mercredi 31 mai 2006
Conjoncture & conjectures
C'est alors que nous découvrîmes que tous les gens qui se trouvaient là n'étaient que des comédiens qui participaient à une répétition générale. Ce qui expliquait que notre présence fut tolérée. Bien entendu l'image à laquelle nous croyion avoir participé n'était qu'une vulgaire esquisse griffonnée par un enlumineur... Cependant nous fîmes connaissance avec un groupe de musiciens fort sympathiques, beaux parleurs, grands buveurs,qui ne laissaient pas indiférentes les belles dames, point nobles, il est vrai, mais faites de chaires et d'esprits, tout comme elles... Notre concert fit bel effet. Il sera rejoué pour les acteurs authentiques du vrai mariage. Demain, ce seront de vraies dames qui frissonneront au son de notre musique, mais ce seront les mêmes chaires et les mêmes émois. Demain, ce seront des comédiens qui joueront à notre place...
Nous jouions sans arrière pensées quand nous vîmes ce qui allait nous tracasser pendant longtemps : un véritable, mais incroyable tour de passe-passe qui se passa sous nos yeux.
- Je l'ai vu, de mes yeux vus ! L'eau s'était transformée en vin ! Je me pinçais en même temps que mes cordes. Je n'ai pas rêvé ! Et de plus, nous l'avons goûté, c'était bien du vin... Bon, non, il était pas très fameux, mais qu'importe : pourvu qu'on ait l'ivresse !
Mon compagnon "Sang Chaud" voulait imposer son point de vue selon lequel chacun devait avoir son point de vue et que ce n'était qu'une opinion ! À ce moment il me fit passer un petit billet sur lequel était écrit un court passage de Maïmonide* :
« Ce que je crois posséder moi-inême n'est qu'une simple conjoncture et une opinion personnelle. Je n'ai point eu là-dessus de révélation divine qui m'ait fait savoir que ce soit là réellement ce qu'on a voulu dire, et je n'ai pas non plus appris d'un maître ce que je pense, mais ce sont les textes des livres prophétiques et des discours des docteurs, ainsi que des propositions spéculatives que je possède, qui m'ont induit à croire qu'il en est ainsi. Cependant, il est possible qu'il en soit autrement et qu'on ait voulu dire tout autre chose. »
* Maïmonide dans son introduction au commentaire de la "Merkava"
Cité par Marc-Alain Ouaknin dans "Le livre brûlé"
Points Sagesses
La vie trépidante et ardue de l'ingénu Don Carotte
et de son fidèle compagnon "Ô Sang Chaud"
Lidane Liwl
Edition "Source sûre"
mardi 30 mai 2006
Les noces de Cana
Nous étions tous deux, il faut le dire, des êtres incultes. Nous le savions, ce qui qui était signe que nous pouvions changer. Dès lors, de notre propre impulsion et de celle de notre créateur, nous ne ménageames pas nos efforts. Nous nous imaginions le plus possible en train de nous imerger dans les situations les plus folles et les plus marquantes de toutes les époques confondues. Mais toujours, nous le faisions sous la garde d'un ou de plusieurs livres. Ainsi ce jour là*, nous nous étions rendu aux noces de Cana, à l'exact moment ou l'un des artiste invités, en l'occurence Véronèse, en figeait l'image.
Nous nous empressâmes de nous documenter sur cette image, à laquelle, désormais, nous appartenions.
