lundi 29 février 2016

29 février (56)

Divine providence
 Épisode 56




Les ombres dansantes effrayaient le Colonel. Une petite voix, qu'il lui était impossible de ne pas entendre, lui disait qu'il allait devoir les affronter. Il se mit à faire comme elles. Il soulevait lentement les bras, l'ombre battait des ailes comme un oiseau gigantesque. Il accélérait le mouvement, elle faisait pareil... Le Colonel était un homme intelligent, il comprit très que les deux mouvements étaient liés. Cependant quelque chose clochait...
– Quelle source lumineuse projette cette ombre ? La seule qui soit capable de le faire est tombée à l'horizon devant, et non derrière moi. De ce fait, elle ne peut agir avec moi que dans l'autre sens...
Quelque chose clochait encore dans son raisonnement...


 Le Colonel n'était pas au bout de ses surprises. Au moment même où il devenait sûr qu'il ne pouvait être la cause et l'effet, l'explication surgit... Simple et irréelle...


La très véridique histoire du colonel Ortho
Éditions "Desipere in loco"

vendredi 26 février 2016

26 février (55)

Divine providence
 Épisode 55




À portée de main, il n'avait s'empêcher d’attraper une de ces joyeuses lumières virevoltantes et c'est entre ses mains qu'il la tenait.
D'un seul coup, tout s'assombrit.
Le Colonel s'amuse à ouvrir et fermer les mains. Et puis : plus rien.
Depuis la disparition de la luciole, le monde du Colonel, loin de s'être
illuminé, paraissait s'obscurcir. Une autre lueur vacillante faisait naître des ombres inquiétantes.
– Comme sur la lune... pense-t-il. C'est bien étrange...

La très véridique histoire du colonel Ortho
Éditions "De profundis clamavi"

jeudi 25 février 2016

25 février (54)

Divine providence
 Épisode 54




Le temps passait. Le Colonel arpentait.
Étrangement, ce qu'il prit pour une luciole virevoltait.
Fasciné, le Colonel, comme absent, suivait du regard les imprévisibles
volutes de ce petit être auréolé de sa propre lumière.


Presque instinctivement, mais d'un geste lent et mesuré
le Colonel tendit la main vers la lumière.
La petite Luciole, tel un astre au couchant, disparaît au loin.
Comme à l'horizon.
 


La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Lucidus ordo"



mercredi 24 février 2016

24 février (53)

Divine providence
 Épisode 52




 Insensiblement la voix s'était mise à chanter et nous enveloppait curieusement.
Le chant semblait surgir de partout à la fois et pourtant le Colonel avait
le sentiment que le chant se dédoublait, semblant lui parvenir tout
autant de l'endroit où il allait que de l'envers d'où il venait...




La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "sanctum sanctorum "



mardi 23 février 2016

23 février (52)

Divine providence
 Épisode 52



Insensiblement la voix s'était mise à chanter et nous enveloppait curieusement.
Le chant semblait surgir de partout à la fois et pourtant le Colonel avait
le sentiment que le chant se dédoublait, semblant lui parvenir tout
autant de l'endroit où il allait que de l'envers d'où il venait...




La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "sanctum sanctorum "

lundi 22 février 2016

22 février (51)

Divine providence
 Épisode51


Le Colonel Ortho, en compagnie de son chien Fidèle
est tombé dans des profondeurs infinies qu'il ne connait pas.
Il entend une voix dont il ne peut identifier l'origine...



Mais... n'obéissant qu'à ses sens, le Colonel pénètre sans hésitation dans ce
qu'il sait n'être qu'un mirage, un reflet lointain d'une réalité elliptique.
- Des mots, tout cela n'est rien que des mots...
Dans l'euphorie du moment il oublie tout. Il se laisse bercer par ce
chant mystérieux, presque inaudible, qui le porte bien au-delà de ses
peurs.


Le Colonel essaie de faire le point.
– En tout état de cause, j'avais, me semble-t'il, perdu la mémoire et
le souffle me manquant provoquait une sorte d’excitation qui
me semblait stimuler mon intelligence...
Je ne savais pas ou plus qui était ce Souriant qui maintenant
me faisait si peur et dont la présence ajoutait constamment
de la profondeur à ces profondeurs qui m'angoissaient.
Lorsque je demandais à Fidèle d'avoir la gentillesse de me renseigner, il eut
cette réponse bizarre qui ne fit qu'ajouter à ma confusion.
– Le Souriant n'est pas un homme du monde d'en haut, mais deux...





La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Nec mortale sonans"

dimanche 21 février 2016

21 février (50)

Divine providence
 Épisode50



 
– Qui se cache derrière ce sourire qui me glace ?

