jeudi 29 novembre 2007

Vanité


Je sais trop la vanité du lecteur qui est certain qu'en telle situation la clef de la supercherie ne saurai lui échapper pour oser soutenir que Julius et nous serions dans la même réalité. Julius, lui ne se pose même pas la question. Il se contente d'être et ne voit aucune magie bizarre en ce qu'il est et plus encore en ce qui se passe autour de lui. Où qu'il se trouve il se sent chez lui.

... Notamment celui de faire se déplacer les obstacles qui se trouvent sur son chemin... Certes personne ne peut le voir, ni le comprendre puisque quiconque serait là dans le moment où Julius passerait, qu'il se mettrait sans façon ni délai à débarrasser l'encombrement sans que son esprit n'y mette aucun frein. Tout occupé qu'il sera à cette tache, il ne s'apercevra pas du miracle permanent qui accompagne le passage de Julius Amphyon. En réalité, sans que la chose puisse être définie, c'est l'agencement de toute la ville qui change à son passage. Mais cela se fait de telle manière que personne n'y voit rien et oubliera instantanément tout ce qu'il a fait et pensé et reprendra "le cours des choses" après le passage de Julius sans autre conséquence qu'un sourire aux lèvres et une petite mélodie entraînante qui chante dans son coeur.

mercredi 28 novembre 2007

En réalité


En réalité, Julius possédait des dons bien particuliers et bien réels. Notamment celui de...

Les pierres du chemin


Tous les habitants de la ville avaient plaisir à voir déambuler Julius sur son tambour comme le petit Prince sur sa planète. Personne ne pouvait s'empêcher de sourire en le voyant passer. Mais le plus surprenant était qu'une de crainte naissait en même temps que le sourire. Une sorte d'inquiétude commune qui tirait chacun de sa petite sphère individuelle. En le voyant rouler à une telle vitesse, chacun se sentait responsable de l'accident qui pouvait lui arriver. Ils en étaient sûr, les incontournables obstacles, pierres, cailloux et autres mobiliers urbains, immanquablement, allaient lui barrer la route. Chacun s'activait à débarrasser la rue du mieux qu'il pouvait. Et le miracle se produisait, jour après jour renouvelé. On eut dit que Julius Amphyon, le bien-nommé, déplaçait les pierres de son chemin. En réalité...

mardi 27 novembre 2007

Confrontation


Malgré le fait qu'il ait été un homme et peut-être à cause de son mutisme, la présence de Julius était devenue si banale que personne n'y prenait garde. Ainsi il fut confronté à toutes sortes d'événements qui le marquèrent profondément. Heureusement pour lui, personne ne pouvait imaginer ce qu'il était capable de ressentir. Ses yeux ne pouvaient s'ouvrir et pourtant il voyait. La moindre des variations de lumière lui donnait des indications très précises sur le monde qui l'entourait. La moindre des vibrations en faisait de même et interagissait avec celles de la lumière. Tout pour lui, n'était que vibrations qu'il ne ressentait pas avec ses oreilles mais avec l'entier de son corps. Ainsi malgré qu'il soit considéré comme sourd, il entendait.

lundi 26 novembre 2007

Anniversaire


Julius fête son anniversaire.


Onze ans déjà que la Grande Évolution a eu lieu. Onze ans déjà qu'il est arrivé flottant sur les eaux...

dimanche 25 novembre 2007

Acte de bravoure


Si Julius passait le plus clair de son temps à charmer les passants, il n'en était pas moins capable du plus grand courage. Surtout s'il s'agissait de se porter au secours d'autrui.


Il savait s'opposer de la meilleure des manières aux tyrans de toutes sortes qui se présentaient sur son chemin. À vrai dire, il se pourrait bien qu'une grande part d'inconscience soit la cause de ces actes de bravoure et pourtant il savait bien qu'à travers le rôle qu'il jouait il rejoignait une autre histoire dont il avait été éjecté.

À peine Julius ressent-il la chaleur du jour lui caressant le visage qu'il ouvre les bras, étirant son instrument où s'engouffre en chantant l'air vivifiant du grand large.

"Grande Évolution"


Personne ne sait d'où vient Julius. Il est arrivé le jour même de la "Grande Évolution".

