mercredi 31 janvier 2018

Celui qui voit


Celui qui voit peut être vu...



" L’épouvantable horreur dont je fus consterné ne renversa point tellement les facultés de mon âme, que je ne me sois souvenu depuis de tout ce qui m’arriva dans cet instant."


Venir de ou devenir...


"En détruisant les images, on détruit aussi tout un système de signes, un ordre social et politique.... En détruisant des monuments, des images, on cherche à réparer une mémoire blessée."

Emmanuel Fureix


L'enfant du fond du jardin, monument chaotique à la gloire du Grand Chaos, ne sait plus très bien ce qu'il devient. 
– Étrange verbe que "devenir"... Je ne sais si ce que j'entends est conforme à sa définition, mais j'y entend l'action de venir de... ce qui est l'exact opposé du sens commun...
L'enfant sait qu'il ne doit rien dire de pareil dans l'école où il a l'obligation absolue d'aller. 
– Il se pourrait que je devienne à l'image de mes petits protégés tout comme il se pourrait que ce soient eux qui deviennent à mon image... Mais il se pourrait aussi que les uns comme les autres, par intérêts réciproques, nous essayions de nous ressembler... Il se pourrait aussi que cette réciprocité ne soit pas, et de très loin, une symétrie.





De toutes parts


« De toutes parts la mer s’étendait autour de nous, et la Sicile fuyait en pointe devant nos yeux. L’ombre de l’Etna se projetait jusque dans les environs de Trapani, et couvrait l’île presque en totalité par l’immense cône qu’elle formait. Mais cette ombre n’était point immobile. Comme un être animé on la voyait s’agiter sans cesse. Elle se resserrait de moments en moments, et, dans sa marche rétrograde, découvrait à chaque instant des cantons tout entiers. L’île nous paraissait plutôt raboteuse que montagneuse. Au milieu de ses collines sans nombre on voyait serpenter une ligne bleue : c’était un fleuve. Une petite plaque blanche faisait reconnaître un lac. Quelque chose de brillant au soleil annonçait une ville. Quant aux pauvres humains, il eût fallu, pour les apercevoir, posséder l’œil de celui qui créa avec la même facilité un insecte et l’Etna…»

Alexis de Tocqueville, Voyage en Sicile, 1826


Pinocchio, l'Autre, ou Pinocchio, le Petit... ou tous les Pinocchio, ne rêvent que d'une seule chose: devenir comme leur héros "fondateur, celui dont ils portent le nom et peut-être plus encore: le mythe même...





mardi 30 janvier 2018

Subtils aménagements


" Mon passé étant de moins en moins différent de celui des autres parce que mon passé se constitue de plus en plus dans les images et les sons que les médias déversent dans ma conscience, mais aussi dans les objets et les rapports aux objets que ces images me conduisent à consommer, il perd sa singularité, c'est-à-dire que je me perds comme singularité."

De la misère symbolique, par Bernard Stiegler


Au fond du jardin, à l'abri des regards indiscrets...

– Mon cher Pinocchio, quelque soit celui que vous croyez être, sachez-le bien, L’Abysse où nous nous trouvons est une démocratie, « on » a donc le droit le droit à la liberté d’expression, mais parler ne doit pas se faire à tort et à travers... et si les opposants ne sont point emprisonnés ils ont droit à quelques « subtils aménagements » administrés, comme il se doit, avec bienveillance mais aussi avec la fermeté qui convient… de quoi vous enseigner, pour notre bien, à marcher droit…



Anarchisme


[...]
"Comme première approximation, on peut dire que: l’anarchisme est une théorie politique au cœur vibrant de laquelle loge l'idée d’anti-autoritarisme, c'est-à-dire le refus conscient et raisonné de toute forme illégitime d'autorité et de pouvoir. Dès lors, la question devient, bien sûr, de savoir ce qui constitue un pouvoir illégitime."
 








Ce qu'il ne peut voir




Quand l'enfant, dans le jardin descend, il ne peut tout voir... mais il est vu. Ce qu'il ne peut voir le regarde.

lundi 29 janvier 2018

En commun


« Ce que j'essaie de vous traduire est plus
mystérieux, s'enchevêtre aux racines mêmes de l'être,

à la source impalpable des sensations.»

J. Gasquet, Cézanne.



 Quand, dans le jardin, l'enfant descend, il rencontre au hasard ce qu'il ne cherchait pas. 
– Je ne sais qui vous êtes, mais quelque chose me dit que vous et moi avons quelque chose en commun... 


Automates


" Nous sommes automates dans les trois quarts de nos actions."

