dimanche 30 juillet 2006

Le phare


Au fond de la nuit, l'obscurité se rit de cette petite lumière qui croit éclairer et ne fait que se montrer...

Des tristes aventures aux rêves héroïques de M. Joyeux
Pierre Devil
Editions "Incertains regards"

Monsieur Joyeux se réveille


À peine eut-il tourné la page que, levant la tête après qu'il eu tracé, d'une main encore mal assurée, la limite qui met fin au monde de la nuit et celle de la naissance d'un nouveau jour, il aperçoit au loin un astre se lever. À mi-chemin entre ses deux mondes, chevauchant la frontière à peine tracée, un nouveau soleil s'élève dans le ciel.
Tout en chantonnant, monsieur Joyeux se dit qu'il ne pouvait y avoir de plus beau hasard...
"... Entreprit cet oeuvre parfaire,
Qui pour luy fut mauvaise affaire,
Car humain Corps il figura,
Puis au cul Torche luy fourra,
Dont son ame au diable est allée,
Car la Torche il avoit vollée,
Comme chacun sçait, au soleil,
Qui luy causa deüil nompareil.
Ainsi l'Homme, plante Divine,
Tira du Ciel son origine,
Portant la Teste vers les Cieux,
Où Nature ficha deux yeux,
Vallans bien paire de Lunettes,
Pour contempler Astre et Planettes,
Et regarder incessamment
Les miracles du Firmament..."*

Des tristes aventures aux rêves héroïques de M. Joyeux
Pierre Devil

*Les métamorphoses d'Ovide en vers burlesques / de M. Dassoucy

samedi 29 juillet 2006

L'inéluctable disparition


AVERTISSEMENT
... jusqu'à ce que certains d'entre-nous, rompant le pacte sacré, ne mettent pied à terre. Moi le premier. Plus tard, l'arrivée funeste des hommes, nos maîtres, suivie de très près par celle du "livre", leur guide. Ce que fut ce livre, nous en reparlerons plus tard. Je ne suis plus un des leurs. À peine avais-je mis pied à terre que je ne résistais pas à l'envie de toucher à l'herbe interdite. Celle-ci, contrairement à ce qui était dit, ne me tua pas sur le coup, mais je sentais monter en moi une force que je ne connaissais pas. Je passais sur terre toute la journée, sans m'inquiéter. C'est quand j'ai voulu remonter sur mon arbre que les ennuis ont commencé. Jamais plus je n'ai pu y retourner. Le deuxième jour, à mon réveil, il n'était plus là. Je le voyais, mais il n'était plus là. Je faisais désormais partie de ceux qui étaient descendus de l'arbre. Nous avions gagné la force et la puissance nécessaire à la découverte d'un monde nouveau, mais nous avions perdu le nôtre...

Vies, moeurs, éducation, haute destinée
et évangélisation des baudets sauvages
A l'usage des sages et de ceux qui voudraient les voir heureux
Maître Desvilles
Publication interne de l'Académie "Découverte malgré tout"

vendredi 28 juillet 2006

Transsubstantiation


Fidèle est pensif. Fidèle est presque toujours pensif. Ce jour-là, Fidèle est encore plus pensif. Il voyage au-delà de sa pensée. Ce qui, bien entendu, lui donne à penser... et, immanquablement, va ajouter des pensées à ses pensées.
- Il faut que je trouve un moyen de transformer ces pensées, pense Fidèle. Une sorte de transsubstantiation où la pensée prendrait corps. Une cérémonie sacrée, une liturgie où le comédien donnerait chair au personnage qui portera ses pensées...

Vies, moeurs, éducation et socialisation des baudets sauvages
A l'usage des sages et de ceux qui les croient idiots
Maître Desvilles
Publication interne de l'Académie "Des licous verts"

