samedi 30 juin 2007

Sans l'avoir jamais vue






Les préparatifs du pastiche allaient bon train. Chacun se recueillait du mieux qu'il pouvait. Encore un effort partiellement digne de considération, et les trajets ludiques de la bouche jusqu'aux oreilles se poursuivant, et l'image bientôt sera presque parfaite.
– Pour la dernière fois, peut-être.
– Si cela était, je mourrai sans l'avoir jamais vue.
– Comment cela ?
– Je suis aveugle et vous ne vous en êtes jamais aperçu.
– Comment l'aurais-je pu et comment puis-je être sûr que vous l'êtes?

- Je le sais. Cependant, je vous ferais gentiment remarquer que, pour quelqu'un d'attentif, chaque jour jour qui passe diminue régulièrement et ce malgré l'arrestation. Il semble que ce ne soit qu'un vulgaire mouton et qu'il n'ait, en conformité avec le caractère de ses congénères, opposé aucune résistance à son arrestation. Il semble même avoir pris plaisir à ce qu'il considérerait comme un voyage.
La profondeur des propos n'atteignait guère la profondeur de l'absence.

- Nous conversons. Fort bien. Mais imaginez un instant que l'on nous écoute. Il se peut que nos paroles apparaîtraient comme totalement hermétique et quelque peu décousues. Un dialogue de sourds en quelque sorte... Vous me paraissez absent. M'entendez-vous ?
L'irrésistible force de la curiosité, mêlée à celle d'une raison inconnue, s’incite elle-même, se vivifie entièrement jusqu'à ce qu'une décision irrémédiable soit prise.
- J'ai quelque chose à faire qui ne souffre de perdre du temps. Savez-vous que l'on a arrêté le voleur de temps ?

- Pas pour le moment.
Eclectique méditation, résultat de l’emploi incomplet et délictueux de cette si vivante faculté d'empathie :
- Qu'en est-il de cette catastrophe dont vous m'avez parlé ?
La réponse fuse d'autant plus qu'elle paraît inadaptée.
- Je comprends mieux pourquoi le roi n'apparaît plus. C'est grande chance que les carottes nous aient été données.
- Je ne comprends presque rien à ce que vous me dîtes et je dois avouer, sauf votre respect, que cela m'excite autant que cela m'irrite.

vendredi 29 juin 2007


- Je veux dire que dans ce monde apparemment vide on peut si l'on tend suffisamment l'oreille y entendre une sorte de présence.
- Vous plaisantez ? Je suppose. Et puis, quel serait cette catastrophe dont vous m'avez parlé ?

- Mais alors, vous n'êtes pas sorti d'ici.
- Je vous dis que si. J'ai visité le domaine interdit.
Défini et multiforme.
- Vous avez fait cela et vous n'êtes ni mort, ni blessé, ni puni...
- Sans aucun doute, c'est une vraie catastrophe...
- Que voulez-vous dire par là ?

jeudi 28 juin 2007


Incertaines et répétitives inconséquences...
- De celle dont on ne revient pas ?
... Infinies mais uniformes.
- Je vous dis que non. Cette porte n'existe pas.

- Non.
- Mais alors de quelle porte parlez-vous?
- De celle dont on dit qu'on ne peut la prendre avec l'espoir de revenir.

Ils parlent tous deux d'un absolu résolument contraire et similaire.
- C'est bien pour cela que je ne peux y croire.
- La porte par où je suis sorti était une autre porte.
- Vous voulez dire que vous êtes sorti par la porte d'où l'on ne revient pas?

mercredi 27 juin 2007


Rêveries absurdes jusqu’à la folie se désagrègent lentement, consciencieusement.
- Mais vous m'avez dit de ne pas croire à ce que l'on me dit et c’est tout juste le contraire.
- Précisément.
- Je ne puis croire que ce que vous me dites est vrai.
- C'est bien ce que je vous dis.

mardi 26 juin 2007

lundi 25 juin 2007

- Il ne faut pas croire à tout ce que l'on nous dit.
- Mais alors, en quoi peut-on croire ?
- À ce qui vient de votre profondeur, je vous le dit.
Deux masses absolument contraires commencent à se frôler de diverses façons et se disent qu’entre elles il y a de tout un peu et donc un peu de rien.

Les caprices et les miracle commencent. Partout se lèvent les bornes d'un nouveau monde.
- Je vous l'ai déjà dit, par la porte.
- Comment avez-vous fait ? Possédez-vous la clef ?
- Non ce fut plus simple encore. Elle était ouverte.

- Ce que vous vous voyez n'est pas mon regard, mais la surface de mes yeux, et ce que vous y voyez est à l'envers. De plus ce que je vois en vous vient de l'interaction de ce que vous êtes avec l'interaction de ce que je projette d'être... qui ne se résume pas à ce qui est à l'intérieur de mes yeux...
- Quelle importance toutes ces choses si compliquées peuvent-elles avoir?
- Tout est dans la profondeur...
- Comment êtes-vous sorti ?

dimanche 24 juin 2007


Automate infini posant question.
- Qu'y-a-t-il dans votre regard qui ne puisse être dans le mien ?
- Vous.
Poète brut et intuitif, macrologue mystique.
- Ce n'est pas juste. Moi aussi je me vois, me reflétant dans votre regard.
Stérile répétition de la règle, du même et de la forme fixe.

Le germe de l’union, fraîchement éclos cherche sa voie...
- Je n'en suis pas si sûr.
... qui ne demande que terre et labour.
- Quelle différence y-a-t-il que je ne puisse voir entre vous et moi ?
- Tout est dans le regard, ou plus précisément dans l'éclairage.

samedi 23 juin 2007


La règle est la règle. Les pieds bien calés sur le marche-pied du savoir, confortablement assis sur les fondements de l'être, le surveillant fait régner l'ordre et distribue le savoir.
- Un jour, vous aussi, vous le ferez... J'en suis certain. Vous, comme moi...
- Et pourquoi ne voulez- vous pas me le dire ?
- Je n'ai pas dit que je ne voulais pas vous le dire, j'ai dit que je ne pouvais pas vous le dire.
- Quelle différence cela fait-il puisque que finalement cela revient au même ?
- Qui vous dit que cela revient au même ?
- Je ne sais pas, mais ne sommes-nous pas pareil ? Vous et moi.
Le germe de l’union vient d’éclore...

L'autre s'arrêtera brusquement quand tous les visages seront allumés.
- Que suis-je censé savoir que tu saches et que je ne sache point?
- Tu ne peux... vous ne pouvez le savoir.
Une double mais légère hésitation dans le miroir et le destin s'ouvre comme un brèche dans une faille:
Venu des profondeurs méconnues, le germe de l’union va éclore...
- Et pourquoi donc, je vous prie ?
- Je ne puis vous le dire.
- Pauvre petit être sans cervelle. Il ne sait pas.
La tête en feu, l'estomac pas encore brouillé et la mort dans l'âme, les amis que nous fréquentons habituellement réanimeront avec soins notre esprit défaillant.

vendredi 22 juin 2007


C'est la sagesse même, cette sagesse qui préserve de la bonne entente et qui vous permet d'attendre sereinement la mort sur son propre chemin.
- Et alors, vous risquez d'être mis à la porte. L'autre porte. Celle d'où l'on ne revient plus. C'est alors que les carottes seront vraiment cuites !
D'ailleurs je vous laisse, j'entends le roulement dans l'écuelle. Les carottes sont servies.
- Venez, allons manger, nous réfléchirons d'autant mieux que notre panse pleine sera !
- Comment savez-vous cela?
- J'y suis allé.
- Comment est-ce possible?
- Tout simplement: Je suis sorti par la porte...
- Vous avez fait cela ! Mais c'est interdit !
- ...et alors.
L'humeur, tamisée, n'était pas interrogative.

- Vous voulez être vu en train de vous cacher ou voulez-vous être vu en train de jouer ?
- Qui voudrais avoir envie de nous voir nous cacher ?
- Je n'en sais rien.
- On ne peut rien vous cacher.
- Derrière ce tableau se dissimule une autre salle toute pareille à celle-ci.
Ces moments de surprise sont infiniment rares et durent infiniment peu.

jeudi 21 juin 2007


- Aucun doute à ce sujet non plus.
- Voulez-vous faire une partie de cache-cache ?
- Pourquoi voulez-vous vous cacher ?
- Je ne veux pas me cacher, je veux jouer.
Il semble que l'illusion de la parfaite illusion ne soit que le reflet de cette illusion.

