mardi 31 mai 2016

31 mai 2016 (142)

Divine providence
 Épisode 142



Tout se mélangeait dans ma tête. J'en étais à me demander si j'avais rêvé ou... pire encore...
Je revoyais ce petit être qui me tendait les bras... Il fallait que je me secoue.




La dernière scène dont je me souvenais était son visage. Un curieux mélange de joie et de tristesse. Un petit sourire discret et une larme... dont je ne pouvais comprendre la cause. Pas encore...


À mon réveil, il était debout devant moi. Je vis dans l'une de ses mains un objet que je connaissais. Je reconnaissais ma flèche. Comment pouvait-elle être arrivée entre ses mains ? À l'évidence, je dus reconnaître que j'avais peur et mon corps se serait vidé s'il ne m'était resté un minimum de décence. Je ne voulais pas perdre la face devant Illusion qu'il avait relâché pour me tendre sa main. Qu'aurait-elle pensé de moi? Cependant la petite chienne n'était plus là... et ma propre odeur se mêla aux odeur de fruits trop mûrs du géant. Un vrai cauchemar...

lundi 30 mai 2016

30 mai 2016 (141)

Divine providence
 Épisode 141



Des effluves de framboise venues de la mer se mirent à flotter devant nous. Je sombrais dans un léger sommeil. Lorsque je rouvris les yeux, j'eus un choc. Un homme était en train de suspendre une poupée au sein de ma compagne endormie. J'allais pousser un cri...




... lorsqu'une odeur écœurante me fit perdre l'équilibre et me mis à terre. L'homme au manteau rouge n'était pas une invention pour faire peur aux enfants. En moins de temps qu'il ne faut le dire, sa réalité ne fit plus aucun doute et j'étais passé directement du paradis en enfer... et si j'eus pu ouvrir les yeux...
Le monstre tenait Illusion par la queue. Elle gigotait dans tous les  sens en gémissant. Ce furent ces petits cris...

dimanche 29 mai 2016

29 mai 2016 (140)

Divine providence
 Épisode 140


 
– Laissons cela un instant, me dit Illusion.
D'un geste délicat, elle me fit découvrir l'intérieur de ma tente. Elle était là, immobile et lointaine. Elle tenait entre ses bras, un petit encore tout rosé qu'elle allaitait. 




Sans rien dire, le plus naturellement du monde, je m'asseyais à côté d'eux. Elle ne manifesta rien. S'il n'y avait eu la curiosité du petit, on se serait cru dans une image.

samedi 28 mai 2016

28 mai 2016 (139)

Divine providence
 Épisode 139


 
L'homme au manteau rouge est le gardien de l'île. C'est un homme très dangereux, non parce qu'il est fou, mais parce qu'il ne l'est pas complètement. On raconte que la couleur de son manteau n'est pas le fruit du hasard mais de la pulpe de ses victimes. Fais bien attention à lui, son sourire et son air paternel sont des pièges. Malgré ce que disent les légendes, il ne fait pas vraiment de cadeau... 


L'arme préférée et peut-être la plus efficace d l'homme au manteau rouge va te surprendre et peut-être te faire sourire,. Méfie-toi, c'est justement comme cela que le piège se met en place. Quand il va l'utiliser, il écarte les bras. Tu remarqueras qu'il porte un manteau à canons sciés qui lui découvre généreusement ses aisselles. D'un subtil et quasi invisible frémissement des bras, il met en route le processus. Des glandes très spéciales que lui seul possède se dégagent alors une odeur. Une odeur très sucrée qui rappelle la barbe à papa parfumée, selon les jours à la fraise ou à la framboise. Je te vois sourire, tu ne devrais pas. L'odeur ainsi générée sera guidée de sa main gauche qui tient une très longue flèche qu'il dit être en ivoire et qu'il aurait fabriquée de ses mains nues en l'arrachant des entrailles d'un monstre des profondeurs... Je te laisse imaginer la cervelle du bonhomme !

vendredi 27 mai 2016

27 mai (138)

