vendredi 31 juillet 2009


Il nous fallu de longues années et ce ne fut pas sans peine que nous passâmes de la simple confrontation et courses poursuites entre nous et l'écume furieuse qui s'abattait à moitié sur nous et à moitié sur le sable déserté aux chevauchements risqués jusqu'à la maîtrise progressive et enivrante des éléments. Nous n'avions aucune conscience des limites imposées à toutes choses. À mesure que nous parvenions aux sommets des plus hautes vagues il y en avait toujours une, provenant du plus lointain horizon que nous ne pouvions distinguer pas en de pareils instants, une vague plus blanche et plus haute encore qui nous faisait désirer de la chevaucher à son tour. Pour nous, les marques de notre évolution ne s'inscrivaient pas sur le chambranle d'une porte ou le poteau central de nos cahutes mais sur la hauteur des vagues que nous pouvions atteindre.

jeudi 30 juillet 2009

mercredi 29 juillet 2009

Aujourd'hui comme autrefois

Cher Joachim,Aujourd'hui comme autrefois je me promène sur la plage sans couronne, sans soutien, sans étendard, sans bouclier, sans casque, presque sans lumière tant le ciel est voilé. La mer avance et la falaise recule ce qui fait que pour nous rien ne change. Aujourd'hui comme autrefois je guette avec gourmandise les pages échouées. Elles nous arrivent ballotées par les vagues qu'autrefois nous provoquions sans savoir le moins du monde que là-haut dans le ciel un combat faisait rage dans lequel nous n'étions rien. Aujourd'hui, je le sais mais cela ne change rien. Ou si peu. Je vous l'avoue, c'est une lettre que j'attends. Juste quelques mots qui me relient à ce que j'espère encore, presque malgré moi.
C'est ce que j'ai de mieux à faire ici où rien ne se passe et si peu de chose passent. Je ne puis recourir aux larmes des faibles et m'apitoyer sur mon sort. Je ne sais si la prière est utile ou futile, mais je ne puis sans trahison à ma raison souffrir d'en user largement. Je ne puis me flatter d'avoir ainsi accès au coeur de ce qui nous préoccupe et que je sais inexpugnable à tout autre moyen.
Celui que j'étais ne saurait être insensible à la voix de celui que je suis, mais celui que je suis sourit des largesse de celui que j'étais. Et dire qu'ils m'ont traité de borné!
Je ne vous l'ai pas encore dit mais ce qui s'est passé le jour de mon audition me fit le plus grand bien en même temps que le plus grand mal et si j'y suis entré me considérant comme un prisonnier, j'en sortis sorti libéré malgré le fait que j'étais entravé.
Si j'ose me flatter que même seul, désemparé et presque sans moyen, je saurais toucher votre coeur, ce n'est point tant pour me sauver mais pour sauver le peu d'espoir qui pourrait subsister. Celui qui nous reliait ne vient plus. C'est ainsi que cette lettre je vous l'envoie de la plus simple des façons : je la jette à la mer en espérant qu'elle la porte comme ces pages rescapées dont je vous parlais tout-à-l'heure.

mardi 28 juillet 2009

lundi 27 juillet 2009


Jamais nous ne vîmes, au dessus de nous, ces luttes titanesques dont nous écoutions pourtant avec avidité les faits et gestes que nous racontaient les anciens et auxquelles, beaucoup plus tard, nous participerons bien malgré nous.

dimanche 26 juillet 2009


Je vois, mon cher Joachim,

que vous êtes toujours aussi subtil... Et puisque vous évoquez l'océan j'aimerai vous faire souvenir de ces moments de grâce où, face à la mer, nous jouions avec les vagues. Il ne s'agissait nullement de se laisser porter ou entraîner dans les flots tumultueux, non,il s'agissait se susciter ces vagues, d'en être les maîtres et créateurs. Combien de temps infinis avons-nous observé avant de commencer à comprendre ?

samedi 25 juillet 2009


Cher Anarchasis,


Permettez que je m'étonne avec bienveillance. Je ne sais d'où il vient que vous ne vous souveniez pas de votre nom. Il se peut que cela soit une manœuvre politique qui m'échappe et que je pourrais comprendre, mais ce que je ne puis comprendre est cette histoire d'île. Si ma mémoire est bonne nous ne nous sommes rencontrés que lors de la formation de notre groupe sous l'autorité d'Eurysthée. Nous étions bien jeunes et plein d'illusions, nous croyions tous à la possibilité d'éclairer notre chemin et celui des autre, mais nous n'étions plus des enfants et les îles dont nous provenions tous, c'est là un événement que je découvre aujourd'hui et qui ne doit peut-être rien au hasard, étaient selon ce que je sais fort différentes les unes des autres. Cependant nous avons tous appris que si nous pouvions tous faire face à l'océan, voir même nous y immerger, peu sauraient ce que représente cet infini.