Grosse caisse


Julius n'a pas de maison. Il dort, en toutes saisons dans sa "grosse caisse". Dans cette peau tendue qui chaque s'ouvre pour lui donner la vie.

Sans crainte


Il arrivait fréquemment qu'au plus fort de la tempête Julius se rende, sans la moindre crainte, au bout de la digue pour s'entretenir avec l'eau montante.
- J'y entends des voix dont je ne connais pas l'origine, pensait-il dans le secret de son mutisme. Elles me charment tout autant que la musique de l'eau :
"Pendant ce temps l'Esprit, sans grand plaisir,
Au sein de son bonheur se retire :
L'Esprit, cet océan où chaque sorte
Sa pareille trouve et conforte;
Et crée cependant, transcendants récipiendaires,
D'autres Mondes au loin, et d'autres Mers;
Réduit toute création à sa perte,
Verte pensée dans une ombre verte." *

* Andrew Marvell,
The Garden

samedi 24 novembre 2007

Au début, alors qu'il n'était encore qu'un enfant turbulent, Julius Amphyon aimait à se promener sans but, à suivre les mouvements des vagues dans le canal. Son jeu préféré était de suivre le plus longtemps possible une simple petite vague "jusqu'à ce qu'elle meure comme quelqu'un qui s'endort". Pour cela il courait sans se soucier des passants qui étaient obligés de s'écarter devant tant de détermination. Rien d'autre pour lui n'existait dans ces moments-là.

vendredi 23 novembre 2007

Étrange et improbable


Monsieur Amphyon est musicien, étrange et improbable pour un être sourd, muet et aveugle.

Monsieur Amphyon


Monsieur Amphyon, malgré le fait qu'il soit sourd, muet et aveugle, était capable de charmer tout ce qui se présentait à lui et qu'il savait reconnaître d'une façon qu'il était le seul à pouvoir comprendre...

jeudi 22 novembre 2007

Justice et réalité


Les émotion du juge Tancrède n'étaient pas choses vaines.
- S'il est vrai que pendant si longtemps je les ai maîtrisées au point de presque les mépriser, je pense maintenant, que cela a été vain.
Il est vrai aussi de dire que, malgré une apparente sincérité presque touchante, tout ce que dit le juge n'est pas aussi juste et réel qu'il le pense.

mercredi 21 novembre 2007

mardi 20 novembre 2007

lundi 19 novembre 2007

L'esprit a encore frappé


Hier au soir un rayon de soleil s'est allongé dans les profondeurs de "L'Esprit Frappeur", à Lutry...
www.espritfrappeur.ch







Merci Claire Lise, Christophe,
www.myspace.com/claireliseband
K,
www.sitedek.ch
et Donato



dimanche 18 novembre 2007

Ému


Si l’aventure qu'était en train de vivre le juge Tancrède lui donnait la possibilité de vivre quelque chose de nouveau, elle ne lui donnait guère de possibilités de dominer mieux ce qu'il ressentait. Si elle l'avait fait sortir de ses habitudes d'âne de pouvoir, sous un autre angle elle l'enfermait dans les limites de ses pulsions...
- Il est vrai que ces soulèvements ne me laissent pas de marbre. Je ne puis voir ces livres et ces drapeaux sans me sentir ému.

samedi 17 novembre 2007

À mi-chemin


C'est ce que nous faisions nous-même lorsque, avec Timothée et le juge Tancrède, nous avons découvert que la grande salle du tribunal avait pris la place du théâtre, à mi-chemin entre l'église et le bordel. Le théâtre de la justice effectuant ainsi, à son insu, la parfaite synthèse des deux extrêmes. Le travail deTimothée était remarquable. Il avait réussi à se mêler aux ouvriers sans que personne ne s'aperçoive de l'influence qu'il exerçait sur eux.