Divine providence
 Épisode 138


 
– Aussi vrai que je m'appelle Illusion, compagnon du commissaire Aigrelaid. Et plus précisément commissaire M. Aigrelaid...
Elle s'arrêta un instant en tendant vers un sourire à demi narquois, ou à demi soupçonneux, pour voir si je suivais.
– C'était un homme un homme tout ce qu'il y a de plus banal, sans complaisance, ascétique même, tournant le dos à l'anecdote et voué à l'essentiel. Sans trêve et sans fin, ne recherchant que l'ordre...
Tu te doutes bien que mon intervention n'a rien de littéraire. S'il ne tenait qu'à moi, cette histoire prendrait fin ici-même. Mais il y a plus important que moi et l'important, rien que l'important, ne devrait compter pour toi. Et cet important, que tu sembles avoir oublié, c'est la vérité et la justice... Hors cette histoire est truffée, farcie de stupidité. Cela ne serait pas grave en soi si elle ne se fondait sur des faits bien plus inquiétants...
– Tu ne doutes pas que l'île située juste à côté de la nôtre est une île bien particulière. Elle est gardée par l'homme au manteau rouge... qui est à la solde, comme je te l'ai déjà dit, d'un prince très puissant. Enfin, selon certains points de vue...

jeudi 26 mai 2016

26 mai 2016 (137)

Divine providence
 Épisode 137


 
Brusquement une image vint se superposer à ce que j'avais sous les yeux, elle me fit peur. Quand la femme, épuisée, reposa sa tête, deux mains se saisirent de l'enfant... Je sursautais.
– Pourquoi as-tu peur pour cet enfant, me demanda Illusion avec un brin de malice ?
Le son de la voix avait fait disparaître la vision.
Je rassemblais mes esprits et réalisais alors que j'avais dormi pendant plus de temps que je ne le pensais. Si, comme me l'avait laissé entendre Illusion tout-à-l'heure, j'étais arrivé ici, il y a neuf mois...cela signifierait que...







- Il est grand temps que quelqu'un de censé intervienne dans cette histoire, me dit fermement Illusion en me regardant bien dans les yeux. Puis, tout en se positionnant avec une sorte d'exactitude à l'endroit même où l'ombre et la lumière se séparaient, elle se pencha en avant, se mit à battre une sorte de mesure avec sa queue...
Nous éclatâmes de rire exactement au même instant. Un peu de notre amitié était en train de renaître qui me faisait oublier un peu de la tristesse et de l'inquiétude qui me rongeait depuis trop longtemps.

mercredi 25 mai 2016

25 mai 2016 (136)

Divine providence
 Épisode 136


 
Sachant qu'Illusion était capable de voir ce que j'avais en tête, j'hésitais à faire apparaître ces images que je chérissais et qui n'appartiennent qu'à moi. Celles de ce temps pas si lointain où je l'avais rencontrée. Elle était là, souriant près de moi, pendant que mon corps brûlait. Je me souviens des ses mains si douces, de son envoûtant parfum... Il fallait que je fasse silence, Illusion avait su m'en convaincre, et cela sans un mot. Elle me dit de faire confiance à l'alliance...Je trouvais cela bizarre, mais je n'avais guère le choix...


mardi 24 mai 2016

24 mai 2016 (135)

Divine providence
 Épisode 135


Illusion s'était tue, elle avait fermé les yeux. Elle semblait troublée. Je fermais les yeux à mon tour. Les images que je voyais baignaient dans une lumière bleue, irréelle.
– Ce que tu vois, je le vois aussi, me dit-elle... Mais je les vois moins bien que toi. Sais-tu qui était cette femme ?
 




Je ne le savais pas mais ces images bleues me rappelait beaucoup de souvenirs que je croyais appartenir au monde des rêves...
– Sais-tu qui est cet enfant que la mer emporte ?

lundi 23 mai 2016

23 mai 2016 (134)

Divine providence
 Épisode 134



 – Pour répondre à ta première interrogation que tu as su ne pas formuler, je te répondrais ceci : il y a, pas très loin d'ici une île à peu près semblable à celle-ci. Cette île est la propriété d'un prince très puissant. Il y a secrètement fait emmener...


 

– J'ai une bonne nouvelle pour toi, pendant que nous parlons, non loin de là, seule au bord la plage, une jeune femme, que rien n'a préparé, met au monde un enfant avec étonnement.

dimanche 22 mai 2016

22 mai 2016 (133)

Divine providence
 Épisode 133



 - Chaque jour, en toute discrétion, elles venaient te soigner et veiller sur toi.
Naturellement je brûlais de savoir qui étaient ces personnes dont elle parlait, mais un pacte avait été scellé : je ne devais en aucun cas interrompre le récit d'Illusion.
- Ce sont elles qui, pour te protéger des rayons du soleil, avaient fait ériger cette tente qui t'abrite aujourd'hui encore.


 

Au péril de leurs vies, pendant plusieurs jours, elles se relayèrent nuits et jours au chevet de ton corps...

samedi 21 mai 2016

21 mai 2016 (132)

Divine providence
 Épisode 132



Une fois suffisamment mise en confiance et qu'elle eut accepté de me raconter ce que je ne pouvais savoir, lentement, sans geste brusque, je m'assis à distance raisonnable. Elle fit pareil. J'étais dans l'ombre. Elle parlait en pleine lumière.


