dimanche 30 novembre 2008

samedi 29 novembre 2008

Choix de saison


«Le genre de philosophie que l'on choisit dépend du genre d'homme que l'on est.»

1797 Johann Gotlieb Fichte, Erste Einleitung in die Wissenschaftslehre

« Ainsi, mille cygnes blancs ne suffisent pas à prouver que tous les cygnes sont blancs;
mais un seul cygne noir suffit à prouver que tous les cygnes ne sont pas blancs.»

Paradoxe de Hempel

«Ainsi, dans le temps, aucune connaissance ne précède l'expérience,
et toutes commencent avec elle.»

Emmanuel Kant, , Critique de la raison pure.

vendredi 28 novembre 2008

jeudi 27 novembre 2008

Légende


«"Les légendes se nourrissent des désirs et des peurs de ceux qui les écoutent,
mais aussi des lieux de mémoire qui savent résister au passage du temps."»

mercredi 26 novembre 2008

Écho


- J'ignore qui je suis, s'entendent-ils dire.
Écho mille fois répété dont personne ne peut dire qu'il soit le sien.

Le cabanon d'écriture


Au fond du jardin, le cabanon d'écriture dort. Il attend le jour où, enfin, une feuille d'automne écrira le récit subtil de ses multiples et légers passages.

mardi 25 novembre 2008


« ... où l'on voit, pour descendre de ces hauteurs, l'aimant attirer à soi le fer, une autre pierre le repousser: le diamant, la joie et l'opulence, réfractaire et invincible à toutes les violences, se briser par l'action du sang de bouc... »

Pline, , Histoire naturelle

lundi 24 novembre 2008


« J'étais là, à méditer sur les débuts et sur les fins, quand il s'est passé soudain une chose étrange : venant des vergers de figuier et d'oliviers illuminés de lune, j'ai entendu un bruit qui ressemblait à s'y éprendre à des pleurs d'enfant. »

Hussein Al-Barghouti, , "Je serai parmi les amandiers"

dimanche 23 novembre 2008

jeudi 20 novembre 2008

Au loin



- Regarde au loin, déjà ce ne sont plus que des ombres...

mercredi 19 novembre 2008

mardi 18 novembre 2008

L'homme fatigué

«More are men's ends mark'd than their lives before.»

Shakespeare, Richard II"


Devant l'homme fatigué, très fatigué, s'étendent de minces rais de lumière. L'homme se baisse et caresse de ses mains ces chemins qui longtemps lui parurent incertains et si lointains. Dans ses mains il n'y a plus rien.

lundi 17 novembre 2008

Désirs sauvages


«Tout artiste agissant, a, dans sa mine de plomb, son pinceau, son burin, non seulement ce qui rattache son geste à son esprit, mais à sa mémoire. Le mouvement qui paraît spontané est vieux de dix ans ! trente ans ! Dans l'art, tout est connaissance, labeur, patience, et ce qui peut surgir en un instant a mis des années à cheminer.»

Fernand Pouillon, , Les Pierres Sauvages



- Écoute ces chants rythmés qui passent élégamment d'une herbe à l'autre enflammant les buissons de feuilles morte et revigorant la sève invisible des arbres centenaires dans lesquels tu peux, si tel est ton désir, te promener sans contrainte.

dimanche 16 novembre 2008


«Tu vois mon fils, ici le temps devient espace..»

Gurnemanz in: Parcifal, Richard Wagner

samedi 15 novembre 2008

À l'abri


«Quatre saisons se partagèrent l'année : l'été, l'automne inégale, l'hiver, et le printemps actuellement si court. Alors, pour la première fois, des chaleurs dévorantes embrasèrent les airs. Les vents formèrent la glace de l'onde condensée. On chercha des abris. »

Ovide, , Métamorphoses, Livre I"


- Aucun de ces abris ne nous protègent de celui qui nous guide, Baruch. Un jour ou l'autre nous le suivrons.
- De qui parles-tu Félicien? Quels sont ces abris dont tu parles?

vendredi 14 novembre 2008

La trame se noue


«Avec l'autorité des enfants qui ne doutent d'être maîtres en leurs royaumes, ils brisent les sceaux et disparaissent aux frontières de la raison.»

Walid Neill, , Le Passant, le Savant, l'Imbécile et la vie"


Baruch et Félicien se promènent dans les arcanes du temps, miroirs polis par les perpétuels et invisibles recommencements. Les mots et les images remplacent d'autres mots et d'autres images. La trame se noue pendant que les drames se déroulent. Du robinet déficient sourd une source timide dont la musique rend fou. Du plafond coulent, métronome exigeant, de lourdes gouttes de sang. De la bouche des hommes naissent des histoires qui ne peuvent se transmettre sans que l’infini n’en prenne sa part. De la pensée obscure du bouc jaillit une lumière.
- Nous sommes fait pour nous entendre!
Baruch et le petit bélier poursuivent leur conversation. Voyageurs immobiles, turbulents enfants du labyrinthe en quête de nouvelles frontières à traverser.

jeudi 13 novembre 2008

Grandir


«- Rien ne peut être plus vrai que le moment où nous le proclamons.»

Walid Neill, , Le Passant, le Savant, l'Imbécile et la vie"


Baruch sourit.
- Certes, tu sens mauvais Félicien, mais, dans le fonds, tu n'y peux rien. Te souviens-tu de ces journées d'escalade? Celles qui nous faisaient grandir en nous rendant si petits.

mercredi 12 novembre 2008

Discernement


«Ainsi la matière, auparavant informe et stérile, prit la figure de l'homme, jusqu'alors inconnue à l'univers. L'âge d'or commença.
Alors les hommes gardaient volontairement la justice et suivaient la vertu sans effort. Ils ne connaissaient ni la crainte, ni les supplices; des lois menaçantes n'étaient point gravées sur des tables d'airain; on ne voyait pas des coupables tremblants redouter les regards de leurs juges, et la sûreté commune être l'ouvrage des magistrats. »

Ovide, , Métamorphoses, Livre I"


Baruch, incapable de discerner le présent du passé, était heureux. Il avait retrouvé Félicien et par la même occasion une sorte d'enthousiasme enfantin qui lui faisait retrouver un élan qui lui faisait défaut depuis longtemps.
- Dis-moi Félicien, qu'as-tu pendant tout ce temps où tu as disparu de ma vie?
- Rien.
- Cela ne se peut, Félicien.
- Pourquoi cela serait-il impossible?
Baruch, en un instant grandi et se retrouve dans le présent, incapable de voir et de se mouvoir. Dans le noir la silhouette de Félicien est redevenue incertaine et quelque peu repoussante tant il sent mauvais.
-...

mardi 11 novembre 2008

Imprévisible


Ainsi Félicien avait surgi du passé de Baruch sans que celui-ci ne le ressente ainsi. Le temps ne suivait plus sa limpide trajectoire. Il se montrait inconstant et imprévisible. Les années ne succèdent plus aux années, les heures ne se suivent plus mais sautent d'un jour à l'autre. Il est midi à minuit.

lundi 10 novembre 2008

Il en est ainsi


«Il n’y eu pas de transition entre le moment où ils se parlaient et le moment où ils me retrouvèrent assis à table. Il manquait un morceau à l’histoire de leurs vies.»

Walid Neill, , Le Passant, le Savant, l'Imbécile et la vie"


- Il en est ainsi à tous moments et chaque jour depuis l’aube de l’humanité, dit Félicien. Des pans entiers de notre vie disparaissent sans même que nous nous en apercevions. Et puis un jour ils réapparaissent là où nous ne les attendons pas.

dimanche 9 novembre 2008

Dur labeur


«Le dur labeur affine le cœur et la fatigue aiguise l’esprit !»