Cher Joachim,

Que de surprise en une seule missive. Pour commencer, je me dois de faire part de la joie que je ressens de revoir votre écriture, même ce qu'elle contient m'inquiète moi aussi. À mon tour de vous dire que je ne suis pas sûr de vous suivre entièrement et certain des éléments dont vus parlez me sont étrangement inconnus. Je ne sais pas quels sont ces dangers dont vous parlez et la mission dont je souhaitais vous charger, les choses et les circonstances ont entretemps bien changés, ne nous mèneraient nullement à une catastrophe. Quant à l'île où j'ai été emmené je m'étonne que vous ne la reconnaissiez pas et je m'inquiète grandement pour votre mémoire car c'est là que nous avons passé notre enfance, précisément sur cette plage dont je joins une petite esquisse
qui vous montrera que, hormis le fait que j'y sois seul, tout est resté en l'état depuis notre départ précipité, presque rien n'a changé. Quant au nom dont vous me faites le porteur, je me permet de m'étonner. Certes il est d'usage et prudent de prendre ce genre de précaution, mais de là à me nommer ainsi, je vous l'avoue, ce ne fut pas la moindre de mes surprises. Je crois pouvoir vous dire, sans vouloir vous froisser, que j'ai bien cru, l'espace d'un court instant, que vous vous étiez trompé d'interlocuteur ou, pis encore, que votre lettre ne m'ait été transmise par erreur. Une ombre plane dans mon esprit que je vous demande d'éclairer. Je ne peux êtres certain que cette lettre ne soit une sorte de piège. Il suffirait que vous intercaliez de façon subtile et discrète quelque événement d'apparence futile mais qui contienne ce qu'aucun autre que nous ne pourrait comprendre.

vendredi 24 juillet 2009


Anarchasis,

Vous le savez, vous me mettez dans le plus grand des embarras. Je ne sais que faire pour que cessent cette avalanche de missives. Vous savez mieux que moi la raison de notre "séparation" et vous savez aussi le danger que vous créez du fait même de notre échange. La mission dont vous aimeriez me charger, vous le savez aussi, ne peut que nous mener à la catastrophe. Il me semble que vous ne mesurez guère les risques que nous courons. Sachez que pour ce qui est de votre sentiment de m'avoir approché, il n'est pas sans fondement. Je ne puis vous en dire plus mais il se trouve que de mon côté j'ai effectué quelques voyages à l'endroit dont vous parlez dans un de vos précédentes lettres. J'y ai aussi vu, mais de façon plus précise, ce qui s'y passe, mais vous savez fort bien que n'y puis rien. Le simple fait de vous écrire me met dans une situation des plus délicates voir même dangereuse. Ce qui m'a décidé de le faire est justement le fait que vous semblez avoir été déplacé sur cette île dont vous me parlez et sur laquelle nous aurions passé notre jeunesse. Il faut que je vous dise que je ne m'en souviens pas, et c'est précisément pour cette raison que je me suis décidé à vous répondre. Je ne me l'explique pas vraiment mais il est vrai que cela m'intrigue. Depuis que je vous ai lu, quelques images floues ne cessent de passer dans ma tête. Je n'arrive pas à les chasser pas plus que je n'arrive à les comprendre ni même à les fixer.


Joachim

PS. Ne croyez-vous pas qu'il serait temps de renoncer à cette hideuse fausse barbe ridicule qui ne trompe plus personne depuis bien longtemps...

jeudi 23 juillet 2009


Ce que je vais vous dire vous semblera d'une grande banalité : il arrive souvent que dans le cours de notre vie un élément incongru y prenne place. Croyez-moi, ce que je vais vous raconter était pour moi un de ces éléments, aussi incongru que banal. J'étais, je vous l'ai dit, occupé à rédiger mon argumentation sur la place des Ensablés lorsque deux Gardiens vinrent me cherche. Malgré la raideur de leur maintien et l'air sévère qu'ils portaient comme un masque, ils firent preuve de la plus parfaite courtoisie ce qui me surprit grandement. Je ne m'attendais pas à cela ce qui fit que je me trouvais légèrement dérangé dans ma froide analyse de la situation. Ce n'était certainement pas un hasard. Cette petite émotion avait commencé, je le sais aujourd'hui, à creuser une petite faille dans mes capacités. Vous le savez aussi, la plus petite des flatterie peut devenir une arme puissante si elle touche la cible au bon endroit.

mercredi 22 juillet 2009


- Vous souvenez-vous, cher Joachim, de cette plage de notre enfance où nous jouions insouciant ? Celle dont on nous racontait avec fierté et quelque grandiloquence qu'elle était le résultat de la lutte de Zeus avec les Titans.