 

Et ce qu'elle me raconta me surpris bien au-delà de ce que je puis vous dire...
– Le jour où tu es arrivé ici, tiré par ce petit bonhomme étrange qui me fut confié, le ciel avait pris des couleurs rougeâtre. Tout le monde, ici, savait que quelque chose d'inhabituel allait arriver. Chacun de nous, en te voyant, avait pensé la même chose : il est sûrement mort d'insolation. Le ciel doit être fâché contre nous... Et, pourtant, malgré ces signes, elles t'ont accueilli... 

vendredi 20 mai 2016

20 mai 2016 (131)

Divine providence
 Épisode 131



Progressivement, chaque jour la lumière baissait et pourtant chaque jour apportait une lumière nouvelle et je découvrais quelque chose que je ne comprenais pas. Mais Illusion restait dans l'ombre...


Et puis, enfin, alors même que je n'avais plus l'espoir qu'elle revînt, je la vis dans mon sommeil. Elle se tenait devant moi. Sans ouvrir les yeux et sans bouger, je me mis à lui parler doucement. Je ne savais pas si je rêvais ou si je ne dormais que d'un œil...  C'était sans importance. Je lui dis que je regrettais sincèrement de m'être laissé emporter par ma colère. 

jeudi 19 mai 2016

19 mai 2016 (130)

Divine providence
 Épisode 130



J'essayais de vaincre mes appréhensions. Je n'arrivais pas à planter l'aiguille que j'avais taillée dans une arête de poisson dans la matière délicate de mon infortuné compagnon. J'avais beau savoir que ce n'était que la couture, certes grossière, que ce n'était qu'une poupée de chiffon, mais je ne pouvais m'empêcher de tremblais. Ce tremblement fut pour quelque parts à l'origine du tressaillement de la poupée. Elle bougeait, peu importe pour quelles raisons, cela fit revivre en moi des sentiments que je croyais mort. C'est le moment qu’aurait dû choisir Illusion pour faire sa réapparition...  Je le souhaitais ardemment...

Chaque jour la lumière baissait et pourtant chaque jour je découvrais quelque chose que je ne comprenais pas. Illusion restait dans l'ombre...

mercredi 18 mai 2016

18 mai 2016 (129)

Divine providence
 Épisode 129



J'allais regretter longtemps ce geste excessif. Qui allait me raconter ce qui m'était arrivé depuis de si long mois que j'étais arrivé ici ?
Je crois bien que si j'avais incapable d'accepter la vision de cette poupée dans la gueule du chien, c'est à cause de la confusion qui avait lieu dans mon esprit. Je savais fort quels types de relations s'étaient installés entre eux et moi. Je savais fort bien que l'un et l'autre n'avait de langages que le leur et qu'aucun des deux ne pouvaient parler comme moi. Les mots qu'elles prononçaient étaient, d'une certaine manière, les miens et je ne l'ignorais pas entièrement. Je dis bien pas entièrement car il me faut l'admettre, quelque chose me dépassait et je savais que sans cette relation une partie de l'histoire m'aurait échappé. Mais jusque là ces relations étaient restées séparées. Rien ne les reliaient... Or la chienne, fidèle à sa nature de chien avait fait ce qui lui était naturel de faire. J'avais donc été bien plus loin que ce que pensais dans ma relation avec elle... or c'est elle qui fit les frais de cette erreur... 
Je l'appelais sans relâche... bien longtemps sur la petite île dont je fis le tour bien des fois, elle demeura invisible...



Pendant des jours elle resta cachée. Je ne me faisais plus d'illusion. J'en arrivais au point que je m'imaginais la voyant nager vers une de ces autres îles que je savais si proche. Qui trace ces chemins, le plus souvent invisibles, qu'ils nous arrive d'emprunter sans même avoir l'idée qu'un jour peut-être, il faudra les rendre?

mardi 17 mai 2016

17 mai 2016 (128)

Divine providence
 Épisode 128



Quand elle revint je compris pourquoi elle arborait cet air joyeux... Elle ne compris pas l'air mauvais qui avait pris possession de moi... L'incompréhension et la colère furent profondes et mutuelles bien que différées... Je crois bien que j'étais incapable d'accepter la vision de cette poupée dans la gueule du chien.

lundi 16 mai 2016

16 mai 2016 (127)

Divine providence
 Épisode 127


Au fond de chaque image, comme sur le pas d'une porte,
filtre une lumière cherchant dans l'obscurité.