Gottfried Wilhelm Leibnitz





Le spectacle, qui est de tous temps et en tous lieux, rappela à notre artiste le temps où il travaillait à son œuvre.
– Aussi loin que je m’en souvienne je ne me souviens pas de quelqu’un doutant de comprendre ce qu’était cette présence que l’on appelle soleil. Aujourd’hui, tout le monde sait, parce qu'il l'a appris, que l'astre qui le réchauffe est immobile par rapport à la terre et que cette dernière lui tourne autour, mais chacun dira le plus naturellement du monde que le soleil se couche… ou se lève ou parlera de la course du soleil… De rudes fissures lézardent notre raison et nous sommes devenu les maitre de l’illusion. À la fois voyant te visible, nous savons faire comme si c’était un jeu, un jeu poétique, la présence de la métaphore aussi souvent répétée annule la distance, celle qui est nécessaire, même invisible, au bon fonctionnement de cette métaphore. Il faut, pour que cela fonctionne que les deux parties soient en présence, même si le y a un déséquilibre. Mais dès le moment où l’une des deux parties n’est plus là, qu’elle est partie, cela ne fonctionne plus. L’habitude devient la règle et le soleil peut se déplacer dans le ciel sans que personne n’y trouve rien à redire… pendant que Pinocchio rêve qu'il retourne loin de la multitude...





dimanche 28 janvier 2018

Un tout petit jardin


"Chaque corps organique d'un vivant est une espèce d'automate naturel."

Gottfried Wilhelm Leibnitz


Ce ne sont plus deux Pinocchio qui nous occupent... L'île sur laquelle ils sont réfugiés n'est rien d'autre qu'une minuscule part d'un très petit jardin coincé entre quelques rochers, deux ou trois cailloux, une petite flaque d'eau, quelques mauvaises herbes... et parfaitement laissé à l'abandon... Qui parle? Personne ne le saura jamais... Qui répond? Même réponse... Mais sûrement un Pinocchio...

– Ne serions-nous pas en train de tourner en rond?
– Vous parlez comme eux...
– C'est une évidence que je puis vous retourner, si vous me permettez...
– Peut-être, mais, de cette île, jamais nous n'en ferons entièrement le tour...
– Il me semble que si vous ne quittez jamais la périphérie vous n'en connaitrez jamais le centre...
– Tout n'est-il pas déjà dans la périphérie et tout ce qui est universel n'est-il pas identique ?
— Être enfermé pourrait être... nécessaire pour s'évader. Voilà le paradoxe.
— Cela me semble en effet parfaitement étranger à tout ce que nous connaissons.

"Du tout au tout"



Quand notre conscience a largué ses amarres et «tourne à vide», c'est-à-dire quand elle produit des images qui semblent être, à première vue, produites en l’absence de stimulation des sens, du moins en ce qui concerne l'extérieur, ou quand elle fait surgir des images si différentes qu'elles sont le plus souvent refoulées ou du moins réinterprétées "du tout au tout"... 

Souvent les rôles s'inversent sur la scène du monde. Qui des deux Pinocchio s'occupe de l'autre? Lorsqu'il se remémore toute cette partie de son existence Pinocchio, l'Autre, sait fort bien combien il est difficile de faire la part des choses.

– Quel est cette histoire qui se déroule quand, loin de la conscience, nous nous laissons emporter par ce que nous appelons le sommeil?

– Qui de nous peut dire ce que représente ce temps dans lequel notre vie sociale disparait en un monde véritablement inconnu... Non pas par ce qu'il montre, mais par ce qu'il signifie...

– Qui me dit que cet autre, que je porte lorsque je suis éveillé et qui me parle lorsque je dors, n'est pas un autre moi-même?



Phantasia


" Quels que soient les objets de notre prédilection et de notre attachement, ou ceux qui nous ont tenus longtemps occupés, et qui ont exigé de notre esprit une attention particulière, ce sont ceux-là mêmes que nous croyons voir se présenter à nous dans les rêves. L’avocat rêve qu’il plaide et confronte les lois, le général qu’il bataille et se lance dans la mêlée ; le marin qu’il continue la lutte engagée contre les vents ; et nous que nous poursuivons notre ouvrage, que nous explorons sans relâche la nature, et que nous exposons nos découvertes dans la langue de nos pères. Toutes les passions, tous les sujets d’étude, occupent ainsi de leurs vaines images l’esprit des hommes dans les rêves. Vois tous ceux qui pendant de nombreux jours ont été les spectateurs attentifs et fidèles des jeux du cirque ; quand ils ont cessé d’en jouir par les sens, le plus souvent il reste encore dans leur esprit des voies ouvertes par où peuvent s’introduire les images de ces objets. Aussi pendant bien des jours encore, ces mêmes images rôdent devant leurs yeux, et, même éveillés, ils croient voir des danseurs se mouvoir avec souplesse ; leurs oreilles perçoivent le chant limpide de la cithare et la voix des instruments à cordes, ils contemplent la même assemblée, et voient resplendir en même temps les décors variés de la scène. Telle est l’influence des goûts, des plaisirs, des travaux habituels, non seulement chez les hommes mais même chez tous les animaux."

