vendredi 21 novembre 2014

Présent ou passé


Auguste est plongé dans des souvenirs dont il ne sait s'ils sont présent ou passé.

- Vous souvenez-vous, Justin, vous permettez que je vous appelle Justin... vous souvenez-vous de jour passé où, placé sur une chaise au vu de tous, moi-même ne voyant rien, je regardais devant moi défiler des images dont je ne savais presque rien ? Eh bien...
... Je donnerais beaucoup, mon cher, pour que vous me jugiez, dans cette affaire, avec les sentiments que vous auriez pour vous-mêmes, à ma place. Je suis sûr que si vous regardiez les maux d'autrui du même œil que les vôtres, il n'est personnes qui ne s'indignât de l'injure qu'on m'a faite ; pour de telles pratiques, vous trouveriez tous les peines existantes trop légères. *


- Auguste, voilà de bien sombres pensées pour quelqu'un qui n'est point jugé !
Il n'est rien de tel que l'obscure chemin des pensées pour accéder à quelque lumière !
Faites quelques efforts de souvenance et admirez combien le moindre des cerveaux en produit !
Se souvenir est un désir qui prend forme... 



Auguste se découvre.

- Ce que je pensais alors y est encore et pour toujours inscrit. Si tu m'avais donné les mots pour nommer tes désirs, j'eus pu alors devenir un homme à ton image et plus grand que moi-même.
Il est un fait certain : je n'étais point dans le lieu-dit, mais, pardonnez le jeu, dans le non-dit...
Je veux dire par là que mon esprit sans cesse voyageait sans qu'il me soit possible de vous y faire inviter. Par contre ce que je ne parvenais pas à empêcher était ces légers accès de colère à l'encontre de ce qui me parvenait et que, en pleine clairvoyance, je considérais pour ce qu'elles étaient...
- C'est-à-dire ?
- Des bêtises...



* Sur le meurtre d'Eratosthène