mercredi 26 juillet 2006

À l'aube de la vie


Comme le dit si sagement Merâne :
- Au théâtre de la vie, l'éducation commence au berceau, avant même que de savoir marcher droit. L'oreille doit se développer en premier, avant même que ne s'ouvrent les yeux ! Quand le rideau s'ouvrira vraiment, aux confins des cultures, il sera peut-être déjà trop tard ! Nul ne sait ce qu'elle entend par là, mais elle l'entend !
Ainsi chaque jour, au moment où les étoiles disparaissent, profitant de leur état fort réceptif, Merâne fait la lecture à sa portée. En fait elle ne lit pas, elle récite et improvise quelques fois. Ce jour-là elle récite fort doctement:
"Ceux qui condamnent la comedie, parce que
certains peres de l'eglîse l'ont condamnée,
ne sçavent pas qu'il y en a d'autres,
qui nomment les poëtes qui la composent,
des exemples de vertu, dignes d' honneur et de l'oüange :
et que cette diversité d'opinions, qu'on remarque
entre ces grands ânes, vient de la difference des poëmes,
dont les uns meritent une rigoureuse censure,
et les autres une glorieuse aprobation.
Et c'est enquoy ces injustes persecuteurs de la comedie,
font voir qu'ils ignorent esgallement, et ce
qu' elle estoit dans quelques uns des siecles passez,
et ce qu' elle est maintenant dans le nostre. Jamais deux
choses ne furent plus directement opposées ;
puis que l'une n'estoit que medisance et salletez,
et que l' autre n' est que pudeur et modestie.
De sorte, que la premiere estant coupable, et la seconde
innocente, il seroit injuste de les confondre, et de rendre
le chatiment commun, puis que le crime ne l'est pas." *

Vies, moeurs, éducation et destinée des baudets sauvages
A l'usage des sages et de ceux qui les croient bienheureux
Maître Desvilles
Publication interne de l'Académie "Des licous verts"
*Extrait de:
L'Apologie du théâtre
oeuvre de Georges de Scudéry (1601-1667), publiée en 1639
( dont un seul mot a été modifié )

mardi 25 juillet 2006

Sous le soleil, la lune et le vent


Vers la fin de l’automne, le visage taillé par la pluie, le vent et le soleil, Yazd le tzigane au manteau rouge s’en allait sur son chemin. À l’heure où le soleil couchant croise la lune, le vent se lève. Assis sur le devant de son chariot, les yeux mi-clos dans l’ombre de son large chapeau, il guide nonchalamment ses ânes aux allures fringuantes. Le soleil, le vent et la lune observent le tsigane, qui, l’air de rien, leur passe devant.
Se retournant, dans un geste ample, l’homme souriant soulève son chapeau et dit :
- Je te salue, mon Maître parmi vous trois!
Sans plus de façon, il poursuit sa route sous les regards médusés du soleil, de la lune et du vent.
...

D. Will
(adapté d'une légende tsigane)

lundi 24 juillet 2006

Une bien curieuse lettre


Evêché de ..., le 29 juin .

Mon bien cher Fils et Ami

Votre vénérée Mère était une des plus saintes âmes que j'aie connues. J'avais pour elle une profonde vénération ; et, j'en suis assuré, une belle place, aussi belle que celle qu’elle n’a cessé d’occuper en mon coeur et quelquefois, je dois te l’avouer avec humilité et confiance, en mon corps et en mon esprit, lui est réservée dans le ciel.
Depuis mon enfance, je n'ai cessé d'admirer sa haute vertu. Elle a toujours vécu dans les régions les plus élevées du surnaturel, joignant à une profonde piété et à une grande douceur un courage vraiment viril. C’est grâce à elle que je suis devenu ce que je suis.
Je l'ai vue accomplir des actes d'apostolat vraiment admirables et tandis qu'elle s'occupait au dehors des grands intérêts du Cénacle et de ma pauvre personne, elle restait dans sa maison l'épouse et la mère attentive, vigilante et forte au suprême degré. L'éducation que chacun d'entre vous a reçue prouve assez qu'au foyer, elle remplissait grandement la place que la Providence lui avait donnée...
Je joins à cette missive dont je reconnais la singularité, une image que j’ai gardée sur moi durant toutes ces années, ce qui explique pour une part qu'elle soit un peu "fanée". Je l’ai volée il y a longtemps déjà. Que notre Père me pardonne. L'objet s'efface lentement mais la lumière de son visage grandit encore. Malgré la faiblesse de ma rigueur, à cause de ma trop grande et sainte vigueur, votre Mère a passé de longues nuits sans repos à mon chevet. Je suis resté vivant comme par miracle. Le miracle, tu l’auras compris, c’était ta mère. Elle seule aura su tiré de moi la substantifique moelle de notre corps et me donner, jour après jour, une image de plus en plus nette de la présence de l’amour.
Son influence était des plus salutaires à tous.
Depuis le mois de février de l’année du Salut, alors que j’étais encore un jeune novice très inexpérimenté, j'ai passé dans votre famille quelques mois que je n’ai pu me résoudre à oublier. C’était après les désastres de notre Sainte Armée. Nous fûmes chassés, mes frères et moi, par la folie des hommes aux portes de votre luxuriant pays. Nous avons vu ce que la grâce du Bon Dieu a fait de votre chère Mère. Et depuis le jour où vous avez vous-même, avec ton frère Sancho, prêché sa prise d’habit et sa profession, vous avez reconnu le complément merveilleux de sainteté qu’elle a trouvé dans la vie religieuse. Il n’est de jours que je ne pense à elle et il n’en est pas plus que mon corps ne se souvienne et ne me fasse oublier tout ce qui fut “pêché”.
Je compte sur son intercession.
Priez, bien cher Fils, pour votre Père très affectionné, évêque de...