Lucrèce, De Rerum Natura, IV, traduit par Alfred Ernout, Les Belles Lettres, 1930




Comme le dit Rainer Maria Rilke dans ses «Lettres à un jeune poète»,"s'il nous était possible de voir au-delà des limites où s'étend notre savoir, et encore un peu plus loin au-delà des contreforts de nos intuitions, peut-être alors supporterions-nous nos tristesses avec plus de confiance que nos joies. Elle sont, en effet, ces instants où quelque chose de nouveau a pénétré en nous, quelque chose d'inconnu; nos sentiments font silence alors, obéissant à une gêne effarouchée, tout en nous se rétracte, le silence se fait, et ce qui est nouveau, que personne ne connaît, se tient là, au centre, et se tait."
 
Pinocchio, bien des années après qu'il opéré ce changement inouï qui consiste à passer d'un état à un autre... et qui, mû par une saine curiosité s'est mis en route sur le chemin de son passé et dialogue joyeusement avec celui qu'il a été.


– Qu'est-ce donc que la "phantasia"?
– Certains disent que c'est l'imagination...
– Croyez-vous que ce soit une faculté de produire des images?
– Que voulez-vous dire par là?
– Je veux dire que ce ne serait pas suffisant de voir le monde...
– Tel qu'il est?
– C'est un peu cela, sous-entendu le fait que les images seraient là... sous nos yeux...
– Et alors?
– Eh bien, qu'il soit possible que cela ne serait pas suffisant...
– Suffisant pour quoi?
– Pour voir le monde.
– Mais le monde est là, sous nos yeux!
– C'est là que le bât blesse...
– Expliquez-moi!
– Cela ne serait pas suffisant...
– Pour qu'il, le monde, soit visible...
– Et, selon vous, ou votre maître, que faudrait-il pour qu'il soit visible?
– Il faut s'en faire une image.
– Et comment devrions faire?
– En utilisant notre "capacité imageante"... notre fantaisie.
– ... et que de ce monde nous le déformions par des images qui lui ressemble mais sans qu'il n'y soit pour rien en quelque sorte.
– C'est impossible, me semble-t'il.
– Pourquoi serait-ce impossible?
– Parce que toutes les images sont inventée, selon ce que m'a appris mon maître....
– Comment cela?
– L’imagination est le seul moyen pour voir le monde. Sans elle le monde ne se voit pas.
– Tout de même, si cela était, à quoi nous serviraient nos yeux?
– Les yeux nous servent à nourrir notre imagination ou au moins à la stimuler.
– Serait-ce cette  faculté de produire des images qui sont le reflet de ce que nous avons vu de notre plein gré mélangées à celles qui se sont introduites sans même que nous nous en rendions comptes?


samedi 27 janvier 2018

Le chaos primordial


"Ce qui est vécu sans être dit n'est qu'à demi vécu." 

Georges Haldas




Pendant la nuit, cela va sans dire, tout est affaire de démesure. La voix se confond avec les voix sans que l'on puisse les rattacher à leurs sources qui jouissent du malin plaisir que procure la liberté ultime... l'ordre suprême... le chaos primordial... Vouloir la mesurer est sans commune mesure avec le commun des doctrines.

– Cela demande force, beauté, sagesse... et douceur... me disait souvent mon maître...


Même si cela ne peut se voir dans l'obscurité, Perroquet est ému.

– Et selon lui, il existe une grande question à laquelle il vaut la peine de réfléchir. La question est de savoir quelle est la différence entre une chose dite à haute voix et la même chose dite, non seulement à voix basse, mais sans le moindre son extérieur : une lecture muette...
Même si je sais à quel point cela peut vous paraître bizarre... en tous cas, pour ma part, je le constate souvent... enfin, selon lui, si nous avons appris à lire, il arrive que nous lisions et que nous prononcions les mots sans émettre de son à l'extérieur, de la même manière que si nous le faisions à l'extérieur. Cela se passe dans l'espace clos de notre intérieur. Mais il arrive aussi que nous lisions sans prononcer les lettres. Quand les images des mots dans leur entier font sens immédiatement sans que les lettres prennent place pour ce qu'elles sont... pour elles-mêmes...
Je dois dire que je n'ai pas encore vraiment compris ce qu'il voulait dire par là... 

Un certain spectacle


« Tout est chez nous comme dans une foire : on y amène des bêtes de somme et des bœufs pour les vendre et la plupart des hommes y sont acheteurs ou vendeurs. Mais un petit nombre d’entre eux viennent à la foire comme à un spectacle, pour voir comment cela se passe, pourquoi cette foire, qui l’a instituée et à propos de quoi elle l’a été. Il en est ainsi dans cette foire qu’est le monde ; il est des gens qui, comme les bêtes, ne s’inquiètent de rien que de l’herbe ; c’est vous tous, qui vous occupez de votre avoir, de vos champs, de vos serviteurs, de vos magistratures ; tout cela n’est rien que votre herbe. Parmi ceux qui sont dans cette foire, bien peu ont le goût de la contemplation et se demandent ce qu’est le monde et qui le gouverne. N’est-ce personne ? Et comment est-il possible qu’une ville ou une maison ne puisse subsister, si peu de temps que ce soit, sans un gouverneur ou un intendant, et qu’une organisation si grande et si belle soit régie avec un ordre si parfait au hasard et par accident ? Il y a donc un être qui la gouverne. Quel est-il ? Comment la gouverne-t-il ? Et nous, qui sommes-nous ? Par qui venons-nous à l’existence et pour accomplir quelle œuvre ?Avons-nous quelque liaison et relation avec lui ? N’en avons-nous aucune ? Voilà les pensées de ce petit nombre d’hommes ; ils n’ont qu’un souci, c’est de raconter ce qu’est la foire avant de partir».