"Derrière chacune de ces œuvres il y a un contrat avec un commettant exigeant, vigilant, qui serrait les cordons de la bourse, contestait les échéances. La pression, la lettre de change ne nuisent pas à l'artiste, elles l'exercent à une discipline, bonne règle de modestie. L'artiste doit être persécuté par les nécessités. "
- Nous arrivâmes à l'énorme représentation des Noces de Cana. Il me dit que si j'étais attentif je n'entendrais plus le bourdonnement de la place derrière nous car, dans le tableau, le silence était en train de se faire. C'était le moment fixé par le peintre : le vacarme des invités et de la fête s'atténuait, une éclipse de son se préparait, me dit-il. " Le passage secret de l'eau lustrale en vin qui se réalise, dans les vases rougit un nouveau liquide. L'homme au centre accomplit sa première manipulation, il déploie pour la première fois l'énergie bouleversante qui préside aux miracles. Il le fait pour mener la fête à son terme. Son regard est déjà absorbé par un autre dîner au cours duquel il prononcera un adieu. C'est un homme à ses dernières Pâques. Pour ce moment de concentration de l'énergie, le peintre fait sentir le silence qui se fige comme le sang répandu dans le monde.
Il me parlait avec précipitation, de façon anodine, m'expliquait en passant des choses pour lui évidentes. C'étaient au contraire des inventions nées d'une impression du moment, des fugues sur un thème qui lui passait par la tête. Je jouais le jeu en me taisant. Je lui fais crédit aujourd'hui encore de son improvisation, il ne préméditait jamais une idée."*
Nous sentîmes, Don Carotte et moi, à quel point point ce que nous pouvions lire, au-delà des faits relatés, par-delà les époques, était proche de ce que nous vivions à l'instant même. Nous ne comprenions pas tout ce que nous lisions, mais c'était troublant... et cela nous rapprocha. Désormais, nous étions comme deux frères issus d'une même imagination.
* Extraits du livre de Erri de lucca
Acide, Arc-en-ciel
Rivages poche
La vie trépidante et ardue de l'ingénu Don Carotte
et de son fidèle compagnon "Ô Sang Chaud"
Lidane Liwl
Edition "Source sûre"
lundi 29 mai 2006
Foi
dimanche 28 mai 2006
Répétition
Les répétitions et les disputes furent nombreuses. Personne ne savait encore qui des deux aurait le "Sang Chaud". Ainsi, selon l'humeur de l'auteur, c'était tantôt l'un, tantôt l'autre...
"Mais vous viviez comme un infâme !
Et la vertu ?... Dame ! J'aimais
Toujours une petite femme !
- Était-ce la même ? - Jamais !" *
*Au ciel d'Edmond Rostand
La vie trépidante et ardue de l'ingénu Don Carotte
Lidane Liwl
Edition "Source sûre"
samedi 27 mai 2006
Avant-propos
Avant même que ne démarre l'histoire, les deux principaux personnages se mirent à se battre. Le sujet de la discorde était de savoir qui des deux allait s'attribuer le rôle de "Don Carotte"... et du "Pince au sang chaud". Il faut dire à leur décharge que l'auteur était encore bien hésitant...
La vie trépidante et ardue de l'ingénu Don Carotte
Lidane Liwl
Edition "Source sûre"
vendredi 26 mai 2006
"Le murmure du Maître"
Article 5B (addendum)
Suite à des questions posées* relatives à la publication de l'article 5 parut il y a un certain temps, il semble nécessaire d’apporter la précision suivante qu'il est de la plus haute importance de considérer:
Le "baston" ne peut être en aucun cas une instrument de pouvoir.
Commentaire
Ce que nous voulions décrire à propos du "baston n'avait, à notre sens, aucun sens moral. Il ne s'agissait, ni plus , ni moins, que d'une description technique.
Le pouvoir ne devrait être que la conséquence du dialogue discret s'installant, même si ce n'est qu'occasionellement, entre les différentes parties. Un exemple convainquant vous est fourni en annexe. (Voir image ci-dessus : "Le murmure du Maître") Image où l'on peut voir que ni le Maître, ni l'élève, ne sont attachés...
Vie, moeurs et éducation des baudets sauvages
Maître Desvilles
Publication interne de l'Académie Education & Découverte morale
*Questions posées par:
Association de sauvegarde et de promotion des Baudets
Association Bel-Être et Bel-Âne
Le récif
Nous sortions d'un long défilé de falaises sombres et rougeâtres lorsqu'un brusque remou nous fit revenir à notre réalité. Notre barque avait heurté un récif. C'est alors que nous vîmes le taureau doré. Baignant dans la lumière matinale, gravé à même la falaise, impressionnant par son calme et sa beauté sauvage, il nous fit preque oublier le danger...
