mercredi 31 octobre 2007

Les pièges de la réalité


L'examen attentifs de certaines des pièces consignées dans les volumineux dossiers de la "Commission de la Croissance Infinie" montre bien l'impossibilité d'une lecture claire des événements. Il montre aussi un fait qui s'avérera des plus concluant. Ce n'est pas par manque de temps que l'erreur de lecture qui se produisit et qui mena à la catastrophe qui hante encore nos mémoires. C'est juste le contraire : c'est par le fait du trop long temps consacré à l'analyse que les yeux des analystes furent corrompus. C'est pendant ce temps aussi que leurs esprits, si bien éduqué à ne voir que ce que le bien commun exigeait...

mardi 30 octobre 2007

Derrière ces brillants décors


Il n'est pas difficile d'oublier que l'enceinte dans laquelle est construit le théâtre est un cirque. Derrière ces brillants décors, la vie suit son cours. Mais les bruits lointain de la piste en effraient plus d'un !

lundi 29 octobre 2007

Les avatars du temps...


Personne ne pourrait dire si l'organisation de ce match fut la cause directe de ce qui allait se passer, mais nombreux sont ceux qui le comprirent ainsi. Le rapport de la "commission de contrôle de la Croissance et du Mûrissement" le résumera ainsi:
"Le nombre incontrôlé de spectateurs et surtout le nombre d'hommes de toutes sortes et de toutes provenances qu'on laisse entrer sans contrôles, provoque un déséquilibre tel que ceux qui prônent une stricte délimitation des pouvoirs et des territoires, ravis de l'aubaine, laisseront se déchaîner à leurs guises. Tous persuadés qu'ils sont de pouvoir utiliser ultérieurement ce qu'ils considèrent comme un incident salutaire à la mise en application complète de leur régime sélectif.
La Commission se borne à constater que selon les documents qu'elle a entre les mains et dont il ne reste dans les archives que quelques lambeaux épars, on peut constater, aux différences visibles et de celles qui le sont moins, entre le moment où... et le moment du match, que les spectateurs n'étaient visiblement plus les mêmes. Il est difficile de se rendre comptes, sur la seule foi des morceaux images que nous avons sous les yeux, s'il s'agit d'un effet de surface ou d'une transformation bien réelle. Nous nous bornerons à constater que l'image se ride telle une pomme subissant les avatars du temps, faisant apparaître des multitudes de petites ombres dans lesquelles il sera bien difficile de retrouver quelque lumière..."


La conclusion de la Commission fut simple :
"Selon l'angle de point de vue, le temps qu'il fait ou le l'état psychique de l'auteur, il est pratiquement certain que vous ne verrez jamais deux fois la même chose... Dès lors toutes conclusion à propos de ces images ne peuvent qu'être sujettes à contestations. C'est pourquoi nous encourageons vivement leur mise à l'écart jusqu'à ce que :
1° L'entier de ces fragments soient retrouvés
2° Que ces fragments soient analysés selon une méthode qui ne soit pas sujette à caution
3° Que ces analyses soient mises en perspective de telle manière qu'elles soit utile au bien de tous."

Un murmure parcoure la foule


La salle était presque pleine et l'agitation en était au point où il fallait faire quelque chose de pour canaliser toute cette énergie. Au grand regret du "Cercle restreint", il fut décidé de présenter l'imprésentable: un jeu qui plairait certainement au plus grand nombre.


Ainsi un combat de boxe strictement réglementé fut organisé. Le public, médusé face au spectacle de ces athlètes agiles et puissants, se calme immédiatement. Un murmure parcoure une partie de la foule des ânes. Les anciens reconnaissent avec stupeur ce qui, autrefois, avait provoqué la chute du royaume des hommes...

dimanche 28 octobre 2007

"Défoulements carnavalesques"


Quelques heures plus tôt, à l'endroit même où Marcel accostait, l'eau n'avait pas encore recouvert et lavé les "défoulements carnavalesques" qui se déroulèrent au vu et au su de chacun.

Hystérie naissante


Si Marcel était arrivé quelques heures plus tôt, il eut été surpris de voir à quel point ce qui lui paraissait comme un désert était alors couvert par une foule, formées par de joyeux petits groupes dont l'hystérie naissante ne laissait rien présager de bon.

"Goldonkey"


À un certain point, décision fut prise en haut lieu de faire distraction. Il y avait trop de monde qui s'impatientait. Personne ne le savait mais la situation était encore plus critique à l'extérieur où le le nombre de spectateur dépassait de beaucoup celui qui avait été prévu.