Comme une pirouette de saltimbanque, d'un mouvement désinvolte il
entrouvre la gueule de la mort au visage si joyeux et pénètre plus
avant...! "


Le Colonel Ortho, en compagnie de son chien Fidèle
est tombé dans des profondeurs infinies qu'il ne connait pas.
Il se sent un peu perdu et raconte:
– J'étais très inquiet. Je ne comprenais pas très bien ce qui m'entourait.
À vrai dire je ne savais plus du tout où je me trouvais. J'admirais Fidèle
qui paraissait s'être acclimaté sans difficulté. Il était véritablement
comme un poisson dans l'eau.
- Dis-moi où nous nous trouvons, Fidèle compagnon...
Il me répondit d'un ton badin.
– Nous pouvons nous trouver n'importe où. Ce qui compte c'est de
chercher en jouant.
Je ne comprenais pas entièrement ce qu'il avait voulu dire. Jouait-t'il
sur les mots ou bien pensait-il réellement que l'endroit où nous nous
trouvions n'avait pas d'importance. Et puis il avait cette voix qui
résonnait dans ma tête et qui ne me semblait venir d'un autre monde.


La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Nec mortale sonans"

samedi 20 février 2016

20 février (49)

Divine providence
 Épisode 49


Depuis que vous l'avez "reconstruit" le Souriant sourit en permanence. Mais ce sourire a son prix. Il vous poursuit où que vous alliez. C'est ainsi que vous pensez qu'il est ici, nageant au-dessus de vous. Pourtant la raison s'impose: il ne saurait être question que ce soit lui. À moins que le Souriant ait acquis la capacité de métamorphose absolue... Même en ce cas, il ne vous reste qu'une seule chose à faire : l'affronter.
C'est ainsi que, n'écoutant que son courage, le Colonel se mit en devoir de surmonter sa peur...

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions : "Cantabit vacuus coram latrone viator"

vendredi 19 février 2016

19 février (48)

Divine providence
 Épisode 48


À peine nous remîmes nous à bouger que ce fut celle dont nous nous étions le plus approché qui s'immobilisa. Un léger chant émanait de sa lumière. Je ne pus réprimer un frisson quand Fidèle me décrivit à sa manière le visage de ce monstre. Les cicatrices aux coins de la bouche, celle à la base du cou, ce sourire énorme, pas de doute : Le Souriant nous avait suivi jusqu'ici...



La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Parcere subjectis et debellare superbos"*


*Virgile, Énéode, liv. VI 

jeudi 18 février 2016

18 févier (47)

Divine providence
 Épisode 47





Lorsque nous ressortîmes de la montagne ridée, à peine le rideau se fut refermé que la lumière disparu aussitôt. C'est alors qu'apparu un ensemble de lunes flottantes et d'étoiles mouvantes... Fidèle et moi étions restés figés lors du brusque changement de luminosité et de la soudaine disparition du rideau. Lentement nous nous remîmes en marche, à nouveau surpris par la tournure que prenait notre histoire. La lune est changeante, c'est bien connu, mais celles-ci changeaient tout le temps et ne se déplaçaient pas selon un ordre prévisible...


Nous eûmes rapidement l'explication de cet étrange phénomène. À mesure qu'elles approchaient, les lunes se dévoilèrent pour ce qu'elles étaient... C'est ce qui fit que, fascinés, nous nous figeâmes à nouveau dans la même position que l'instant précédent...


La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Lucidus ordo"

mercredi 17 février 2016

17 février (46)

Divine providence
 Épisode 45

C'est quand la faille est ouverte que le regard creuse...
Il était hors de question que ses yeux se referment, ne serait-ce qu'à demi...



À peine avais-je fait un pas à l'intérieur que la lumière était passée à l'extérieur. Le rideau s'était refermé et la nuit des profondeurs se reformait autour de moi. Ce que je crus voir à l'intérieur me stupéfia et me fit perdre la tête... Là, devant moi...

 J'étais là, devant moi... Tel que, un plus tôt, je dansais avec Fidèle. Nous éprouvions un plaisir sans égal de nous mouvoir avec la légèreté d'un poisson dans l'eau. Mais le plus surprenant était que l'ombre que nous dessinions et que nous regardions comme un spectacle en soi, ne respectait pas le même rythme. Nos ombres vivaient leur propre danse... Elles faisaient ce qu'elles pouvaient... ou alors...

