« Il est fort difficile sans doute, sur un sujet rebattu depuis deux mille ans et qui d'ailleurs ne s'accroît point par l'expérience, d'établir une théorie nouvelle et juste; pourtant je ne puis m'empêcher de soumettre à l'examen du penseur l'essai, qui va suivre, d'une telle théorie.
Le syllogisme est une opération de la raison qui, de deux jugements, par leur simple comparaison et sans le secours d'aucune autre connaissance, en tire un troisième, avec cette condition que les deux jugements en question doivent avoir un concept qui leur soit commun, sans quoi ils seraient étrangers l'un à l'autre et sans point de contact.
Mais cette condition étant réalisée, ils deviennent le père et la mère d'un enfant qui tient de tous les deux. L'opération syllogistique n'est pas un acte arbitraire, mais un acte de la raison qui, adonnée à la considération de tels jugements, l'accomplit d'elle-même, d'après ses propres lois; en ce sens cet acte est objectif, non subjectif, et soumis à des règles rigoureuses.
On peut se demander si celui qui fait un syllogisme apprend quelque chose de vraiment nouveau, qui lui ait été inconnu auparavant, par la proposition nouvelle qui nait ainsi? Il ne l'apprend pas absolument, mais bien dans une certaine mesure. Ce qu'il apprend sans doute était déjà contenu dans ce qu'il savait: sachant ceci il savait donc cela. Mais il ne savait pas qu'il le sût, et celui qui ne sait pas qu'il sait est comme celui qui a quelque chose et ne sait pas qu'il l'a: autant vaut n'avoir rien.»
Mais cette condition étant réalisée, ils deviennent le père et la mère d'un enfant qui tient de tous les deux. L'opération syllogistique n'est pas un acte arbitraire, mais un acte de la raison qui, adonnée à la considération de tels jugements, l'accomplit d'elle-même, d'après ses propres lois; en ce sens cet acte est objectif, non subjectif, et soumis à des règles rigoureuses.
On peut se demander si celui qui fait un syllogisme apprend quelque chose de vraiment nouveau, qui lui ait été inconnu auparavant, par la proposition nouvelle qui nait ainsi? Il ne l'apprend pas absolument, mais bien dans une certaine mesure. Ce qu'il apprend sans doute était déjà contenu dans ce qu'il savait: sachant ceci il savait donc cela. Mais il ne savait pas qu'il le sût, et celui qui ne sait pas qu'il sait est comme celui qui a quelque chose et ne sait pas qu'il l'a: autant vaut n'avoir rien.»
Arthur Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, puf, p. 790
Sang Chaud, pourquoi ce vacarme? Pourquoi ces extases?
Toutes ces ombres dissoutes dans les méandres de nos phrases?
Seriez-vous aussi perdus que moi sur notre propre archipel,
Errants en des discours comme des oiseaux sans ailes?
On doit à la vérité d’énoncer que outes ces péripéties, à l’insu de Don Carotte et de son serviteur, ont lieu à l’intérieur du cirque et se déroulent selon un ordre précis qui devrait se répéter à chaque représentation… Cependant, une représentation n’est pas une répétition et donc invariablement quelques variations diverses ont lieu à chaque fois. Petites ou grandes, généralement, ces variations ne changent guère le principe et le sens même de l’histoire. Mais ce qui devait plus ou moins se passer ce jour-là ne se passa point. Soit que la pression de l’eau ou que le mouvement des mécanismes œuvrant pour suggérer le déplacement des racines ne se soient déréglés, le sol de la piste n’avait point résisté et le naufrage eut lieu réellement sans que Don Carotte ne le sache. Comme chaque jour il vivait ces péripéties avec une passion aveugle et un engagement total qui donnaient l’impression, fugace certes, mais profonde aux spectateurs que ce qui se passait sous leurs yeux était pour le moins authentique. Or ce jour-là, la représentation n’avait de spectateur que le seul Sang Chaud, invisible pour Don Carotte qui le croyait noyé après avoir, pour un temps, entendu venir à lui sa voix d’un lointain inconnu. Sang Chaud, qui découvrait pour la première fois ce que pouvait voir un spectateur pouvait légitimement se croire hors de l’action. Il eut le sentiment bizarre de se sentir happé par ce qui se passait sur la scène. En cela, ce qui se passait en lui-même ne différait en rien à ce qui se passait dans la tête de tout autre spectateur… mais il avait oublié que l’attache de son pantalon était relié à celle de Don Carotte… et ce qui n’aurait jamais dû arriver arriva, il va se trouver entraîné malgré lui dans cette fiction qui n’en était plus une…

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