mercredi 18 mars 2009

" Le monde des brumes et du brouhaha"(73)


- Vous êtes là Madame. C'était donc encore plus vrai que nature!
Un tout petit rien peut être infini.
- Êtes-vous croyant M. Joyeux ?
- Il m'arrive tellement souvent de le dire sans y penser vraiment, presque par mégarde et au sujet de choses si diverses, que je crois bien qu'il me soit impossible de dire le contraire ou de le nier.
- Vous perdez-vous souvent et aussi complètement dans les détails ?
- J'aimerai dire que c'est surtout lorsque je suis avec vous, Madame, mais je me dois de vous dire ma vérité. Vous avez raison Madame et moi j'ai passion sans raison. De plus je dois à la vérité de dire que dans le mouvement continu de nos habitudes, ce que nous considérons comme des détails ne le sont que par manque d'intérêt ou de connaissance. En un mot, pour vous plaire, c'est le résultat concret de notre ignorance.
- Qu'est que l'ignorance M. Joyeux?
- Il me semble juste de dire que je ne le sais pas.
- Comment alors, si cela est vrai, avez-vous pu argumenter que les les détails dont nous parlions et qui vous plaisent tant qu'il vous est familier de vous y perdre comme vous venez de le faire ?
- Il est surprenant et amusant de constater à quel point votre bouche vient de prononcer ce que précisément je venais de penser.
- Écartez votre main M. Joyeux... Entendez-vous au loin cette douce musique ?
- Madame, si l'on veut croire que qui voudra pénétrer dans la pensée que vous me proposez, c'est de recommencer deux fois de la contempler, la première avec beaucoup de patience, ce qui fut fait hier de midi jusqu'à minuit, une patience telle que l'on finit par croire que le commencement suppose la fin et que la fin suppose le commencement...
- Vous vous perdez à nouveau et, si je puis vous le dire, ce n'est pas vraiment nouveau, ni complètement votre.


«L'esprit, de par sa nature est libre et non serf.
Cela seul réussit, qu'il fait de lui-même et de bon gré.»

Schopenauer, , Le monde comme volonté et comme représentation

Aucun commentaire: