jeudi 30 juin 2016

30 juin 2016 (170)

Divine providence
 Épisode 170





Sans que nous ayons pu esquisser le moindre geste, l'enfant s'était avancé seul. Il avait emmené mon arc et ma flèche. Subitement, toute la lumière des hublots se concentra en un seul endroit...

mercredi 29 juin 2016

29 juin 2016 (169)

Divine providence
 Épisode 169




J'ai de la peine à décrire ce qui fut certainement la cause de ces changements. Le mieux serait que je vous l'expose comme je l'ai vécu. Nous étions ensemble sur le ponton, sans Illusion, partie au grand galop je ne sais où, et persuadés que nous étions poursuivis.

mardi 28 juin 2016

28 juin 2016 (168)

Divine providence
 Épisode 168



Au moment où j'écris ces lignes tout est redevenu un peu comme avant. Les bateaux sont repartis. L'enfant s'est remis à jouer et l'âne est le plus assidu à la lecture de ce que j'essaie péniblement d'écrire. Il n'est pas tout-à-fait exact de dire que tout est comme avant, le ciel a changé et la mer ne le reflète plus de la même manière. Et puis surtout, l'enfant ne parle plus. Il joue certes mais ne se mêle plus de me dicter ce que j'écris.

lundi 27 juin 2016

27 juin 2016

Divine providence
 Épisode 167





Une surprise nous attendait de l'autre côté de l'île. Un autre bateau, fort semblable aux trois autres était arrimé à un ponton. Nous avions négligé de faire le tour de l'île, pensant que cette île était identique à celles que nous avions quitté. C'était une erreur. Nous n'allions pas pouvoir leur échapper... La vague ne fut aussi terrible que nous le redoutions. Nous avions fui trop vite. C'en était fini de notre paisible errance. Nous allions devoir faire face à quelque chose de nouveau. Nouveau comme cette odeur puissante qui nous enivrait et que je ne connaissais pas. Elle était bien différente de celle, fruitée et écœurante qui émanait des premiers bateaux. Elle me rappelait celle de la princesse dont je ne m'étais guère rapproché.

dimanche 26 juin 2016

26 juin 2916 (166)

Divine providence
 Épisode 166





Ce n'était pas un navire qui approchait cette fois, mais trois. La vague allait être terrible.

 Nous n'eûmes pas le temps de réfléchir que déjà la vague était sur nous. Heureusement la vie au grand air avait aiguisé nos esprits et nos corps...

samedi 25 juin 2016

25 juin 2016 (165)

Divine providence
 Épisode 165




Je m'étais mis à écrire. J'écrivais beaucoup. Non seulement cela me permettait de "passer le temps" mais aussi, il me semblait qu'ainsi j'apprenais beaucoup. Cependant je ne ressentais nullement cette liberté que j'avais imaginée. Je n'étais guère créateur que de mes ennuis. Il me semblait être prisonnier de ce qu'ils me racontaient. Ils étaient là à parler et moi à transcrire, non pas dans les moindres détails, c'était impossible, tout allait trop vite. Ainsi au lieu de prendre du recul, j'étais de plus en plus dans l'action, à tel point que la réalité m'échappait. Ce fut encore lui, cet enfant qui, à force de me ressembler me devenait si différent, se mit à me montrer avec insistance le lointain.
– Réveille-toi, ne regarde pas mon doigt, c'est là-bas qu'ils arrivent !..

vendredi 24 juin 2016

24 juin 2016 (164)

Divine providence
 Épisode 164





Je n'en menais pas large. Ainsi donc c'était l'homme au manteau rouge qui m'avait sauvé et non ce compagnon que j'avais adopté et qui ne serait qu'une poupée.
– Il vous installa dans cette tente qu'il avait fait édifier avec la moitié de son manteau. L'homme au manteau rouge n'a pas toujours été celui que vous croyez... C'est un homme qui sait se dissimuler. Curieusement, ce qu'il préfère par-dessus tout c'est jouer du tambour. C'est ce que qu'a su comprendre notre princesse. Elle l'a encouragé jusqu'à ce qu'il se redresse fièrement sur son rocher et qu'il se remette à jouer. Ce que l'on entendit alors était bien plus que surprenant...