 Épictète, Entretiens II,14




Le perroquet, selon son habitude, écoute et observe le monde. C'est de cette aptitude que dépend l'aptitude suivante, celle de restituer ce qu'il a entendu... c'est-à-dire compris. Ce que disent les Pinocchio l'intéresse beaucoup. 

– Ne serions-nous pas en train de tourner en rond?
– Peut-être, mais, de cette île, jamais nous n'en ferons entièrement le tour...
–  Vous souvenez-vous de cette porte dont vous m'aviez parlé?
– Je n'en ai qu'un vague souvenir, mais du pont je me souviens...

Par le revers


" Si quelqu'un parvient à connaître une théorie sur son comportement, il ne lui est plus soumis mais acquiert la liberté de lui désobéir."

Nigel Howard



Il arrive, de temps en temps, à Pinocchio, le Petit, de se réveiller. Cela ne dure pas longtemps, mais suffisamment pour que ces instants soient significatifs pour Pinocchio qui se dit l’Autre.

– Tout cela dura longtemps... En tous cas assez longtemps pour que le paysage de l'île change presque du tout au tout.

Ce qui se passait dans ces moments rares étaient très étonnant pour qui saurait être attentif. Ainsi quand Pinocchio, l'Autre lui tendait la main, Pinocchio le Petit tendait la sienne, mais de telle manière que ce soit lui qui reprenne l'initiative. Il esquissait ce à quoi l'on s'attend, mais avec une fluidité de mouvement sans égale, sa main droite, au lieu de se présenter en miroir, paume contre paume, redescendait sans opérer la jonction et c'était son autre main, sa main gauche qui prenait la main droite de l'Autre par le revers, comme un parent prend la main de son enfant...

vendredi 26 janvier 2018

L'imprévu


Dans le champ sémantique du regard se perdent les méandres et les remous de ce qui lui donne à penser. Tragique méprise, en tant que telle, la source s'est perdue. Le ravissement du ravisseur est ravissant. Face au réel, ce que la tristesse donne est ravi à la douceur. Arrive alors, conforme à sa propre nature, ce qui porte le nom d'imprévu.

 

– Dites-moi, avez-vous remarqué combien nous avons changé de couleur?
– Certes, mais ne croyez-vous pas que cela ne soit qu'un des effets du changement d'éclairage plutôt que d'un changement de nature matérielle?
– Quelle différence cela fait-il? Dites-moi plutôt ce qu'est cette tour, pour moi totalement inconnue, surtout imprévue, qui a pris place dans notre histoire et qui nous ressemble du point de vue de la couleur... ou de l'éclairage, si vous préférez...

Le sens, la valeur et le jeu


" Notre expérience du monde repose sur l'ordonnance des objets de perception selon des classes. Ces classes sont des constructions de l'esprit et appartiennent donc à un ordre de réalité tout à fait autre que celui des objets eux-mêmes. Les classes ne sont pas formées seulement d'après les propriétés physiques des objets mais surtout d'après le sens et la valeur qu'elles ont pour nous."

Remarques sur les fondements des mathématiques, Wittgenstein 


Quand bien du temps sera passé, il est possible qu'un jour Pinocchio, l'Autre, puisse être devenu vraiment à l'image de son créateur... Alors l'histoire, sans fin, se poursuivra.

– Si d'après Jacques Bouveresse, "l’une des thèses les plus problématiques, et en même temps les plus intéressantes, qui aient été soutenues par Wittgenstein dans ses  écrits  sur  la  philosophie  des  mathématiques  est  qu’une  démonstration modifie le sens de l’énoncé du théorème qu’elle démontre", se pourrait-il que raconter l'histoire de quelqu'un, l'énoncer, puisse modifier cette histoire? Ce serait alors un drôle de jeu...

Pinocchio, l'Autre, vraiment, celui qui, par jeu est devenu un homme, pense comme un homme: par jeu...

– Un jeu dans lequel l'ultime remède serait pourtant bien simple: l'opposé de la mort est l'amour. Ce pourrait ne pas pas être un simple jeu de mot... Si, au-delà de l'usage, c'est l'origine du mot qui porte le sens et l'action., alors penser n'est pas différent de faire. Jouer aussi est une action. La plus sérieuse qui soit, car jouer implique une certaine forme de conscience qui nécessite de sortir du jeu...



jeudi 25 janvier 2018







Ce n'est pas tout


"L'objet du désir immédiat, dit Hegel, est toujours quelque chose de vivant. Le désir comporte une contradiction qui lui est essentielle. D'une part il exige satisfaction, et l'objet formel de cette satisfaction est la suppression de l'objet du désir, «de cet autre qui se présente comme vie indépendante». D'autre part «pour que cette suppression soit, cet autre doit aussi être»."

