"Le monde des brumes et du brouhaha" (93)

Je ne suis pas si convaincu de notre ignorance par les choses qui sont, et dont la raison nous est inconnue, que par celles qui ne sont point, et dont nous trouvons la raison. Cela veut dire que, non seulement nous n’avons pas les principes qui mènent au vrai, mais que nous en avons d’autres qui s’accommodent très bien avec le faux.

Fontenelle, Histoire des oracles (1687)

- Dis-nous, toi qui voit au-delà de l'horizon, aussi loin que ton regard te porte, que vois-tu ?

"Le monde des brumes et du brouhaha" (92)

L’existence est une mer sans cesse agitée par les vagues.
De cette mer, les gens ordinaires ne perçoivent que les vagues.
Vois comme des profondeurs d’innombrables vagues apparaissent à la surface,
tandis que la mer reste cachée sous les vagues.

Jâmî (mystique et poète iranien du XVe siècle)


Sur la scène du théâtre...

- Regardez, mes chers amis chercheurs et futurs érudits. Notre pensée n'est guère plus que le sillage que trace ce bâton. Pour un instant, il modifie la surface polie de l'eau. À peine tracé, il se déforme, s'éloigne et se fond irrémédiablement dans le courant.

Un vaisseau théâtral, émissaire d'un temps révolu s'est échoué en catastrophe sur une planète leur paraissant particulièrement inhospitalière. Des siècles sont passés sans que le souvenir des origines ne se soit perdu. Quatre cent ans après...

« Socrate:
− N’avons-nous pas assigné à chacun une seule profession en rapport avec sa nature, et un seul art, et n’avons-nous pas dit que ceux qui sont chargés de combattre pour tous ne doivent pas avoir d’autre fonction que de garder la cité contre ceux du dehors ou du dedans qui voudraient lui faire du mal, et qu’ils doivent rendre la justice avec douceur à ceux qu’ils gouvernent..? »

Platon,
Timée

« BANQUO:
−... si vos regards peuvent pénétrer dans les germes du temps, et démêler les semences qui doivent pousser et celles qui avorteront, parlez−moi donc à moi qui ne sollicite ni ne redoute vos faveurs ou votre haine.»

William Shakespeare
Macbeth, acte I

« Depuis quelques instants nous admirions, à travers la poussière,
la mosaïque tumultueuse des masques hurlant sous les lustres
et s’agitant sous l’archet sabbatique de Strauss.
Tout à coup la porte de la loge s’ouvrit: trois dames, avec un foufrou de soie, s’approchèrent entre les chaises lourdes et, après avoir ôté leurs masques, nous dirent:
«Bonsoir!»

Villiers de L’Isle-Adam
Le Convive des dernières fêtes

« Il n'est point d'artifice
dont je ne me sois avisé dans cette trahison,
que je regarde comme une force brute faite comme un gourmand
que l'on doit sans cesse tailler.
C'est ainsi que jeunesse passe. »
Walid Neil, Cent fois nie lois, Livre I

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