jeudi 23 juin 2016

23 juin 2016 (163)

Divine providence
 Épisode 163





- Votre arrivée ne passa nullement inaperçue. Ce n'est pas cette poupée que vous portiez qui eut pu vous transporter jusqu'ici...
Un mythe s'effondrait. Bien que la raison fut bienvenue, je regrettais de ne plus pouvoir croire à ce genre de manifestation un peu surnaturelle qui, je vous l'avoue me fait du bien...
- C'est avec son plein accord et son aide que vous êtes arrivés jusqu'ici. En vous voyant dans ce triste état, il a versé une larme... Cette larme fut un beau cadeau...


mercredi 22 juin 2016

22 juin 2016 (162)

Divine providence
 Épisode 162





Elle sut faire ce qu'il fallait pour qu'il recouvre une certaine joie de vivre. Ne vous y trompez pas, ce ne fut que par les plantes, celles qu'elle avait reçu la permission d'aller chercher sur son île. Elle réussit à le guérir de sa nostalgie et de sa mélancolie. À partir de là, ce fut un autre homme. Il "pétait le feu", littéralement. Enfin... pas seulement, ajouta-t-elle, l'air gênée. On le voyait s'élancer du haut de la falaise, suscitant l'admiration de toutes les habitantes de l'île...
 

mardi 21 juin 2016

21juin 2016 (161)

Divine providence
 Épisode 161



– En réalité, le plus souvent et malgré les apparences et son sourire, notre gardien était un homme triste. Un homme qui aimait à se déguiser. Personne ne savait qui se cachait derrière ces costumes. Seule notre princesse le comprit...
 

lundi 20 juin 2016

20 juin 2016 (160)

Divine providence
 Épisode 160


Elle se mit à raconter:
Nous étions toutes, princesses et ânesses sous la garde d'un seul homme. L'homme au manteau rouge. L'homme était arrivé paré du titre de Grand Eunuque. La plupart du temps, il nous laissait nous organiser. Au moment de votre arrivée, notre vie n'était pas désagréable.
 

dimanche 19 juin 2016

19 juin 2016 (159)

Divine providence
 Épisode 159


Je me retrouvais un peu. L'objet de ma quête fit sa réapparition. Chacun se mit à me raconter son histoire telle qu'il l'avait vécue. Ce fut l'ânesse qui commença. Elle me raconta comment elle aussi avait été enlevée à sa tribu. Elle vivait autrefois sur une île éloigné appelée île des Simples, certainement à cause de la sorte d'herbe qui y poussait. Elle donnait simplicité, force et vigueur à celui qui la mangeait. J'avais là l'explication de la vigueur dont elle avait fait preuve lorsque nous avions fait connaissance et dont mes oreilles se souviennent encore. Son ravisseur l'emmena sur l'île de la princesse, au service de laquelle elle fut attribuée. Elles étaient douze princesses, toutes très jeunes qui constituaient une sorte de vivier, dans lequel l'émissaire du roi venait puiser. Il arrivait par le même bateau que vous avez pu voir par vous même.
 

samedi 18 juin 2016

18 juin 2016 (158)

Divine providence
 Épisode 158


Nous ne tardâmes pas à nous accoutumer à notre nouvelle île. Cela d'autant plus vite, qu'elle ressemblait à s'y méprendre à celle que nous venions de quitter. Le seul véritable changement tenait à la présence de plus en plus active de notre petit dernier. Il était d'un naturel plutôt précoce et manifestait un sens de la farce très diversement apprécié selon le niveau de notre implication. ..
 