Penser l'homme et la folie, Henri Maldiney


Le rapport invisible, secret surtout, qui s'est établi entre les deux Pinocchio est une chose qui peut sembler étrange.

– Le réalisme magique est défini comme étant «très détaillé quand la réalité est envahie par quelque chose d'étrange à laquelle il est difficile de croire.»*

Pinocchio, sans l'aide de personne, doit faire face à quelque chose à laquelle il n'a pas été préparé et à laquelle il ne peut faire aveuglément confiance... et pourtant...

– Je ne sais ce que c'est, mais ce que je sais c'est que c'est infiniment plus grand que tout ce que j'ai connu jusque là... 

Toujours est-il, et Pinocchio, qui se dit l'Autre, le sait pertinemment même s'il peine à se l'avouer: la première chose qu'il désire savoir est où se trouve la porte que Pinocchio le Petit, comment y accéder et surtout comment la passer...

– Cela fait beaucoup pour un ignorant, je le sais... pense Pinocchio ... l'Autre... mais ce n'est pas tout... ajoute-t'il à haute voix en dépit du fait qu'il sait que cela ne puisse être entendu... "cet autre doit aussi être"...

*Matthew Strecher





Incertain sommeil


« ... Il y a des substances simples partout, séparées effectivement les unes des autres par des actions propres, qui changent continuellement leurs rapports; et chaque substance simple ou monade distinguée, qui fait le centre d’une substance composée (comme par exemple d’un animal), et le principe de son unicité, est environnée d’une masse composée par une infinité d’autres monades, qui constituent le corps propre de cette monade centrale suivant les affections duquel elle représente, comme dans une manière de centre, les choses qui sont hors d’elle. Et ce corps est organique, quand il forme une manière d’automate ou de machine de la nature, qui est machine non seulement dans le tout, mais encore dans les plus petites parties qui se peuvent faire remarquer. Et comme à cause de la plénitude du monde tout est lié, et chaque corps agit sur chaque autre corps, plus ou moins selon la distance, et en est affecté par réaction, il s’ensuit que chaque monade est un miroir vivant, ou doué d’action interne, re-présentatif de l’univers, suivant son point de vue, et aussi réglé que l’univers lui-même. Et les perceptions dans la monade naissent les unes des autres par les lois des appétits ou « des causes finales du bien ou du mal qui consistent dans les perfections remarquables, réglées ou déréglées […] » 

Principes de la nature et de la grâce, Gottfried Wilhelm Leibniz 


 
Pinocchio le Petit, depuis sa rencontre avec la porte, dort... ou semble dormir. En tous cas il ne parle plus et ne fait aucun mouvement, mais il est vrai aussi, selon ce qu'en dit Pinocchio, qui se dit l'Autre:

– Il me semble l'entendre quand je n'y fais plus attention...

Depuis que "cela s'est passé" pour meubler les nombreux "temps morts", Pinocchio qui se dit l'Autre écrit et puis lit à son compagnon muet qui ne donne guère de signes de vie. Quand vient le moment de la lecture, "sur le moment même", il s'étonne grandement des formes de langages qu'il utilise, se demandant si d'autres que lui s'interrogent aussi sur la contenance de ces formule qui semblent "aller de soi" et qui en vérité, si l'on s'y attarde, ont un "sens qui nous dépasse".




"Inentendu"


« Le détour par la vie intérieure peut nous rendre plus lucide et déterminé pour agir sur le monde extérieur.»

Christophe André


– Impossible de les suivre à la trace... Il faut que je j'écoute et que je répète encore et encore. Quelque chose d'inentendu peut surgir à chaque instant... Toute substance est agissante et capable d'action*... me disait mon maître. Il faut écouter le chant du monde dans lequel tout est dit...

* « La substance est un être capable d’action. Elle est simple ou composée. La substance simple est celle qui n’a point de parties. La composée est l’assemblage des substances simples, ou des monades. Monas est un mot grec qui signifie l’unité, ou ce qui est un. Les composés, ou les corps, sont des multitudes ; et les substances simples, les vies, les âmes, les esprits sont des unités. Et il faut bien qu’il y ait des substances simples partout, parce que sans les simples il n’y aurait point de composés ; et par conséquent toute la nature est pleine de vie. »

 Principes de la nature et de la grâce, Gottfried Wilhelm Leibniz






mercredi 24 janvier 2018

Changements


« ... d'habitude, on considère que le changement apparait sans rime ni raison, comme une discontinuité, une illumination soudaine qui surgit d'une manière imprévisible, au bout d'un long et pénible travail émotionnel et mental, parfois en rêve, parfois quasiment comme un acte de grâce divine...»

