mardi 17 juin 2025

 
« Ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin. »
 
Paul Claudel, Journal, 10 février 1905
 
 
 

 
Imaginé peut-être par l’un ou l’autre habitant d'un outre-monde, Pinocchio, l’Autre, croit entendre ou peut-être rencontre, on ne sait où, Pinocchio… l’ancêtre au seul prénom, qui, lui, peine à se souvenir…

– Oui, il me semble qu’il y eut un feu, un renard, une fée…
Mais ce ne sont là que des formes,
des masques. Le vrai souvenir, le seul, est ce vertige.
– De quoi parlez-vous?

– Du vertige de ne pas être encore né de soi, et pourtant de sentir que le monde attend cela de moi. C’est cela que je ressens, là, maintenant, au bord de l’effacement: que je suis la possibilité d’un être qui ne s’est pas encore choisi. Je suis un être sans nom... juste un prénom...
« J’ai fui la liberté comme on fuit l’inconnu,

Mais elle m’a suivi, plus fidèle qu’un père.

Car vivre, c’est oser le pas qui n’est pas dû,

Et faire de son bois l’ébauche d’une chair.»
– Le grand poisson est proche….
– Je le sais.
– Moi aussi je le sais… pas parce que je l’entends ou le vois, mais parce que je me tais.
Et dans ce silence, je sens que je vais devoir répondre.
 Non à un Dieu.
 Non à un père.
 Mais à cette part de moi que je ne peux plus ignorer.
« Je suis Pinocchio, l’Autre

Non pas le pantin.
Non pas le fils.

Mais ce qui vacille entre le bois et la parole,

entre l’attente et le cri.
Je suis l’Autre.

Et le monde me traverse.»