Une fois que les langues se délièrent, j'en appris plus que je ne l'espérais. Il fallait que je trouve un moyen pour ne rien oublier de ce que j'entendais. Cela me paraissait tellement hors du commun que je me mis à écrire. En agissant ainsi, j'avais l'impression que je pourrais influer sur le cours des événements et ainsi mettre fin à cette fuite qui commençai à me peser. Pour commencer je me mettais dans la position de celui qui écrit et non plus dans celle ou la personnage subit ce qui est écrit. Le plus curieux était que l'idée n'était pas venue de moi. Aussi curieux que cela puisse paraître, c'était celle de l'enfant. Il n'était pas que farceur... Il eut aussi l'idée d'utiliser de la cendre de notre feu à laquelle il mélangea un liquide un peu moins salé que l'eau de mer et que je ne nommerais pas...

vendredi 17 juin 2016

17 juin 2016 (157)

Divine providence
 Épisode 157


Ce fut Illusion qui me donna quelques éléments de réponse.
- Il n'y a guère que toi qui ne soit pas au courant, me dit-elle gentiment mais avec un léger soupçon d'impatience. Notre princesse n'a pas toujours été aussi chaste qu'elle l'est aujourd'hui !
Je crus voir un léger sourire poindre au coin de ses babines, mais il disparut aussitôt.
- Son Maître, Roi presque tout-puissant, la recherche dans tout son royaume. Mais il recherche aussi tous les enfants, mâles et femelles...

 

Il n'en fallut pas plus pour nous décider à partir. Une fois de plus. Et cette fois encore nous fûmes surpris de constater le retour ou la présence d'une nouvelle flèche. Manifestement sa présence était liée à la nôtre.

jeudi 16 juin 2016

16 juin 2016 (156)

Divine providence
 Épisode 156


L'homme sur le pont ne se rendait certainement pas compte que lui aussi se signalait par son odeur. Il ne nous était guère difficile de prévoir son arrivée. Ainsi nous nous n'eûmes aucune peine à nous dissimuler à temps pendant que le bateau allait et venait sans cesse.
 

Cependant l'obsédante répétition de son passage nous angoissait. L'insistance avec laquelle il se tournait vers nous ne nous disait rien de bon. Qui pouvait-il bien être ? Une seule fois je le vis nettement, mais une vague le fit rapidement disparaître dans la lumière rougeâtre de notre lune. .

mercredi 15 juin 2016

15 juin 2016 (155)

Divine providence
 Épisode 155



Le bateau revint comme l'avait prévu les fugitifs. À bord du bateau, un homme se dresse, seul sur le pont. 

 

Personne ne sait qu'il ne voit presque rien. Un halo de lumière est tout ce qui nourrit sa vision, mais ce qui le guide est son nez.

lundi 13 juin 2016

13 juin 2016 (154)

Divine providence
 Épisode 154



Au vu de la vague qui se préparait, nous tînmes conseil. Étaient-ce les premières effluves du capiteux parfum ou celles de notre feu ? Nous nous mîmes à discuter joyeusement au lieu d'agir... J'appris alors que la princesse appartenait à un homme très puissant à plus d'un titre, excepté un. Cet homme possédait la plupart des îles sur lesquelles nous avions transité, ce qui, déjà constituait une offense suffisante pour mériter la mort. Mais de plus nous avions enlevé sa promise. Une enfant de quinze ans qu'il avait enlevée et promise au destin suprême de lui fournir une descendance. Elle n'était pas seule dans cette situation. Une douzaine de ses semblables, toutes vierges venues des quatre coins du monde se trouvaient rassemblées sur l'île où il semblait que certaines d'entre elles aient été séduites. Je tremblais à l'énoncé de tous ces faits qui étaient loin de former, dans ma tête, un ensemble cohérent. Mais le feu s'étant éteint, je reprenais mes esprits : je comprendrais plus tard, il faudra partir à nouveau.
 

L'ânesse de la princesse nous avait raconté à peu près tout ce qu'elle savait, ce qui nous paru immense et quelque peu douteux... Le souvenir de notre dispute me dispensa d'en faire part. Mais Illusion était plus courageuse et diplomate que moi. elle demanda des détails. Sans se laisser démonter, l'ânesse répondit calmement. Ainsi nous en apprîmes plus encore. Il semblait qu'en notre absence le petit démontrait des qualités véritablement hors du commun. Il avait su marcher dès le premier jour sans avoir jamais appris et connaissait tout de son histoire qu'il racontait patiemment à l'ânesse, respectant un rythme qu'elle pouvait suivre.

dimanche 12 juin 2016

12 juin 2016 (153)

Divine providence
 Épisode 153




Je calmais mes ardeurs à la chasse, oubliant que que "flèche tirée" égalait à "flèche jouée". Le destin ne se soucie guère des joueurs. Elle reviendrait bientôt. C'était sûr. 

