lundi 1 mai 2006

Klezmer


À l'aube, elle avait d'une main légère et caressante effleuré mon visage. « Ne meurs pas », avait-elle murmuré en me quittant. J'avais sursauté, avec un rire d'orgueil étonné. N'étais-je pas immortel, invulnérable du moins ? Deux ans d'éternité glaciale, d'intolérable mort me séparaient de moi-même. Reviendrais-je à moi-même, un jour àl'innocence, quel que fût le souci de vivre, de la présence transparente à soi-même ? Serais-je à tout jamais cet autre qui avait traversé la mort ? qui s'en était nourri ? qui s'y était défait, évaporé, perdu ?

L'écriture ou la vie
Jorge Semprun
Folio

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