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "O altitudo !" 

mardi 16 février 2016

16 février (45)

Divine providence
 Épisode 45



Il régnait dans ces profondeurs bleutées, une clarté à la fois douce et tranchante dans laquelle des masses de brumes inégales, tantôt brillantes, tantôt mattes, se mouvaient et se mélangeaient en un maelström imposant mais cependant discret. Tant que l'image était floue le regard était libre et se promenait d'une entité à une autre en ayant l'impression que tout participait de tout. Mais sitôt l'image devenue nette, il devenait difficile d'échapper à son emprise. Le corps entier était happé sans qu'il fut possible d'en réchapper. C'est ainsi que j'entrais sans résistance dans une de ces entités en forme de rideau de théâtre que j'avais vu apparaître. Des entités venues du néant, et qui avaient grandi démesurément, simplement nourries de mon regard. Au début ce n'étaient que de petites montagnes rouges assemblées en une figure circulaire. Peu à peu l'espace se contactait, les montagnes semblaient grandir et peu à peu je fus enfermé au milieu d'un cirque de montagnes infranchissable. Au centre de ce cirque surgissaient à nouveau de petits monticules rouges...


Au centre de ce cirque surgissaient à nouveau de petits monticules rouges qui, à leurs tours, se mirent à grandir... Leurs surfaces plissée attirait irrésistiblement la caresse de mes mains. Je fus surpris de constater que la roche n'en était pas et que ce que mes mains rencontrèrent était un tissu épais, moelleux et velouté. De plus ces immenses rideaux dégageaient un parfum si enivrant qu'il était difficile de ne pas céder à la tentation de les ouvrir. Ce que je ne pus m'empêcher de faire. La lumière qui jaillit alors acheva de m'aveugler...

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Parturient montes"

lundi 15 février 2016

15 février (44)

Divine providence
 Épisode 44



Le Colonel Ortho, toujours sans vraiment savoir comment et pourquoi tombe à l'eau...

Il raconte:
– L'ivresse de la chute qui s'ensuivit me fit perdre la tête. J'avais l'impression d'être un oiseau déplacé pas la tempête et qui ne trouve plus ses repères. Tout était nouveau. J'étais quasiment devenu aveugle sur la terre ferme. Ici je voyais à nouveau. Un monde de couleurs mouvantes et changeantes que j'avais l'impression d'entendre.

Après un long vol plané et un atterrissage tout en douceur nous nous assîmes Fidèle et moi sur le fond désertique où reposaient les deux colonnes. Ma tête bouillonnait, la moindre de mes veines voulait éclater, mon cœur battait violemment tel un oiseau enfermé cherchant vainement à se sauver. Mon crâne résistait encore vaillamment au naufrage plus que probable. Les questions, comme des vagues furieuses, fusaient de toutes part.

Ce fut Fidèle qui me sauva. Peu à peu, sous l'effet de ses paroles, le calme se rétablit.
– Oublie tout... Oublie ce que tu fus à cet instant même.

Le tremblement de mon corps cessa au moment même où ma mémoire devenue oubli cessa de résister. Je sentis descendre en moi un flux nouveau. J'étirais mon corps, mon souffle revint. Malgré moi. Je n'avais plu besoin de respirer. L'air entrait en moi par tous les pores de ma peau.


– ... J'avais perdu la vue mais il suffisait que je ferme les yeux pour que les images se forment... Au début ce n'étaient que des mouvements colorés qui vibraient comme s'ils contenaient leur propre lumière. Puis lentement cette lumière se répandait à l'extérieur dévoilant peu à peu les formes qui la contenait. C'était nouveau pour moi. Ce ne l'était pas pour Fidèle...

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "De profundis" 

dimanche 14 février 2016

14 février (43)

Divine providence
 Épisode 43




Sans savoir vraiment comment, le Colonel se retrouve au bord du ponton...
Il essaie de se souvenir:

– À mon grand étonnement, juste après les deux colonnes de bois, la dernière planche recouvrait deux autres marches que nous nous mîmes à descendre. Arrivé sur la troisième j'hésitais...
– Suis-moi sans hésiter, me dit Fidèle qui joignant le geste à la parole s'élança sans la moindre hésitation.

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Vae soli"

samedi 13 février 2016

13 février (42)

Divine providence
 Épisode 42


Aussitôt le Colonel a-t-il décidé de raconter ses
expériences extraordinaires que pour quelles raisons mystérieuses
il le fait avec une détermination qui outrepasse joyeusement l'ordinaire...


– Vous avez raison, cher Colonel, de tout petits changements, si minimes soient-ils,
trahissent les efforts pour modifier le sens d'une vie...
Vous l'allez voir bien prestement...

Il ne se passe pas un jour que Colonel entende sa propre mort lentement le rattraper.  Long temps dans tous les domaines il a consacré au Souriant. Ne ménageant jamais ses efforts pour que son initiation soit une réussite. Et pourtant...

– Je ne reconnais plus le Souriant que je considérais pourtant comme la chaire de ma chair. C'est comme si je l'avais conçu entièrement... mais ce qu'il dit aujourd'hui m'est incompréhensible. Lui qui n'était qu'un nain est aujourd'hui devenu si grand que lorsqu'il me regarde ou me parle j'en perds tous mes moyens, mon masque se dissout, ma casquette s'envole et à la place de mes yeux se creusent deux trous béants dans lesquels je me perds...


