samedi 31 mai 2008

Affût


À l'affût, immergé dans, et partageant la nature de ce qu'ils convoitent, le chasseur et le collectionneur vivent tous deux dans la position du guetteur. Ce qu'ils chassent doit faire partie d'eux-mêmes.

vendredi 30 mai 2008

Hendiadyn*


"Tapis dans l'ombre et sur l'indistinct, les gardiens immobiles et inquiets se gardent dans l'ordre des hypothèses en expansion." **
** Les théorèmes semi-conducteurs
Lined Walli




* Figure de rhétorique consistant à exprimer une idée par deux mots reliés par et au lieu de l’exprimer au moyen d’un nom accompagné d’un adjectif ou d’un complément déterminatif.

jeudi 29 mai 2008

Hypotypose*


"Un homme sans visage est un pronom indéfini." **

** Le théorème d'Almodovar
Antoni Casa Ros




* L'hypotypose, dit Quintilien, est une figure qui peint l'image des choses dont on parle avec des couleurs si vives, qu'on croit les voir de ses propres yeux, & non simplement en entendre le récit.

mercredi 28 mai 2008

Quand la robe se dérobe


"Ainsi en est-il de l'antique robe de Neptune, cet amoncellement pseudo organique de voiles sur les trois quarts du monde uniment répandu. Ni par l'aveugle poignard des roches, ni par la plus creusante tempête tournant des paquets de feuilles à la fois, ni par l'œil attentif de l'homme employé avec peine et d'ailleurs sans contrôle dans un milieu interdit aux orifices débouchés des autres sens et qu'un bras plongé pour saisir trouble plus encore, ce livre n'a été lu." *
* Le parti pris des choses
Francis Ponge


mardi 27 mai 2008

Gestes


Faut-il oublier que "le geste de parler est une conséquence du geste de se taire, une rupture critique ?" *
* Les gestes
Vilém Flussier


lundi 26 mai 2008

Sentiments


"... avait mis des années pour comprendre que les jours au ralenti, comme il les appelait, les jours où il se donnait l'impression d'avancer dans les profondeurs, que ces jours étaient pour lui ce que d'autres appellent des dépressions. Il l'avait découvert dans un roman, en lisant la dépression de l'héroïne. Lui-même n'aurait jamais eu une idée pareille. Et il ne connaissait personne avec qui il eut été possible de parler de ses sentiments."*

* Le dernier des Weynfeldt
Martin Sutter


dimanche 25 mai 2008

Près du centre


"Au centre du vide, il y a une autre fête."
Roberto Juarroz


"L'impossibilité même de nouer une relation de plus d'un millième de seconde rendrait tout lien aussi léger qu'une plume d'albatros. Les êtres sauraient enfin qu'il n'y a pas de solitude, de devoir, de destin, de passé et de futur."*
* Le théorème d'Almodóvar
Antoni Casa Ros

samedi 24 mai 2008

Relais


À son tour, difficilement identifiable, l'image prend le relais des mots et montre à qui peut le voir ce qui ne peut s'entendre. Ainsi se construisent des mondes dont on ne sait s'ils sont des résultats ou bien des causes.

Vice versa


"Tout être parlant est constitué d'excès qui peuvent devenir pathologiques s'ils ne sont traduits en langage qui est leur traitement premier."


"Le mot écluse et apaise l'excitation. Le verbe se faisant chair et vice versa..."

vendredi 23 mai 2008

Grande barrière & reconnaissance


"Trop de mots se pressaient contre les murs obtus et se diluaient dans l'écume bouillonnante filtrée par les roches blanches, luisantes et menaçantes de la grande barrière du phalanstère utopique." *



"Il lui arrivait souvent de penser à ce qui, tantôt lui semblait être des délires mystiques qui, selon le point de vue où l'on se place, conduit à la sainteté ou à l'asile, tantôt lui semblait être de simples hallucinations induites par de subtils jeux de lumière." *
* Le considéré et le considérant, Ilidan Well



"Il ne souriait plus, en tous cas, et ses anciens amis en tiraient une conclusion singulière, mais inévitable : "S'il ne sourit plus c'est qu'il est très content de lui." Sachant cela il devenait de plus en plus fuyant et ombrageux. Il lui suffisait, entrant dans un café, d'avoir le sentiment d'être reconnu par un membre de l'assistance pour que tout s'obscurcit en lui. Une seconde, il restait planté là, plein d'impuissance et d'un étrange chagrin, le visage fermé sur son trouble, et aussi sur un avide et subit besoin d'amitié."**

** Jonas, Albert Camus ( Exil et royaume )

jeudi 22 mai 2008

Jonas


"Jonas qui peinait longuement pour recevoir de loin en loin une sorte d'éclair fugitif où la réalité surgissait alors à ses yeux dans une lumière vierge, n'avait qu'une idée obscure de sa propre esthétique."

