vendredi 30 septembre 2016

30 septembre 2016




– D'où viennent ces images ?
– Je n'en sais rien. J'en ai plein les poches. Mais de fait, à moi, elles ne parlent pas... d'ailleurs je ne les regardent jamais. De temps à autre j'en ramasse une que je mets dans une poche. Ainsi elles s'entassent dans l'ordre où je les trouve. Si quelqu'un me le demande, je les montre, dans l'ordre inverse où je les ai récoltées et là elles se mettent à parler. Pour moi-même, je ne les regarde jamais. À l'exception d'une seule.

– Laquelle?
Celle que je vais te montrer et qui pose sans cesse la question:
– Mais, qui est-tu ?
Il mit la main à l'intérieur de son manteau et me sortit ce portrait.

jeudi 29 septembre 2016

29 septembre 2016




Nos deux héros, surprenants tout de même, conversent avec la vivacité de leur jeunesse.
– Certaines des ces images, qu'il tenait entre ses mains, ravivaient en moi la flamme du souvenir...
Sur l'une d'entr'elles, je reconnaissais nettement mon petit âne Dédé. Mais sur la suivante, l'âne qui, dans une certaine mesure pourtant lui ressemblait, ne me disait rien...  Je ne découvrais pas le rapport qui pouvait exister entre elles. Il eut fallu que quelque chose intervienne pour que le mouvement, aussi petit et insaisissable serait-il, mette en branle un processus, qui alors, serait sans aucune mesure avec ce que je pouvais connaître rationnellement

mercredi 28 septembre 2016

28 septembre 2016





– Tu peux penser ce que tu veux, cela n’enlèvera rien aux charmes de la mémoire.
– La mémoire n'a pas besoin de charme...
– C'est très exactement cela, elle est le charme sans que pour cela elle n'ait à en convoquer. Regarde plutôt ce que j'ai en main.


Il tenait entre ses mains une grande quantité d'images.
– Certaines d’entre-elles me sont devenues étrangères et d'autres sont là comme si rien ne m'avait jamais séparé du lieu de leurs existences. Mais je me demande souvent si le monde, tel qu'il est à ce jour, est encore celui que nous avons connu...
– N'y aurait-il pas là un petit peu d'ésotérisme idiot?
– Cher ami, si la bêtise bat son plein, je considère qu'il n'est point malséant de l'oublier un peu. Si chaque fois que nous ouvrons la bouche c'est pour avoir peur d'un simple d'esprit... autant rester cachés derrière ces masques que nous apprenons jusqu'au bout à façonner comme des artiste...
– Voilà que tu te prends pour un artiste! Eh bien, moi aussi, je vais citer:
Il est vrai que l’art réside dans l’apparence ; mais tout ce qui est, doit apparaître aussi. La vérité, l’essence ne seraient pas si elles n’apparaissaient ; et si l’art est une illusion, le monde externe et interne [...] l’est encore beaucoup plus.* Tu ferais mieux de me raconter ce que disent ces images que tu as en main.
– Il m'arrive de penser qu'au moment où les souvenirs ne cessent d'affluer, c'est un peu comme s'ils prenaient la place de ce qui devrait être présent.



* Hegel, Esthétique

mardi 27 septembre 2016

27 septembre 2016




 "L'omniprésence de l'esprit devenu étranger à lui-même"*

 – Là sur la photo c'est moi !
_ Comment peux-tu en être sûr ... comment peux-tu être ici et là-bas sur cette photo, en un temps qui n'existe plus ?

– Pas si sûr...
– Qu'est-ce qui n'est pas si sûr?
– Que ce temps-là aie disparu...
– C'est au moins absurde, si ce n'est déraisonnable...
– Alors, dans ce cas, toi aussi tu es déraisonnable.
– Serait-ce alors un des "signes de l'aspect lisse d'une pseudorationalité qui procède sans concept ; elle érige une maison de verre, qui se méprend sur elle-même en pensant qu'elle est liberté et ce type de fausse conscience s'amalgame à la conscience - tout aussi fausse et gonflée - que l'esprit a de lui-même."*
– Sur ce terrain-là, je ne peux vous suivre, Adorno et toi qui le singe avec une certaine grandiloquence...  Es-tu bien sûr que ce n'est point un contresens que de l'adapter à tes "petits" besoins, si j'ose dire...