Il a trouvé un confident fidèle en la personne de son chien. Il peut enfin faire entendre les inquiétudes qui le rongent de l'intérieur. Fidèle est un être rassurant, malgré sa douceur il sait faire preuve d'autorité. C'est sans détour qu'il me dit :

– Mon très cher et vénérable Maître, oublie le Souriant et cesse de t'apitoyer sur toi-même. Cela ne te mènera nul part. Viens avec moi, aie confiance en moi comme j'ai confiance en toi, là où je t'emmène est un ailleurs que tu ne connais pas encore et pourtanr...
Curieusement, le Colonel sut immédiatement qu'il lui serait impossible de résister et son corps se met à trembler quand il se voit à avancer vers l'extrémité du ponton. Des souvenirs diffus bourdonnent dans ses oreilles.

– C'est là que j'envoyais mes prisonniers par le fond. Se pourrait-il que mon destin puisse m'imposer de me faire subir le même sort !

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Fronti nulla fides"


vendredi 12 février 2016

12 février (41)

Divine providence
 Épisode 41

– Qu'est-ce qu'un roi sans royaume?
Inlassablement, et depuis toujours, le Colonel Ortho s'interroge.
Il me faudrait un peuple sur lequel je puisse m'appuyer, qui me procure gloire et tendresse...
Ses rêves ne manquent pas de grandeur...


Quand le Colonel a-t-il décidé
de raconter ses expériences extraordinaires,
et pour quelles raisons mystérieuses l’a-t-il fait ?
De bien trop vastes questions, sans doute, d'autant plus
qu'il n'est rien d'aussi infidèle qu'un récit ou une image.
Mais y a-t-il d'autres moyens?




Il arrive que le Colonel se souvienne avec émotion de ses lectures de jeunesse. Certes les souvenirs, conformes à leur nature, se déforment quelque peu. Le Colonel n'en a cure. D'ailleurs, il ne s'en doute même pas et c'est sans vergogne qu'il endosse, tour-à-tour, les costumes et les tournures :

"Marat :
– On m'a dit que tu voulais redonner un roi à la France, ou te faire roi toi-même : tu devais être sûr d'échouer dans ce projet.

Robespierre aussitôt lui répond :
– On a dit, on a dit, tu crois donc, toi, à ce qu'on dit ? N'étais-je pas plus que roi, ou dictateur, ou empereur ! Que m'importait le nom puisque j'avais la chose. Le malheur est venu de ce que je n'ai pu la consolider. Il fallait demander ce que j'attendais que l'on m'offrit : le peuple me l'aurait accordé, et mes ennemis auraient fait des efforts impuissants pour m'abattre..."*


– De tout petits changements, si minimes soient-ils,
trahissent les efforts pour modifier le sens d'une vie...


Si le Colonel avait pu connaître l'avenir, il se serait vu sur le ponton désert de son palais. Il aurait pu entendre les conversations qui commencèrent ce jour-là avec son chien. Le Colonel aime beaucoup les chiens. Il était loin de se douter que ce qu'il vivait là compterait parmi les plus belles heures de son existence.
Le chien :
– On m'a dit que tu voulais redonner vie et espoir à humanité, quitte à te sacrer roi toi-même : comment pouvais-tu être assez fou pour oser de telles pensées?
Le Colonel :
– On a dit, on t'a dit... Qui te l'a dit?
Le chien :
– Peu importe, les mots se promènent et qui peut dire avec certitude qui en serait le maître et encore moins l'auteur...
Le Colonel :
– Tu crois donc, toi, à ce qu'on dit ou à ce qui se dit... ? Ne suis-je pas plus que roi, ou dictateur, ou empereur ! Que m'importe le nom puisque j'ai la chose. Tout cela a déjà été dit. Le malheur vient de ce que je ne peux m'en souvenir. Il eut fallu que je m'exprime plus clairement à propos de ce que j'attendais que l'on m'offrit : mon peuple me l'aurait accordé, et mes ennemis auraient fait des efforts impuissants pour m'abattre... Il est vrai que j'ai tendance à confondre le présent et le passé...
Le chien :
– Faisons silence, si l'heure est grave, mon maître, il n'est jamais trop tard pour bien faire. Abstenons-nous de toute parole indigne et mettons-nous en marche...

Curieusement, si le Colonel n'était guère surpris d'entendre son chien parler, il était stupéfait de la justesse de ses propos. Il se demandait comment un chien qui commence à peine de parler peut formuler sa pensée de façon aussi claire. Il en déduisit pour la première fois que quelque chose lui échappait dans l'ordonnance de son monde...