* Jonas, Albert Camus ( Exil et royaume )

mardi 20 mai 2008

Nuit blanche


"À partir de ce moment les passagers n'avaient plus rien vu; l'un après l'autre, ils s'étaient tus et ils avaient navigué en silence dans une sorte de nuit blanche, essuyant parfois leurs lèvres et leurs yeux irrités par le sable"...*
* La femme adultère, Albert Camus, (L'exil et le royaume)

lundi 19 mai 2008

Oasis


"À mesure qu'ils montaient, l'espace s'élargissait et ils s'élevaient dans une lumière de plus en plus vaste, froide et sèche, où chaque bruit de l'oasis leur parvenait avec une pureté distincte."*

dimanche 18 mai 2008

Ses yeux riaient

"Seuls, ses yeux riaient, au-dessus des voiles dont il avait, lui aussi, masqué son visage. Il annonça qu'on s'en allait. Il ferma la portière, le vent se tut et l'on entendit mieux la pluie de sable sur les vitres."*



"De la masse haillonneuse des bergers, toujours immobiles, une main s'éleva, puis s'évanouit dans la brume, derrière eux."*


* La femme adultère, Albert Camus, (L'exil et le royaume)

L'exil & le royaume


"Elle imaginait, derrière les murs, une mer de palmier droits et flexibles, moutonnant dans la tempête. Rien ne ressemblait à ce qu'elle avait attendu, mais ces vagues invisibles rafraîchissaient ses yeux fatigués." *



* La femme adultère, Albert Camus, (L'exil et le royaume)

samedi 17 mai 2008

Danse


Il rêve d'un pinceau qui danse aux rythmes des silences, reflétant les lumières fuyantes, éblouissant l'instant d'un bref souvenir qui à l'instant disparait.

vendredi 16 mai 2008

Hors d'atteinte


Les secrets des êtres restent toujours hors d'atteinte, si grands que soient les désirs.

jeudi 15 mai 2008

Comment


"Comment éviter que les émotions ainsi sollicitées chez les individus ne viennent parasiter l'usage stratégique qu'ils font d'eux-mêmes et risquent sans arrêt de les déborder, en quelque sorte à leur insu, comme lorsqu'on passe sans solution de continuité d'une émotion d'abord obligée et que l'on croyait feinte à une émotion bien réelle qui vous prend et vous submerge au-delà de toute attente."*

* Storytelling, Christian Salmon


mercredi 14 mai 2008


mardi 13 mai 2008

Penchant


"... elle seule garde la mémoire d'un temps où nous n'existions pas, une mémoire qui ne nous est accessible que si nous nous penchons vers elle."*

* Les vrais bonheurs, Christian Signol

lundi 12 mai 2008

Horloge solaire

"J'ai toujours pensé que la beauté du monde était destinée à nous faire oublier la brièveté tragique de nos vies."
Les vrais bonheurs, Christian Signol


À l'ombre des arbres qui les ont vu naître...


William Shakespeare, Sonnet


dimanche 11 mai 2008

Furtivement




William Shakespeare, Sonnet

samedi 10 mai 2008

«Le passé est un prologue»

En pleine lumière


"Je me couchai sur l’herbe, qui était très fine, où je fus bientôt enseveli dans un profond sommeil, qui dura neuf heures. Au bout de ce temps-là, m’étant éveillé, j’essayai de me lever ; mais ce fut en vain."


"Je m’étais couché sur le dos ; je trouvai mes bras et mes jambes attachés à la terre de l’un et de l’autre côté, et mes cheveux attachés de la même manière. Je trouvai même plusieurs ligatures très minces qui entouraient mon corps, depuis mes aisselles jusqu’à mes cuisses. Je ne pouvais que regarder en haut ; le soleil commençait à être fort chaud, et sa grande clarté blessait mes yeux. J’entendis un bruit confus autour de moi, mais, dans la posture où j’étais, je ne pouvais rien voir que le soleil."