dimanche 31 décembre 2006
La très véridique histoire du colonel Ortho (222)
Une surprise nous attendait de l'autre côté de l'île. Un autre bateau, fort semblable aux trois autres était arrimé à un ponton. Nous avions négligé de faire le tour de l'île, pensant que cette île était identique à celles que nous avions quitté. C'était une erreur. Nous n'allions pas pouvoir leur échapper... La vague ne fut aussi terrible que nous le redoutions. Nous avions fui trop vite. C'en était fini de notre paisible errance. Nous allions devoir faire face à quelque chose de nouveau. Nouveau comme cette odeur puissante qui nous ennivrait et que je ne connaissais pas. Elle était bien différente de celle, fruitée et écoeurante qui émanait des premiers bateaux. Elle me rappelait celle de la princesse dont je ne m'étais guère rapproché.
La très véridique histoire du colonel Ortho (219)
J'écrivais. J'écrivais beaucoup. Il me semblait qu'en écrivant j'apprenais beaucoup. Mais je ne ressentais nullement cette liberté que j'avais imaginée. Je n'étais guère créateur que de mes ennuis. Il me semblait être prisonnier de ce qu'ils me racontaient. Ils étaient là à parler et moi à transcrire, non pas dans les moindres détails, c'était impossible, tout allait trop vite. Ainsi au lieu de prendre du recul, j'étais de plus en plus dans l'action, à tel point que la réalité m'échappait. Ce fut encore lui, cet enfant qui, à force de me ressembler me devenait si différent, se mit à me montrer avec insistance le lointain.
- Réveille-toi, ne regarde pas mon doigt, c'est là-bas qu'ils arrivent !..
La très véridique histoire du colonel Ortho (218)
Je n'en menais pas large. Ainsi donc c'était l'homme au manteau rouge qui m'avait sauvé et non ce compagnon que j'avais adopté et qui ne serait qu'une poupée.
- Il vous installa dans cette tente qu'il avait fait édifier avec la moitié de son manteau. L'homme au manteau rouge n'a pas toujours été celui que vous croyez... C'est un homme qui sait se dissimuler. Curieusement, ce qu'il préfère par-dessus tout c'est jouer du tambour. C'est que qu'a su comprendre notre princesse. Elle l'a encouragé jusqu'à ce qu'il se redresse fièrement sur son rocher et qu'il se remette à jouer.
La très véridique histoire du colonel Ortho (217)
- Votre arrivée ne passa nullement inaperçue. Ce n'est pas cette poupée que vous portiez qui eut pu vous transporter jusqu'ici...
Un mythe s'effondrait. Bien que la raison fut bienvenue, je regrettais de ne plus pouvoir croire à ce genre de manifestation un peu surnaturelle qui, je vous l'avoue me fait du bien...
- C'est avec son plein accord et son aide que vous êtes arrivés jusqu'ici. En vous voyant dans ce triste état, il a versé une larme... Ce fut un beau cadeau...
samedi 30 décembre 2006
La très véridique histoire du colonel Ortho (216)
Elle sut faire ce qu'il fallait pour qu'il recouvre une certaine joie de vivre. Ne vous y trompez pas, ce ne fut que par les plantes, celles qu'elle avait reçu la permission d'aller chercher sur son île. Elle réussit à le guérir de sa nostalgie et de sa mélancolie. À partir de là, ce fut un autre homme. Il pétait le feu, littéralement. Enfin... pas seulement, ajouta-t-elle, l'air gênée. On le voyait s'élancer du haut de la falaise, suscitant l'admiration de toutes les habitantes de l'île...