Changements, paradoxes et psychothérapie, Paul Watzlawick, John Weakland, Richard Fisch



– Savoir toutes choses que l'on veut nous cacher n'est point chose difficile... Il suffit de ne rien avoir à faire avec... et tout peut nous apparaitre au grand jour... même au plus profond de la nuit. Tout a une cause et produit des effets, il suffit de les suivre à la trace, de fouiller, de fouiner, d'enquêter, d'observer et par-dessus tout, d'écouter...

Le monde des perroquets répétant inlassablement et dans les moindres détails, tout ce qu'il entend a fini par comprendre: 

– Écouter c'est aussi entendre... entendre c'est aussi comprendre... entendre... c'est aussi comprendre...

C'est ainsi qu'il suit à la trace ces créatures et que le changement, un beau jour, se produit:

– De simples marionnettes à l'image de nos maîtres...



Territoire


« Un territoire, par exemple, ne peut pas exister dans la nature», écrit Robert Ardey, « il existe dans l'esprit de l'animal.»


Le territoire des Pinocchio, et plus particulièrement celui de Pinocchio le Petit, ne peuvent être perçu que par eux-mêmes. Pinocchio, l’Autre, ne connaît pas celui du Petit, mais celui-ci connaît bien celui de l’Autre. Curieusement, certes... de manière inexplicable, le Petit communique avec l'Autre et c'est ainsi qu'il retrouve le chemin de la porte qu'il ne connait pas. Cependant le fossé est là qui les empêche de traverser.






Dans le secret des profondeurs


« J'ai voulu ici parcourir la notion d'étranger du point de vue d'autres mondes et je me suis trouvé devant une aporie. Les mondes que je connais un peu considèrent comme étrangers des êtres habitants d'autres univers. Nous traduisons faussement leurs notions par des mots que nous pensons équivalents en français: "esprits","diables", "divinités", "génies"... Alors que le seul mot qui conviendrait est bien l'"autre", l'étranger, au sens étymologique.
La connaissance de ces autres, de leurs écologies, de leurs modes d'existence, de leurs intentions, de leurs exigence, passionne littéralement les humains. Mais les explorations auxquelles se livrent ceux des mondes éloignés prennent des chemins très différents des nôtres. Lorsqu’ils entreprennent une investigation de l'altérité, ils savent que l'esprit seul ne peut suffire. Pour appréhender un autre qui n'est pas un semblable, il faut lui céder notre corps et notre âme, du moins le temps de la rencontre.»

L'étranger ou le pari de l'autre, Tobie Nathan



Difficile de faire la différence entre ce qui se tramait dans le secret des profondeurs de l'esprit de Pinocchio, le Petit et ce qui apparait dans l'image ou dans la perception de ce que nous nommons réalité. Toujours est-il que le feu avait bel et bien pris et que ce qui préoccupait Pinocchio, au-delà du fait qu'il dorme ou qu'il veille, se désagrégeait comme un puzzle dans le vent de la tempête.








mardi 23 janvier 2018

Tout est plein de vivant


« Les simples vivants ont déjà des corps organiques, c’est-à-dire des corps où, poussant la division à l’infini, on rencontrera toujours de la variété et de la convenance. Tout est plein de vivants, il n’y a rien de mort dans la nature.»

La monadologie, Leibniz



– Soit je me laisse aller à la divagation de l'esprit, soit cette façade est un jeu qui imite parfaitement les mouvements du vivant, se dit Pinocchio, le Petit.

Il est vrai qu'à ce moment, les tremblements de l'île étaient importants, selon le témoignage de Pinocchio, celui qui se disait autre. Ils étaient aussi de nature à susciter l'inquiétude pendant qu'il emmenait son petit camarade inconscient sur ses épaules. Ce qui donne à penser que la première hypothèse de Pinocchio le Petit était la bonne, mais qu'elle se mariait parfaitement avec la réalité...




L’œil croit choisir...


"Le détour par la vie intérieure peut nous rendre plus lucide et déterminé pour agir sur le monde extérieur."

Christophe André


– Dans la réalité, nous croyons que l’œil et le cerveau choisissent ce qu'il veulent voir... mais ce qui se cache derrière tout cela est bien plus influent encore... Ce en quoi nous croyons... nous fait croire en lui...

En un instant, comme par magie, les vestiges et les débris avaient disparus et, au delà de toute raison, avaient recomposé un ensemble qui faisait merveille dans le regard de Pinocchio, le Petit. Dans son face-à-face avec cette façade, il ne sait pas encore à quel point tout cela est à l'image de sa propre pensée... et à quel point, cette pensée elle-même est à l'image de ce qu'il voit.

De légers mouvements incessants...


" Pour persister, c'est-à-dire rester stable, toute façon de se comporter implique et, de fait, nécessite des changements à un niveau inférieur. Par exemple, un cycliste doit effectuer de légers mouvements oscillatoires de direction pour garder son équilibre et rouler sans à-coups. Si ces mouvements sont impossibles (par exemple quelqu'un saisit le guidon), le cycliste perd immédiatement l'équilibre et tombe. Il en va de même pour un funambule et son balancier."