Le Roy Orky (43)
D. Will
jeudi 25 mai 2006
mercredi 24 mai 2006
Orphée
C'est Orphée, quand il y a chant. Il vient et il va.
Cette parole semble faire seulement écho à l'antique pensée selon laquelle il n'y a qu'un seul poète, une seule puissance supérieure de parler qui « çà et là se fait valoir à travers les temps dans les esprits qui lui sont soumis ». C'est ce que Platon appelait l'enthousiasme, et plus près de Rilke, Novalis, sous une forme dont les vers d'Orphée semblent le rappel, l'avait à son tour affirmé :
« Klingsohr, éternel poète, ne meurt pas, reste dans le monde. »
Mais Orphée, précisément, meurt, et il ne reste pas : il vient et il va. Orphée n'est pas le symbole de la transcendance orgueilleuse dont le poète serait l'organe et qui le conduirait à dire : ce n'est pas moi qui parle, c'est le dieu qui parle en moi. Il ne signifie pas l'éternité et l'immuabilité de la sphère poétique, mais, au contraire, il lie le «poétique» à une exigence de disparaître qui dépasse la mesure, il est un appel à mourir plus profondément, à se tourner vers un mourir plus extrême:
Ô puissiez-vous comprendre qu'il lui faut disparaître!
Même si l'étreignait l'angoisse de disparaître.
Tandis que sa parole prolonge l'ici-bas,
Il est déjà là-bas ou vous rie l'accompagnez pas...
Et il obéit en allant au delà.
L'espace littéraire
Maurice Blanchot
Folio essais
Trou noir
Sur les flots
mardi 23 mai 2006
Faux-pas
Le Romain, qui renonçait à un important projet parce qu'il venait de constater un vol d'oiseaux défavorable, avait donc relativement raison; il agissait conformément à ses prémisses. Mais lorsqu'il renonçait à son projet, parce qu'il avait fait un faux-pas sur le seuil de sa porte, il se montrait supérieur à nous autres incrédules, il se révélait meilleur psychologue que nous ne le sommes. C'est que ce faux-pas était pour lui une preuve de l'existence d'un doute, d'une opposition intérieure à ce projet, doute et opposition dont la force pouvait annihiler celle de son intention au moment de l'exécution du projet. On n'est en effet sûr du succès complet que lorsque toutes les forces de l'âme sont tendues vers le but désiré.
Application de la psychanalyse à l'interprétation des actes de la vie quotidienne
Sigmund Freud
Ainsi en est-il du Colonel Ortho. Longuement, il scrute le ciel et ses habitants.
lundi 22 mai 2006
Ecriture
... En fait, malgré notre habitude de considérer l'écriture comme une facilitation de la communication, l'écriture a et a eu très souvent, dans son histoire et peut-être maintenant plus qu'on ne croit, une fonction cryptique. L'écriture sert à cacher, elle ne sert pas seulement à communiquer, elle sert aussi à cacher aux uns ce qu'on veut communiquer aux autres surtout si on quitte le pictogramme pour l'alphabet. Autrement dit, et c'est ce que je voulais simplement indiquer, il y a de toute évidence ce qu'on pourrait appeler un envers noir de l'écriture. Et c'est cet envers noir qu'il nous faut faire réexister [...]
Roland Barthes
« La peinture et l'écriture des signes »,
La Sociologie de l'art et sa vocation interdisciplinaire.