La très véridique histoire du colonel Ortho (215)
La très véridique histoire du colonel Ortho (214)
La très véridique histoire du colonel Ortho (213)
Je me retrouvais un peu. L'objet de ma quête fit sa réapparition. Chacun se mit à me raconter son histoire telle qu'il l'avait vécue. Ce fut l'ânesse qui commença. Elle me raconta comment elle aussi avait été enlevée à sa tribu. Elle vivait autrefois sur une île éloigné appelée île des Simples, certainement à cause de la sorte d'herbe qui y poussait. Elle donnait simplicité, force et vigueur à celui qui la mangeait. J'avais là l'explication de la vigueur dont elle avait fait preuve lorsque nous avions fait connaissance et dont mes oreilles se souviennent encore. Son ravisseur l'emmena sur l'île de la princesse, au service de laquelle elle fut attribuée. Elles étaient douze princesses, toutes très jeunes qui constituaient une sorte de vivier, dans lequel l'émissaire du roi venait puiser. Il arrivait par le même bateau que vous avez pu voir par vous même.
La très véridique histoire du colonel Ortho (212)
Les langues délièrent. J'en appris plus que je ne l'espérais. Il fallait que je trouve un moyen pour ne rien oublier de ce que j'entendais. Cela me paraissait tellement hors du commun que je me mis à écrire. En agissant ainsi, j'avais l'impression que je pourrais influer sur le cours des événements et ainsi mettre fin à cette fuite qui commençai à me peser. Pour commencer je me mettais dans la position de celui qui écrit et non plus dans celle ou la personnage subit ce qui est écrit. Le plus curieux était que l'idée n'était pas venue de moi. Aussi curieux que cela puisse paraître, c'était celle de l'enfant. Il n'était pas que farceur... ll eut aussi l'idée d'utiliser de la cendre de notre feu à laquelle il mélangea un liquide un peu moins salé que l'eau de mer et que je ne nommerais pas...
La très véridique histoire du colonel Ortho (211)
Nous ne tardâmes pas à nous accoutumer à notre nouvelle île. Cela d'autant plus vite, qu'elle ressemblait à s'y méprendre à celle que nous venions de quitter. Le seul véritable changement tenait à la présence de plus en plus active de notre petit dernier. Il était d'un naturel plutôt précoce et manifestait un sens de la farce très diversement apprécié selon le niveau de notre implication.
La très véridique histoire du colonel Ortho (210)
La très véridique histoire du colonel Ortho (209)
Ce fut Illusion qui me donna quelques éléments de réponse.
- Il n'y a guère que toi qui ne soit pas au courant, me dit-elle gentiment mais avec un léger soupçon d'impatience. Notre princesse n'a pas toujours été aussi chaste qu'elle l'est aujourd'hui !
Je crus voir un léger sourire poindre au coin de ses babines, mais il disparut aussitôt.
- Son Maître, Roi presque tout-puissant, la recherche dans tout son royaume. Mais il recherche aussi tous les enfants, mâles et femelles...
La très véridique histoire du colonel Ortho (208)
La très véridique histoire du colonel Ortho (207)
vendredi 29 décembre 2006
La très véridique histoire du colonel Ortho (206)
La très véridique histoire du colonel Ortho (205)
La très véridique histoire du colonel Ortho (204)
L'ânesse de la princesse nous avait raconté à peu près tout ce qu'elle savait, ce qui nous paru immense et quelque peu douteux... Le souvenir de notre dispute me dispensa d'en faire part. Mais Illusion était plus courageuse et diplomate que moi. elle demanda des détails. Sans se laisser démonter, l'ânesse répondit calmement. Ainsi nous en apprîmes plus encore. Il semblait qu'en notre absence le petit démontrait des qualités véritablement hors du commun. Il avait su marcher dès le premier jour sans avoir jamais appris et connaissait tout de son histoire qu'il racontait patiemment à l'ânesse, respectant un rythme qu'elle pouvait suivre.