* Théodore W. Adorno, "Théorie de la demi-culture (1959)

lundi 26 septembre 2016

26 septembre 2016




 "L'omniprésence de l'esprit devenu étranger à lui-même"*

 Tout ce "dont les effets varient en fonction des époques"* est là, pour toujours devant nos yeux. Encore faudrait-il que nous apprenions à les voir dans l'infinité des moments et des espaces qu'ils habitent. "Ces moments se meuvent au sein de complexes qu'il faudrait commencer par percer eux-mêmes à jour"*.
–  Quel est cet être cher, dont les souvenirs se sont évaporés dès le premier instant où tout ce qui le faisait se mouvoir a changé d'objet, en plein midi, au rythme tourmenté des volutes de l'encensoir et dont le corps et l'image disparaissent sous la terre? 


* Théodore W. Adorno, "Théorie de la demi-culture (1959)

dimanche 25 septembre 2016

25 septembre 2016




– Incroyable... Je suis incapable de me reconnaître... Comment ces images d'autrefois, se déplaçant en ce présent, semblent-t'elles m'interroger autant que je le fais moi-même ?

samedi 24 septembre 2016

24 septembre 2016





Qui pourrait se targuer d'avoir en mémoire la totalité des jours de son existence ?
Certains se demandent qui peuvent être ces deux personnes visiblement "âgées"... Précisons, puisqu'il est demandé, que ces deux petits vieux un peu agités, et néanmoins frères, que nous voyons là se disputer n'ont pas toujours été vieux... Comment imaginer l'aura de cette sorte d'aventurier et le modèle d'humanité qu'ils ont su inspirer quelques décennies plus tôt, alors même que l'un d'eux faisait une découverte extraordinaire.

jeudi 22 septembre 2016

22 septembre 2016





L'âge venu n'arrange pas toujours toutes choses, surtout pas le langage... mai qui peut espérer "dompter l'homme dans son animalité"?
– Tu te fous de ma gueule ?..
– Non, pas du tout. Mais figures-toi que le deuxième coup du Baudet est toujours suffisant pour la situation s’éclaire. Jamais oncques ne vit de troisième coup.

Inutile de vous dire que cette créature semait la terreur chez tous ceux qui convoitaient l’herbe toujours verte de leur pré carré. Là où, précisément, ils tournent en rond. Parfaitement. Il faut sans cesse, préciser, encore et encore…

mercredi 21 septembre 2016

21 septembre 2016





Nombre de faces-à-faces prennent avec le temps une forme impossible à prévoir. Ainsi l'animalité évidente de ces confrontations deviennent une sorte de manifestation qui, avec un peu de recul et sous ses innombrables aspects, pourraient prendre place sur la scène d'un théâtre. Notre histoire n'y échappe pas. Pas plus que le besoin inné, et quelquefois grotesque, de respectabilité.
– Ce que je ne dirais pas à ces enfants, je vais vous le dire à vous, en qui j’ai confiance, puisque vous venez de faire un long et difficile chemin. Le troisième coup de l’âne ne tue ni ne blesse : il guide...
 

mardi 20 septembre 2016

20 septembre 2016




L'animal, face à celui qui n'y comprend rien, peu importe de quel monde il serait issu, recommencera plusieurs fois l'entier du processus jusqu'à ce qu'il juge l'effet suffisant. Peu lui importe que l'effet porta sur le présent le passé ou le futur. Il manifeste en cela certains signes évidents d'un certain déclin.
Face à ce danger, inutile serait de se réclamer des insuffisances de l’éducation, la meilleure attitude à avoir consiste à se libérer la tête, à être présent, attentif, et à ne pas bouger. Il est très rare qu'on y parvienne.

lundi 19 septembre 2016

19 septembre 2016







Après cet avertissement, l’animal recommence les mêmes mouvements mais avec une puissance deux fois supérieure. Cette fois, la queue ne fait pas qu’exploser, elle fouette la cible et généralement creuse un profond sillon sanglant qui peut selon la nature de la victime, être mortel. C'est rarement le cas, heureusement. Ce deuxième coup est accompagné d'un cri très puissant qui finit par recouvrir l'explosion et renforce la création de cette énergie si particulière. Ce cri peut être décomposé en trois temps bien distincts.
En un premier temps :
L'animal semble sourire. Il vous parait sympathique.
En un deuxième temps :
Il semble rire, ce qui vous déconcerte et vous fait baisser la garde. Le rire inspirant se prolonge, devenant inquiétant. Le son monte en même temps que les aigus et vos tremblements. Votre corps est bientôt tétanisé. Un onde nauséabonde monte des profondeurs.
Et enfin, en un troisième temps :
Alors que vous ne pensez presque plus, mais qu'au fond de vous même vous espérez encore vous en sortir, l'animal, gonflé d'air, se relâche et se vide totalement en un grognement tout aussi puissant. 

