mardi 28 septembre 2010

- À quoi jouerons-nous?


- À quoi jouerons-nous aujourd'hui ?
- Cela ne dépend pas de nous. Il faudra voir.
- Que devrons-nous voir?
- Ce qui se passera.

jeudi 23 septembre 2010

Les mots creux travaillent selon leur nature. Ils creusent inlassablement des galeries invisibles. L'imprévoyant passant, au premier pas, dans ces abîmes disparaîtra.

samedi 4 septembre 2010

Strates

Le fou ne sait résister longuement aux appels incessants de la vérité.
- Je ne puis m'empêcher de dire ce qui doit être dit. Je n'ai de respect que pour ce qui est vraiment et non à ce qui ne peut s'entendre qu'avec l'aide de la croyance.
Du fait de sa mauvaise conduite, il n'est guère plus aisé de retrouver le moindre portrait de lui qu'il n'est plus facile de trouver sa propre image au premier instant. Le seul qui nous soit connu et connut de nous seulement est inséré dans un ouvrage publié autrefois pour l'agrément du roi. Il est aujourd'hui échoué à l'ombre des colonnes sur un lit de poussière dansante sous une sobre tenture couleur d'azur. L'impénétrable danse soulève, charme et chahute l'imagination. Les regards se posent, se soulèvent et balayent les strates irritées de la patience comme celles, irisées, des passions souveraines.

mercredi 1 septembre 2010

Le fou:
- Ainsi, comme une image, casser l'esprit du discours moelleux fait entendre dans les brisures, une parmi d'autres, la question suivante:
- Êtes-vous un tableau ?

Le Roi:
- Comment répondre à une question aussi bizarre ?

Le fou:
- Peu importe, aussitôt il rend les yeux aveugles au fait que nous ne sommes plus dans la chose vue. L’image, l’objet et les yeux ont un rendez-vous. Ils seront vu et observés à leur tour.
- De qui parlez-vous?

Le fou, esquivant la question:
- Peuvent-ils arriver à un accord?

Le Roi, profitant du petit silence dans l'air en suspension qui suit l'interrogation:
- ... je crois que vous êtes fou, vraiment.

Le fou:
- Certes, je le suis si vous le dites, mais je ne le suis pas sans raison. Je ne le suis pas depuis toujours et puis j'ai étudié la vie et j’ai lu dans la loi:
«L’homme caresse de ses doigts le petit bosquet de poils qui caressent la toile enchâssée. Le bois grince doucement mais soutient ce qui sur lui est étendu. L’infime trace des caresses et d’audacieux coups de pinceaux engendrent un inconnu dont la naissance est saluée par un premier cri.» Depuis ce jour, tout prend sens et rien ne peut se perdre.

Le Roi, entre amusement et désespoir:
- Vous avez pourtant perdu la raison...

Le fou:
- L'important ne dépend pas de ce fait, plutôt banal à mes sens. La question qui se pose, comme l'autour sur sa proie déjà morte, n'est pas tout autour de nous, mais en nous. Et l'autorité de la réponse dépend de la manière dont elle se pose, elle aussi. Je vous mets en garde, Sire, de ne pas compter sur nous pour édulcorer. Saupoudrer légèrement les sens profonds que que nous révèle la blanche préparation ne fait que l'embrumer.

Le Roi:
- Je ne vois pas de quoi vous parlez, vous m'échauffez et je crois sincèrement que vous commencez à m'énerver...

Le fou, à voix basse:
Pour lui-même à basse voix:
- Si dans cette direction je vais, pour de mauvaises raisons que je ne puis lui exposer, c'est sûr, je perdrais la tête.

Le fou, à voix haute:
- Sire, mon Bonhomme, vous avez quelques raisons de craindre mon trouble visage, je vais essayer d'être clair. Retenez seulement ceci, une image passe de l’esprit tracé dans l’argile aux tourments du lecteur et pose la question suivantes:
Prenez, je vous prie, une peinture sur laquelle un verre a un rendez-vous avec les yeux. Que fera ce verre ?
Je vous épargne les tourments d'une longue réflexion, il fera ce qui est dans son rôle: il désaltère ou il déforme. Cela se voit à la cuillère brisée qui mélange ce qui ne peut être vu. Sel et sucre dans l’œil se confondent, abusant au passage nos sens limités et franchissant des bornes qu’ils ne savent respecter. Que font nos yeux littéralement ahuris?
J'enchaîne. Donc, j’étais à l’école et dans la vie, dans le droit chemin de la défloration toute entière contenue dans la déclaration de principe soutenu par notre vénérable institution:
«Ce qui n’est pas toutes les parties de nous, n’est-ce rien?»
Son fonctionnement dépend-il de nous pour accéder aux mouvances profondes de l’édulcoration? Son travail dépend-il du rire et de ses édulcorants?
Comme si le sens profond de ce que nous apprenons dépendait de la préparation du sel et du juste dosage du sucre ou comment le sens profond de la préparation de la fosse se dévoile à mesure que nous creusons dans les vagues accords et que dans le ciel s’évaporent les dernières vapeurs pendant que les yeux pleurent. Des larmes colonisent l’eau à peine désalée. Les désirs succèdent au désir... Une petite goutte d’eau dans l’océan posé sur la plage se retient.
La seule part de réalité que je puis toucher se résume à des traces qui font plus ou moins sens selon que œil qui la déchiffre, puis qui l’interprète, soit suffisamment exercé et capable de s’abstraire des émotions que ces traces peuvent provoquer.
Le petit Roi dort depuis longtemps déjà et frissonne de temps à autre.