La vie intemporelle, spirituelle, amoureuse et terre-à-terre
de l'ingénu Don Carotte et de son frère "Ô Sang Chaud"
Lidane Liwl
Edition "Source spirituelle"

dimanche 23 juillet 2006

Aube


Alerté par le cri du coq, le trouvère cherche le livre et s'interroge:
- La terre est recouverte de grandes étendues d'eau. Il est plus que probable que le livre soit tombé à l'eau! Il faut interroger ceux qui habitent les eaux d'en bas.
- Ce matin à l'aube, le coq l'a su, un livre, telle une lumière vibrante, est tombé du ciel! L'as-tu vu poisson? Toi qui depuis l'aube du monde habite les profondeurs de la création!
- ...! ...? ...

La vie immortelle, satirique, amoureuse et quelques fois insensée
de l'ingénu Don Carotte et de son frère "Ô Sang Chaud"
Lidane Liwl
Edition "Source obscure"

samedi 22 juillet 2006

Trouvère


Notre trouvère n'est pas revenu bredouille. Il couve en sa besace rapiécée quelques mots recyclés* que dans un élan aussi soudain qu'enflammé, il porte aux oreilles des invités, et plus particulièrement à celle des enfants:
"Ce seront ici les tragédies générales du monde, autant étonnantes que dignes de compassion, où sont représentés les plus furieux coups de revers de cette variable fatalité que les poètes ont appelé Fortune. Vous y verrez les décadences, les accidents prodigieux et les plus tristes reliques des ouvrages du malheur d'un nombre infini de grands princes qui excitent la postérité aux larmes et aux regrets, par le souvenir de leurs afflictions. L'excès de la grandeur où le Ciel les avait élevés a rendu leur chute plus violente. Eux qui avaient vécu comme les poulpes dans les eaux douces, sont morts comme les dauphins parmi les tempêtes. Leurs couronnes furent faites de cyprès, et leurs sceptres de bois de myrte. Leur vie ne fut qu'un songe, leurs magnificences que des éclairs, et cette gloire mondaine qui les séparait du commun des autres personnes, qu'une éphéméride qui finit à son commencement."

*Dédicace de Pierre Boitel, sieur de Gaubertin
Au très-vertueux et très-illustre Vincent Bouhier, Sieur de Beaumarchais, Baron du Plessis aux Toumelles, conseiller du Roi, en ses Conseils d'État et privé, trésorier de son épargne, et intendant de l'Ordre du Saint Esprit, etc.

La vie intemporelle, historique, amoureuse et quelques fois tragique
de l'ingénu Don Carotte et de son frère "Ô Sang Chaud"
Lidane Liwl
Edition "Source littérale"

vendredi 21 juillet 2006

La chute


Murdebleu, je crois bien que j'ai encore perdu un de mes bouquins... Va vite voir s'il est tombé sur terre! Avant qu'un de ces illuminés ne le trouve...

La vie inquiétante, irréelle, amoureuse et quelques fois idiote
de l'ingénu Don Carotte et de son frère "Ô Sang Chaud"
Lidane Liwl
Edition "Sources du ciel"

Tombé du ciel


- Qu'est-ce ci Don Carotte?
- C'est un livre.
- D'où vient-il?
- Il est tombé du ciel!
- À quoi cela sert-il?
- À raconter des histoires.
- Je croyais qu'il n'y avait qu'une seule histoire...
- Ce n'est pas vrai, il y en a plusieurs. D'ailleurs, la preuve, c'est que ceci est écrit dans ce livre...
- Tu veux dire que ce que nous disons est écrit dans ce "livre tombé du ciel"?