dimanche 18 septembre 2016

18 septembre 2016



Notons au passage, que la queue de notre âne, cet organe sublime, trace à ce furtif moment un point d’interrogation. Le panache, alors au faîte de sa puissance, claque, semble exploser. C’est un simple avertissement qui déclenche aussi un passage. Un étroit passage dans un temps différent. Sous l'effet de l’explosion nous sortons du cours normal du temps et la possibilité d'une nouveauté s'offre à nous. C'est là véritablement que les choses se passent...

samedi 17 septembre 2016

17septembre 2016



Sitôt enclenché, ce mouvement déconnecte sans délai l'intellect de notre héros L’animal en pleine sensation de plénitude, certainement due à la cessation de ses pensées croit être en chemin vers l'apaisement. Il sent monter de la terre et du ciel auxquels il se confond, une puissance surprenante qui déclenche une véritable vague d’énergie, montant vers le ciel.. et ...qui va se transmettre, en prenant de la vitesse au bout du panache et puis, brusquement le mouvement s’inverse, se retirant en sens contraire, en direction de ce qui est en bas. Ce qui a pour conséquence : l’augmentation vertigineuse de la vitesse de déplacement, non seulement de son appendice, mais d'un ensemble impossible à décrire sous peine d'éclatement.

vendredi 16 septembre 2016

16 septembre 2016



Sans que la moindre des interrogations n'ait été encore formulée, le symbolisme s'est mis en marche.


Adâne, l’objet de l'étude de Thomas, ne peut être touché, ne serait-ce que d'un doigt... car il est le doigt. Cette incompréhensible maxime, née dans la pensée à présent tourmentée de Thomas ne doit pas nous empêcher de considérer ce qui dans son travail mérite tout notre attention.
 Bien loin des profondes "tristesse du cœur" et des sujets aussi graves que celui du changements structurel des pouvoirs, mais non sans-rapport avec eux, comme il a été dit hier, l’âne possède une queue particulière. Afin que chacun ait la possibilité de comprendre de quoi il s'agit, nous l'engageons à mettre en route, en action, cette incroyable possibilité que chacun de nous possède: l'imagination. Comme Thomas aimait à le dire:
Cela concerne la capacité de mettre en images non pas ce qui n'en a pas, mais tout ce que nous pensons en images et que nous ne savons pas voir. Au repos, bien dans l’alignement de l’axe de symétrie, l'appendice de l'âne est de solide constitution : imposante et bien vertébrée... Il est conçu de façon à ce que les vertèbres diminuent progressivement en harmonie avec les lois de la géométrie, au rythme de croissance prévu, jusqu’au point d'orgue: un panache élégamment pourvu d'une richesse et d'un foisonnement illustrant à merveille un cours d'eau impétueusement maîtrisé pourtant fait de poils souples et résistants, d'une longueur variable mais constante. D’un mouvement puissant, l’animal, en chemin vers l'apaisement, sent monter en lui une puissance qui le surprend à chaque fois et dont il ne connait guère l'origine...

jeudi 15 septembre 2016

Comme un rêve

"Bien souvent, dans la contemplation et la rêverie, nous jouissons de l’univers sans lui demander ses comptes ; nous aspirons la vie enivrante de la terre avec une irréflexion absolue, et la nuit étoilée et grandiose n’est plus bientôt, pour notre âme qui s’élève, une nuit dans la chaîne des nuits. Elle ne porte aucune date ; elle n’éveille aucun souvenir ; elle ne se rattache à aucune pensée ; on dirait qu’elle est, au-dessus même de la raison, la manifestation de l’éternel. Nous ne nous demandons plus si elle est une réalité ou un rêve, car c’est une réalité si étrangère à notre action individuelle et à notre existence mesquine qu’elle est, pour nous, comme un rêve ; et c’est un songe si plein d’émotion délicieuse qu’il est l’équivalent de la réalité."