Synthèse momentanée


On pourrait, dans un premier temps, refuser, occulter ce qui n’est à coup sûr qu’un piège de l'esprit. C’est ce que font, sans exception, les uns à la suite des autres les rares lecteurs qui s' intéressent aux aventures de Marcel. Pourtant, malgré l'enchevêtrement confus des différentes parties de ses pérégrinations "sans queues ni têtes", il sait que la raison n'est qu'une illusion comme celle qui fait « qu’une cuillère paraît rompue dans le verre" et qu'il faudrait un rare sens de la synthèse pour considérer que la vie de chacun soit une trajectoire lumineuse et rectiligne venant de l'infini et se jetant "corps et âme" dans un autre infini.

vendredi 16 novembre 2007

Suites logiques et désincarnation


Le lecteur se sent perdu. Il peine à reconnaître les suites dont il ne reconnaît pas la logique. Ses difficultés de lecture s'accroîtront quand viendra le moment, irrecevable, où ces strophes après avoir sombré dans un profond vide de mémoire : un trou noir de mots griffonnés à la hâte, entrera brusquement en collision avec les textes qu'il croira reconnaître.

Éclat bondissant


- "Le bien et le mal ne se différencieront que dans un ultime éclat bondissant. "
Telle est l'ultime état de la pensée de Michel. C’est pourquoi il préférera, dès cet instant, ne plus employer le mouvement de marcher pour garder celui, plus neutre, de bondir.
Sa lecture du monde, bien que légèrement anachronique au regard du mode de visualisation de notre civilisation avancée permettra, nous en sommes certain, de se démarquer des terrifiants néologismes, et notamment ceux du "Haut Cercle Restreint par la Force des Choses".

"...et j'en étais à peine à une portée de pistolet, que je me vis entouré d'un grand nombre d'hommes tout nus.
Ils parurent fort surpris de ma rencontre ; car j'étais le premier, à ce que je pense, qu'ils eussent jamais vu habillé de bouteilles. Et pour renverser encore toutes les interprétations qu'ils auraient pu donner à cet équipage, ils voyaient qu'en marchant je ne touchais presque point à la terre : aussi ne savaient-ils pas qu'au moindre branle que je donnais à mon corps, l'ardeur des rayons de midi me soulevait avec ma rosée, et que sans que mes fioles n'étaient plus en assez grand nombre, j'eusse été possible à leur vue enlevé dans les airs."*

* Voyage dans la Lune & histoire comique des états et empires du Soleil
Cyrano de Bergerac

jeudi 15 novembre 2007

Au même lieu


"Ce qui accrut mon étonnement, ce fut de ne point connaître le pays où j'étais, vu qu'il me semblait qu'étant monté droit, je devais être descendu au même lieu d'où j'étais parti. Équipé pourtant comme j'étais, je m'acheminai vers une espèce de chaumière, où j'aperçus de la fumée ; et j'en étais à peine..." *

* Voyage dans la Lune & histoire comique des états et empires du Soleil
Cyrano de Bergerac

mercredi 14 novembre 2007

Au plus haut de l'horizon


"Mon opinion ne fut point fausse, car j'y tombai quelque temps après, et à compter de l'heure que j'en étais parti, il devait être minuit. Cependant, je reconnus que le soleil était alors au plus haut de l'horizon, et qu'il était là midi. Je vous laisse à penser combien je fus étonné : certes je le fus de si bonne sorte, que ne sachant à quoi attribuer ce miracle, j'eus l'insolence de m'imaginer qu'en faveur de ma hardiesse, Dieu avait encore une fois recloué le soleil aux cieux, afin d'éclairer une si généreuse entreprise. " *

* Voyage dans la Lune & histoire comique des états et empires du Soleil
Cyrano de Bergerac

lundi 12 novembre 2007

Attraction


"J'avais attaché autour de moi quantité de fioles pleines de rosée, sur lesquelles le soleil dardait ses rayons si violemment, que la chaleur qui les attirait, comme elle fait les plus grosses nuées, m'éleva si haut, qu'enfin je me trouvai au-dessus de la moyenne région. Mais comme cette attraction me faisait monter avec trop de rapidité, et qu'au lieu de m'approcher de la lune, comme je prétendais, elle me paraissait plus éloignée qu'à mon partement, je cassai plusieurs de mes fioles, jusqu'à ce que je sentis que ma pesanteur surmontait l'attraction, et que je redescendais vers la terre. "



* Voyage dans la Lune & histoire comique des états et empires du Soleil
Cyrano de Bergerac