Changements, Paul Watzalawick, John Weakland, Richard Fisch, Po
ints


– Un curieux effet du hasard a voulu que l'entassement des pièces éparses se présente à mon regard sous la forme d'une façade. Peut-être était-ce aussi, un peu, l'effet de mon imagination, d'autant que l'ensemble était agité de légers mouvements incessants...

Serait-ce l'effet du hasard? Pinocchio repense à ce qu'il a lu, un jour, sans vraiment comprendre: 

"L’esprit qui les anime n’est pas « sage » et apprend à s’écarter « régulièrement » des voies tracées par l’ordre établi, mais revivifie ceux qui se renouvellent en empruntant des voies substituées, substituant à la fuite en avant des esprits sans repères dévorés par leurs passions désordonnées, des re-connaissances de points de fuite en rapports de proportion les uns avec les autres et structurant des espaces et des temps de vie communs librement choisis et acceptés."

– Je comprends, mais devant toutes ces façades qui menacent de s'écrouler, je ne sais ce qui se cache derrière et surtout ce que pourrait être un choix véritablement consenti... mais je peux comprendre l'acceptation, car je ne puis rien faire d'autre...






lundi 22 janvier 2018

Les deux mondes


« Notre imagination doit donc nous servir à concevoir un pont par-delà nos désaccords axiologiques et une porte qui puisse joindre les deux mondes. Trouver un lieu qui permette d'associer la porte et le pont. Un seuil qui les unisse, comme cette ligne imaginaire qui sépare la tache noire du fond blanc dans le puzzle de Pierce, cette ligne qui unit dans un même tableau les deux couleurs.»

Portes et murs, Astrid von Busekist, Albin Michel


– À la fin de la nuit, juste avant que le soleil ne se lève, je vis que le lion, peu à peu, presque imperceptiblement, changeait de couleur...





Le pont est franchi





 Pinocchio est aux prises avec ce qu'il voit et ce qui ne peut se voir du point de vue de Pinocchio, son aîné qui se dit l'Autre. Tout occupé à dialoguer avec ce qui dans l'ombre se cache, il entend à peine ce qu'il lui dit et continue son dialogue avec le monarque de la nuit qui menace de l'engloutir.

– Comment repérer ce qui est peut être candidat à l'enfouissement dans les mémoires de ce qui saura, tel le rocher au milieu de la rivière, résister avec éclat au passage du temps? Comment faire part de ce qui manifestement a franchi le pont qu'il n'eut voulu franchir à aucun prix?

Les questions se bousculaient dans la tête de Pinocchio le Petit, pendant que Pinocchio, qui se disait l'Autre, essayait vainement de le faire revenir à lui pour qu'ils puissent quitter cet endroit qu'il considérait comme dangereux.

dimanche 21 janvier 2018

Un régime légitime


« Pour être juste, un régime démocratique doit permettre à tous de voter la loi. Pour être légitime, il doit autoriser tous ceux qui sont contraints par la loi d'en être également les auteurs. Et pour justifier la contrainte (le monopole de la violence légitime), tous ceux qui subissent la loi doivent également en être les auteurs, autrement dit des citoyens qui jouissent de leurs pleins droits politiques.»

Portes et murs, des frontières en démocratie, Astrid von Busekist


– Quand la terre tremble, les jambes des hommes tremblent bien avant leur esprit... C'est alors seulement qu'ils se demandent si quelque chose de plus grand pourrait arriver...

Allongé aux pieds de son aîné, Pinocchio, le Petit, sans le savoir, a mis les pieds, et plus encore, dans un royaume dont il ne mesure rien, mais dont il ressent les effets. Ses jambes tremblent et lentement le tremblement monte...



Une curieuse absence





– Venez, il faut que nous nous mettions à l'abri le plus vite possible...
– Que s'est-il passé?
– C'est à vous de me le dire...
– Tout cela est bien étrange... 
– Si vous le dites!
– Vous croyez... Regardez-donc derrière vous et vous le verrez...
– Je ne vois rien du tout.
– Et pourtant ils sont là...
– Êtes-vous sûr que vous n'êtes pas blessé et que tout va bien...
– Quant à d'éventuelles blessures, je vous l'assure... quant au "tout", il n'en va pas de même...
– Il m'est bien difficile de vous suivre, d'autant que pendant plusieurs heures vous avez parlé sans que l'on ne puisse rien comprendre si ce n'est quelques mots ici ou là... dans votre absence... 
– Quelle absence?
– Vous ne savez pas que vous étiez inconscient.
– N'est-ce pas le propre de l'inconscient? Qu'avez-vous entendu que je ne puisse m'en souvenir?
– Vous parliez de gardiens... ou d'émissaires... et aussi d'un monarque...
– La mémoire me revient, c'était un lion gigantesque...
– Comment cela pourrait se faire et pourquoi disiez-vous qu'ils recueillent des idées.