Jean Jaurès

15 septembre 2016







Ce qui nous conduit au danger de troisième type qui est souvent, aussi, selon certains, de l'ordre du sacré. De fait il constitue le danger ultime: celui d’être fouetté. Naturellement, ce danger ne devrait entrer dans aucun ordre connu et out au plus pourrait-on le qualifier de « désordre », mais la folie des hommes est ce qu'elle est… La gravité de ce danger est constitué par le fait qu'il ne s'agit pas seulement d'attaques et de blessures potentielles, mais d'une sorte d'éducation, voir d'initiation. Le but poursuivi est le changement, le passage d'un monde à un autre, en vue d'établir un nouvel ordre.
Imaginez vous le ridicule d’un tel ordre ?
L’âne possède une queue particulière. Au repos, bien dans l’alignement de l’axe de symétrie, cet appendice est de solide constitution : imposante et bien vertébrée..

Bien que, par nature, ce qui se sait n'est pas toujours ce qui s'apprend, nous allons essayer, en nous basant sur le témoignage de Thomas, de vous présenter "la chose" qui n'en est pas une... 
Nonobstant la règle, en phase avec la manière l'âne n'est point maladroit et, sans nul doute, dénué de malice...

mercredi 14 septembre 2016

14 septembre 2016





Thomas s'était remis à constater son infortune.
 Adâne, un peu triste, se doit de penser avec justesse. Il est bien près de penser qu'il eût dû maîtriser mieux son geste bien que le centre de la cible eut été atteint. Et après tout, passé un certain temps, il se pourrait que cela le remette d'aplomb.
Les souvenirs enfouis, sans l'aide de personne,  un incessant flux et reflux de mémoire rendaient Thomas aussi livide qu'un fantôme et désarticulé qu'une marionnette...  Que de souvenirs...Les mots et les temps se chevauchaient et ce qui fut autrefois étaient présent... Comment s'étonner d'une telle confusion et d'une telle tristesse?

Marchant seul sur un chemin déserté, il soliloque au grand air, confondant gouvernements et ânes sauvages, grands ou petits, tous mis, sens dessus-dessous dans le même panier:

– S'ils avaient été un tant soit peu cultivé et reconnaissant des leçons qu'ils avaient reçu de mon insatiable bonté, si ils avaient une bonne fois été dûment rejetées pareilles natures auraient un petit peu éloigné le spectre de la dictature de la majorité si bien pointée du doigt par Tocqueville. Nous étions bien sept, les sept sages d'un temps non-reconnus mais ô combien important. Que s'est-il passé? Quelqu'un le sait-il?

Il faisait de sa propre dérive, celle de ceux qu'il se mettait à haïr, un intéressant récit. Pas un instant, malgré l'évidence,  il ne se doutait que cette histoire pouvait être la sienne.

Le deuxième danger est de se faire mordre...
Cela sonnait comme une menace...
... pour cela, l'animal sait attendre le moment propice. Le moment où l'homme, hébété, perdu dans la contemplation quasi mystique des images de son enfance, perd toute contenance et se met à sourire béatement, oubliant toute réalité. L'animal, excédé par ce qu'il considère comme un manque de respect visera la gorge. Cela peut être dangereux ou, pour le moins, avoir comme conséquence fâcheuse d’être contaminé par un virus ou autre ânerie dont l’animal serait porteur. Or l’animal, même à l’état sauvage, est un sacré porteur !  

mardi 13 septembre 2016

13 septembre 2016





C’est dans l’ordre normal des choses! Compter, je sais un peu. Et si compter c'est aussi conter je saurais raconter...
À chacun de voir de quoi il en retourne et d'en tirer les leçons qui s'imposent. Après bien des mois d'interrogations douloureuses sur le sens à donner à ce qu'il a vécu et sur la direction que prendra son propre chemin à travers les décombres encore fumants de ses désillusions, notre héros, s'interroge sur le sens à donner au symbole que son orgueil a magnifiquement gravé sur l'envers de ses décors. Planant sur ses sommets, il cherche en vain les débris d'un miroir illusoire, n'étant finalement, à ses pieds et à cette hauteur, que le reflet d'un vide que l'on eut pu prendre pour miroir.
– La coupe est pleine d'amertume, se dit-il tout empli d'une nauséeuse nostalgie et d'un grandiloquent désespoir, avant de recracher avec dégoût ce que jusque là il avait aimé.
– Comment a-t-il pu me faire cela à moi qui lui ai tant donné?
Sans aucune considération pour le rôle qu'il a joué, s'excluant presque de lui-même d'un monde qu'il va quitter à regrets, projeté à son insu dans un autre monde, pas toujours meilleur, le deuxième danger sera plus grand... 

– Bien éloigné de toute voie menant à une vraie liberté l'homme se perd en de bien vaines conjectures et confond gaillardement savoir, pouvoir et quiétude de l'âme...