La très véridique histoire du colonel Ortho (203)
Au vu de la vague qui se préparait, nous tînmes conseil. Étaient-ce les premières effluves du capiteux parfum ou celles de notre feu ? Nous nous mîmes à discuter joyeusement au lieu d'agir... J'appris alors que la princesse appartenait à un homme très puissant à plus d'un titre, excepté un. Cet homme possédait la plupart des îles sur lesquelles nous avions transité, ce qui, déjà constituait une offense suffisante pour mériter la mort. Mais de plus nous avions enlevé sa promise. Une enfant de quinze ans qu'il avait enlevée et promise au destin suprême de lui fournir une descendance. Elle n'était pas seule dans cette situation. Une douzaine de ses semblables, toutes vierges venues des quatre coins du monde se trouvaient rassemblées sur l'île où il semblait que certaines d'entre elles aient été séduites. Je tremblais à l'énoncé de tous ces faits qui étaient loin de former, dans ma tête, un ensemble cohérent. Mais le feu s'étant éteint, je reprenais mes esprits : je comprendrais plus tard, il faudra partir à nouveau.
La très véridique histoire du colonel Ortho (202)
La très véridique histoire du colonel Ortho (201)
Il était bien loin le temps béni de la naissance de notre fils, quand tous unis autour de lui nous n'avions besoin d'aucun mot pour nous sentir porteur d'un avenir grandiose. Elle n'avait pas encore cet air distant et désincarné. La vérité est que je brûlais de désir charnel pour elle, que le souvenir de mes rêves ne faisait rien pour calmer.
La très véridique histoire du colonel Ortho (200)
Nous retrouvâmes sans difficulté une autre île. Bien qu'elle ait été plus accueillante que la précédente, elle comportait une petite partie boisée qui nous donnait la chaleur d'un foyer, je ne me sentais pas vraiment dans la peau d'un vrai père de famille. Je ne savais toujours rien sur les origines de la princesse, pas plus que sur notre histoire commune. La flèche que j'avais récupérée, loin de me conférer un quelconque signe d'autorité, semblait au contraire nous avoir séparé. Elle avait au moins le mérite de me rappeler d'où je venais et la tâche qui m'avait été confiée...
La très véridique histoire du colonel Ortho (199)
La très véridique histoire du colonel Ortho (198)
La très véridique histoire du colonel Ortho (197)
La très véridique histoire du colonel Ortho (196)
jeudi 28 décembre 2006
La très véridique histoire du colonel Ortho (195)
Réfugiés au sommet de notre éperon, nous connûmes la cause de notre infortune par la vision de notre âne. Un bateau d'une taille monumentale ravageait l'archipel. Je me souvins alors de ce que m'avait dit l'homme au manteau rouge :
- Le danger viendra de la mer !
Il était là et c'est nous qu'il cherchait. Dorénavant il faudra que chacun de nous, tour-à-tour, fasse bonne garde.
La très véridique histoire du colonel Ortho (194)
La très véridique histoire du colonel Ortho (192)
La très véridique histoire du colonel Ortho (189)
La très véridique histoire du colonel Ortho (188)
La très véridique histoire du colonel Ortho (186)
mercredi 27 décembre 2006
La très véridique histoire du colonel Ortho (185)
Il me raconta en détail la vie de la princesse. Le temps nous manque ici pour que je vous les transmette.
- Un grave danger vous guette qui viendra de la mer. Mettez vous à l'abri cette nuit. Son père la cherche. Il vaudrait mieux qu'il ne la trouve pas. Je retourne à mon poste... Si tu as besoin de moi, chante avec coeur et je viendrais.
Je dois avouer qu'à peine j'eus mis pied-à-terre, je l'oubliais.
La très véridique histoire du colonel Ortho (184)
Je le voyais de plus en plus grand. J'avais maintenant l'impression de n'être qu'une minuscule marionnette. Il m'avait pris dans le creux de sa main et me parlait avec chaleur. Une douce sensation, au léger goût sucré, m'envahit.
- Je suis ce que tu veux que je sois... Regarde au loin, cette île, c'est là qu'est la princesse et son enfant.
J'eus dû lever l'oreille à ces paroles, mais la seule interrogation que j'avais était :
- Qui est-elle ?