– C'est cela...
–Comment font-ils?
– Je n'en sais rien, mais comment se fait-il que vous les voyez pas?

samedi 20 janvier 2018





Le nom des choses


« Rien de plus idéologique que d’annoncer la fin des idéologies. »

Frédéric Lordon



– Croyez-vous que les noms que l'on donne aux choses reflètent la réalité?
– Je n'en suis pas si sûr.
– Et que croyez-vous donc?
– Je crois, si j'en crois ce que j'ai appris, que le nom des choses dépassent les choses tout autant que les choses dépassent le nom qu'on leur donne.
– Voudriez-vous m'en dire un peu plus?
– Je crois que l'on peut résumer tout cela dans le fait assez simple que le nom des choses et les chose ne vivent pas dans le même monde...
– Il y aurait donc deux mondes...
– C'est cela que me disait mon maître...


Le bras tendu


« Ces notes me lient comme un fil d'Ariane à mes semblables et le reste me parait vain. Je ne pourrais cependant les faire lire à aucun de mes amis.»

Le Coupable, Bataille



C'est bien souvent  le regard de l'homme qui ne comprend pas qui fabrique l'incohérence. Cela se fait à l'image de ce qu'il sait.

– Ou plutôt, nous devrions dire ce qu'il ne sait pas... qui est bien plus grand. Comprendre signifie prendre avec, faire partie... ce qui était à l'extérieur ou ce qui semblait dispersé, rejoint le tout.


Croyant faire face au roi des animaux. Fier de son courage. Pinocchio est tombé de son piédestal, celui sur lequel chaque être humain, fier de ce qu'il est monte sans s'en rendre comptes. Rien ne se manifeste dans sa pensée pour lui dire combien il se trompe et combien sa chute, loin d'être un quelconque mouvement de son corps, était celui de sa consciences. Quelqu'un qu'il ne voyait pas lui répondait. Surpris, c'est la moindre des choses, il cherche du regard qui est là et ne voit rien. Quand il tend le bras vers ce qu'il croit voir il heurte la paroi rocheuse en croyant voir un reste de colonne. 

– En réalité, dans le mot réalité il y a le concept de royauté, sans jamais l'avoir quitté. Chacun de nous devrait être roi et régner sur ce royaume qui ne lui appartient pas mais auquel il appartient.

La chute




  – Paradoxe, se dit Pinocchio, le Petit, devant le champ de ruine devant lequel il ressent devant ce lieu plein de tristesse et chagrin. L'incohérence est le résultat direct de la croyance en la cohérence.  Et cette cohérence est une chimère que l'on veut, il serait plus juste de dire que l'on aimerait pouvoir construire. Or dès l'origine le monde est cohérent... ou incohérent, selon les uns ou les autres...


Tout s'était passé si vite...


 Pinocchio, se relève difficilement de la chute et se souvient vaguement de l'éclair qui l'a frappé.

– En tombant, en un éclair, j'étais passé de la pleine lumière à l’obscurité... Je ne sais, en l'absence de témoignage, si cet éclair fut un de ceux que j'avais pu voir dans le ciel ou si c'était le résultat du choc de ma tête sur les rochers lors de ma chute. 

vendredi 19 janvier 2018

Les événements s'enchaînent


« ... toute répétition affaiblirait en le simplifiant un cheminement de pensée que les citations de texte peuvent modifier, voire renverser. Mais il ne faut cependant pas perdre de vue que l'on ne saurait être fidèle à une telle pensée si l'on ne prend pas aussi en charge sa propre infidélité ou une mutation nécessaire qui l'obligera, tout en restant lui-même, à ne pas cesser d'être autre, et de développer d'autres exigences qui, répondant soit aux modifications de l’histoire, soit à l'épuisement de telles expériences qui ne veulent pas se répéter, répugnaient à s'unifier.»

La communauté inavouable, Maurice Blanchot
 

– Me permettriez-vous de monter sur votre dos...
À peine Pinocchio eut-il l'audace de joindre le geste à la parole à peine eut-il touché le pelage du monarque que tout l'horizon s'était transformé... mais Pinocchio n'eut pas le temps d'en profiter. L'instant d'après... le lion avait disparu et Pinocchio, au-delà des apparences, sans qu'il n'y fut pour rien, était-il en train de franchir le palier qu'il craignait tant? Toujours est-il qu'en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, tout s'était écroulé et sa pensée n'avait ni temps ni espace pour se développer. Tout se jouait au-delà de toute raison. Les événements liés à la matière s'enchainaient les uns aux autres ne laissant quasiment aucune place à toute impulsion...



Socialité


« À la base de chaque être, il existe un principe d'insuffisance...»

Georges Bataille



– Me permettriez-vous de monter sur votre dos...
À peine Pinocchio eut-il l'audace de joindre le geste à la parole à peine eut-il touché le pelage du monarque que tout l'horizon s'était transformé... mais Pinocchio n'eut pas le temps d'en profiter. L'instant d'après...

"L'individualisme libéral affirme au contraire la pleine suffisance de l'individu singulier. Dans le libéralisme, l'homme peut s'appréhender comme individu sans avoir à penser sa relation à d'autres hommes au sein d'une socialité ..."

Alain de Benoist, Critiques théoriques, l'Âge d'homme