Chevalier et chevalet
Cette nuit-là, le chevalet se cabre. Désarconné, humilié, le chevalier épuisé est muet, titubant mais debout. Ses pinceaux gisent sur le sol taché. Ses mains sont vides et tremblantes, mais libres. Immobiles, sages et sauvages, le chevalier aux pieds nus et le chevalet à trois pieds ferment les yeux. Demain se laisse deviner. Ils attendent les caresses du temps, le passage des couleurs, l'ordre des choses, la musique de l'aube. Mais surtout ils attendent le calme de l'esprit... la sérénité des yeux et le passage des images.
La vie trépidante et ardue de l'ingénu Don Carotte
Lidane Liwl
Edition "Source sûre"
dimanche 21 mai 2006
Le "baston"(5)
Article 5
Dès que sa monture sera prête à être montée, ce qui prend un certain temps, le cavalier pourra enfin s'asseoir. Il se tiendra le plus près possible de l'encolure de sa monture. Ainsi il dégagera le plus de place possible pour le maniement du panache. Rappelez-vous que cela demande d'importants et constants efforts de concentration. Il est utile et fortement suggéré de vous souvenir de vos propres efforts lorsque, encore enfants, pour la plupart, vous appreniez à écrire. Le "baston", comme le crayon, n'est pas là pour punir, mais pour éduquer. Il montrera avec précision les limites à ne pas dépasser. Une position parfaitement précise pourra se vêtir d'un enseignement caché. Ainsi, "le baston", parfaitement vertical, indiquera aussi, pour qui sait voir, la liaison qui existe entre le ciel et la terre, entre le maître et l'élève. À l'instar du crayon, rappelez-vous que le "baston" n'est qu'un intermédiaire entre vous et lui.
Vie, moeurs et éducation des baudets sauvages
Maître Desvilles
Publication interne de l'Académie Découverte
samedi 20 mai 2006
Chair
Ainsi, à la fin, par le fait de se donner chair, la Femme Squelette met en jeu le processus de la création dans son intégralité. Toutefois, plutôt que de commencer au stade du bébé, comme on nous a appris, à nous Occidentaux, à envisager la vie et la mort, elle part des os et donne chair à sa vie. Elle apprend à l'homme à créer de la vie. Elle lui montre que le chemin du cœur est celui de la création, et que la création est une série de naissances et de morts. Elle lui apprend que se protéger ne conduit à aucune création, pas plus que l'égoïsme ne permet de créer, ni le fait de s'arc-bouter et de pousser des hurlements. Seul le cœur, lorsqu'il est donné, seul ce grand tambour, ce grand instrument de la nature sauvage, peut créer.
Femmes qui courent avec les loups
Clarissa Pinkola Estés
Le livre de poche
vendredi 19 mai 2006
Tapis volant
Le tapis magique est un excellent symbole de la valeur sensorielle et psychique du corps naturel et sauvage. Les contes de fées dans lesquels apparaît le motif du tapis volant reproduisent l'attitude de notre propre culture à l'égard du corps. Au début, le tapis magique est considéré comme un objet ordinaire, sans grande valeur, mais lorsque quelqu'un s'installe dessus et lui enjoint de partir, le tapis se met à trembler, s'élève quelque peu, reste un instant sur place, puis file soudain, emportant son passager vers un lieu, un centre, un point de vue, une connaissance différents. Le corps, par le biais d'une excitation, d'une ouverture de la conscience ou d'une expérience sensorielle, a la capacité de nous transporter ailleurs.
Femmes qui courent avec les loups
Clarissa Pinkola Estés
Le livre de poche
jeudi 18 mai 2006
Semblable
Lecteur inoccupé, tu me croiras bien, sans exiger de serment, si je te dis que je voudrais que ce livre, comme enfant de mon intelligence, fût le plus beau, le plus élégant et le plus spirituel qui se pût imaginer ; mais, hélas ! je n’ai pu contrevenir aux lois de la nature, qui veut que chaque être engendre son semblable.
L’ingénieux hidalgo
Don Quichotte
de la Manche
Miguel de Cervantès
mercredi 17 mai 2006
Maintenant
Monsieur Joyeux s'en est allé chercher un soleil à sa mesure.
