mais où chacun croit qu’il peut diriger ce courant.
[...]
Ce que nous appelons la volonté d’un homme n’est que la résultante de toutes ces forces; et cette volonté, nous l’érigeons en cause des événements, alors qu’elle en est seulement l’expression.»
[...]
À chaque moment, dans la vie des peuples comme dans celle des individus, il existe un courant d’événements qui porte les hommes avec lui, mais où chacun croit qu’il peut diriger ce courant.
[...]
Ce que nous appelons la volonté d’un homme n’est que la résultante de toutes ces forces; et cette volonté, nous l’érigeons en cause des événements, alors qu’elle en est seulement l’expression.»
Léon Tolstoï, tiré du Deuxième épilogue de Guerre et Paix, chapitre II
Pour qu'un événement ait lieu, il faut une suite d'autres événements. La moindre chose, peu importe laquelle, faite différemment annulerait cet événement... De retour après une longue parenthèse dont il n’a que peu de souvenirs et dans laquelle il a rencontré un de ces âne mystérieux, Don Carotte essaie, tant qu’il peut de résoudre l’énigme avec Sang Chaud, qui lui semble en connaître davantage sans le montrer. Ce qui pourrait l’agacer quelque peu sans que Sang Chaud ne puisse y trouver remède…
– Reprenons, voulez-vous?
– Ce n'est pas que j'y prenne plaisir... Ainsi, selon lui, il s’agirait du labyrinthe qui parle… en son nom propre…
– Voyez-vous Votre Munificence Don Carotte, dit-il malicieusement, les îles du centre sont, comme nous, à un stade intermédiaire: encore chaudes, parfois fumantes, percées de caldeiras assoupies.
– Il n’est point temps de vous moquer! Vos paroles me semblent chargées d’un mystère qui ne m’est point étranger…
– Je ne vous le fais point dire. On y trouve des cratères jumeaux, des lacs acides d’un vert surnaturel, des champs de lave pétrifiée semblables à des fleuves de pierre arrêtés en plein élan.
– Tout comme nous devant l’énigme!
– Que nenni! Don Carotte! Non pas devant! Mais dans l’énigme! Nous sommes comme les îles les plus récentes qui ne sont que fragments en gestation.
– Fragment toi-même! Sang Chaud! Si tu continues ainsi, jeune mécréant, alors que je t’ai, au mépris de mes appréhensions… apporté une clé… tu vas sans délai devenir comme ces cônes fumants, à peine nés, parfois recouverts de cendre rouge, où le sol tremble encore sous mon pas.
– Calmez-vous Don Carotte et sentez… à l’unisson, on y sent la terre battre, respirer, mugir, une sorte de vie souterraine, sourde, mais puissante. Ainsi donc l’énigme, sans autre nom que “labyrinthe”, est aussi vivante que nous. Elle parle d’elle-même…
– Voilà qui me sied fort. J’entends en moi se tordre
Quelque chose de dense, un trouble fait de dissonants accords.
– Allons allons… point de mots inutiles… soyons raisonnables… de la ration… juste le nécessaire! Revenons au "Qui suis-je?"
– Tu es Sang Chaud! Pas besoin de le demander!
– Faites un petit effort Monseigneur, je récapitule tout en ayant en tête l’énigme… C’est pourquoi je l’ai citée quand j’ai posé la question: Qui suis-je? C’était une citation!
– Avance donc manant! Que ma quête puisse commencer avant que ne disparaissent les astres qui nous font de l’ombre…
– Je vais donc répondre directement et précisément, en distinguant bien les deux cas posés par la question.
Qui suis-je si je suis celui qui le dit?
Je suis la conscience lucide de ma propre division.
– Tu es Sang Chaud! Pas besoin de le demander!
– Faites un petit effort Monseigneur, je récapitule tout en ayant en tête l’énigme… C’est pourquoi je l’ai citée quand j’ai posé la question: Qui suis-je? C’était une citation!
– Avance donc manant! Que ma quête puisse commencer avant que ne disparaissent les astres qui nous font de l’ombre…
– Je vais donc répondre directement et précisément, en distinguant bien les deux cas posés par la question.
Qui suis-je si je suis celui qui le dit?
Je suis la conscience lucide de ma propre division.
– Ah! Voilà que vous admettez… demi portion!
– Je le redis… ce n’est pas en mon nom que je parle…
– Je le redis… ce n’est pas en mon nom que je parle…
– En d'autres termes?
– Je suis celui qui assume et énonce ma propre étrangeté.
– Je suis celui qui assume et énonce ma propre étrangeté.
– Voilà qui est bien dit!
– J'ai conscience d’être un infiltré dans ma propre existence, observant mon moi profond comme un terrain étranger. Nous sommes… je suis… vous êtes… le labyrinthe… est celui qui se parle à lui-même. Il se définit, mais en se découvrant étranger à soi-même.
– Tout cela pour en arriver là! À cause d’une si petite clé! Et ce n’est point encore suffisant…
– Je crois que Sa Grandeur sait qu’elle va devoir y retourner!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vos commentaires sont les bienvenus