La présence sur scène de "Goldonkey", le nec plus ultra des soirées dansantes de la très Haute et de la Sérénissime, aux côtés de la Sarabande ne put rien y changer. Des temps nouveaux étaient arrivé auxquels devaient correspondre quelque chose d'aussi nouveau.

samedi 27 octobre 2007

Une certaine impatience


Une certaine impatience commence à se faire sentir. Les conversations se font moins discrètes. Ici ou là, le ton monte. Les musiciens ne sont pas assez nombreux et peu de monde les écoute.


Pendant le même temps...


Toujours dans le même temps, le juge Tancrède, confortablement installé au milieu de ses souvenirs tentent vainement de se raccrocher à une réalité qu'il sent devenir chancelante et dangereuse.
Avec ses 111 articles et l’ordonnance, le juge fait, il faudrait, nous le supposons, écrire au passé, partie des personnalités les plus influentes du gouvernement. Il s’inscrit entre tradition et réformation. Il a longtemps été considéré comme un visionnaire moderne et réformateur. "Son célèbre Préambule, d’une exceptionnelle densité, décline d’entrée la restauration de l’État adossée à l’œuvre réparatrice du Cercle restreint, dans un royaume reconquis et reconstruit autour de « nos beaux et bons murs de la Grande Arche » et d’un peuple dont la «grande affliction et désolation» inspirent «pitié et compassion»."

vendredi 26 octobre 2007

Chroniques du Pont


"Notre monde, disent les chroniques du Pont, plus tard appelé monde du Haut ou monde Flottant, s'est construit pendant que celui du Bas s'enfonçait dans les profondeurs insondables de la sagesse humaine. En ce temps-là régnait dans le monde des hommes un directoire puissant formé des plus grandes sommités de l'époque. Tous ses membres étaient les maîtres incontestés dans leurs domaines subtilement cloisonnés. Au fil des ans ils devinrent incontestables... Insensiblement, sans que personne ne puisse y faire quoique ce soit, les eaux se mirent à monter des profondeurs mettant en péril les chefs d'oeuvres, qu'ils croyaient éternels et qu'ils avaient su construire."

jeudi 25 octobre 2007

mercredi 24 octobre 2007

Rencontre


La véritable rencontre eut lieu dans le dernier café encore ouvert de l'ancienne ville construite sur les marais.

mardi 23 octobre 2007

Rencontre


Marcel n'est pas revenu seul. Sur le chemin du retour il fait une rencontre.

lundi 22 octobre 2007

Le rideau tombe


Le rideau tombe mais ce n'est que par accident... Timothée dont l'esprit est agile comprend immédiatement le parti qu'il peut en tirer. Il se mêle discrètement aux fonctionnaires en charge et se met à l'ouvrage. Il mêle subtilement les cordes de halage du rideau avec celles de la marionnette de Marcel.
- Même si leurs moyens sont de beaucoup supérieurs aux miens, tout ceci n'est que décors et de même nature que le mien. Un peu de plus ou de moins ne changera rien à l'affaire, sauf pour ce qui est du spectacle et de l'effet de surprise...

dimanche 21 octobre 2007

Sur le seuil de son passé


Marcel, après avoir pris part à la vie de ses nouveaux amis, sentit monter en lui une nostalgie mêlée d'une intense curiosité de savoir ce qu'il était advenu de sa cité. Ayant remis ses anciennes parures il se mit en route. Arrivé sur le seuil de son passé il fut énormément surpris de découvrir une ville absolument vide.
- On dirait que le vide que j'avais rencontré en m'en allant s'est déplacé jusqu'ici.

Quand notre tour viendra...


Michel s'était assis parmi les convives et sans en avoir l'air écoutait tout ce qui parvenait à ses oreilles tout en le transcrivant le plus fidèlement possible.
- Cela me sera utile quand notre tour viendra...
S'il s'inquiétait de l'absence du Juge, c'est surtout de la présence surprenante des hommes que provenait le danger. Non, qu'ils soient, selon ses connaissances, opposés à ce qu'il devait défendre, mais bien au contraire. Ce qui lui semblait être des plus dangereux. Il ne fallait pas qu'ils soient officiellement de leur côté. Leur présence, finalement, s'expliquait fort bien de cette manière...

samedi 20 octobre 2007

Les drapeaux sont entrés...


Timothée est aussi le premier à voir, flottant dans les décors intangibles de la voûte qui se construit sous ses yeux, les drapeaux colorés des "Amuseurs".
- Qui sont ces gens si peu conformes à nos statuts, comment sont-ils entrés dans la forteresse, comment ont-ils pu monter jusque là haut et où puisent ils la force d'une telle désobéissance ?
Un flot de mots monte dans la tête de Timothée qu'il ne parvient à refouler.