- Je ne veux plus connaître l'ombre de la nuit. Je marche sans dormir tout au long de vos nuits et de vos jours. Je tiens mon temps entre mes mains. Levez la tête, vous ne verrez qu'une incertaine étoile, fugitive et trop lointaine.
Des tristes aventures aux rêves héroïques de M. Joyeux
Pierre Devil
lundi 15 mai 2006
Vanité
A chacun son rang Monsieur Joyeux ! (3)
Après avoir longuement parcouru nos montagnes, nous eûmes, mon âne et moi, la bonne surprise de constater que que nous n'étions plus tout-à-fait seul. Une ânesse, en tous points semblable à mon compagnon, prit la fuite à notre vue. La surprise fut de taille ! La tête de Justin se releva brusquement. Les oreilles et la queue dressées, les naseaux frémissants, il se leva sur ses pattes postérieures. Je fus jetté à terre sans que je n'aie eu le temps de dire un mot. Justin disparut au galop. Je ne les revis que quelques jours après. Ils revenaient au pas, museau contre museau.
...
Nous étions trois à présent. Désormais, je marchais... Mon âne refusait que je le monte en présence de sa compagne. Je finis par comprendre. Bientôt nous ne serons plus trois, mais quatre. Puis cinq, puis six, puis... Nous n'étions pas très discret, heureusement personne ne pouvait nous voir dans ces régions reculées. Nous étions seul.
...
Je me mis en devoir de ressusciter une tradition spirituelle depuis longtemps oubliée, remplacée, que dis-je, supplantée par une imposture: la très terre-à-terre montée à l'alpage.
Des tristes aventures aux rêves héroïques de M. Joyeux
Pierre Devil
En préface de "Vie et moeurs des baudets sauvages"
Dave Hill
Encyclopédie matérielle et réaliste de la vie spirituelle des baudets
dimanche 14 mai 2006
Le réveil de M. Joyeux (2)
M. Joyeux (1)
M. Joyeux aussi, était un homme triste. Il n'avait aucune connaissance de lui-même. Il vivait reclu dans ses montagnes profondes. Son seul compagnon d'infortune était un âne, dur à la tâche, tout comme lui. Mais à quoi bon, puisque nous sommes les derniers.
- Rien ne peut changer, se répétait-il à lui même, perché sur le dos de son âne. C'est dans l'ordre des choses... Il n'y a rien à faire.
L'âne ne l'entendait pas de cette oreille...
- Réveillons-nous M. Joyeux ! Il y a, sous cette terre et dans nos têtes, des trésors enfouis !
Lâne se lève et de ses sabots, il gratte la terre... Monsieur Joyeux, lui, se gratte la tête...
Des tristes aventures aux rêves heureux de M. Joyeux
Pierre Devil
samedi 13 mai 2006
M. Malin
Les anes arboricoles
Le très méconnu peuple des ânes arboricoles n'a, jusqu'à maintenant, à ma connaissance, fait l'objet d'aucune publication. C'est donc à une "découverte" que nous vous convions aujourd'hui. Inutile de vous préciser que son approche est extrêmement difficile. Et ma rencontre avec ce merveilleux peuple, comme vous l'avez certainement déjà compris, ne fut que pur hasard. Je me promenais sans autre but que de me réjouir de la beauté du crépuscule. Je me réjouissais de revoir la verte et puissante lumière de notre luciole égarée*. Ce soir-là je ne la vis pas. Je cherchais sans succès lorsqu'un infime mouvement se fit sentir sur une branche de... Mon regard se porta sur elle. C'est là que je les découvris. Je ne vous ai pas encore dit qu'ils ne mesurent guère plus de un à deux cm. De plus leur pelage s'accorde à la lumière, un peu à la manière des caméléons, mais pour d'autres raisons. Nous y reviendrons. La sagesse de ces ânes se manifeste aussi de la manière suivante : en passant de l'enfance à l'âge adulte, l'ânon ne grandit pas : tout son corps rétrécit. A une exception près : ses oreilles. Ce qui, loin de le prétériter, améliore fortement ses capacités d'équilibre et d'adaptation. N'oubliez pas qu'il vit essentiellement sur des branches d'arbustes. Milieu hostile, pour lequel il n'est pas vraiment adapté. Cela n'est pas sans conséquence sur l'évolution de cette espèce. Celle-ci, au fil des années, devient de plus en plus petite. Ce qui serait aussi, l'une des explications de son invisibilité et de sa prétendue non-existence.