- C'est une question à laquelle je ne devrais pas te répondre... mais pour sceller notre amitié, je vais te le dire.
La très véridique histoire du colonel Ortho (183)
Nous descendîmes rapidement du rocher, mais nous regardâmes au loin, ils avaient disparu. L'homme au manteau rouge se pencha vers moi et me dit gentiment :
- Ce que l'on voit d'en haut n'est pas comme ce que l'on voit d'en bas.
Dès ce moment, je le regardais. Il me paru beaucoup plus grand que ce que je croyais. Nous avions sans que je m'en rende compte commencé de dialoguer.
- Ne nous arrêtons pas, je te l'ai déjà dit, le temps nous est compté. Fuyons pendant qu'il est encore temps. Je te raconterais tout en chemin.
La très véridique histoire du colonel Ortho (182)
Qui pouvait bien nous attendre ? Que voulait-il dire par "chaque instant compte" ? S'agissait-il d'une considération philosophique ou d'un fait plus terre-à-terre ? Les questions se bousculaient dans ma tête. Cela me distrayait de la peur qu'il m'inspirait. Nous étions arrivés de l'autre côté de l'île, à l'endroit ou le pont de sable reliant les îles commençait d'apparaître. Il avait vraiment l'air de chercher quelque chose.
- Je vais te faire un cadeau, me dit-il.
Dans le sable quelques traces suggéraient grossièrement qu'une caravane était récemment passée par là. Nous montâmes sur le plus haut rocher... Je ne croyais guère en ce personnage si repoussant. Je savais que ce pouvait être un piège, mais, malgré tout, la perspective d'un cadeau faisait son chemin dans les couches les plus profondes de mon cerveau. Une petite lueur d'espoir, si petite soit-elle, fut suffisante pour que je me mette à marcher seul...
Je ne sais si ce que nous vîmes était le fruit du hasard, mais il me dit :
- Ils sont là-bas, ils ont pris un peu d'avance...
Je ne distinguais pas très à qui il pouvait faire allusion, mais j'espérais secrètement que ce fut elle et celui que je considérais déjà comme mon enfant.
La très véridique histoire du colonel Ortho (181)
La très véridique histoire du colonel Ortho (180)
Je reconnaissais ma flèche. Comment pouvait-elle être arrivée entre ses mains ? Je dus aussi reconnaître que j'avais peur. Mon corps se serait vidé s'il ne m'était resté un minimum de descence. Je ne voulais pas perdre la face devant Illusion qu'il avait relâché pour me tendre sa main. Mais Illusion était partie.Mon odeur se mêla aux odeur de fruits trop mûrs, un vrai cauchemar...
mardi 26 décembre 2006
La très véridique histoire du colonel Ortho (179)
La très véridique histoire du colonel Ortho (178)
La très véridique histoire du colonel Ortho (177)
La très véridique histoire du colonel Ortho (176)
La très véridique histoire du colonel Ortho (175)
La très véridique histoire du colonel Ortho (174)
lundi 25 décembre 2006
La très véridique histoire du colonel Ortho (173)
L'arme préférée et peut-être la plus efficace d l'homme au manteau rouge va te surprendre et peut-être te faire sourire,. Méfie-toi, c'est justement comme cela que le piège se met en place. Quand il va l'utiliser, il écarte les bras. Tu remarqueras qu'il porte un manteau à canons sciés qui lui découvre généreusement ses aisselles. D'un subtil et quasi invisible frémissement des bras, il met en route le processus. Des glandes très spéciales que lui seul possède se dégagent alors une odeur. Une odeur très sucrée qui rappelle la barbe à papa parfumée, selon les jours à la fraise ou à la framboise. Je te vois sourire, tu ne devrais pas. L'odeur ainsi générée sera guidée de sa main gauche qui tient une très longue flèche qu'il dit être en ivoire et qu'il aurait fabriquée de ses mains nues en l'arrachant des entrailles d'un monstre des profondeurs... Je te laisse imaginer la cervelle du bonhomme !
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