- Je les ai vus de loin quand nous étions à la recherche de Marcel, près des mines et des décharges que Michel croyait désertes. Je sais où se trouve Marcel... Ce sont ces gens qui l'ont recueilli... J'en suis certain...


Timothée ne croyait pas si bien dire.

vendredi 19 octobre 2007

Impossible d'avoir un vue d'ensemble...


- Impossible d'avoir un vue d'ensemble... et pourtant je peux voir de bien étranges constructions, pense Michel.
Timothée dont la langue malhabile ne reflète pas toujours son esprit subtil, son oeil vif mais plutôt ses mains calleuses.
- Regarde ! Là-haut, près du rideau, ce sont des hommes !

jeudi 18 octobre 2007


- Ainsi la musique que nous jouons t'apparaît comme un élan de vie qui te porte vers ce que tu désire être, mais dans le même temps elle est aussi jouée dans un autre lieu que tu penses connaître et qui est, en ce moment est fort différent. Là-haut, il ne l'écoute même pas. Dans le meilleur des cas, elle leur fait passer le temps...
- Et comment savez-vous cela ?
- Ce sont nos fils et nos frères qui y jouent en ce moment et ils peinent à couvrir le bruit de plusieurs centaines de conversations impatientes qui emplissent peu à peu cette salle...

Caravane


- Vous et moi sommes en tous points semblables, pourquoi ne vivez-vous pas dans la forteresse ?
- Les différences ne sont pas nombreuses, il est vrai. Mais elles sont de taille...

Marcel est mort


Le plus surprenant pour Marcel, fut de constater à quel point il s'intéressait aux visages de ces hommes. À quel point il retrouvait en eux des similitudes correspondant à ses propres émotions.
- Dans le fonds, ils ne sont guère différent de nous. Il y a si peu nous faisions comme s'ils n'existaient pas et maintenant j'ai l'impression d'être presque comme eux.


Il ne croyait pas si bien dire. Peu de temps après il fit une rencontre qui lui fera dire :
- Ce jour-là, Marcel est mort...
Trois roulottes, trois familles avec de nombreux enfants, un peu de musique lui donnèrent l'impression d'une vie nouvelle. Comment eut-il pu deviner qu'au même instant, très loin de là, se jouait la même mélodie dans le tumulte grandissant de la grande salle du tribunal ou se réunissait pour la première fois l'ensemble de la communauté de la Forteresse. Chacun était trop occupé à découvrir à quel point ils étaient nombreux pour les écouter. Enfin, de leur point de vue de vue, puisque cet ensemble, qui certes remplissait cette salle à leurs yeux gigantesque, se résumait au nombre précis de ...

mercredi 17 octobre 2007

"Le culte de la tradition..."


Pendant que le théâtre lentement se remplit, l'esprit de Marcel se vide. Il demande si tout ce qu'il avait énoncé, fait et appliqué dans le cadre de son travail n'était pas l'exacte illustration de cette sentence...
"La nostalgie, les idéologies du retour, l’envoûtement des sectes, le repli sur la tradition sont, peut-être, les tentations immédiates dans toute période anomique; à terme, ce sont toujours des tentations dangereuses »
Jamais auparavant, lui qui n'avait guère rencontré plus de vingt personnes à la fois, comme il était de rigueur dans la forteresse, il n'avait imaginé qu'une telle densité de population pouvait exister au-delà de ce qu'il avait côtoyé. Bien au-delà de ses propres sentiments, quelque chose de nouveau se soulevait qui allait entraîner la disparition de tout ce qu'il avait connu. Partout se réunissaient des groupes dont les fois si diverses ne tarderaient guère à s'enflammer les unes les autres.

jeudi 11 octobre 2007

Particulier


Si les étages s'ajoutent aux étages, les pensées de Michel en font tout autant. Chaque détail, souvent si proche du précédent, fait émerger quelque chose de nouveau qui n'est rien s'il s'attarde au particulier.
- Et pourtant cette construction qui s'élabore sous nos yeux ne pourrait se faire sans l'apport de ce particulier, dit-il à Timothée qui n'y prête guère attention.


Timothée n'est pas à l'aise. Il sent que des regards se portent sur lui en même temps que les doigts se pointent.


