« Le temps peut se comparer à un cercle sans fin qui tourne sur lui-même: le demi-cercle qui va descendant serait le passé, la moitié qui remonte, l'avenir. En haut est un point indivisible, le point de contact avec la tangente; c'est là le présent inétendu. De même que la tangente, le présent n'avance pas, le présent, ce point de contact entre l'objet qui a le temps pour forme et le sujet qui est sans forme, Parce qu'il sort du domaine de ce qui peut être connu, étant la condition seulement de toute connaissance. Le temps ressemble encore à un courant irrésistible, et le présent à un écueil, contre lequel le flot se brise, mais sans l'emporter. La volonté prise en soi n'est pas plus que le sujet de la connaissance soumise au principe de raison suffisante; au reste ce sujet, en un sens, c'est elle-même, ou du moins sa manifestation. Et de même que la volonté a pour compagne assurée la vie, qui est son expression propre, de même le présent a pour compagne assurée la vie, dont il est l'unique manifestation. Donc nous n'avons à nous occuper ni du passé qui a précédé la vie, ni de l'avenir après la mort; au contraire, nous avons à reconnaitre le présent pour la forme unique sous laquelle puisse se montrer la volonté.»
Arthur Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, puf, p. 821
– Le Léviathan...

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