 – Tu parles, toi ?...
– Bien sûr que je parle, depuis que tu es arrivé, il y a de cela à peu près neuf mois, tu ne fais que dormir. Je passe mon temps à te veiller et je dois bien l'avouer, le temps passe lentement. Alors je me suis mis à la lecture, oh attention, au début ce n'était que par la bande... C'est ainsi que j'ai fait la connaissance du chat du rabbin*. Il m'a fait prendre conscience de mes limites. Et ces limites, comme les tiennes, étaient bien plus grandes que ce que je pouvais imaginer...
Je le pris dans mes bras et nous nous embrassâmes.



Je lui racontais toute l'histoire que vous connaissez déjà. Je ne sais s'il y pris plaisir, mais il écoutait avec grande attention. C'était merveille de le voir si concentré et bienveillant... Quand je lui demandais ce qu'il était advenu de mon nouveau compagnon que je lui décris avec force détails il partit comme une fusée... Il avait l'air d'avoir très bien compris de quoi je parlais et paraissait bien joyeux.



* Le Chat du Rabbin
De Johann Sfar chez Dargaud

dimanche 15 mai 2016

15 mai 2016 (126)

Divine providence
 Épisode 126


Au fond de chaque image, comme sur le pas d'une porte,
filtre une lumière cherchant dans l'obscurité.

Accablé par la fatigue et les coups de soleil, le commissaire s'évanouit et tombe...

 

Lorsque je m'éveillais, j'eus l'agréable surprise de constater que mon rêve ressemblait, un peu, à la réalité. C'était bien "Illusion", mon brave compagnon que je n'avais vu depuis si longtemps qui me réveillait à coup de langue.
- Eh bien ! Il est temps que tu te réveilles...
Je ne me souvenais pas que je puisses parler avec mon chien, mais il s'était déjà passé tant de choses...

samedi 14 mai 2016

14 mai 2016 (125)

Divine providence
 Épisode 125



Son regard est celui d’un enfant…

 

Il... je commençais à oublier qu'il s'agissait d'une poupée... ou elle me traîna plus que je ne me traînais jusqu'à cette île dont je n'attendais plus rien. Sous le soleil, mon corps était devenu rouge à force d'être exposé...

vendredi 13 mai 2016

13 mai 2016 (124)

Divine providence
 Épisode 124



 – Voyez tous ces regards qui sur nous se concentrent?
 Entendez-vous ces pensées qui en dehors de nous prennent formes?
Saurez-vous un jour qui de nous en est l’auteur?

 
Naturellement, vous l'avez deviné, ce qui devait arrivé arriva : une île en tous points pareils à celle que nous avions quitté... Je m'effondrais. Le soleil me tapait sur le système . De quoi avais-je l'air ? J'avais soif... Lui, si c'est mon compagnon, ou elle, si c'est une poupée ou une marionnette, me chuchota quelques mots à l'oreille. Je n'y croyais guère mais cela fit renaître, malgré moi, une certaine forme d'espoir.

jeudi 12 mai 2016

12 mai 2016 (123)

Divine providence
 Épisode 122



– En ce temps-là…
En ce temps -là, un autre temps est entré qui y est enfermé.



 
Mon compagnon se montra à nouveau d'un vivacité tout-à-fait exceptionnelle pour sa très petite taille. De plus il faisait preuve d'une bonne humeur sans pareille qui ne se manifestait que par ses mouvements harmonieux. On eut dit un danseur. J'avais de la peine à le suivre. Ce qui me mit d'humeur déplaisante d'autant plus qu'était apparue sur son visage, d'ordinaire impassible, une sorte de sourire... 

mercredi 11 mai 2016

11 mai 2016 (122)

Divine providence
 Épisode 122



 
Il ne me vint pas à l'idée que non seulement j'avais changé, mais de plus, j'étais complètement nu. Chose à laquelle je ne pouvais remédier. Une certaine forme de connivence s'installa entre nous. Ce fut lui qui découvrit que le mince chemin de sable par lequel j'étais venu, avait disparu, mais il était réapparu de l'autre côté. Il me suggérait avec insistance de reprendre la route...