Je dois vous dire que depuis ma dernière lettre beaucoup d'événements des plus imprévisibles ont eu lieu et qui ont pour conséquence que je me retrouve précisément à cet endroit. Vous le savez, je ne crois pas au hasard,c'est pourquoi je m'interroge sur ce retour.

mardi 21 juillet 2009


Cher Joachim

Ne soyez pas trop surpris par le fait que je vous envoie encore une lettre par la voie dont vous disais pourtant hier encore qu'elle n'était plus sûre. Le fait est que je n'en suis plus du tout certain et que je vous dois de vous communiquer ce qui est, je le crois, de la plus haute importance. Je ne voyage plus la nuit et comme vous pouvez l'imaginer cela me manque. J'étais, et je suis encore, sur la place des Ensablés, mais alors qu'hier j'étais persuadé que je l'étais à titre de prévenu, je sais aujourd'hui, de façon certaine que ce n'est qu'à titre de témoin que je suis ici. Je vous avoue que je m'en sens infiniment mieux et c'est avec le sourire que je vais reprendre ce que j'ai dû trop longuement interrompre ces derniers temps. Attablé au bureau rouge où chacun est invité à donner ses impressions par écrit avant de paraître devant le "Conseil", je vis venir à moi deux gardiens. Je ne sais pourquoi, alors même que la base même de notre éducation est notre infinie capacité au silence, qu'au moment même où je les vis se diriger vers moi j'ouvris grand la bouche et ce qui se déversa à mon insu je ne le reconnaissais pas du tout. Sous l'œil impassible des gardiens une étrange mélopée aux accent bizarres sortaient assez mélodieusement sans que je n'eus pour cela aucun effort à produire.
Inutile de vous dire que je n'y comprenais rien du tout. Cela ne ressemblait en rien à ce que je vous ai déjà conté à propos du mélange entre pensées et paroles qui leur fit penser qu'il m'arrivait, à moi aussi, de "parler en langues". C'est à peine si je pus distinguer dix ou douze mots qui ressortirent du lot et que j'aie pu reconnaître au passage. Mais le plus étonnant fut que les deux gardiens ne firent montre, en aucune façon, d'une quelconque surprise. Ils opinèrent du chef et prirent tranquillement les papiers que j'avais, selon l'usage, remplis avec application. Papiers qu'ils emportèrent en me demandant de patienter et de continuer à écrire comme s'il ne s'était rien passé de bizarre. Sur le moment c'est cela qui eut du me faire sourire, mais ce n'était pas le cas, au contraire, j'étais encore plus inquiet que précédemment. Il faut que je vous dise aussi, cher Joachim, que j'ai de gros problèmes de mémoire, il m'arrive de ne plus me souvenir de ce que je vous ai écrit et comme vous pouvez le penser je ne garde pas de double de ce que je vous écris. Quand les deux gardiens revinrent, je n'en menais pas large, mais cette fois je parvins à me maîtriser et ne prononçais aucune paroles ce qui ne le surprit pas plus que l'épisode dont je viens de vous parler. Il m'emmenèrent tranquillement. Tout cela, pouvez-vous penser, ne vous vous concerne en rien. Détrompez-vous. Je ne vous dis rien de tout cela pour vous faire part de mes lamentations à propos de la triste dégradation de ma condition. Non, il s'agit de vous Joachim. Je ne sais combien de temps il leur faudra pour me faire parler. Mais ce que je finirai presque immanquablement de dire, vous connaissez leurs capacités Joachim, vous concerne au plus haut point. Vous le savez, vous êtes le seul qui puisse être à même d'infléchir cette situation qui ne peut être indifférente qu'à ceux que le mal le plus affreux comble de joie et de bonheur. Au reste, la tristesse en serait générale, parce que la cause et les effets, immanquablement, en seront communs à tous. C'est bien pour une cause d'une si grande importance pour la communauté toute entière, que plus que tout autre vous êtes tenu à faire preuve de zèle et de courage. Je ne puis que perdre un peu de temps en espérant vous parviendrez, pendant ce temps-là à réunir en vous-même tout ce qui, autrefois, vous fit tant de bien et tant de...
Je dois vous quitter Joachim, j'entends au loin le souffle profond de l'Hélicon.
Et si l'on dit que la confiance s'accroît au milieu des épreuves, votre silence m'inquiète...

lundi 20 juillet 2009


Cher Joachim,

Je crois que cette lettre risque d'être la dernière. Je dois me garder de vous dire tout . Je pense qu'ils se doutent de quelque chose. Je me sens surveillé et mon avis n'est que peu demandé. Je vous dois de faire extrêmement attention. C'est pour cela que je ne vous ais pas écrit ces derniers jours.
Je suis inquiet, j'ai été convoqué au bureau de la place des ensablés. Vous savez ce que cela peut vouloir dire, cependant j'ai quelque espoir que cela ne soit pas en rapport avec vous. Je vous ai écrit un plus long compte-rendu qui vous parviendra par un autre chemin plus sûr.

