
Lucian et Igniatius, l’un et l’autre, maintenant diamétralement opposé, pensent voir, dans les dessins, la figure de l’autre… Ils sont incapables de se reconnaître.
Lucian, le premier, prend la parole.
– Vous découvrirez que tout ce qui se passe dans un de ces dessins, lorsqu’il vous captive, sont des sensations physiques, des frémissements de votre corps… Ce sont ceux-là même qui eurent lieu lorsque vous dessiniez… avec de très ténues variations…Ces infimes variations ont aussi leur importance… Regardez-les, Igniatius, et observez ce qui se passe, non pas mentalement, mais physiquement.
– Vous découvrirez que tout ce qui se passe dans un de ces dessins, lorsqu’il vous captive, sont des sensations physiques, des frémissements de votre corps… Ce sont ceux-là même qui eurent lieu lorsque vous dessiniez… avec de très ténues variations…Ces infimes variations ont aussi leur importance… Regardez-les, Igniatius, et observez ce qui se passe, non pas mentalement, mais physiquement.
Igniatius observe pendant longtemps sans rien dire. Rien ne sort de sa bouche. Plus tard il dira s’être senti en profond déséquilibre sans pouvoir se l’expliquer et puis, surtout, sans comprendre pourquoi il s’était mis à penser à Don Quichotte…
– Vous dites Don Quichotte… comme c’est intéressant…
– Pourquoi est-ce intéressant?
– Cela ne vous rappelle rien?
– Non, je ne vois pas…
– Vous souvenez-vous depuis combien de temps vous venez ici… dans mon cabinet?
– Je n’en sais rien… peut-être des mois…mais quel serait le rapport avec le fait d’avoir pensé à Don Quichotte?
– Avec Don Quichotte… ce serait… disons… un rapport lointain! Mais avec Don Carotte…
Igniatius eut la brève sensation que Monsieur Lucian subissait une sorte de crise de démence qu’il espérait passagère.
– Vous plaisantez! Qui serait ce Don Carotte? Une de vos inventions?
– Votre invention, Igniatius… votre récit… que pendant des semaines vous m’avez raconté et que j’ai mémorisé d’autant mieux que vous m’avez apporté vos dessins… Dessins qui loin d’illustrer vos propos, les prolongent de telles façons qu’ils pourraient raconter toute autre chose que votre récit… sans compter le mien propre, qui malgré moi ne peut s’empêcher de prendre, si peu que ce soit, la place du vôtre.
– Et, selon vous, qu’aurais-je raconté dans ce dessin-ci-devant nous… qui à moi, pour le moment ne me dit rien du tout…
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