Divine providence
Épisode 154

Au vu de la vague qui se préparait, nous tînmes conseil. Étaient-ce les
premières effluves du capiteux parfum ou celles de notre feu ? Nous nous
mîmes à discuter joyeusement au lieu d'agir... J'appris alors que la
princesse appartenait à un homme très puissant à plus d'un titre,
excepté un. Cet homme possédait la plupart des îles sur lesquelles nous
avions transité, ce qui, déjà constituait une offense suffisante pour
mériter la mort. Mais de plus nous avions enlevé sa promise. Une enfant
de quinze ans qu'il avait enlevée et promise au destin suprême de lui
fournir une descendance. Elle n'était pas seule dans cette situation.
Une douzaine de ses semblables, toutes vierges venues des quatre coins
du monde se trouvaient rassemblées sur l'île où il semblait que
certaines d'entre elles aient été séduites. Je tremblais à l'énoncé de
tous ces faits qui étaient loin de former, dans ma tête, un ensemble
cohérent. Mais le feu s'étant éteint, je reprenais mes esprits : je
comprendrais plus tard, il faudra partir à nouveau.

L'ânesse de la princesse nous avait raconté à peu près tout ce qu'elle
savait, ce qui nous paru immense et quelque peu douteux... Le souvenir
de notre dispute me dispensa d'en faire part. Mais Illusion était plus
courageuse et diplomate que moi. elle demanda des détails. Sans se
laisser démonter, l'ânesse répondit calmement. Ainsi nous en apprîmes
plus encore. Il semblait qu'en notre absence le petit démontrait des
qualités véritablement hors du commun. Il avait su marcher dès le
premier jour sans avoir jamais appris et connaissait tout de son
histoire qu'il racontait patiemment à l'ânesse, respectant un rythme
qu'elle pouvait suivre.