La vie trépidante, initatique, amoureuse et quelques fois plausible
de l'ingénu Don Carotte et de son frère "Ô Sang Chaud"
Lidane Liwl
Edition "Source du ciel"

jeudi 20 juillet 2006

Quelle chance !


Ce jour-là, dans le village, il courait dans tous les sens en exultant :
« Dieu merci ! Dieu merci ! »
Un voisin, ne le «suivant» pas très bien, lui demande :
«Pourquoi mets-tu un tel enthousiasme à remercier Dieu aujourd'hui ?»
Nasredin s'explique, la mine réjouie:
«Je remercie Dieu de tout mon cœur parce que je n'étais pas sur mon âne au moment où il s'est perdu. Car maintenant je serais perdu avec lui et dans l'incapacité de me retrouver! Dieu merci, Dieu merci!»

mercredi 19 juillet 2006

Miracle


Jaime n'avait pas de plan précis mais, ayant vu ce qu'il avait vu, étant passé par où il était passé, il ne niait plus les possibilités miraculeuses de la réalité. Il se rendait compte que tout était lié par des fils invisibles, comme un tissu dépendant d'une conscience infinie, toute-puissante et prompte à obéir... Pour peu qu'on ait l'audace de s'en proclamer le maître et de la mettre fermement en ordre, en réunissant tous les moyens pour la réalisation de ce dessein, et sans qu'importent ni le bien ni le maL Ce qui comptait dans ce plan, ce n'était pas la qualité morale du héros mais la force de sa volonté. Et cette force-là, il l'avait, il en était certain, en tout cas autant que ce maudit dompteur de chevaux. Ce qui allait faire pencher le plateau de la balance en sa faveur, en dehors de l'astuce, c'était le miracle.

L'Enfant du jeudi noir
Alejandro Jodorowsky
Éditions Métailié

mardi 18 juillet 2006

Rêve de perfection


Sur la longue table en chêne massif, taillée tout exprès pour y dérouler des cartes, Louis Legrand scrutait les portulans usagés, chargés d'annotations et de ratures, que don lfalgo et d'autres capitaines lui avaient laissés en dépôt avant d'en adopter de plus récents. Compas à la main, il vérifiait si la description des côtes et des entrées de port ne comblerait pas certaines lacunes de son ouvrage, en plusieurs parts laissé comme un vulgaire brouillon. L'état approximatif de celui-ci tantôt le jetait dans des impatiences, tantôt au contraire le rassurait, comme ces romans dans le perpétuel inachèvement desquels on s'installe avec un rien de satisfaction, parce qu'ils promettent toujours de l'ouvrage; c'est ainsi qu'on aime à y revenir sans cesse, qu'inlassablement on les corrige et les peaufine, dans le rêve d'une perfection où l'on tendrait, mais qu'on sait fort bien être inaccessible.

Le Vacillement du monde
Alain Nadaud
Actes Sud

lundi 17 juillet 2006

Le retour


Donato fut le premier à se précipiter dans les bras d'Elia en poussant des cris de joie. Son grand frère était de retour. Il avait hâte de lui raconter tout ce qu'il avait appris en son absence : les voyages nocturnes sur la mer, la contrebande, les caches pour les caisses de cigarettes illégales. Il voulait tout lui expliquer mais pour l'heure, il se contentait de le serrer dans ses bras en silence.

Le soleil des Scorta
Laurent Gaudé
Actes Sud

dimanche 9 juillet 2006

Hors du temps


Pour un temps, le temps des étoiles filantes, Don Carotte oublie son histoire.

La vie trépidante, ardue, amoureuse et quelques fois paisible
de l'ingénu Don Carotte et de son frère "Ô Sang Chaud"
Lidane Liwl
Edition "Source intermittente"

samedi 8 juillet 2006

Le Grand Tour


Pour avoir chassé sur les terres du Seigneur, Don Carotte est fait prisonnier. Il est enrôlé de force... Sa garnison occupe Rome. Curieusement la ville semble vidée de tous ses habitants... Tel un vent mauvais, une lumière blafarde écrase tout sur son passage. On dirait un décor de théâtre abandonné.