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Tempus edax, homo edacior !"


*Dialogue entre Marat et Robespierre
Édité en l'an deux de la République française

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Dura lex, sed lex !" 


jeudi 11 février 2016

11 février (40)

Divine providence
 Épisode 40

Dans le plus secret des secrets, sans que personne ne puisse l'atteindre
est un plus grand secret. Le Colonel, lui même,
ne le sait pas vraiment, bien qu'en partie, il en fut l'auteur.


– Cette planète n'est pas ce qu'elle montre!
La lumière dans laquelle elle baigne n'est pas la sienne.
La matière subtile ne lui appartient pas.
Elle n'est que matière inerte
à laquelle la "distillation lumineuse" a enlevé l'esprit.
De plus, elle n'est pas si lointaine
que mes mains ne puissent l’atteindre...

Tout au plaisir de sa toute nouvelle activité qui occupait de plus en plus de place dans son esprit, le Colonel Ortho passait son temps à attendre l'instant béni de cette projection. Naturellement elle ne se produisait pleinement et très régulièrement qu'une seule fois par mois. Ce qui, très vite, lui procura une frustration au moins égale au plaisir qu'il en tirait. Il lui fallait attendre, ce qui occasionna un apprentissage des plus douloureux... De plus, il était à la merci des éléments. Un simple nuage au mauvais moment pouvait tout remettre en cause. Il lui fallut étudier la course et les routes mystérieuses qu'empruntait cette lumière de telle manière qu'il put se trouver, en lieu et heure, de manière très exacte sur son chemin. Il changea souvent de point de vue, multiplia les expériences et les constructions diverses, ce qui qui, il s'en aperçu assez vite, l'aidait grandement à supporter l'attente.



– Tout est-il dit lorsque qu’une image se présente?


Le Colonel porte son masque depuis si longtemps qu'il en est arrivé à douter de lui.
– "Qui" y-a-t'il derrière cette façade? se demandait-il souvent.
Sans pouvoir de répondre, il se prend délicatement la tête entre ses mains et, faisant face à soi-même, les yeux dans les yeux il se parle d'homme à homme.
– Souviens-toi, homme, des lourdes chaînes de tous qui t'ont précédés et qui sont tombés dans l'oubli.
Le Colonel aimait entendre ce mot "homme". Une grande nostalgie le pénétrait lorsqu'il le prononçait...
– Ne laisse pas les temps te corrompre: "Tête qui roule n'amasse pas mousse !"
Il aimait aussi entendre ces sentencieuses citations qui meublaient son esprit.
– Souviens de l'esprit de tes maîtres dont aucune trace ne survit.
Un certain doute l'envahi.
– Comment cela: aucune trace ? S'il n'y en a pas, comment pourrais-je m'en souvenir?
Une certaine clairvoyance, enfantine certes, mais clairvoyance tout-de même...
– Souviens-toi de celui qui fut le plus grand et le plus vertueux: "Maximilien Robe de pierre", homme intègre s'il en fut, injustement accablé de tous les méfaits imaginables. Devant l'adversité, le mensonge, la bassesse et l'ignominie des hommes fais face avec vaillance et fais revivre le "Culte de l'Être suprême".
Le Colonel aimait parler et il aimait tout autant s'écouter. C'était un homme complet... Ses bonnes paroles avaient le don de le faire sortir du doute. Certes, aucune réponse n'était venue apaiser son interrogation, mais, dans ces moments là, il était heureux.


 
La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Caput mortuum" 




mercredi 10 février 2016

10 février (39)

Divine providence
 Épisode 39

Lecteurs curieux, avant de pénétrer plus avant
en la prodigieuse et triste histoire du Colonel Ortho,
recevez, je vous prie, cet avertissement:
Tout porte à croire, et ce n'est pas là chose étrange, que tout ce qui est raconté là
serait rare ou étrange mensonge colporté et maltraités par quelque ignare peu au courant
des doctes faits et gestes du monde civilisé.
Il serait depuis longtemps sinon oublié,
du moins perdu dans les brumes du hasard, 
celui qui de ses mains, de sa bouche et de ses pieds,
embrassant l'horizon sans aucunement en connaître les lois,
se laisserait traverser par les mots ou les images sans tenter de les attraper...
Mais qui donc serait capable de le faire sans se faire injure à soi-même
et rendant au temps l'hommage qui lui serait dû?


Livré à lui-même, le Colonel se prend au jeu. Ses mains se délient et se mettent à raconter. Elles font apparaître ce qu'il croyait avoir oublié. Devoir oblige, il se doit de faire face à son passé.

– Si l'âme universelle donne la vie et le mouvement au monde, mes mains doivent en faire autant.