La phrase résonnait encore dans les gouffres profonds de ses oreilles.
– Commet cet âne peut-il se permettre de me faire la leçon? Et d'abord qu'entend-il par vraie liberté? N'avons-nous pas, nous, êtres humains qui sommes conscients, et pour ceux qui seraient initiés, cette lourde tache d'être les maîtres du monde et les garants de son authenticité? Je ne sais quelle lubie à pris place dans son esprit, mais j'espère qu'elle ne vient pas de moi...
Une sorte de doute avait germé dans son esprit. Doute qui ajouté à ces propositions dangereuses, auxquelles ils avait participé activement, pensant les utiliser  en les renversant, et qui le hantaient maintenant le mit mal à l'aise, d'abord, puis en colère, ensuite. Pour qui aime le cheminement insouciant du promeneur, la dérive de Thomas est surprenante. Plus surprenant est l'inconscience de Thomas qui reprend presque mot pour mot le discours qui fut la cause de son propre exil et qu'il prit, fort heureusement, pour de l'audace. L'audace de l'explorateur courageux coiffé du casque colonial  ressemblant à s'y méprendre à un rêve d'enfant...
Du cheval de Troyes ne sort qu'un âne minuscule... 

– L'égalité, d'accord, mais tout de même...
 On ne donne pas à boire à un âne qui n’a pas soif... et même s'il a soif encore faut-il savoir de quelle soif il s'agit.
– Rendez-vous compte, Thomas, en pleine confusion, s'adressait à un public imaginaire tout acquis à sa cause, pas plus tard que hier, il me parlait du "spectre de la dictature de la majorité"... non mais...
Les mots et les choses se sont installé à demeure dans un cerveau indigne et je crois bien que, malheureusement j'y suis pour quelque chose. La gangrène des sens a pris le dessus et l'ordre que je chéris par-dessus tout et que j'ai, pour un temps si bien dirigé, s'en est trouvé bouleversé. Je sens monter en moi une colère que ne désavouerait pas le plus sauvage des ânes sauvages. Or justement... c'est dans le désordre que prennent racines les plantes les plus improbables. Thomas a de la mémoire et si celle-ci lui joue volontiers quelque tours, elle mit à jour une de ses plus belles fleur:
Fasse que, pour chacun d’entre nous, cet épisode ajouté aux précédents soit l’occasion de cette perpétuelle recherche de nous-mêmes. 
Il n'avait pas complètement perdu l'esprit ou alors celui-ci se jouait de lui plus qu'il ne savait en jouer.





lundi 12 septembre 2016

12 septembre 2017






... pour celui qui a oublié d'oublier et qui continue, malgré le poids des années, à voir "tout comme autrefois", consiste à se faire littéralement botter les fesses. Ce qui marque à jamais l'imprudent du sceau de l’infamie, et subséquemment ce qui le projette ailleurs. Dans un autre monde, pas toujours meilleur.

dimanche 11 septembre 2016

11 septembre 2016




Le deuxième danger dépend du regard que l'audacieux sait porter sur la bête nouvellement constituée…. ou reconstituée. Cela est est fort dangereux et risque de provoquer la nature libérée de l'être qui ne se souvient guère, jusqu'à cet instant, de la soumission stupide dont il a fait preuve des années durant. Certains vont même jusqu'à parler d'une autre vie. Gare à celui qui recouvre la mémoire! L'acte brutal et irréfléchi qui pourrait en résulter est parfaitement imprévisible…

samedi 10 septembre 2016

Terre-à-terre








Thomas, depuis bien longtemps est confronté  au divers aspects du temps. Sa vraie nature "terre-à-terre" ne résiste pas longtemps aux assauts répétés de ce qu'il nomme la raison. Sachant pertinemment que sa définition ne sera jamais en tous points pareils à celles et à ceux qui usent de ce mot, il tente de mettre bon ordre à ce que l'on dit être nos pensées. Il sait que les mots, conformément à leurs natures, ne résistent guère à l'usure de leurs frottements avec d'autres mots.

10 septembre 2016






– Je savais fort bien quel était cet âne, ce jouet, cette peluche usée que pendant si longtemps j’avais tenu entre mes mains. Qu’était-elle devenue, je n’en savais rien, du moins jusqu'à ce jour. Mais quelque chose me disait que si j’en avais le courage, il pourrait me dire, au mois en partie, ce que je cherchais par monts et par vaux.
La capacité de Thomas de se laisser entraîner dans la houle du temps, n'entamait pas le moins du monde sa capacité à générer de l'ordre dans ses pensées.