La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions “L’homme pieux et l’athée parlent toujours de religion :

l’un parle de ce qu’il aime, et l’autre ce qu’il craint.”*

* Montesquieu

mardi 10 mai 2016

10 mai 2016 (121)

Divine providence
 Épisode 121




 – Comme parfois me le récitait mon maître :

“C’est un malheur qu’il y a trop peu d’intervalles
entre le temps où l’on est trop jeune,
et le temps où l’on est trop vieux.”
Montesquieu

 
Le ciel ne me trompait pas. Quelque chose n'allait pas. C'était, à n'en pas douter, mon petit compagnon de voyage qui était assis là à mes côtés. J'avais de la peine à comprendre comment il avait pu arriver là. Le problème était qu'il semblait ne pas me connaître. Nous parlâmes un peu. J'abordais avec délicatesse certains détails de nos aventures et notamment la vaillance dont il fit preuve lors de l'accostage aérien du château, mais il semblait réellement ne rien comprendre de je lui disais. De plus, je doutais d plus en plus, malgré l'évidence, que ce fût lui. Peut-être était-ce l'effet de la distance qu'il avait vis-à-vis de moi, mais je n'éprouvais pas pour les mêmes sentiments que pour l'autre. J'étais obligé de contourner les mots, ce qui ne me plaisait guère, pour parler de lui. Je ne lui avais pas donné de nom après notre séparation. Durant les événements, il ne m'avait pas donné le sien pas plus que je ne lui avais donné le mien.


La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions “L’homme pieux et l’athée parlent toujours de religion :

l’un parle de ce qu’il aime, et l’autre ce qu’il craint.”*

* Montesquieu

lundi 9 mai 2016

9 mai 2016 (120)

Divine providence
 Épisode 120


 – Comme parfois me le récitait mon maître :

Lait noir de l'aube nous le buvons le soir
nous le buvons midi et matin nous le buvons
la nuit
nous buvons nous buvons
nous creusons une tombe dans les airs on n'y
est pas couché à l'étroit

Paul Celan

 
Le lendemain, je fus fort surpris d'entendre une petite voix qu'il me semblait connaître. Je n'y prêtais guère attention, pensant que mon esprit, dérangé par les folies du ciel, me trompait.


La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions “Il n’y a point de plus cruelle tyrannie

que celle que l’on exerce à l’ombre des lois
et avec les couleurs de la justice.”*

* Montesquieu

dimanche 8 mai 2016

8 mai 2016 (119)

Divine providence
 Épisode 119



 – Comme parfois me le récitait mon maître :
Ce qui maintenant s'enfonce et soulève
vaut pour l'Enseveli au plus intime :
embrasse, aveugle, comme le regard
que nous échangeons, le temps sur la bouche.

Paul Celan

 

Au loin... toujours et encore... une île. Une île pareille à toutes celles que je connaissais. Un murmure de révolte gronde au fond de moi bientôt couvert pas les grondement du ciel. Je n'avais guère d'alternatives..



En regardant le spectacle de cette colère je fus tenté de me laisser aller, de profiter de cette démesure pour me fabriquer un destin grandiose. Une mort splendide. Mais cela ne dura guère non pour une quelconque raison qui vint de mon esprit mais parce que la peur avait repris le dessus.


La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "À mesure que l'on va loin, la connaissance baisse.."*


* Lao Tseu

samedi 7 mai 2016

7 mai 2016 (118)

Divine providence
 Épisode 118




 – Comme me le récitait mon maître :
Des régions les plus lointaines de l’esprit peuvent arriver des mots et des formes, des images et des gestes, voilés comme dans un rêve et comme dans un rêve dévoilés ; quand ils se rencontrent en pleine course, et que naît l’étincelle du merveilleux, […] je fixe la clarté nouvelle dans les yeux. 

Paul Cela, Le Méridien

 
Je me mis à gravir le plus haut sommet. Ce fut une bien agréable surprise de constater depuis là-haut qu'une minuscule bande de sable s'éloignait de l'arrière de "mon île". C'était comme une route rejoignant l'horizon.


Ce qui n'allait pas tarder à arriver, au vu du ciel et de la mer... Ils forcissaient et je fatiguais. Il ne m'était guère loisible de philosopher....


La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "À mesure que l'on va loin, la connaissance baisse.."*


* Lao Tseu

vendredi 6 mai 2016

6 mai 2016 (117)

Divine providence
 Épisode 117




 – Comme me le récitait mon maître :

Fais que ton œil dans la chambre soit une bougie,
ton regard une mèche,
fais-moi assez aveugle
pour l’allumer.
Paul Celan

 
Je me mis à gravir le plus haut sommet. Ce fut une bien agréable surprise de constater depuis là-haut qu'une minuscule bande de sable s'éloignait de l'arrière de "mon île". C'était comme une route rejoignant l'horizon.


 N'écoutant que mon espoir, je laissais tout sur le champ. Je courais avant la marée que je savais sans pitié.


La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "S'il y a des hommes dont le ridicule n'ait jamais paru, c'est qu'on ne l'a pas bien cherché."*


* François La Rochefoucauld