Sans le savoir, il se fait l'écho de Virgile :
« L'âme universelle du monde est comme un grand océan de lumière,
nos esprits sont comme de petits ruisseaux qui en sortent et y retournent pour s'y perdre.»


 

– Tout est-il dit lorsque qu’une image se présente?

En se déplaçant sur les petites îles de son territoire, le Colonel se rend compte que le rapport entre sa grandeur et celle de la lune est variable. C'est ainsi que ses mains, et par extension lui-même dans sa presque totalité, peuvent, sous certaines conditions, disparaître complètement de la vision d'un spectateur. Il se met à réfléchir longuement.
– Si la lune lune suit fidèlement la trajectoire qui la lie à la terre, je pourrais en me déplaçant constamment, pouvoir imprimer continuellement une image visible sur sa surface. Le problème est qu'elle n'est pas stable. De plus, elle est changeante... Il faudrait pouvoir la stabiliser, voir même en créer une nouvelle, plus belle et moins changeante !
C'est ainsi que se mit en mouvement, dans la tête du Colonel, l'irrésistible et irrémédiable ascension d'une lune nouvelle.

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Similia similibus"

mardi 9 février 2016

9 février (38)

Divine providence
 Épisode 38


"– Afin que nulle fraude ne s'attaque à moi-même,
il faut que de ce miracle  je capte les causes de ces prodiges
tout autant que leur effets."

Comment et pourquoi, un petit matin, tout-à-fait par hasard, le Colonel s'adonnant à l'un de ses jeux favoris* découvrit le reflet de ses dix doigts s'agiter dans la lumière blafarde de la lune et comment cette simple observation lui fit découvrir comment et pourquoi les horizons peuvent changer à tous moments.

Le Colonel eut une "bouffée d'émotion" quand il vit ses propres mains "prendre vie" sur la surface lumineuse de la lune. Tout de suite son esprit "éveillé" comprit le parti qu'il pourrait en tirer.
– Volez oiseaux à pleines mains, que j'en couvre cette lumière, et que d'ici je prodigue l'ombre de ces ces offrandes légères et ces vains honneurs à ceux qui sont et à ceux qui seront comme mes enfants !



"– Quelle suprême illusion et joie profonde que celle qui,
oubliant toute malédiction, foudres ou tempêtes,
surgissant des entrailles de la terre et des profondeurs du ciel,
surpasse sans effort tous les avertissements et toutes les raisons."




La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Ab nihilo"

*"Saute-mouton": jeu à la fois sportif et enfantin qui consiste à chevaucher élégamment une vague après l'autre. Lorsque le Colonel chevauche la dernière dernière vague, celle -ci se relève et saute à son tour le Colonel, en continuant par toutes les vagues qui l'ont précédées et ainsi de suite. Le nombre de vagues n'est pas fixé. Le jeu se poursuit jusqu'à l'épuisement des acteurs et que le calme plat se soit installé.

lundi 8 février 2016

8 février (37)

Divine providence
 Épisode 37


"– Il ne s'agit point d'un coup de théâtre...
L'emploi des gestes et des mots doit être d'une précision secrète et précise
qui seuls président à la grandeur de l'ouvrage..."

Le palais du Colonel a été conçu à l'image des lois et de la raison divine. Il est construit sur une lagune très éloignée et sans cesse soumise aux variations climatiques, aux rythmes des marées, des astres et de la lune.
– Il se dresse fièrement, enveloppé et caressé par la mer, pénétrant le ciel de toute sa vigueur virile, il domine tout comme l'être humain dans toute sa beauté et sa complexité ! Il n'est possible à nul autre qu'à moi-même, par ma fréquentation assidue, d'en percevoir la totalité.

Quand le colonel Ortho veut "travailler" tranquillement avec ses disciples, il prend ses quartiers dans un ancien phare attenant au palais qu'il a luxueusement aménagé sur une lagune. Bien à l'abri des regards, il œuvre.
– Tout l'art consiste à être subtil et discret. Au-delà de tout, le sujet doit continuer à rêver. Ici, nul ne peut nous déranger... Mes oiseaux veillent... Heureuse faute, qui a mérité un si grand rédempteur ! La vérité existe mais nous ne la percevons que de manière inadéquate et fortuite.
Selon le Colonel, et aussi paradoxal que cela puisse paraître à qui le connait de loin, "l'esprit des lois est la raison divine et la loi suprême est l'amour universel du genre humain."*


La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Felix qui potuit..."

*Le Colonel lit aussi. Il a bonne mémoire et fait feu de tout bois. Adepte de Cicéron,
sans vergogne, il a fait sienne une partie de ses idées.

dimanche 7 février 2016

7 février (36)

Divine providence
 Épisode 36


"– Il ne s'agit point d'un coup de théâtre...
L'emploi des gestes et des mots doit être d'une précision secrète et précise
qui seuls président  à la grandeur de l'ouvrage..."