Ainsi notait-il:
Le principal danger qui guette l’audacieux en cette périlleuse approche est de trois ordres différent.
Le premier est de confondre l'âne tel qu'il était dans sa phase peluche, et l'âne tel qu'il sera après que vous l'ayez abandonné. À peine l'abandon consommé, selon l'état de sa constitution, l'animal, généralement blessé, oublie son ancien maître et prend de la hauteur.

vendredi 9 septembre 2016

9 septembre 2016




La réfutation est une libération...
à condition de ne point s'y attarder,
car alors c'est la ruine qui vous attend.

Thomas, se croyant libéré de ses fausses opinions, continue inlassablement et presque sans modération, l'exploration pleine de charmes et de surprises en tous genres. Un monde étrange ou en tous cas peu fréquenté: le royaume des ânes en leurs grades et qualités. Rien ne peut être fait si ce n'est entièrement, telle était sa devise.

– Le Baudet dans la nature, je devrais dire dans sa nature « sauvage » est un animal difficile à approcher. Le seul représentant que je connaissais jusqu'à ce jour était le beau Dédé, la peluche préférée de l'enfant que j'étais. Et ce genre de baudet, dès sa naissance est lié à son maître. C'est lui que je revis lors de ma chute. Au début il me parut distant, comme s'il ne se souvenait pas de moi, pendant que moi, je ne parvenais plus à l'oublier et à oublier aussi combien nous étions liés par un enchevêtrement de liens multiples à souhait. Ainsi, des dizaines d'années après je ne parvenais pas encore à savoir qui de lui ou de moi était le maître de l'autre. Thomas en était arrivé à se demander si tout cela avait un sens...Le peu d'expérience des effets et des passions de l'enfant explique en partie combien dès l'abord l'enfant s'engage de tout son être sans qu'il puisse en être autrement.
"Tout ne peut être autre chose que vérité", encore faudrait-il enlever le mot chose qui ne dit rien à l'enfant, se disait Thomas.

jeudi 8 septembre 2016

8 septembre 2016



– Dans ma vertigineuse descente, je me voyais moi-même tomber. J'étais pleinement conscient et spectateur de ma chute. Rien ne me permettait de dire où j'étais placé, mais le fait est que je voyais cela d'un point de vue extérieur. Cela eut dû me surprendre et la question de cette situation eut dû se poser, mais cela ne se fit pas alors. Je dus attendre de longues années pour qu'elle se pose... sans pour autant que je sache d'où, elle-même, cette question, était venue.

– Il peut arriver que l’objet même de notre puissance se retourne contre soi-même, me répondit-il, toujours aussi calmement.
Bien entendu je ne compris rien à ce qu’il me disait mais j’avais acquis la certitude qu’il ne disait rien par simple envie de parler. Il me suffirait d’attendre pour que la signification arrive par elle-même. Et je continuais lui raconter ma chute.

C'est pendant ce récit que je pris conscience de la multiplicité des récits qui se pressaient dans ma tête. Il fallait constamment que je mette de l'ordre dans les innombrables versions des mêmes faits. Le moindre mots mot avait une incidence qui me faisait non pas douter, mais hésiter d'aller dans deux ou trois directions toutes aussi tentantes les unes que les autres et qui toutes, j'en étais certain, allaient me mener à une vérité dont je ne doutais pas qu'elle puisse exister...
C'est ainsi qu'il devint évident que parler de ma chute de l'arbre, aussi vraie qu'elle l'a été, sans aucun doute, était au moins une sorte de discours parallèle à la chute de notre organisation.
Le plus grand des dangers était de prendre l'un pour l'autre.
– Cher Thomas, vous progressez et cela m'impressionne...
Soit j'avais dit à haute voix tout ce qui se passait dans ma tête, soit Adâne avait des facultés bien étrange qui dépassaient les miennes de beaucoup.
– Ce n'est point de cal qu'il s'agit, me répondit-il.

mercredi 7 septembre 2016

7 septembre 2016




– Nous n'eûmes aucune difficulté à nous retrouver. Nous avions retrouvé nos véritables proportions. En tous cas c'est que nous croyions. Le feu s'était rallumé de lui-même. C'est Adâne qui avait pris l'initiative du dialogue.

– Que s'est-il exactement passé ? me demanda-t-il d'une voix posée, déchargée de toute émotion.