"Du visible à l'invisible" ou
"La mutation des espèces"
Dave Hill
Introduction à "Encyclopédie des ânes et des bienheureux"
A paraître aux éditions "Être en je"
vendredi 12 mai 2006
Dressage & instruction vitales (2)
...
- Tenue de rigueur : mains et pieds nus.
Conseil (à prendre très au sérieux) :
- Ne pas vouloir sauter les étapes. Sachez rester vigilant. N'essayez pas d'asseoir votre autorité. Restez debout, les jambes bien écartées, les genoux souples, la tête bien droite et suivez les mouvement sans perdre de vue votre objectif, tout en gardant l'esprit libre. Quelles que soient les circonstances, c'est vous qui devez diriger. Pour cela gardez votre tête bien orientée et d'une main ferme, ne relâchez pas sa queue, elle pourrait vous être fatale... L'autre main devra maintenir une pression constante sur le lien qui vous relie à sa langue. Prenez garde à ne pas l'étrangler... ce que vous pourriez regretter.
Sachez aussi être compréhensif avec votre monture. Il faut la guider, non la museler. Ses mouvements désordonnés peuvent être la conséquence de vos actes et de la crainte qu'elle en conçoit. Ce ne sera que beaucoup plus tard, si elle survit jusque là, qu'elle vous en remerciera... peut-être. "N'oubliez pas qu'elle est à votre image..."*
Maître Desvilles
*avec la contribution exceptionelle de Maître Deschamps
"Instructions relatives à la capture et au dressage du baudet sauvage"
Publication interne de l'Académie Découverte
jeudi 11 mai 2006
Dressage & instruction (1)
Remarques préliminaires:
- Si la chasse et le dressage du baudet est à libre disposition de chacun, seul un individu certifié sain d'esprit et de corps pourra revendiquer, après examen, le diplôme couronnant la maîtrise des actes y afférant. Notre Académie s’est engagée à mettre en place un système de contrôle interne approprié.
- Ne jamais oublier que la démarche comporte des risques certains.
- Certains de ces risques sont à votre charge et ne seront pas pris en considération lors du décompte final...sous réserve des dispositions légales et statutaires.
...
Article premier
- En toutes circonstances, il faut se rappeler que la maîtrise de la langue est l'objectif principal. Cela vaut, tant pour vous que pour l'animal. Toute votre démarche dépendra de cette première action qui est, premier rappel: dangereuse!
Démarche à suivre.
- ...
- ...
-...se placer sur le côté gauche de l'animal en lui susurrant des mots doucereux. Pas la peine de crier. L'animal entend très bien. De plus il est susceptible et sur ses gardes. Il ne vous connaît pas.
- Élever doucement le bras droit en direction du museau et bien ouvrir les doigts.
- Dans le même temps, la main gauche décrit un demi-cercle arrière en direction de la queue de l'animal. Les doigts bien ouverts.
...
Maître Desvilles
"Instructions relatives à la capture et au dressage du baudet"
Publication interne de l'Académie Découverte
mercredi 10 mai 2006
Le cocher
mardi 9 mai 2006
Promesse
... se figurant que, par quelques excellents docteurs qu’il fût pansé, il ne pouvait manquer d’avoir le corps couvert de cicatrices, et le visage de balafres. Mais, néanmoins, il louait dans l’auteur cette façon galante de terminer son livre par la promesse de cette interminable aventure...