Le monde du Colonel et du Souriant se rejoigne. Et pourtant rien ne peut être aussi différent. Les apparences sont trompeuses. Ce que l'un voit et fait en profondeur ne ressemble en rien à ce que ressent l'autre. Ainsi le Souriant, qui sourit enfin de son vrai sourire a l'impression de renaître à la vie, sauvé par son maître... La femme qu'il aime est là, dans l'ombre et complice de son mari. Son doux visage d'ange est au service du Colonel. Celui-ci est , l'espace d'un instant, touché par l'expression béate du mourant qu'il tient entre ses bras et par la tendre complicité qui commence à s'établir entre sa femme et son disciple. Mais très vite il reprend ses esprits.
– Surtout, ne pas se laisser submerger par des émotions. Quelles qu'elles soient ! De la rigueur et de la droiture, toujours et encore. Cet homme est bientôt mûr pour la grande tâche que je lui ai assigné. Le temps n'épargne pas ce que l'on fait sans lui. Il faut, sans tarder, vider et ranimer ce voyageur fatigué...
Blondine sait consoler. Elle a pris le Souriant dans ses bras. Elle exerce sur lui de subtiles caresses. Le Souriant, de plus en plus béat et insouciant, rêve de ne jamais se réveiller. Son corps, lentement, se réchauffe et s'allonge... et oublie...
- Si seulement cela pouvait ne jamais s'arrêter !
Sous les mains expertes, le nain se transforme en géant.
Le Colonel, dans l'ombre de Blondine, très ému, tente vainement de réprimer son émotion.

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "O felix culpa" 

samedi 6 février 2016

6 février

Divine providence
 Épisode 35


"– Sous les masques et les accessoires se trouverait l'essentiel..."

Le Souriant se perd... mais à l'autre bout de la corde le Colonel Ortho se concentre. Il compte soigneusement le nombre de bulles qui remontent à la surface. C'est un exercice difficile. Il en va du succès de l'entreprise. Lorsque la dernière bulle éclate, compte tenu de la profondeur, il peut, dans un mouvement lent et régulier, commencer la remontée du sujet. Surtout ne pas faire d'accoups qui pourraient signaler la présence de la corde.
- Il faut que le sujet se perde et oublie où il se trouve. Tous ses repères doivent disparaître pour que l'homme puisse renaître pur et sans mémoire...

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Action, récompense et sanction"

vendredi 5 février 2016

5 février (34)

Divine providence
 Épisode 34


"– Vais-je enfin connaître cette si lointaine vérité qui,
dit-on, réside en ces profondeurs?"


Le souffle s'éloigne aussi, la boule monte de l'estomac, le corps descend, la bouche s'ouvre. La tête résonne. Qu'est-ce qui bat si fort contre les parois ? Le corps n'a pas soif n'a pas soif mais prend l'eau, toute l'eau. La tête se brouille. Elle se met à flotter. Le souffle s'inverse. À ce point précis le corps entier flotte, libéré. Les images reviennent. Blondine est là qui émerge... Il lui parle... Elle m'appelle ! Son talon touche le fond. Aspiré vers la lumière son corps libéré ondule.

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Souffle, profondeur et mascarade"

jeudi 4 février 2016

4 février (33)

Divine providence
 Épisode 33

"Entre nous, en tant que scientifique, je crains bien qu'il faille choisir entre
mettre le langage au service d'un discours
ou mettre les mots, presque les lancer au hasard sur la page.
Puis, dans un geste accueillant les découvrir en leur état,
en prenant grand soin  de se maintenir au-delà
de toutes les déductions logiques
qui ont la fâcheuse tendance d'apparaître en premier
puis regarder ce qu'ils veulent dire..."

Colonel Ortho


"La vérité ne se donne point par plaisir."


Le naufrage est inévitable. S'il ne veut être consommé par ce feu qu'il a lui-même allumé, le Souriant doit se jeter à l'eau.
- Que ce feu consume tout ce que j'ai été... Dès ce moment je suis mort à moi-même.
Le Souriant ne croit pas si bien dire. La mer se forme. De profondes vagues montent à des hauteurs qui lui donnent le vertige. Au loin le bateau a cessé de brûler et s'éloigne. Vide.
- C'est à l'image de ma vie, se gargarise le Souriant.
Dans sa mémoire, une seule image flotte à laquelle il se raccroche, celle de Blondine...sa mauvaise foi...
– ..." je sais bien que je suis lâche et paresseux, mais pas tant que ça, ni exclusivement ni une fois pour toutes quand même…"
Et puis l'image se fait floue et s'en va comme une étoile filant dans le ciel de la nuit. Une dernière fois le Souriant se raccroche à la proue de ce qui fut son bateau et à ses souvenirs. Blondine n'est plus qu'un souvenir sans image. Un ange sans visage.
– Je me souviens du moment crucial de notre premier rendez-vous. Je venais de lui prendre la main. Je suis sûr qu'elle voulait être désirée. Elle n'a pas retiré sa main. Je sentais qu'elle voulait être estimée, respectée, admirée. Ainsi elle me résista longtemps. Elle ne voulait pas être corps pour autrui. Elle me donna sa main presque par distraction, inerte comme un petit objet, un élément séparable d’elle... Et puis, sans que je puisse rien faire, comme un ange elle se mit à fuir comme aujourd'hui cette étoile filante.

