« … je ne pensais point que l'auteur d'où j'ai pris cette histoire, me forçait presque à suivre sa trace tant il y a de douceur et naïveté à poursuivre ce propos, et tant il me semblait être véritable…»
La nuit venue, Félix, l'esprit fatigué, encore absorbé par les histoires de Lucian et d'Igniatius alias Don Carotte et son âne, se laisse aller à ses petites passions. Poète du dimanche, en toute liberté, sans autre frein que les limites de son imagination, il se laisse aller à écrire, persuadé que de se laisser-aller pourrait le mener là ou d'autres confrères refusent d'aller. Sans plus d’obstacles les images affluent sans discontinuer et Félix, sans savoir comment les couche sur le papier de ses carnets. Bientôt l’écriture et le dessin ne font qu’un…
J’ai vu, dans un désert d’îles à la dérive,
Trois êtres sans identités, trois âmes qui survivent.
Trois êtres sans identités, trois âmes qui survivent.
Ici, tout s’est éteint. Le cirque est sans haine.
Les toiles, lourdes d’ombres, retombent dans l’arène.
Plus un cri. Plus un pas. Le vent seul, pas à pas,
Traversent la nuit les hauts gradins de bois.
La piste, autrefois reine, est une cendre blanche;
La piste, autrefois reine, est une cendre blanche;
Des cordages pendants tremblent comme des branches.
Ce lieu fut un théâtre, il n’est plus qu’un soupir.
Mais les ruines parfois recommencent à luire.
Car l’obscurité, vaste et tenant lieu de monde,
Car l’obscurité, vaste et tenant lieu de monde,
Dévoile la lumière en ses obscurités profondes
Et dans ce noir total, le passé, frémissant,
Se lève comme un astre au cœur du firmament.
C’est ici que jadis le Marcheur enfantait
C’est ici que jadis le Marcheur enfantait
Ses pas d’errant, son souffle et ses peurs sans clarté.
Ici que l’Oreille d’or, dans une loge vide,
Entendait murmurer les spectres timides.
Ici que le Faiseur-d’ombre, à l’abri des rideaux,
Ici que le Faiseur-d’ombre, à l’abri des rideaux,
Inventait mille vies, mille faces, mille échos.
Ici que trois destins, sous le feu des étoiles,
Tentaient de se comprendre à travers mille voiles.
Le cirque maintenant, déserté, s’offre encore
Le cirque maintenant, déserté, s’offre encore
Comme un tombeau vivant qui garde et qui dévore.
Mais l’âme de ces lieux, sous la poussière en feu,
Pulse comme un grand cœur oublié par les dieux.

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