L’ingénieux hidalgo
Don Quichotte
de la Manche
Miguel de Cervantès
lundi 8 mai 2006
Rex et sacerdos
... Dans cette Italie, plus tu persévères et plus t'embourbes, on ne peut être empereur où il y a aussi un pape, avec ces villes tu perdras toujours parce que tu veux les réduire à l'ordre, qui est œuvre d'artîfice, tandis qu'elles, au contraire, veulent vivre dans le désordre, qui est selon nature - ou encore comme diraient les philosophes parisiens, c'est la condition de la "yle", du chaos primitif.
Baudolino
Umberto Eco
Grasset
dimanche 7 mai 2006
Mensonge
... On dit aussi des choses désagréables sur les balais, les valises, sur la Lune même ! Ce n'est pourtant pas évident. L'évidence, elle, par contre, est toujours « aveugle » ou « aveuglante », elle risque même de vous « crever les yeux ». C'est désagréable, après vous n'y voyez plus rien, vous avez des « passions aveugles » qui vous donnent des « désirs fous »!... Les blés d'or, le blanc manteau de la neige, sont des clichés. On peut dire aussi des poncifs, ça fait plus instruit. Un cliché évite de gratter, de voir réellement la chose que l'on évoque.
Anti-manuel de français
C. Duneton/J.-P. Pagliano
Points-Actuels
Récit
La fin de la journée se passa en repos et en paroles et avant même que de vivre de la vie de ses nouveaux amis, Jean apprit beaucoup sur celle-ci. Mais aucun récit ne pouvait remplacer ce qui fut pour lui une passionnante expérience et qui devint, dès le lendemain, sa vie.
Sous le pavillon noir
Paul Vialar
Editions Brepols
Collection junior club (1958)
samedi 6 mai 2006
Pendant ce temps
Chasse
vendredi 5 mai 2006
Le cortège des masques
jeudi 4 mai 2006
Entre chien et loup
Ah, tu verras, tu verras
Ah, tu verras, tu verras
Tout recommencera, tu verras, tu verras
Mozart est fait pour ça, tu verras, entendras
Tu verras notre enfant étoilé de sueur
S'endormir gentiment à l'ombre de ses sœurs
Et revenir vers nous scintillant de vigueur
Tu verras mon ami dans les os de mes bras
Craquer du fin bonheur de se sentir aidé
Tu me verras, chérie, allumer des clartés
Et tu verras tous ceux qu'on croyait décédés
Reprendre souffle et vie dans la chair de ma voix
Jusqu'à la fin des mondes
Claude Nougaro
mercredi 3 mai 2006
Famille
Nous avions le sentiment qu’il en savait beaucoup plus que nous. Il nous demandait sans cesse d’ouvrir nos oreilles que nous avions tous de grande taille. C’était ce qui nous reliait le plus. Le sentiment profond que nous appartenions à une grande et même famille. L’histoire farfelue de cet âne est là pour nous mettre sur une piste… Je ne sais encore dire laquelle mais j’ai quelques doutes que je ne vais pas tarder à présenter…
Le Roy Orky (33)
D. Will
mardi 2 mai 2006
Chemins incertains
lundi 1 mai 2006
Klezmer
À l'aube, elle avait d'une main légère et caressante effleuré mon visage. « Ne meurs pas », avait-elle murmuré en me quittant. J'avais sursauté, avec un rire d'orgueil étonné. N'étais-je pas immortel, invulnérable du moins ? Deux ans d'éternité glaciale, d'intolérable mort me séparaient de moi-même. Reviendrais-je à moi-même, un jour àl'innocence, quel que fût le souci de vivre, de la présence transparente à soi-même ? Serais-je à tout jamais cet autre qui avait traversé la mort ? qui s'en était nourri ? qui s'y était défait, évaporé, perdu ?
L'écriture ou la vie
Jorge Semprun
Folio
Mémoire
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