La vie trépidante, ardue, amoureuse et quelques fois inhabituelle
de l'ingénu Don Carotte et de son frère "Ô Sang Chaud"
Lidane Liwl
Edition "Source militaire"

vendredi 7 juillet 2006

Le palais


Je fis un rêve étrange.
Dans une sorte de palais doré, un être endormi, enroulé sur lui-même, semble sur le point de se réveiller. Il ouvre les yeux et semble ne pas me voir. Son regard se perd sur les tourelles dorées qui l’enveloppent. De partout des visages le regardent. L’homme qui gît là est comme un double de moi-même...
Ce double n'a jamais vu autre chose que son propre reflet. De plus, à cause de la rotondité du miroir, il se voit déformé sans savoir que c’est lui qui le regarde dans ce vaste miroir.
- Je ne sais qui sont ces êtres qui me regardent tout le temps !
Longtemps après, il commencera à ressentir quelque chose pour ces masques, des sentiments, certes confus et ambigus, mais des sentiments quand même. Il finissait par deviner à l’avance quelles sortes de mimiques les regards feraient dans l’instant à venir. Jamais il ne se trompait. Excepté quand il était distrait par un bruit ou une voix venue de l’autre côté du mur doré... Une voix venue de l'au-delà...

Le Beau Dais d'Or
conte philosophiste
Dave Hill
Aux éditions "Demain"

Sur l'île


Nous passâmes la journée sur notre île. Alors que la lune faisait son apparition, Ariane se leva. Elle semblait transformée. Son visage au teint blanc, ses sourcils hautains chapeautant ses yeux profonds, n'était plus qu'un masque. Tout son corps semblait se fondre dans la lumière de la lune. Dans un instant on ne verra plus rien de ses formes. Elle allait redevenir sauvage. Nous n'avons rien à manger, me dit-elle, me rappelant au passage ma triste condition de pêcheur marron. Elle prit son arc et ses flèches et s'en alla, sans faire le moindre bruit, en me lançant un petit regard qui me sembla légèrement narquois. On eût dit Diane au pieds légers disparaissant dans la nuit, répandant à son passage une douce lumière argentée...

La vie trépidante, ardue, amoureuse et quelques fois inquiétante
de l'ingénu Don Carotte et de son frère "Ô Sang Chaud"
Lidane Liwl
Edition "Source claire"

jeudi 6 juillet 2006

Le pied d'Ariane


... Il se passa alors la chose la plus imprévue qui soit. Sans l'ombre d'une pudeur quelconque, elle me fit voir une merveille : son petit pied resplendissant dans un rayon de soleil.

La vie trépidante, ardue, amoureuse et émouvante
de l'ingénu Don Carotte et de son frère "Ô Sang Chaud"
Lidane Liwl
Edition "Source claire"

mercredi 5 juillet 2006

La découverte d'Ariane


Fils de Mimos, roi des Mimes, et de Passive, la mal-nommée sur laquelle nous reviendrons, Ariane a, par amour, aidé Mimou dans son combat contre l'abstinence, en lui donnant la main pour qu’il retrouve son chemin dans le Labyrinthe, célèbre boîte à la mode de ce temps-là. Elle s’est ensuite enfuie avec le jeune homme qui lui a promis de l’épouser. Mais, à la première ivresse, Mimou a abandonné Ariane, endormie sur le rivage. C’est là que Don Carotte la trouve, reconnaît le rideau de scène rouge, disparu la veille au soir, et, fasciné par sa beauté, l’épouse et l’emmène sur son bateau.
Certains mythographes, peu soucieux de l’accabler, assurent que c’est à sa demande que Mimou aurait abandonné Ariane. Dans l'image ci-dessus se trouve en tout cas évoqué le moment de la première rencontre: Don Carotte rentre de la pêche bredouille avec son frère à la manoeuvre. On peut se rendre compte de l’émoi visible du tout jeune homme face à une Ariane abandonnée et frissonnante à moitié dans le rideau et le sommeil. D'autres encore, pensent que Mimou et Don Carotte et d'autres encore ne font qu'un. La thèse est soutenue... En tous cas il est stupéfiant de constater comment l'histoire a tendance à se répéter...