dimanche 12 juillet 2009


"Cher Joachim,

Je ne me rendais pas comptes à quel point j'avais changé. Cela fait maintenant plusieurs jours que je me promène au cœur de la nuit et que je me rends aux pieds des colonnes. Chaque voyage m'apporte quelque chose de différent. Ce dont je ne me doutais guère c'est que mon comportement ne pouvait passer inaperçu. Il faut dire que ce que je croyais être une bonne couverture, l'élection d'un nouveau Maître remplaçant
Notre Bienheureux Oncle de la Nation numéro Sept, Chevalier de la Bourse du Grand Savoir, qui a pris ses quartiers au Levant, ne l'est nullement. La noble assemblée qui débat au sujet de la "glossolalie" s'est mise à m'observer avec une attention des plus soutenue, et cela non dans le but de déceler un comportement inadéquat de ma part, ce qu'ils ne soupçonnaient pas du tout, mais pour obtenir des renseignements sur ce que je pensais de l'une ou l'autre des propositions qui étaient exposées. Chacun essayant d'extrapoler mes réponses ou mes attitudes. C'est ainsi que l'un d'eux , par le plus grand des hasards, a découvert mes arrivées tardives et surtout le fait que ce que je disais n'était pas exactement ce qu'il était attendu que je dise. Je ne m'en rendais pas compte du tout du fit que je parlais, ou plutôt que je pensais à haute voix. Ainsi ce que je pensais, qui eut du rester secret, se mêlait à ce que je disais. Cela eut pour résultat un fait des plus surprenant. Cet espèce de mélange de discours fort différent produisait à mon insu un langage que personne ne comprenait et qui fut très vite identifié comme un exemple parfait de "glossolalie" quand l'un des membre du groupe candidat eut l'idée géniale de penser que je parlais une langue fort méconnue et pourtant essentielle, celle que l'on nomme la langue des oiseaux. Il n'en fallu pas plus pour que ma situation se dégrade fort rapidement. Je suis devenu un vrai sujet d'étude que l'on étudie et observe sans répit. C'est peut-être la dernière lettre que je puis vous envoyer. En tous cas, pour le moins, ceci aura pour effet que pendant quelques temps vous n'aurez plus de mes nouvelles et pour ma part cela me permettra de mettre un peu d'ordre dans mes pensées qui en ont le plus grand besoin. Il faut que je me prépare à répondre aux questions du "Conseil". Ce ne sera pas chose facile, vous le savez mieux que moi.
Et lorsque j'y réfléchis, "loin de trouver en moi les torrents d'une riche élocution, j'y trouve à peine de modiques ruisseaux, je devrais dire une source si faible qu'elle ne donne que goutte à goutte, n'ai-je pas lieu d'appréhender que la frayeur ne les tarisse et ne laisse entièrement à sec mon génie troublé, qu'enfin je n'éprouve ce qui nous arrive tous les jours? Et que nous arrive-t-il? Ce que nous tenons dans la main, ce que nous serrons dans les doigts, nous échappe lorsque nous sommes effrayés, parce que la peur qui relâche nos nerfs, ôte à notre corps toute sa force." *
C'est exactement ce que j'ai vu dans l'esprit du vieillard aveugle dont je vous parlais hier.
Je crois qu'il est grand temps que je vous dise que je crois bien vous avoir croisé il y a peu... Le hasard encore une fois... peut-être."


*
PREMIER DISCOURS DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME

samedi 11 juillet 2009


"Cher Joachim,

Même si je connais votre intelligence et les capacité extraordinaires que vous avez de l'utiliser, je pense que je vais vous surprendre quelque peu. J'ai recommencé à voyager ce qui fut la cause de mon silence ces derniers jours. Cette fois je ne suis pas rentré de la nuit et c'est à peine lever du jour que je fis, discrètement mon apparition à l'Aubade du Petit Jour. La surprise que je soumets à votre perspicacité est que ma disparition est passée complètement inaperçue.
Cependant ce n'est pas avec ce fait que je pensais vous surprendre mais avec ce que je vais vous conter avec mes faibles talents. Je vous l'ai dit, j'ai marché beaucoup plus loin et je me suis approché de ce Couchant où l'homme et son chien sont sont supposés être en train de perturber les travaux de consolidation provisoire. Je voyais au loin les célèbres colonnes que je ne connaissais que par ouï dire au commencement de ma longue carrière. Il est vrai que je ressentis alors une sorte d'émotion simple mais sincère et que tout ce fatras avait fini par sombrer dans l'oubli. Pour tout vous dire, j'étais trop jeune et si j'étais troublé il faut convenir que ces excès d'humilité et de modestie y jetaient de l'embarras qui fit que le ton employé pour ma formation n'avait pas été assez ferme pour qu'il fit sur moi une impression durable. Quand je vis ces colonnes bien présentes devant moi, ce passé oublié se mit à me parler avec une force que je n'imaginais pas possible. Une de ces colonnes captait toute mon attention à tel point que les autres disparurent littéralement de mon champ de vision. Sur cette colonne était juché un vieil homme tenant en sa main droite un caillou qu'il s'apprêtait à lancer dans le vide qu'il ne pouvait regardé à cause de ses orbites vides. J'avais et j'ai toujours la certitude que ce vieil homme était aveugle. Au début j'imaginais qu'il s'agissait d'Homère. Sa main gauche, en signe d'impuissance et de pure vanité s'ouvrait au vide et au néant qui l'entourait. Ce geste ambigu m'intriguait d'autant plus que rapidement j'eus la nette sensation que l'homme debout sur cette colonne n'était autre que moi-même. Il manifestait clairement le dilemme qui agite le peu de conscience qui me reste.
Vous savez ce que l'on nous a enseigné: "Ce que vous voyez maintenant de vos propres yeux, et qui n'est que trop réel, est plus incroyable qu'un songe" *. Je ne savais plus que penser. Je regardais avec une curiosité redoublée. Que représentait ce livre ouvert derrière lui? Pourquoi son pied droit était levé au dessus d'une bête que j'identifiais d'abord comme un chien couché à ses pieds jusqu'à ce que je rectifie ma pensée en découvrant que c'était un agneau qui reposait là, sous son pied.