Il s'imagine, lourd et impuissant, manquant de mouvement, enchaîné à sa raison qui s'échappe face à son camarade accoutumé au rythme lent de ses mots et de ses pas.
- Il ne peut y avoir de doute à ce sujet.
- Je ne voudrais ni me tromper, ni le tromper, sans une raison que l'habitude compose vraiment tant bien que mal.
- Croyez-vous aussi, pour changer de point de vue, que l'on puisse nous voir tels que nous nous imaginons?

mercredi 20 juin 2007


- Croyez-vous que quelqu'un puisse nous entendre ?
Il répondrait volontiers s'il pouvait comprendre le long cheminement des idées, mais il ne peut que questionner :
- Voulez-vous dire que vous vous interrogez sur le fait que je puisse entendre de mes oreilles ce que vous dites ou si nous pourrions parvenir à une sorte d'accord plus ou moins parfait du point de vue du corps et de l'esprit ?
- Votre question est un peu longue et un peu théâtrale, ma foi. Je ne suis pas sûr de pouvoir la suivre.

Ce n’était qu’une image, bien sûr, une simple image déjà prête qui vient de s’achever en apothéose. Le festin n’est pas pour tout de suite…
- Serons-nous servis ou devrons-nous nous servir nous-même ?
Une part en sera distribuée aux proches voisins. Lesquels, selon la coutume immémoriale, ne chercheront pas à voir celle des autres. L’épopée, une fois digérée, s'avérera n’être qu’une fable, un mythe, une belle histoire, qui ne peut résoudre aucun problème, aussi sensible soit-elle.

mardi 19 juin 2007


- Que mangerons-nous aujourd'hui ?
- Des carottes, comme d'habitude.
Ce n’est qu’une image, bien sûr, une simple image déjà prête qui vient de s’achever en apothéose. Le festin n’est pas pour tout de suite…
- Serons-nous servis ou devrons-nous nous servir nous-même ?
- Prends garde à ce que tu dis, à ce que tu fais et surtout à ce que tu penses. Surtout n'aie pas peur, cela ne fait que commencer.
- Mais on dit que Frantico a disparu...

lundi 18 juin 2007


Ce n’est pas seulement parce que son histoire est incompréhensible et qu’elle coïncide avec les frémissements de la pluie, n'exigeant de ses célébrants aucun sacrifice, que le spectateur, emporté par l'action ne voit rien venir. Lentement, le rideau s'ouvre et son destin est mis à nu.
- Ce n'est pas le monde dans lequel nous vivons.

L’on s’étonne de l’imperfection persistante des pensées sans mots. La belle histoire a autant de résonance que le doux clapotis d'une vague et va d’elle-même trouver son rivage dans la réalité quotidienne.
- Tiens, il pleut! Le temps s'écoule.
- Je ne comprends pas, je sens le soleil qui me chauffe.
- Je vous parle du tableau.
- Il pleut dans le tableau?
- Oui.

dimanche 17 juin 2007

Faut-il pour autant ignorer l'indécence et les doutes que le sommeil influence ?
- On ne sait pas ce qui se passe dans ce royaume et de toutes manières tout peut changer d'un instant à l'autre.
Mots sans pensée, logique sans pesée, chacun s’occupe uniquement du corps mort du savoir.
Tout étrangers qu'ils soient, confortablement pelotonné l'un contre l'autre, les deux êtres plissent les yeux face au soleil caressant.

- Qu'a-t'il choisi comme apparence?

Sans la constante conscience de la réalisation : notre seigneur et maître croit même, chantant avec son cher conseiller au plus profond de sa forêt, retourner aux origines de l'être suprême. La pureté de sa parole s'étant défaite de l'impure critique, il ignore l'avènement du réseau des idées qui ferait de l'ensemble de sa pensée artistiques un seul Temps au sein duquel le peuple des élus pourrait traduire à volonté la potentialité infinie, et faire entendre, à travers l'ensemble, l'unité d'une seule et véritable polyphonie, dans laquelle se fondent toutes les autres...
- Chut, il me semble les entendre...

Comme chacun, sans trop de décence, il remonte le cours du temps, il évoque en chambre de dégrisement le sombre désir qui nous étreint : celui du savoir, étrangement mêlé de mystère et de science.
- Comme nous?
- Comme nous.
- N'est-il pas dangereux de dormir quand on sait ce qui se passe dans ce royaume ?

samedi 16 juin 2007

vendredi 15 juin 2007

Rien, momentanément.