Quand enfin, au sens architectural pour Timothée et au sens philosophique pour Michel, ils eurent une sensation plus complète de la hauteur de l'événement, ils eurent tous deux une sorte d'illumination :
- Tout ceci ne sera pas un procès. Tout au plus s'agit-il d'un spectacle. Et pas n'importe lequel...
- Il faut que nous prenions encore du recul... Dans quelques jours...

mercredi 10 octobre 2007

Presque en silence


- As-tu remarqué combien la métamorphose de ce lieu ressemble en tous points à celle de Marcel ? À peine fût-il si grand que la voix qui le nommait et qui en lui résonne n'émane plus de lui mais de nous. Elle sort du vide de son ventre, comme la blessure du juge disparu trop tôt là où rien ne paraît... Sans éclat, presque en silence la voix du juge a trouvé le chemin de la bouche de Michel :
En nous sera la clef que tous en vain cherchent.
De si vastes décors inclus dans la brèche
Annonceront sans fin, l'aube où le jour paraît
Si timide et rose dans un ciel sans apprêt.
Orages et tonnerre se déferont sans mal
Oubliant leurs forfaits de fiels et carnavals.


Timothée essaye de reprendre pied.
- Avec un peu de recul nous verrons mieux ce qui nous attend et de quelle manière nous pourrons les surprendre.
Il doit constater que les étages s'ajoutent aux étages...

Voir et être vu


Je ne sais en ce lieu quel feu m'y transporte.
Quel est donc ce défi où si folle cohorte
Commet cette figure où le discours naîtra?
Une folle vertu ainsi s'amusera.
Et l'abus sera dit, si cruelle ironie,
Que d'autres vénérés appelleront carie.
L'événement promettait d'être classé en bonne position parmi les plus important de l'histoire de la forteresse. Il était exclu de ne pas y être présent. Un nombre imposant de cadres et de dirigeants-modèles, venus des plus hautes sphères étaient déjà présents sur les lieux. Protégés des regards indiscrets par des rideaux qu'ils ne tardèrent pas à ouvrir pour profiter du spectacle qui s'annonçait et de celui qui se déroulait dans les profondeurs de la salle, mais surtout, il fallait être vu. Et cela s'avérait de plus en plus difficile au vu du nombre toujours croissant de participants et des constructions semblant se multiplier comme par enchantement.
- Impossible, pour le moment, d'avoir une vue d'ensemble... murmure discrètement Michel à l'oreille de Timothée.
- Comment allons-nous faire pour manipuler notre marionnette dans cet espace que nous ne connaissons pas et qui semble grandir à vue d'oeil pendant que nous sommes réduit à deux ?

mardi 9 octobre 2007

"Théâtre de la Loi"


Si le juge avait été présent il serait fort surpris de constater à quel point la structure même du "Théâtre de la Loi" avait été transformée pour l'occasion de leur procès. Reconstruit après qu'il se fut écroulé sur lui et qu'une grande partie fut partie en fumée, notamment la bibliothèque. Un nombre considérable de "loggia" avaient été construites des deux côtés de la l'estrade principale. Elles se côtoyaient de manière plus ou moins indépendantes. De lourds rideaux mobiles leur permettaient au besoin de s'isoler les unes des autres. Malgré que quelques jours pleins les séparaient de la date fatidique, toutes ces loges nouvellement constituées se remplissaient continuellement. Le murmure du début se muait en un brouhaha apocalyptique. Le juge, tel qu'il était devenu, eut pu dire en peu de mots ce qu'il était advenu de ces décors:
Ainsi ruches au couchant, attendant le grand soir
Essaiment en voletant au dessus du miroir,
Doctes sages et pédants, sans cesser de subir
Nobles et douteuses paroles de sabir

lundi 8 octobre 2007


Le juge Tancrède est atteint par un mal dont il peine à saisir les contours et qui le ronge. Il est d’abord frappé par la présence sourde et envahissante du sentiment que tout son être se désagrège. Puis il s'interroge sur la nature du combat qu'il n'arrive pas à engager contre lui-même malgré la conséquence des plus probables que cela risque d'entraîner : sa propre mort. Ses viscères se tordent les uns les autres aux rythmes lancinants de ses pensées morbides. Lentement se tisse le film de son agonie.
Vois là-bas s'éloigner celle qui m'avait soigné.
Vois là-bas son reflet dans l'ombre renversé.
En trouble contre jour, sa peau couleur vermeil
Plus jamais ne verrai dans un si beau réveil.
Que n'ai-je point rêvé, sûr de mon aiguillon,
De butiner zélé le chaste papillon ?
Couleur rouge et légère monte à la proue sévère
Aux sombres horizons des ombres de sa chair.