C'est à ce point de mes réflexions que le crépuscule me surprit et que je décidais de rentrer. En peu de jours j'avais acquis une expérience telle que j'effectuais en quelques minutes ce qui m'avait pris de longues heures les jours d'avant et c'est ainsi que je rejoignis ma demeure et que j'eus encore le temps de remettre ma moumoute et enlever ma fausse barbe pour rejoindre l'Aubade du Petit Jour ou je chantais avec un bonheur sans égal.
"Tout change avec le jour, et les choses paraissent alors ce qu'elles sont." *

Votre Isidore, qui a encore tant de choses à vous confier mais dont le temps est compté."


* PREMIER DISCOURS DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME



"Cher Joachim,

J'ai remis ça hier. Je n'ai pu résister à l'appel du large. Une fois que le Conseil fut achevé, j'ai enlevé ma moumoute et j'ai pris soin de me parer d'une fausse barbe. J'étais, je le pense sincèrement, tout -à-fait méconnaissable, à tel point que je décidais de garder mon emblème de membre du Conseil, notre cher Nœud flamboyant, afin de me prémunir contre toute arrestation surprise au cas, bien improbable mais non sans raison, où un Émissaire viendrait à passer par là. Cette fois je suis allé bien plus loin que la première et je dois vous l'avouer, j'y ai pris encore plus de plaisir. Ce n’est pas sans raison non plus que je vous raconte cette péripétie. Après avoir longuement marché et pris conscience du temps qui s'était écoulé je dus rebrousser chemin. Il fallait que je sois présent aux cérémonies de l'Aube où mon absence eut suscité de justes et dangereuses supputations. Je le regrette car, au point où j'étais arrivé, j'apercevais, certes de très loin, mais avec une netteté incroyable les Tours du Couchant. Ce fut, comme vous devez vous en douter, un moment d'intense jubilation dont je n'eus pas loisir de profiter pleinement. Il se trouve qu'aujourd’hui, à tête reposée je me demande si je ne suis un de ces impies qui ont l’audace et la témérité des barbares bravant sans vergogne l'Ordre et la Loi. Aussi suis-je au comble de la surprise , quand je met tout ceci en paralèlle avec ce vous me dites autrefois, au cours d'une réunion des plus secrètes, de voir que de tels attentats peuvent se commettre au milieu de la cité sans que personne n'en sache rien. Je tremble à l'idée que mon fondement et ma foi ne vacille et ne se mette en cours de transformation telle que je devienne le pire ennemi de tout ce que j'ai depuis toujours contribué à édifier en tant qu'Initiés aux Saints Mystères. Je n'en suis pas là encore, cher Joachim, mais il est vrai que, même si je ne sacrifie pas encore aux démons,
maintenant je doute que notre vie si dure et si austère soit la garantie de notre salut...

Serez-vous insensible à cet appel?

Bien que je commence à ne plus avoir d'illusions, je vous attend humblement.

Votre Isidor"

"Cher Joachim,

Si votre silence est inquiétant ce n'est pas parce qu'il me surprend. Votre capacité de silence était déjà connue lorsque vous étiez encore parmi nous. Ce qui me surprend est une impression très étrange, il me semble que j'entends vos réponses. Il me semble vous voir dans votre refuge, dans ce que vous appeliez "le sanctuaire", un lieu simple, farouche et sauvage où la pierre ne serait sculptée que par l'eau et le vent, bien loin de nos sages et parlantes images. Il se peut que dans votre docte folie, vous ayez eu raison, mais cette raison n'est en aucun cas applicable à la masse, vous le savez bien. Près de moi, séparés d'une simple porte entrouverte, nos doctes et sages Ministres parlent sans fin et là-bas l'homme et son chien murmurent de plus en plus fort. Je le sais, car lorsqu'il fut minuit et que la cité était endormie, hier, profitant des largesses de ma haute fonction, je me suis remis à longer les chemins de rondes. Ces longues années n'ont pas réussi à endormir les frissonnements de l'oreille et bien que nous vivions à l'opposé du couchant, bien loin du lieu où l'homme et son chien tracent leur chemin interdit, et bien que le ciel fut lourdement chargé à l'horizon j'ai perçu comme un imperceptible dialogue venu du pied de la Grande Tour dans laquelle vit celui que vous savez... Il faut que je vous dise, cher Joachim, tout le bien que cela me fit. Il me semblait rajeunir à chaque pas que je faisais. Même si je ne suis pas allé bien loin, il me semble que j'ai franchi une sorte de barrière dont je ne sais où elle mène sauf que, incontestablement, elle me rapproche de vous. Je vous l'ai dit, j'ai une sorte de sentiment bizarre qui m'envahit et que je pourrais sans doute qualifier de mystérieux. Il me semble que votre silence n'en est pas vraiment un et je me demande si mes pensées sont vraiment miennes... Je ne comprenais pas et je ne comprends toujours pas comment mes lettres vous parviennent, si tant est qu'elles vous parviennent. Je me contente de les déposer là où nous l'avions convenu. Je n'en ai aucune preuve matérielle que vous les receviez et pourtant j'en ai comme une certitude. D'où me vient-elle ? Je ne le sais. Ce que je sais, par contre, c'est que monte en moi la nécessité de le savoir. Une sorte de doute m'envahit qui me pousse à savoir. C'est nouveau pour moi. Jusqu'alors je me suis largement contenté du vaste savoir que vous m'avez inculqué et je ne me suis jamais laissé aller à manquer de mesure. Je vous laisse juge de cette infirmité. Vous savez mieux que moi où cela mène et c'est ce qui me pousse à ne pas lutter contre cette poussée. Il me semble qu'elle ne peut que me mener jusqu'à vous. J'espère simplement que cela ne me mènera pas aux extrémités que vous avez si rigoureusement appliquées à vous même... Rien que d'y penser, j'en ai froid dans le dos.