La question que me posait Aris me fit chaud au cœur. Comme si c'était la première fois que j'avais l'occasion de raconter ce que je ressentais à quelqu'un qui m'écoutait vraiment. C'est ce qui fit que je me mis à lui raconter ce que je n'avais encore jamais dit à personne. Oh! N'imaginez pas de grands secrets et des choses savoureuses... Non, tout un ensemble de choses banales en soi mais dont l'ensemble...

mardi 6 septembre 2016

6 septembre 2016




Thomas est en alerte et mobilise
toutes les attentions dont ils se sent capable...
Il cherche dans l'azur le moindre courant
qui puisse faire office de passerelle,
si petite fut-elle...

Dans un monde presque plongé dans les ténèbres, c'est du moins sur ce ressort que puisaient leurs énergie une mystérieuse société à laquelle appartenait Thomas, il advint que la lune prit une position un peu surprenante. Elle se rapprocha un peu de la terre et rompit l'équilibre qui s'était établi lors des centaines de milliers d'années précédentes. Cela ne fut pas sans conséquences sur la vie de la totalité des êtres peuplant notre petite planète. Un regain appréciable de lumière, disponible pour tous, mais qui de façon paradoxale faisait se renforcer le sentiment d'une nuit plus noire quand cette lune venait à manquer. Il y eut aussi, était-ce un coïncidence? une agitation des esprits que l'on eu tendance à prendre pour de l'intelligence. Juste avant ce phénomène encore inexpliqué, Thomas, qui n'aimait rien tant voir la vérité de ses propres yeux et la toucher si possible, avait répondu à l'appel discret d'un certain groupe d'hommes qui se disaient éclairés et se reconnaissaient par le truchement de certains signes destinés à rester secrets. Au fil des ans ce groupe avait pris une certaine ampleur et lors des quatre réunions extraordinaires du gouvernement auxquelles Thomas appartenait, tout devait se faire en commun.
Dans la position un peu critique qu'il occupe, l'esprit de Thomas curieusement libre, se laisse aller au fil de sa mémoire et au récit qu'elle propose. Il raconte :
– Dans un louable souci d'égalité, nous avions pour habitude de préparer nos repas tous ensemble de telle manière que des relations s'établissent dans d'autres domaines que les décisions politiques. Comme dans tant de groupes, au début tout allait bien et ce n'est qu'à "la longue" tout se mit à dévier légèrement pour commencer, de manière insignifiante, puis de manière significative, à prendre du jeu. Ce qui est normal, voire même nécessaire... mais, comme chacun le sait quand le "jeu" prend trop d'ampleur ce n'est "plus du jeu" mais de l'écart. Ainsi les diverses propositions ne se discutaient plus dans l'intelligence et la bonne humeur mais dans un esprit de compétition de plus en plus fort et une irascibilité de haute tenue. Il faut dire que le petit groupe du début avait mieux réussi qu’espéré, et peut-être correspondait-il au rêves les plus fous, mais tenus secrets, des plus optimistes d'entre nous. Si nul dysfonctionnement ne fut relevé par écrit dans les nombreux rapports que cet organisme aimait à soumettre à la Grande Mémoire, celle des Vrais Hommes, ce n'est point faute de les avoir constatés. Il faut dire aussi, malheureusement, que certains, plus que d'autres, se mirent à mal vieillir. Et plus que les manquements manifestes, les leurs et ceux qu'ils attribuaient aux "autres", ils supportaient de plus en plus mal le fait que leurs objectifs personnels, bricolés de telle manière qu'ils aient l'impression de constituer un ensemble, n'aient en définitive, à l'instar de leurs carrières respectives, que bien peu avancés. De plus les divergences initiales loin de se résoudre avaient en secret fait un chemin tout en nuances, en apparence du moins, mais qui les menaient par le fond, inexorablement, vers une séparation d'autant plus douloureuse qu'elle avait, par éclatements successifs, presque par surprise, atteint la presque totalité des membres fondateurs ainsi que ceux qui avaient espérés être leurs continuateurs... 

Thomas avait suivi de loin cette réalité qu'il peinait à comprendre tant il était occupé à découvrir celle que sa mission lui imposait et qui, est-ce là l'effet d'un hasard, eut pu donner des réponses à cette crise si les résultats qui commençaient à se faire jour arriveraient à temps pour qu'ils puissent être entendus. Mais pour l'instant , il doit faire face à son propre destin. 