La vie trépidante, ardue, amoureuse et imprévue
de l'ingénu Don Carotte et de son frère "Ô Sang Chaud"
Lidane Liwl
Edition "Source mythopathe"

Lecture du coq à l'âne


Voici, du rivage de Dia aux flots sonores, dirigeant ses regards vers Thésée, qui part avec sa flotte rapide, le cœur lourd de fureurs implacables voici Ariane : tout ce que voient ses yeux, ses yeux refusent toujours d'y croire ; et en effet, elle vient de s'éveiller d'un sommeil trompeur pour se retrouver abandonnée sur une plage solitaire, tandis qu'oublieux le jeune homme en sa fuite bat les ondes de ses rames, laissant ses vaines promesses au vent de la tempête.
Il s'éloigne et, depuis les algues, la Minoïde, aux grands yeux tristes, telle la statue de pierre d'une Bacchante, le fixe là-bas, hélas ! là-bas, et les chagrins la roulent, de leurs grandes vagues, elle ne retient pas la mitre fine sur ses cheveux blonds, elle ne dissimule pas d'un léger vêtement sa poitrine dénudée, elle n'enclôt pas ses seins de lait dans la courbe d'une écharpe ; tout a glissé de son corps ici, là : et les vagues salées en jouaient à ses pieds.

Catulli carmina, LXIV, 50 - 70
(55 - 52 av. J.C.)
Traduction H.Bardon, coll.Latomus

mardi 4 juillet 2006

Rêve


Les rêves importants viennent d'une autre réalité, vous pouvez l'appeler un autre temps, par manque d'un meilleur terme dans notre langage limité. Le temps des esprits du rêve, je ne saurais le décrire. Tout ce que je puis dire, c'est que même un seul instant passé dans ce temps vous transforme comme la pierre philosophale transforme le vil métal en or. Mais je vais trop vite.

Chitra Banerjee Divakaruni
La reine des rêves
Editions Philippe Picquier

lundi 3 juillet 2006

Souvenir d'enfance


...À moins que je n'aie imaginé cet incident. Mais non, je suis certaine que non.
Il m'arrive de penser qu'il faut qu'une personne croie fortement en elle-même, et en la vérité de ses rêves, pour faire ce que ma mère a fait ce matin-là. Et bien d'autres matins, j'en suis sûre, bien qu'elle ne m'ait plus jamais demandé de l'aider. Je me souviens de la colère épaisse dans la voix de l'homme et je ne pense pas que j'aurais pu assumer une telle tâche. Dieu merci, mon monde est plus simple. Jusqu'à mes tragédies qui sont simples, teintées de nuances plus prosaïques. Mais c'est ça le plus fou : je suis contente de cet état de fait et puis, le lendemain, je suis pleine de regrets. Parce que je n'entrerai jamais dans le domaine souterrain de ma mère, ces antres emplis de possibles, de ce qui peut ou ne peut pas survenir, là où un plus un peut
faire cent, ou zéro.

Chitra Banerjee Divakaruni
La reine des rêves
Editions Philippe Picquier

dimanche 2 juillet 2006

"Look"


Nous avons multiplié de manière indéfinie les apparences et leurs significations. Les vêtements parlent du lieu social et physique d'où l'on vient, des pouvoirs spécifiques qu'on exerce ou des dominations qu'on subit, ils affichent la classe, le caractère, l'âge, l'emploi, le contre-emploi, la transgression, la soumission...
Vous pouvez faire l'expérience d'essayer des vêtements non pour vous les acheter, mais pour explorer des apparences inattendues. Au lieu de chercher comme d'habitude ce qui vous va, ce qui correspond à vos goûts, votre statut et votre stature, votre morphologie et votre imaginaire, essayez des vêtements incongrus. Trop jeunes ou trop vieux pour vous, trop chics ou trop ploucs, trop voyants ou trop sobres. Des fringues en tout cas toujours inadéquates, excessives, décalées. Capables de vous faire sourire chaque fois que vous vous verrez ainsi attifé.
Imaginez-vous comme ces silhouettes des jeux d'enfants dont on change l'habillement. Efforcez-vous ainsi de vous voir en rockeur, en diplomate, en commercial, en rappeur, en paysan, en charcutier, en graphiste, vendeur d'ordinateur, en intello, en éboueur, en footballeur, en petit cadre. Chaque fois vous composerez la vie qui va avec: manières de parler, façons de manger, domicile, loisirs, voyages. Reposez ensuite le tout sur un cintre.
Et n'oubliez pas de remerciez le personnel.

Roger-Pol Droit
101 expériences de philosophie quotidienne
Editions Odile Jacob

samedi 1 juillet 2006

De mémoire... vive



"Soul" les pavés, la plage... sous les années... l'esprit

Montreux-Jazz-Festival