Le temps presse Joachim...

Votre Isidor"

vendredi 10 juillet 2009


"Cher Joachim,

Votre silence m'inquiète. Certes il fait partie de ce que nous construisons avec une infinie patience, mais il est des circonstances où la règle doit faire halte et laisser paraître l'exception. Je vous en prie, répondez-nous. Le temps passe et les "glossolales" avancent. Il s'en faut de peu de temps jusqu'à ce que les Émissaires ne captent ce qu'ils disent et vous seul savez ce que cela sous-entend. Croyez-moi, mettez fin à votre retraite et reprenez le flambeau de la vie. Nous avons besoin de vous. Que faut-il vous dire de plus? L'émoi qui s'étend ne fait que renforcer le bouclier qui les protègent. Déjà parmi les gardiens, il en est chez qui l'espoir d'un monde nouveau a germé. Nous ne pouvons avoir une confiance absolue. Demain il en est qui descendront rejoindre ceux qui tentent de nous rejoindre en récoltant ces poussières et ces gravats dont nous avons tant besoin. L'homme qui est à nos portes n'est que le premier. Si nous ne mettons un terme à son voyage, d'autres suivront, c'est certain. Certes tous ne seront pas "glossolale", mais le mal sera fait. Ce qu'ils sauront alors, personne ne pourra plus le leur enlever. Vous aurez remarqué que je ne puis me servir de ma plume officielle, celle qui nous fut offerte par notre très Grand. Cela est cause du modeste niveau de cette missive. Mais ne vous cachez pas derrière cette mauvaise excuse, notre cause est noble et si je ne puis vous faire parvenir qu'une triste et faible lumière c'est que je ne peux écrire que sous la dictée de notre lune. Malgré tout, je vous sais capable d'en remonter le cours... Ici les plus grands spécialistes sont réunis en cession spéciales. Il a fallu que nous fassions preuve d'originalité et de séduction pour les réunir sans que cela leur "mette la puce à l'oreille". Tous font assaut de savoir et de bienséance. La question, ils en sont certains, est du plus vif intérêt du point de vue spéculatif. Aucun d'entre eux ne se doute qu'il s'agit d'un cas concret. Tous sont persuadés que celui qui résoudra l'énigme sera élu. En effet, par le plus grand des hasards nous sommes arrivés à échéance. Notre Bienheureux Oncle de la Nation numéro Sept, Chevalier de la Bourse du Grand Savoir, a pris ses quartiers au Levant et sa plume attend son nouveau maître. Autant vous dire qu'ils oeuvrent avec une belle et fervente application. Déjà, cette noble assemblée s'est scindée en deux parts quasiment égales. D'un côté, ceux qui "y croient", et de l'autre ceux qui pensent qu'il ne peut s'agir que d'un simulacre destiné à tester le coeur de leurs pensées. À les voir et surtout à les entendre, rien ne permet de garantir que cette réunion ne soit la cause d'un mal plus grand encore....

Nous vous attendons. Qui sait si demain cela ne sera déjà trop tard ?