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Lettres et nez en l'air"

mercredi 3 février 2016

3 février (32)

Divine providence
 Épisode 32


"La vérité se donne toute à tous pourvu qu'il la cueille."

Cette colère noire et fumante ne pouvait rester longtemps sans conséquence. Le couvre-chef jeté à terre, la tête du Souriant fut mise à nu. Incapable de réagir à cette nudité si soudaine, il lui fut impossible d'appréhender l'ampleur du désastre. Il ne lui restait plus, par force, de se voir sourire et pleurer devant le sulfureux destin qui se joue devant lui.

– "...je suis condamné à être libre. Cela signifie qu'on ne saurait trouver à ma liberté d'autres limites qu'elle-même ou, si l'on préfère, que nous ne sommes pas libres de cesser d'être libres." 


La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Sulfure, luxure et naufragés"



*L'Être et le Néant
J-P Sartre

mardi 2 février 2016

2 février (31)

Divine providence
 Épisode 31

"La vérité se donne toute à tous pourvu qu'il la cueille."


Malgré sa petite taille, Le Souriant possédait une vigueur surprenante. Certaines de ses colères explosaient pour des motifs que lui-même avait peine à comprendre. Cela explose et c'est tou...
Ainsi se passa-t'il le jour où, paisiblement installé à la proue de son bateau, il lisait. Brusquement, sans qu'il sache d'où venait la voix, il entendit ces mots:
"Si l'homme est ce qu'il est, la mauvaise foi est à tout jamais impossible et la franchise cesse d'être son idéal pour devenir son être; mais l'homme est-il ce qu'il est et, d'une manière générale, comment peut-on être ce qu'on est, lorsqu'on est comme conscience d'être ? Si la franchise ou sincérité est une valeur universelle, il va de soi que sa maxime «il faut être ce qu'on est» ne sert pas uniquement de principe régulateur pour les jugements et les concepts par lesquels j'exprime ce que je suis. Elle pose non pas simplement un idéal du connaître mais un idéal d'être, elle nous propose une adéquation absolue de l'être avec lui-même comme prototype d'être. En ce sens il faut nous faire être ce que nous sommes. Mais que sommes-nous donc si nous avons l'obligation constante de nous faire être ce que nous sommes, si nous sommes sur le mode d'être du devoir être ce que nous sommes ?"*
Ce qui le mettait dans cette colère noire et fumante n'était pas qu'il ne comprenait rien à cette obscure quête de liberté, mais le fait que même dans cette interrogation dangereuse à l'extrême il paraissait sourire et jouer...


La très véridique histoire du colonel Ortho
« Si le problème a une solution, il ne sert à rien de s'inquiéter.
Mais s'il n'en a pas, alors s'inquiéter ne change rien.»
Aux éditions "Sulfure, luxe et mots couverts"


*L'Être et le Néant
J-P Sartre

lundi 1 février 2016

1er février (30)

Divine providence
Épisode 30

"Trop de détails s'accumulaient,
tissant peu à peu une toile  au milieu de laquelle
il finirait par s'empêtrer comme l'impuissante victime
d'un mystérieux et invisible prédateur."*


Chaque soir, quand la nuit tombe, le Souriant ne lutte plus. Il prend tendrement d'assaut les nuits invisibles, joue et se vautre avec les ombres nues. Il se sent protégé par l'obscurité et les ivres compagnons. Il se donne à cœur joie de midi à minuit, et là, dans la nuit, pas encore rassasié, il refait le monde.
- Mutins ! Marins ! Putains ! Quels bonheurs ! Que dis-je ? Quelle horreur que de rendre lame à ces fugitives naissances qui ne brilleront qu'un instant.
- Que les hommes jettent leurs masques ! Qu'on ne puisse savoir ce qu'ils sont !

La très véridique histoire du colonel Ortho
« Sois heureux un instant. Cet instant est ta vie. »**
Aux éditions "Faux, Chemins, lutins et petit marins"

**Omar Khayyâm 

*L’affaire Nicolas Le Floch 
Jean-François Parot