Sans honte et sans haine, l'avenir fait place à un de ces moments rares où l’inattendu se matérialise, instants bénis où, profondément enfouies dans les fondements du mythe, des vérités se révèlent brusquement, transparentes et passe-partout.
- Que se passe-t'il ?
- Rien, pour le moment.
- Que fait notre maître?
- Malgré que son oeil semble ne se fermer jamais, il doit dormir.
- Pourquoi devrait-il dormir ? Est-ce là l'expression d'un devoir qu'il s'impose à soi-même ou de celui qui lui serait imposé ?
- Il veille et assiste pour que chacun de ses sujets puissent aussi dormir.
- Vous ne répondez pas à ma question.

jeudi 14 juin 2007

L'âne-archiste aime l'ordre


- À quoi jouerons-nous aujourd'hui ?
- Cela ne dépend pas de nous. Il faudra voir.
- Que devrons-nous voir?
- Ce qui passera. Ou plus précisément : "ce qui se passera", comme si ce qui passera se mouvait par sa propre force, indépendamment, faisant face aux mouvements qui s'imposent,* d'une manière quelque peu poétique quand cela se peut.

* Le lecteur qui passera par là devrait relever l'importance ou la portance d'une simple virgule à l'air si paisible et si sage et dont la disparition ferait l'effet d'une bombe...

mercredi 13 juin 2007

- "Aux premiers temps de la découverte du jugement, chaque jugement nouveau était une trouvaille et inversement".
L'idée était séduisante, l'enfant se réveille. Mais l'enfant ne l'entend pas de cette oreille. Il comprend : l'enfance réveille.
- À quoi jouerons-nous aujourd'hui ?

- Je croyais que la seule chose stable était notre monde. S'il ne l'est pas, sur quoi pourrions-nous nous appuyer ?
Et vous avez dit tout à l'heure que le soleil avait des devoirs. Un de ceux-là devrait être selon vos dire, de ne pas varier. Cependant chacun peut constater ses fréquents changements !

mardi 12 juin 2007


- Tout cela n'est que mécanique de la pensée, pure physiologie du concept : Le soleil ne bouge guère , ce sont les mondes qui se modifient sous son influence.

- Comment cela, une illusion ?
- Quel temps fait-il?
- La mer est calme, un lourd ciel gris stagne au-dessus d'elle. En face de nous, le soleil doit briller.
- Que voulez-vous dire par : "Il doit briller" ? Est-ce là son devoir ou est-ce une supposition de votre part ?
- Il ne sait rien faire d'autre et ne varie guère, c'est là son devoir.
- Je ne comprend pas ce que vous insinuez. Ne se déplace-t-il point d’un bout à l’autre du pays, d'un bout à l'autre du monde ?
- Illusion, ce n'est qu'une illusion de notre monde due à notre monde.

lundi 11 juin 2007

Dans une salle de la forteresse enfouie, face à un mur blanc éclairé par une invisible source de lumière feutrée, un immense fauteuil sculpté se nourrit des restes d'un pouvoir déchu. Derrière lui, occupant tout l'espace, un tableau sur lequel la mer s'agite mollement. Un cadre ouvragé et surchargé le borde sur ses quatre côtés et se prolonge sur l'arrondi et la structure du fauteuil. De part et d'autre du fauteuil rouge et or, la plage déserte s'étend jusqu'à l'infini. Sur les bords de son dossier sont sculptés, tels des saints dans l'entrée d'une cathédrale, une sarabande de personnages semblant figés pour l'éternité. Deux êtres nonchalants se prélassent sur le coussin usé de brocart rouge. Ils se réveillent et s'étirent.
- Cela fait bien longtemps que notre roi ne trône plus!
- Il doit être bien seul.
- Cela nous rend plus libre.

dimanche 10 juin 2007

Victor-Hugues, dès lors que sa vision du monde se fait plus précise se sent dans l'obligation d'en faire rapport. Ce n'est pas un rapport qu'il rédige, mais des centaines. Nous vous ferons grâce de l'entier de ceux-ci et nous nous concentrerons sur certains d'entre eux, les plus à même de rendre comptes de la personnalité complexe de Victor-Hugues.
Septième Rapport annuel
Ce rapport apporte, plus que ses prédécesseurs ne l'ont fait dans le passé, de bonnes et de mauvaises nouvelles. Il fait état de progrès marqués dans l'écoute. Ceci est dû en grande partie grâce à la lente et patiente transformation de V.-H. O. Néanmoins, il dresse également une liste d'objectifs non réalisés et d'occasions ratées.