Votre Isidore"

"Cher Joachim,

Comme vous le savez, les devoirs que je me suis imposés s'ajoutent à ceux de ma charge, ils me prennent tous deux une attention considérable ce qui fait que je ne dispose que de très courtes plages de temps pendant lesquelles je vous écris cette lettre. Je sais qu'il y a déjà fort longtemps que j'eus du le faire. Le manque de temps dont je viens de parler n'est évidemment pas la seule cause. Je sais que mon attitude lors de votre procès ne fut pas un exemple de fraternité et que le silence dont je m'entourais alors a pu être mal interprété. Si je le rompt aujourd'hui, c'est que les circonstances m'y obligent, ce qui, sans doute, ne plaide guère en ma faveur et augmentera encore un peu les doutes qui vous habitent. Sachez seulement que tout cela est lié et que d'une certaine manière ce qui se passe est la continuation de ce qui fut alors. Il va sans dire que la condamnation dont vous fûtes l'objet ne fit que renvoyer l'échéance. Rien de tout cela n'eut avoir lieu. Et surtout pas votre propre réaction... Il n'empêche que cela a eu lieu. Pour le moment, je ne peux, de façon officielle, faire état de notre conversation, mais jevous fais promesse, dans la mesure de mes attributions et de mes mérites, de contribuer à votre réhabilitation. Avant cela, j'ai besoin de vous. Nous avons besoin de vous. Vous seul possèdez les qualités nécessaires à la résolution de notre problème. Le "glossolale", quel qu'il soit et malgré l'apparence de poésie qui s'en dégage, est un danger. Il en va de la stabilité de notre ordre. Vous seul savezde quoi il retourne et je tremble à l'idée que tout cela remonte aux oreilles de notre Bien-Aimé. Ce que je ne vous ai pas encore dit est que ce n'est pas seulement cet homme qui a ce type de si néfastes qualités, mais aussi ce chien qui l'accompagne. Et puis je dois vous dire encore, ce qui en est peut être une conséquence indirecte, que depuis peu un léger tumulte s'entend au pied des tours... Vous savez que, depuis longtemps déjà, une petite part de poussière et de gravats tombent dans les profondeurs, qui ne sont pas uniquement dû au travail normal de l'évolution. Nous savons de source certaine que certains hommes ont appris à s'en servir. Et s'il faut aussi dire que certains d'entre eux se montrent d'une habileté certaine, nous souhaitons qu'il ne s'agisse pas là d'un prélude à un nouveau soulèvement. Nous avons atteint le sommet de ce qui est matériellement accessible et nous constatons que malgré cela notre construction n'est pas finie. Avant qu'elle le soit, inexorablement, en accord avec les lois universelles qui nous gouvernent, ce qui s'est fait va se défaire. À nous de faire en sorte de freiner cette involution. Il faut que ceux qui tentent de nous en empêcher soient "punis infailliblement". Croyez-moi, Cher Joachim, il m'arrive bien souvent de penser à vous et si je suis triste de penser que ce que nous avons vécu ne puissent se réaliser à nouveau je me réjouis de ce que nous pourrions faire à nouveau.
Maladroitement, le temps presse...

Bien à vous

Isidore"

" Cher Joachim,

C'est au nom de notre ancienne amitié que je me permet de vous écrire. Nous sommes dans une situation dont l'étrangeté est au moins l'équivalente au danger qu'elle représente pour nos institutions. Ce danger n'est pourtant pas perçu pour ce qu'il est. Il est, paradoxalement, heureux qu'il en soit ainsi. Je n'ose imaginer la panique qui pourrait résulter d'une juste et objective analyse de la situation. Un homme accompagné de son chien a pénétré dans l'enceinte sacrée et s'approche dangereusement de la clôture. Comment est-il arrivé? Nous ne le savons pas encore. Il a déjoué tous nos systèmes de surveillance. Il aurait profité pour cela d'une situation météorologique tout-à-fait exceptionnelle. De même, nous ne savons pas qui il est, mais il semble qu'il soit de la maison. Si ce que je pense et que je ne puis écrire s'avère exact, vous le connaissez mieux que nous. Enfin, je devrais dire que vous le connaissiez, car nos dossiers nous signalent qu'il est passé pour toujours de l'autre côté. Le plus inquiétant n'est pourtant pas ce qui résulte de cette situation embarrassante, il consiste dans le fait, connu de moi seul, que cet homme pratique couramment ce que certains appelleront sans aucun doute la "glossolalie". Vous imaginez, vous qui êtes le plus fidèle gardien de nos croyances, ce qui pourrait advenir si, par le plus funeste des hasards, notre peuple bien-aimé en venait à connaître ce miracle malfaisant. Cher Joachim, je dois reporter la suite de cette lettre à plus tard, de nouveaux faits me parviennent qui me demande une réelle et active participation."


jeudi 9 juillet 2009

- Comment sont-ils arrivés jusque là et pourquoi les émissaires ne les ont-ils pas signalés au gardiens?
- Il semble qu'un nuage les protège. Quant au comment , nous l'ignorons encore, mais nous savons qui est cet homme...
- Alors?
- C'est l'un des nôtres...