Fièvre chaude


"- Mais, ajoutais-je, je ne saurais m'éclaircir de ce doute, si je ne monte jusque-là ?
- Et pourquoi non ? me répondais-je aussitôt. Prométhée fut bien autrefois au ciel dérober du feu. Suis-je moins hardi que lui ? Et ai-je lieu de n'en pas espérer un succès aussi favorable ?
À ces boutades, qu'on nommera peut-être des accès de fièvre chaude, succéda l'espérance de faire réussir un si beau voyage : de sorte que je m'enfermai, pour en venir à bout, dans une maison de campagne assez écartée, où après avoir flatté mes rêveries de quelques moyens proportionnés à mon sujet, voici comme je me donnai au ciel." *

* Voyage dans la Lune & histoire comique des états et empires du Soleil
Cyrano de Bergerac

dimanche 11 novembre 2007

Doux sommeil


" SOSIE
- Eh bien! que fais-tu là, pauvre Xanthias ?
XANTHIAS
- Je cherche à faire trêve à ma garde nocturne.
SOSIE
- Tes côtes méritent sans doute quelque grand châtiment. Mais sais-tu
quelle bête sauvage nous gardons ?
XANTHIAS
- Je le sais ; mais je voudrais dormir un peu.
SOSIE
- Eh bien ! cours-en le risque ; car je sens moi-même un doux sommeil
fermer mes paupières.
XANTHIAS
- Es-tu en délire, ou saisi de la fureur des corybantes ?
SOSIE
- Non ; je suis pris d'un assoupissement qui me vient de Sabazios.
XANTHIAS
- Tu adores donc Sabazios, comme moi ; car tout à l'heure aussi le
lourd sommeil est venu fondre comme un Mède sur mes paupières, et
vraiment je viens de faire un rêve merveilleux."

Aristophane, Les guêpes

vendredi 9 novembre 2007

Je demeurai si surpris...


"Je demeurai si surpris, tant de voir un livre qui s'était apporté là tout seul, que du temps et de la feuille où il s'était rencontré ouvert, que je pris toute cette enchaînure d'incidents pour une inspiration de faire connaître aux hommes que la lune est un monde.
- Quoi ! disais-je en moi-même, après avoir tout aujourd'hui parlé d'une chose, un livre qui peut-être est le seul au monde où cette matière se traite si particulièrement, voler de ma bibliothèque sur ma table, devenir capable de raison, pour s'ouvrir justement à l'endroit d'une aventure si merveilleuse ; entraîner mes yeux dessus, comme par force, et fournir ensuite à ma fantaisie les réflexions, et à ma volonté les desseins que je fais !... Sans doute, continuai-je, les deux vieillards qui apparurent à ce grand homme, sont ceux-là mêmes qui ont dérangé mon livre, et qui l'ont ouvert sur cette page, pour s'épargner la peine de me faire la harangue qu'ils ont faite à Cardan." *

* Voyage dans la Lune & histoire comique des états et empires du Soleil
Cyrano de Bergerac

Étant arrivé chez moi


"Étant arrivé chez moi, je montai dans mon cabinet, où je trouvai sur la table un livre ouvert que je n'y avais point mis. C'était celui de Cardan; et quoique je n'eusse pas dessin d'y lire, je tombai de la vue, comme par force, justement sur une histoire de ce philosophe, qui dit qu'étudiant un soir à la chandelle, il aperçut entrer, au travers des portes fermées, deux grands vieillards, lesquels après beaucoup d'interrogations qu'il leur fit, répondirent qu'ils étaient habitants de la lune, et, en même temps, disparurent." *



* Voyage dans la Lune & histoire comique des états et empires du Soleil
Cyrano de Bergerac

Tromperie


Timothée se demande si "dissoudre son existence dans la réalité" n'était pas mensonge plus grand encore ?