Walid Neill, , Le Passant, le Savant, l'Imbécile et la vie"


- Es-tu en train de me dire que durant tout ce temps tu étais là et que je ne te voyais pas ?
- C'est cela et... ce n'est pas cela.
- Voudrais-tu avoir la gentillesse de m'expliquer cela plus clairement ?
- Il faudrait pour cela que vous posiez une question construite de telle manière que la réponse ait une chance de vous sembler claire.
- Comment trouver une telle question ?
- Est-ce là "votre" question ?
- Bien sûr que non. J'ai beau chercher, je ne la trouve pas. Comment faire pour trouver la bonne question? Comment sais-tu, toi Félicien, ce qu'est une bonne question?
- Je ne sais pas comment je le sais. Je le sais, tout simplement. Si je m'interroge à propos de la question, je ne sais plus. La question est aussi un secret. Elle est la clé de la disparition.
- La disparition de quoi ?
- Du secret.
- Quel secret ?
- Celui que l’on doit sceller.
- Sceller où ?
- Je vous l’ai dit : en son cœur.
Baruch, surpris, sent un mécanisme à la fois immense et minuscule se mettre en branle, renversant sur son passage des années entières d'immobilités blafardes.
- Dois-je comprendre que pendant tout ce temps tu as disparu en mon cœur... comme un secret ?

samedi 8 novembre 2008

Pas à pas


«Le ciel s'illumine de toutes les désillusions qui s'embrasent.»

Walid Neill, , Le Passant, le Savant, l'Imbécile et la vie"


- Qu'as-tu fait de tous ce temps, Félicien ?
- Je n'ai fait que ce que ta volonté me disait de faire, Baruch. Je suis là dans ton ombre qui te suit pas à pas.

vendredi 7 novembre 2008

Alors

«La mentalité agraire perçoit comme une menace contre son intégrité ce qui, venu du dehors, pénètre, s'instille, s'installe en elle. Le clan du corps communautaire bannit le corps étranger au nom de l'anormalité.»

Raoul Vaneigem, , Le Chevalier, la Dame, le Diable et la mort"


- Si je me souviens, Baruch... Comment peux-tu imagine que je puisse ne pas me souvenir de ce que tu me fis subir alors ?
Le mur de la mémoire de Baruch, trop longtemps contenue et lourdement fardée, se fissure.
- Je ne vois pas ce que tu sous-entend Félicien. Jamais nous fîmes autre chose que jouer. Tout n'était que jeu alors.

jeudi 6 novembre 2008

Te souviens-tu ?


«- Je te salue "Rescapé du ciel"! Que l'Histoire te vienne en aide!
Mais pour commencer, accepte ces misérables cadeaux !.. Nous étions autrefois riches et puissants, vois aujourd'hui ce que nous sommes. Pour ma part c'est ce que je t'offre : la vision de ce que tu pourrais être un jour...»

Lidane Liwl,
Don Cabosse, Edition "Quand la source était claire"


- Te souviens-tu Félicien, quand nous jouions sur la balustrade de la terrasse ?

Après tant d'années...


Baruch ne doutait pas de sa vue. Ce qui se passait devant ses yeux était: "sans l'ombre d'un doute". Cette confiance absolue, même si elle était basée sur des interprétations douteuses, n'en constituait pas moins une force extraordinaire qui lui donnait une assise et un aplomb peu communs. Ainsi en était il de Félicien. Un minuscule morceau de bois taillé monté sur roulette. Un jouet pour enfant devenu, "sans l'ombre du doute", le porteur d'une histoire qui ne date pas d'hier.
- Félicien ! Se peut-il que ce soit toi..? Après tant d'années...

mercredi 5 novembre 2008

Conversation


«Il y en a qui pensent que cette simplicité est une marque de peu d’invention. Ils ne songent pas qu’au contraire toute l’invention consiste à faire quelque chose de rien.»

Racine,
préface de Bérénice (1670).


- Nous sommes fait pour nous entendre !
Presque immobiles Baruch et le petit bélier poursuivent leur face-à-face.
- Comment pourrais-je vous aider si je ne vous connais pas ? Il faudrait que nous fassions plus ample connaissance. Pour commencer, dites-moi quel est votre nom.
- Félicien.

Le nom de Félicien se mit à flotter longuement dans la tête de Baruch...

dimanche 2 novembre 2008