vendredi 22 août 2008

Absence


"L'absence évoque l'absence chez celui qui l'accueille."

Walid Neill


Sur l'île déserte, Don Penúl et Lancinante, sa monture et son guide, conversent. La nuit est tombée. Brusquement, Don Penúl se lève et jette une poignée de sable. Dans le ciel, le sable et les étoiles se confondent.


- Depuis que nous sommes ici, je n'ai point dormi!
- Cela ne fait que peu de temps, mon Maître.
- Tout ce que nous disons est comme le sable qui coule entre mes doigts. J'ai beau essayer d'en compter les grains, je n'y arrive pas. Vous deviez être mon guide Lancinante, et vos paroles me perdent. Rien ne reste à la fin. Je ne reconnais plus rien et cette musique qui me charmait il y a peu, je ne l'entend plus. Où se cache le musicien que vous ne pouvez voir ? Il est peut-être là devant nous et nous ne savons le discerner, ni l'entendre. Laquelle de ces pierres en contient la mémoire ?
- Peu importe, Monsieur.
- Lancinante, vous avez raison, "peu" importe. Ce peu qui se rapproche tellement du rien contient tout.
- Il faut songer à partir.
- Non, nous ne partirons d'ici qu'à l'instant où je reverrai le visage porté par le vent.
- Quel est ce visage ?
- Celui que nous cherchons, Lancinante. Celui pour qui nous sommes partis. Celui qui nous appelle.
- Vous ne dormez pas, Don Penúl, mais vous rêvez.

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