"La lune était en son plein, le ciel était découvert, et neuf heures du soir étaient sonnées lorsque...les diverses pensées que nous donna cette boule de safran nous défrayèrent sur le chemin. De sorte que les yeux noyés dans ce grand astre, tantôt l'un le prenait pour une lucarne du ciel par où l'on entrevoyait la gloire des bienheureux ; tantôt un autre, persuadé des fables anciennes, s'imaginait que possible Bacchus tenait taverne là- haut au ciel, et qu'il y avait pendu pour enseigne la pleine lune ; tantôt un autre assurait que c'était la platine de Diane qui dresse les rabats d'Apollon ; un autre, que ce pouvait bien être le soleil lui-même, qui s'étant au soir dépouillé de ses rayons, regardait par un trou ce qu'on faisait au monde quand il n'y était pas. « et moi, leur dis-je, qui souhaite mêler mes enthousiasmes aux vôtres, je crois sans m'amuser aux imaginations pointues dont vous chatouillez le temps pour le faire marcher plus vite, que la lune est un monde comme celui-ci, à qui le nôtre sert de lune. Quelques-uns de la compagnie me régalèrent d'un grand éclat de rire. « Ainsi peut-être, leur dis-je, se moque-t-on maintenant dans la lune, de quelque autre, qui soutient que ce globe-ci est un monde. » Mais j'eus beau leur alléguer que Pythagore, Epicure, Démocrite et, de nôtre âge, Copernic et Kepler, avaient été de cette opinion, je ne les obligeai qu'à rire de plus belle. Cette pensée cependant, dont la hardiesse biaisait à mon humeur, affermie par la contradiction, se plongea si profondément chez moi, que, pendant tout le reste du chemin, je demeurai gros de mille définitions de lune, dont je ne pouvais accoucher ; de sorte qu'à force d'appuyer cette croyance burlesque par des raisonnements presque sérieux, il s'en fallait peu que je n'y déférasse déjà, quand le miracle ou l'accident, la Providence, la fortune, ou peut-être ce qu'on nommera vision, fiction, chimère, ou folie si on veut, me fournit l'occasion qui m'engagea à ce discours : Étant arrivé chez moi, je montai dans mon cabinet, où je trouvai sur la table un livre ouvert que je n'y avais point mis."

Voyage dans la Lune & histoire comique des états et empires du Soleil
Cyrano de Bergerac

mercredi 7 novembre 2007

mardi 6 novembre 2007

lundi 5 novembre 2007

dimanche 4 novembre 2007


L'Amant

Quand certaine la chose entend
Et voit le miracle évident,
Alors il s'avance et s'assure
A nouveau si c'est chose sûre,
Et moult lui donne volontiers
Son corps et son coeur tout entiers.
A ces mots tous deux s'entr'allient,
De leur amour s'entre-mercient ;
Comme deux tendres colombeaux,
N'est nulle joie et doux assauts
Qu'alors tous deux ne s'entrefassent.
En longs transports ils s'entr'embrassent
Et s'entrebaisent tout le jour
Et se témoignent leur amour.
Aux Dieux tous deux grâces rendirent
Qui pour eux tel miracle firent,
Et par dessus tous à Vénus
Qui les avait aidés le plus.
Or est Pygmalion bien aise,
Or n'est-il rien qui lui déplaise.
Elle ne lui refuse rien,
Ce qu'il veut, elle le veut bien,
Lui de même obéit et prie,
Il fait toute sa fantaisie,
Et pour rien ne la contredit.
Il la mène enfin dans son lit,
De bon vouloir et sans contrainte.
Tant ont joué, qu'elle est enceinte
De Paphus qui donna son nom
A l'île de Paphos, dit-on,
Et jour à Cyniras, roi sage,
Fors seulement en un passage.

Jean de Meung, le Roman de la Rose
Traduction en vers de Pierre Marteau (1879)


samedi 3 novembre 2007

Essentiel


Le juge se perd dans ses pensées. Ses rêves se mêlent aux images de son esprit. Des lueurs d'espoir dansent sur les tableaux qui couvrent les murs de son salon. Elles animent d'une lumière nouvelle des images qu'il n'a jamais vraiment regardées.


- C'est notre futur... J'ai sous les yeux notre avenir et je ne sais le voir...

" Chez ce qui est sans ciel, ce qui était sans ciel.
...
Nos mêmes mains amies se tiennent comme un appel,
Au loin, si loin demain, pourrait voir l'essentiel,
Ce qui vole si loin sans pouvoir écouter.
Qui saura aussi loin des charmes s'emporter ?
Peut-être ai-je trouvé dans ce ciel étoilé
Être de chair et sang, matin de nouveau-né.
Nous crierons sans fin, le chant nu de partout,
Pour savoir de vous..."