samedi 9 juin 2007


Victor-Hugues fait face bravement au changement qui s'opère en lui-même.
- Mes oreilles prenaient formes encourageantes, je devenais très savant de ce que jamais auparavant je n'entendis et qui ne ressemblait pas à des savantes, insociables et inutiles pensées. Ma tête, pleine de ces pensées fausses, approchait de la sage et élégante noblesse des Maîtres anciens: "je comprenais, ainsi que Voltaire, que la satire, quoique semée de traits charmants, n’est que le caprice d’un être obscur qui n’a de frein ni dans ses moeurs ni dans son style." C’est un des progrès de la raison suprême qu’un être ne soit plus idolâtre de soi-même, et qu’il sache se rendre justice. Qu’il me soit permis d’entrer ici avec vous dans le fondement même de tous les êtres et qu'il me soit aussi permis d'opérer au même lavement salvateur que je me suis administré à moi-même. Tout doute sera emporté dans les flots troubles de la déraison. Il est temps de mettre un terme à cette accumulation malodorante et crispante. C’est ainsi que je pourrai contribuer au progrès de chacun.
"J’aimerais mieux prononcer devant vous un discours utile qu’un discours éloquent":
Une étude, rapidement menée auprès d'un nombre important de volontaires et dirigée par moi-même, tendrait à démontrer que l’ablation des oreilles et d'une certaine part du cerveau augmente le risque de développer une brusque et définitive surdité. Les résultats de l'étude laisseraient aussi croire que plus le ou la patiente est jeune lors de l’opération, plus l’accroissement du risque est important. Je crois très sincérement que ce phénomène est peut-être dû à la diminution progressive du taux de participation active d’un certains nombre de neurones contaminés par les mauvaises pensées qui résultent de cette étude. Des substances inconnues contribuant entre autres à protéger le cerveau contre la démence apparaissent et mettent en péril un nombre croissant de spécialistes réputés dont la diète est riche en gras saturés. Leur nombre, très élevé et en constante augmentation, constitue un risque supplémentaire de développer un trouble cognitif, voire une démence fort préjudiciable à l'ensemble de notre communauté, ânes, moutons, chiens, bergers et loups confondus.

- Peu à peu apparaissait ce que j'avais toujours désiré, cette lente et progressive évolution... Il suffisait, je le pense, que quelqu'un prononce ces mots pour que "cela" se fasse. Et "cela" se fit...

Victor-Hugues, sans en démêler la raison, parle. L'ordonnance de la construction fait raisonner sa pensée au delà de ses propres capacités. Il s'ennivre littéralement et, comme un habit trop grand, se laisse emporter par ces échos inconnus :
- "La situation où je me trouve me semble ne me laisser le choix qu'entre deux états, une indolente résiliation et la révolte par les mots. Je n'aurais songé au premier que pour obtenir la paix de l'esprit, mais la difficulté de se satisfaire d'un esprit au repos dans une démarche épineuse, et surtout la longueur de la démarche studieuse qui mène à l'éveil, il ne faut pas moins de 7 ans pour obtenir d'être reçu en cette faculté, m'en ont promptement détourné. Par la pensée endormie, nous resterions encore trop longtemps sans aller plus avant."*
- Monsieur Victor-Hugues, le nom glorieux que vous portez ne vous autorise en aucune façon à détourner de façons grossières les discours glorieux de vos aînés. C'est en grande partie pour cela que vous paraissez devant nous.
Victor-Hugues ne se doutant pas le moins du monde qu'il amenait farine mal dégrossie au moulin de sa propre destinée qui, manège infatiguable, se mit à couiner, répondant sans réfléchir jusqu'à ce que sa mémoire lui joue un tour déformant de plus à la manière et sur le dos de Voltaire :
- "La difficulté surmontée, dans quelque genre que ce puisse être, fait une grande partie du mérite. Point de grandes choses sans de grandes peines: et il n’y a point de peuple au monde chez lequel il soit plus difficile que chez le nôtre de rendre une véritable vie à la nature sauvage. Les premiers poètes formèrent le génie de notre langue; les loups et les chiens employèrent d’abord leur nature à peindre de rouge sang les objets sensibles de toute la nature. Ils expriment tout ce qui frappe les yeux: nous autres, membres du peuple moutonnier, qui n’ont guère commencé à perfectionner notre grande nature qu’au théâtre de la pensée, n’avons pu exprimer alors que ce qui peut toucher l’âne. "
La lente et progressive évolution s'est mise en marche.