- Qui?
- Pour l'instant nous n'avons que son matricule.
- Cela veut dire?
- ...qu'il n'est plus...
- Avant de finir votre lamentable discours, dont vous aurez à rendre comptes plus tard, il faut d'urgence en voyer quelqu'un pour les arrêter avec savoir-faire! Trouvez Joachim et faites le venir sur le champ!

mercredi 8 juillet 2009


- Monsieur, on me signale une double présence que je qualifierai de préoccupante dans les échafaudages.
- Voulez-vous me préciser la nature de ces préoccupations ?
- Eh bien, Monsieur, l'homme qui s'y promène, si puis dire, accompagné de son chien, nous semble être un de ces illuminés dont nous parlions il y a peu.
- Vous plaisantez, je suppose.
- Vous supposez mal, Monsieur, si vous me permettez de le dire, jamais je ne me le permettrai.
- Où se trouvent-ils?
- Dans l'aile ouest, Monsieur.

lundi 6 juillet 2009


- D'où vient cette scie?
- Je vous l'ai dit, mais vous ne m'écoutez pas. Vous prétendiez avoir peur du vide, or ce vide ne vous est pas accessible.
- Quel rapport cela a-t-il avec cette scie?

dimanche 5 juillet 2009


- Le vide dont vous parlez n'existe pas.
- C'est bien vite dit et si je me laisse aller, vous me verriez bien m'envoler comme une pierre et rejoindre ces profondeurs dont nous sommes issus.
- Vous progressez... Je vois que la distance qui nous sépare s'est légèrement réduite.
- Vous ne m'avez pas répondu.
- À quel sujet?
- Au sujet de cet Antonin que vous n'avez cessé de réciter pendant une grande partie de notre voyage.

- Ce qui importe est ce que vous entendez et non ce que je vous dis.
- Expliquez-moi cela?
- Il y a, d'un côté, ce que je dis, et il y a, d'un autre côté, ce que vous entendez. Entre les deux côtés, ce que je vous dis voyage dans l'espace que nous partageons. Ici le mot partage a plusieurs sens distincts et même opposés. Dans le sens commun il signifie que nous sommes dans le même espace, un espace pour deux, mais en même temps ce mot signifie clairement que cet espace est partagé, coupé, séparé. Partager c'est diviser en parts.
- Cela me paraît bien compliqué...
- Et pourtant vous utilisez constamment ce type de propositions. Ce qui est compliqué se trouve dans votre cerveau.
- Mais je ne peux, ni ne veux l'analyser sans cesse et probablement pour rien. Le sens commun me suffit amplement. À quoi cela peut-il être utile de tout vouloir analyser?
- Je ne veux pas tout analyser et je vous ferais remarquer avec gentillesse que j'essaie , vainement pour l'instant, de simplement répondre a vos questions et
éventuellement d'en démontrer l'utilité..
- Simplement, simplement... je n'ai pas cette impression et ce n'est pas avec des mots que je puis construire cette vaniteuse colonne qui me ramènerait jusqu'à vous.
- Il se peut que vous vous trompiez. D'une part, cette colonne n'a pas pour fonction de vous amener jusqu'à moi, mais de vous emmener avec moi où nous allons. Je reprends mon explication là où vous l'aviez interrompue et, pour cette fois, laissez moi vous en faire part jusqu'au bout!
- Vous en faire part...
- Je vous disais que les mots qui se forment dans ma bouche ne sont en fait pas des mots. Ce sont des entités physiques assez rudimentaires. De simples vibrations mises en mouvement par l'air que nous expirons et qui voyagent dans cet espace dont je vous disais que nous le partagions. Ces vibrations ne sont pas des mots. Ce ne sont que des vibrations. Regardez bien autour de vous. Nous ne sommes pas seuls et tout est vibrations...
- Vous êtes complètement fada et bargeot et vous ne m'avez toujours rien dit à propos d'Antonin!

samedi 4 juillet 2009


- Où étions-nous?
- Nous n'avons jamais cessé d'être présent.
- J'ai eu l'impression d'une longue absence et il me semble aussi que vous en avez profité pour vous changer.
- Sur ce pont vous avez raison. Il se peut même que vous ayez deux fois raisons.
- Comment cela?
- Je crois que vous aviez en tête le changement de vêtement que j'ai effectué. Mais le principal changement n'est pas celui-là.
- Et quel est donc ce changement?
- Un changement plus discret , plus intérieur et dont je peine à parler. Venez il est grand temps de partir.
- Il me semble injuste de formuler quelque chose d'aussi vague et de vouloir s'éclipser juste après. Vous me devez des explications ou alors vous auriez du vous taire.
- La colère est mauvaise passagère, je vous l'ai dit, venez et prenez garde où vous mettez les pieds.
- Dois-je comprendre qu'il faille vous rejoindre sur votre colonne?
- Vous avez le choix.
- Quel choix?
- Continuer l'édification de la votre ou me rejoindre sur la mienne.
- Quel serait votre conseil, en admettant que je vous en demande un ?
- Il me semble que c'est fait.
- Non, c'était une simple supposition.
- Pourquoi hésitez-vous ?
- Je crois que vous vous méprenez sur le sens de cette hésitation. Il est simplement vrai que je ne sais quel travail effectuer pour construire... et puis je dois vous l'avouer j'ai peur de tout ce vide qui nous entoure !

vendredi 3 juillet 2009

jeudi 2 juillet 2009


"Ne vous étonnez pas de voir des personnes simples croire sans raisonnement."

PASCAL