Retrouvant une partie de ses esprits, appréciant toutes les nuances que l'imagination fait miroiter, Thomas, à peine avait-il ouvert les yeux qu'il du se rendre à l’évidence, il tombait de haut. Mobilisant toute l'attention dont il se savait capable, il pris sa décision très vite. Sans plus réfléchir.
– Je ne voulais pas mourir. Rien ne ne me retenait plus sur cet arbre que la mort.

lundi 5 septembre 2016

5 septembre 2016




– Je me trompais, disait Thomas. À peine avais-je ouvert les yeux que je dus me rendre à l’évidence, malgré les brumes et le vide blafard dans lesquels je flottais, j’étais encore sur la branche. et la raison en était fort simple. Adâne avait enroulé sa longue queue autour de moi et s’en était servi pour m’immobiliser. Bien loin d'une renaissance morale autant que physique, je me sentais prisonnier d'une histoire qui était bien loin de m’appartenir mais à laquelle, incontestablement, j'appartenais.

– Nous sommes quitte, maintenant, me dit calmement mon sauveur.
Désormais, j'aurais à le regarder différemment... L’adaptation dont il avait su faire preuve ne lui avait pas été profitable pour lui seul. Et cela ne s’est pas arrêté là. Il m’explique avec simplicité que si je devais faire le grand saut cela ne pouvait se faire dans la précipitation, mais dans la maîtrise parfaite de ses actes et en acceptant par avance tous changements possibles qui immanquablement allaient se produire. Ceci étant les risques d’une disparition n’en étaient pas moins présents. C’était dans l’acceptation de ces risques que résidait ce que j’appelais « la vérité ». Concept que pour sa sa part Adâne, non seulement ne comprenait pas, mais qu’il rejetait sans effort. « Comme l’eau sur les plumes du canard » disait-il en souriant

dimanche 4 septembre 2016

4 septembre 2016





Thomas revit des moments pénibles et ce qui ne devait être que souvenir lui apparaît comme une réalité à laquelle il peine à s'échapper...

– Quand j'arrivais enfin à me détacher, je le regrettais immédiatement. Plus rien, me semblait-il,  ne me retenait en ce monde...

samedi 3 septembre 2016

3 septembre 2016





La danse s'intensifia tant que j'en eu mal au coeur. Les couleurs se mirent à pâlir. Une acidité épouvantable me remonta dans la gorge... en même temps que l'arbre, auquel j'étais attaché, s'enfonçait dans un abîme dont j’eus l’impression fugitive qu’il s’enfonçait à l’intérieur de moi-même.

vendredi 2 septembre 2016

2 septembre 2016



Thomas, sur son arbre, raconte:

Je me sentais bien. Mon esprit s'était fait léger. J'oubliais complètement où j'étais. Je fermais les yeux à moitié, jouant avec la lumière comme je le faisais si souvent lorsque je n'étais encore qu'un enfant et que le monde s'offrait à moi dans tout son émerveillement. Le soleil se dédoublait constamment sans que ma raison ne m'alarme, bien au contraire. Un des soleils projetait une ombre qui m'attirait sans que je puisse y résister. Il suffisait que je lève le pied pour que l'ordre du monde se mit à danser.

jeudi 1 septembre 2016

1er septembre 2016




Je décidais de jouer « cartes sur table » avec Adâne. Sur le ton de la confession, je lui racontais presque tout.

– J’ai été envoyé en ambassadeur. Derrière nos énormes structures destinées au divertissement de l’entier de la planète, il existe un petit nombre de minuscules organisations chargées de découvrir ce qui, de toutes évidences, eut dû être la vraie cause de l’émerveillement de chacun. Ainsi nous sommes en quête de peuplades diverses, telle que la vôtre, qui jusqu’à ce jour, ont échappés à notre gigantesque entonnoir. Je suis chargé d'étudier la possibilité d'une rencontre entre notre peuple et le vôtre. Depuis longtemps je cheminais en ce sens, vous observant de loin. Désespéré devant tant d'horreurs de la part d'un peuple, le mien, qui se dit civilisé, je m'apprêtais à retourner chez moi, quand je vous vis. C'est à ce moment-là qu'une pensée étrange me prit en sa possession. Le fait est est qu'elle ne m'a plus quitté. Notre rencontre était la plus mauvaise chose qui puisse vous arriver...
en même temps que je parlais, je sentais une douce léthargie s'emparer de moi. Était-ce l'effet du discours, légèrement flatteur, ou les résidus de cette odeur si subtile que la feuille avait dégagé ? Je ne saurais le dire, mais peu à peu je m'enfonçais...