Il était bien loin le temps béni de la naissance de notre fils, quand tous unis autour de lui nous n'avions besoin d'aucun mot pour nous sentir porteur d'un avenir grandiose. Elle n'avait pas encore cet air distant et désincarné. La vérité est que je brûlais de désir charnel pour elle, que le souvenir de mes rêves ne faisait rien pour me calmer.

samedi 11 juin 2016

11 juin 2016 (152)

Divine providence
 Épisode 152




Il fallait bien admettre que cette flèche était un présage. Soit quelqu'un nous cherchait, dans ce cas il n'allait pas tarder, soit il nous avertissait... Dans les deux cas, sans perdre de temps à réfléchir, il fallait partir. 


Nous retrouvâmes sans difficulté une autre île. Bien qu'elle ait été plus accueillante que la précédente, elle comportait une petite partie boisée qui nous donnait la chaleur d'un foyer. Je ne me sentais pas vraiment dans la peau d'un vrai père de famille. Je ne savais toujours rien sur les origines de la princesse, pas plus que sur notre histoire commune. La flèche que j'avais récupérée, loin de me conférer un quelconque signe d'autorité, semblait au contraire nous avoir séparé. Elle avait au moins le mérite de me rappeler d'où je venais et la tâche qui m'avait été confiée...

vendredi 10 juin 2016

10 juin 2016 (151)

Divine providence
 Épisode 151




Quand il eut disparu de l'horizon, je baissais les yeux et là, sur la plage, une flèche était plantée... Se pouvait-il qu'il y ait un lien entre le passage du bateau et la venue de cette flèche. Je tremblai à l'idée que quelqu'un utilisa dans le même but, la même flèche que moi... 


Non sans mal, je récupérais ma flèche. Heureusement que seul sur cette île personne ne me vit en train de jouer au roi Arthur, mais je dois avouer que j'eus bien de la peine à l'extraire du sol sableux dans lequel, pourtant, elle n'était qu'à peine enfoncée.

jeudi 9 juin 2016

9 juin 2016 (150)

Divine providence
 Épisode 150




Réfugiés au sommet de notre éperon, nous connûmes la cause de notre infortune par la vision de notre âne. Un bateau d'une taille monumentale ravageait l'archipel. Je me souvins alors de ce que m'avait dit l'homme au manteau rouge :
– Le danger viendra de la mer !
Il était là, enfin... le danger était là et c'est nous qu'il cherchait. Dorénavant il faudra que chacun de nous, tour-à-tour, fasse bonne garde.

Peu de temps après, c'est moi qui le vis venir. Il me fascinait. N'était le danger, je l'aurais admiré pendant des heures. Il me faisait rêver...

mercredi 8 juin 2016

8 juin 2016 /149)

Divine providence
 Épisode 149




Nous n'en croyions pas nos yeux, une vague venait de submerger l'île voisine et se rapprochait dangereusement de nous. Il fallait réagir.


Immédiatement nous cessâmes de parlementer et, pour un temps, nous oubliâmes nos différends. À peine chevauchions dans l'espoir de sauver et d'emmener notre princesse que la vague était déjà là !

mardi 7 juin 2016

7 juin 2016 (148)

Divine providence
 Épisode 148


Nous venions à peine de nous mettre à terre et nous commencions à peine de parlementer, lorsque...



.. nous entendîmes, venu de l'horizon, un roulement d'une profondeur et d'une intensité remarquable en même temps que nous vîmes la mer se retirer...

lundi 6 juin 2016

6 juin (147)

Divine providence
 Épisode 147

Ce fut Illusion qui me sauva. Malgré le danger, bien réel, elle se jeta contre l'âne avec grande vaillance et mordit à pleines et belles dents.



Heureusement, la vue du sang nous fit entendre raison.

dimanche 5 juin 2016

5 juin 2916 (146)

Divine providence
 Épisode 146

En quoi aurais-je pu me projeter dans une histoire telle que celle-là? En tous cas pas en tant que personnage. Si en tant que lecteur, j'avais acquis quelques ouvrages, je tiens pour certain qu’ils ne m'ont pas le moins du monde préparé à "cela".



Le combat, pour primitif qu'il fut, ne me laissa guère le choix. Il fallait que je me fasse entendre, ce fut difficile. Ce fut à qui braira le plus fort...

samedi 4 juin 2016

4 juin 2016 (145)

Divine providence
 Épisode 145


Il me raconta en détail la vie de la princesse. Le temps nous manque ici pour que je vous les transmette.
– Un grave danger vous guette qui viendra de la mer. Mettez vous à l'abri cette nuit. Son père la cherche. Il vaudrait mieux qu'il ne la trouve pas. Je retourne à mon poste... Si tu as besoin de moi, chante avec cœur et je viendrais.
Je dois avouer qu'à peine j'eus mis pied-à-terre, je l'oubliais. 


 


Lorsque, guidé par l'homme au manteau rouge, je débarquais sur l'île ou`ils avaient trouvé refuge, je ne m'attendais pas à cette sorte d'accueil.

vendredi 3 juin 2016

3 juin 2016 (144)

Divine providence
 Épisode 144

Nous descendîmes rapidement du rocher, mais nous regardâmes au loin, ils avaient disparu. L'homme au manteau rouge se pencha vers moi et me dit gentiment :
- Ce que l'on voit d'en haut n'est pas comme ce que l'on voit d'en bas.
Dès ce moment, je le regardais. Il me paru beaucoup plus grand que ce que je croyais. Nous avions sans que je m'en rende compte commencé de dialoguer.
- Ne nous arrêtons pas, je te l'ai déjà dit, le temps nous est compté. Fuyons pendant qu'il est encore temps. Je te raconterais tout en chemin.



Je le voyais de plus en plus grand. J'avais maintenant l'impression de n'être qu'une minuscule marionnette. Il m'avait pris dans le creux de sa main et me parlait avec chaleur. Une douce sensation, au léger goût sucré, m'envahit.
- Je suis ce que tu veux que je sois... Regarde au loin, cette île, c'est là qu'est la princesse et son enfant.
J'eus dû lever l'oreille à ces paroles, mais la seule interrogation que j'avais était :
- Qui est-elle ?
- C'est une question à laquelle je ne devrais pas te répondre... mais pour sceller notre amitié, je vais te le dire. 

mercredi 1 juin 2016

1 juin 2016 (143)

Divine providence
 Épisode 143



– Viens me dit-il, nous avons perdu assez de temps. Ils nous attendent depuis trop longtemps. Ne fais pas l'enfant, chaque instant compte...



J'étais si surpris que je ne trouvais rien à répondre. Mais, qui pouvait bien nous attendre ? Que voulait-il dire par "chaque instant compte" ? S'agissait-il d'une considération philosophique ou d'un fait plus terre-à-terre ? Les questions se bousculaient dans ma tête. Cela me distrayait de la peur qu'il m'inspirait. Nous étions arrivés de l'autre côté de l'île, à l'endroit ou le pont de sable reliant les îles commençait d'apparaître. Il avait vraiment l'air de chercher quelque chose.
– Je vais te faire un cadeau, me dit-il.
Dans le sable quelques traces suggéraient grossièrement qu'une caravane était récemment passée par là. Nous montâmes sur le plus haut rocher... Je ne croyais guère en ce personnage si repoussant. Je savais que ce pouvait être un piège, mais, malgré tout, la perspective d'un cadeau faisait son chemin dans les couches les plus profondes de mon cerveau. Une petite lueur d'espoir, si petite soit-elle, fut suffisante pour que je me mette à marcher seul, sans qu'il ait à me pousser ou me tirer...
Je ne sais si ce que nous vîmes était le fruit du hasard, unw sorte de mirage ou que sis-je encore,  mais il le vit et me dit :
– Ils sont là-bas, ils ont pris un peu d'avance...
Je ne distinguais pas très à qui il pouvait faire allusion, mais j'espérais secrètement que ce fut elle et celui que je considérais déjà comme mon enfant.