*lettre du 20 mai

jeudi 7 juin 2007

Compréhension mutuelle


Comme le dit si bien Aristote :
"Quant aux gens qui se font mutuellement un bon accueil, mais qui ne vivent pas habituellement ensemble, on peut les classer plutôt parmi les hommes unis d'une bienveillance réciproque que dans les amis proprement dits. Ce qui caractérise davantage des amis, c'est la vie commune. Quand on est dans le besoin, on désire cette communauté pour l'utilité qu'on y trouve..."
- Ne serait-ce pas là l'exacte motivation de votre présence ici ?

mercredi 6 juin 2007

«Souvent un long silence détruit l'amitié.»


Si l'on admet que "personne ne va passer ses jours avec quelqu'un qui lui est désagréable, ou qui ne lui fait pas plaisir; et la nature de l'homme, c'est surtout de fuir ce qui lui est pénible et de rechercher ce qui lui plaît"*, nous nous demandons et vous demandons:
-Qu'est-ce qui a pu vous pousser à venir ici de votre plein gré ?
- Je ne peux être sûr de mon plein gré. Quand je relie les fils qui semblent constituer ce que certains s'obstinent à appeler destins, je ne peux guère être certain d'une seule chose, non que je n'y comprenne rien, mais que tout change constamment, ce qui revient peut-être au même...

*Aristote, Éthique à Nicomaque

mardi 5 juin 2007


- J'entends le chien et j'ai peur, aussi petit soit-il. Est-il vraiment celui qui protège comme le dit mon bon berger, son bon maître, que je respecte et que j'aime, ou bien est-il l'héritier de l'immonde bête qui dit ne remplir que son rôle quand sa dent nous déchire...

Victor-Hugues semblait prendre intérêt à ce discours invisible et poli. Il n'eût pas écouté avec autant de confiance, si sa propre intention n'avait été de faire face à ces instants. Mais cet affrontement, pourtant bien arrêté dans sa tête, l'inquiétait profondément. Ce qui est, dans le fond, la nature même de l'acte. Il s'exposait plus qu'il n'était exposé. Par ennui ou par solitude, il étais venu peu à peu à imaginer et à désirer cette rencontre. Ceux qui le cherchaient était ceux là même qu'il recherchait.

lundi 4 juin 2007


Monsieur Victor-Hugues,
Veuillez agréer ces quelques instants comme un hommage de très respectueuse fraternité.
Nous avons longuement hésité à vous les offrir, parce que nous savons combien le temps semble vous manquer; mais nous veillerons à ce que tout vous soit compté très précisément.
Ce que nous allons vous dire est écrit dans le journal de votre vie, auquel nous n'avons rien changé pas même les dates. Nous trouvons comme Pierre Loti que, "quand on arrange les choses, on les dérange toujours beaucoup".

dimanche 3 juin 2007


Victor-Hugues, au gré de ses métamorphoses, se demande souvent à quel degré de souche se fera son prochain héritage. Sera-t'il considéré comme descendant de lui-même ?
- C'est probablement pour cette sorte de raison que je suis ici de mon plein gré, bien que d'une certaine manière, j'y ai été amené...

samedi 2 juin 2007

L'imposante


Si la foi de Victor survit aujourd'hui encore aux professions de foi doctrinaires, c'est que, frisant l'inconscience, il fit, de son mieux, face aux puissants. Le courage inouï de cet homme eut pu rester exemplaire pour plusieurs générations si l'Histoire, fidèle à sa propre tradition, ne s'intéressait qu'au succès. Victor-Hugues, en dépit de tous les avertissements des docte et des savants, en appelle à sa propre et lacunaire connaissance, ce faisant, il prend des risques qu'il ne mesure pas. Il est convoqué, bien avant l'heure, sur l'ordre des Hauts dignitaires de la très savante caste des Lions, sur la scène de l'Ultime Théâtre de l'Imposante Cité.

vendredi 1 juin 2007

Portail


Arrivé face au Grand Portail, Victor Hugues s'interroge :
- Comment en suis-je arrivé là ? Quelle sorte d'histoire me porte ? Il m'arrive bien souvent de penser que ce sont de telles questions qui voyagent dans mon esprit et non le contraire.